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Une soirée-Contes à la MJC Lucie Aubrac...
Rêves d'Orient", voilà quel était le joli thème choisi par Muriel Coquerie que j'ai rencontrée avant le spectacle:
Par la magie de ses histoires,elle nous a entraînés au Maghreb, particulièrement en Kabylie.
Ce fut un très joli mélange de contes plein d'esprit, d'histoires drôles et de proverbes .
Muriel faisait tirer au sort un papier plié sur lequel était inscrit le titre de l'histoire,du conte ou du proverbe suivant..
Les histoires étaient souvent cocasses ,comme celle de Fatima qui réussit à déguster deux perdrix convoitées par son voisin...
Ou celle des chaussures de Djeha.....
Les enfants du village passent leur temps à taquiner Djeha et à s'amuser à ses dépens. Un jour, ils le défient de grimper à un arbre, en lui disant qu'il n'en est pas capable. Djeha accepte le défi et, retroussant ses manches et se déchaussant, il grimpe. Une fois là haut, les enfants lui volent ses chaussures. Ce qu'il constate une fois redescendu. Il s'en va alors à travers les rues du village, criant :
- Qu'on me rende mes chaussures sinon je vais faire comme a fait mon père autrefois.
Entendant cela, les anciens du village s'empressent de lui en acheter une autre paire, craignant qu'il ne mette sa menace à exécution. Cependant, quelqu'un lui demande :
- Mais qu'a donc fait ton père quand on lui a volé ses chaussures ?
- Ce qu'il a fait, répond Djeha, il est allé en racheter une autre paire au marché.
Muriel Coquerie possède parfaitement l'art de conter,elle s'y emploie depuis plus de dix ans dans des festivals,des spectacles en appartement etc...pour les Mairies et les Collectivités territoriales.
Elle encadre aussi des stages comme celui qui a eu lieu samedi dernier à la MJC Lucie Aubrac.
Elle sait jouer de sa voix,de ses gestes et de ses mimiques pour nous subjuguer..
Car, oui, Muriel a subjugué son assistance par son art de conter..
Voici un joli conte que Muriel nous présenta..conte qui n'est pas sans rappeler notre petit Chaperon Rouge...
Un peu long,mais tellement joli !
Le Chêne de l'Ogre
L'on raconte qu'aux temps anciens il était un pauvre vieux qui s'entêtait à vivre et a attendre la mort tout seul dans sa masure. Il habitait en dehors du village. Et jamais il n'entrait ni ne sortait, car il était paralyse. On lui avait trainé son lit près de la porte, et cette porte, il en tirait la targette a l'aide d'un fil. Or ce vieux avait une petite fille, à peine au sortir de d'enfance, qui lui apportait tous les jours son déjeuner et son dîner. Aïcha venait de l'autre bout du village, envoyée par ses parents qui ne pouvaient eux-mêmes prendre soin du vieillard.
La fillette, portant une galette et un plat de couscous, chantonnait à peine arrivée :
"Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"
Et le grand-père répondait :
-Fais sonner tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille !
La fillette heurtait l'un contre l'autre ses bracelets et il tirait la targette. Aïcha entrait, balayait la masure, faisait le lit. Puis elle servait au vieillard son repas, lui versait à boire. Après s'être longuement attardée près de lui, elle s'en retournait, le laissant calme et sur le point de s'endormir. La petite fille racontait chaque jour a ses parents comment elle avait veillé sur son grand-père et ce qu'elle lui avait dit pour le distraire. L'aïeul aimait beaucoup la voir venir.
Mais un jour, l'Ogre aperçut l'enfant. Il la suivit en cachette jusqu’à la masure et l'entendit chantonner :
"Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"
Il entendit le vieillard répondre :
-Fais sonner tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille !
L'Ogre se dit ; "J'ai compris. Demain je reviendrai, je répèterai les mots de la petite fille, il m'ouvrira et je le mangerai !"
Le lendemain, peu avant que n'arrive la fillette, L'Ogre se présenta devant la masure et dit de sa grosse voix:
" Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"
-Sauve-toi, maudit ! lui répondit le vieux. Crois-tu que je ne te reconnaisse pas ?
L'Ogre revint à plusieurs reprises mais le vieillard, chaque fois, devinait qui il était. L'Ogre s'en alla finalement trouver le sorcier. Voici, lui dit-il, il y a un vieil impotent qui habite hors du village. Il ne veut pas m'ouvrir parce que ma grosse voix me trahit. Indique-moi le moyen d'avoir une voix aussi fine, aussi claire que celle de sa petite fille.
Le sorcier répondit :
"Va, enduis-toi la gorge de miel et allonge-toi par terre au soleil, la bouche grande ouverte. Des fourmis y entreront et racleront ta gorge. Mais ce n'est pas en un jour que ta voix s'éclaircira et s'affinera !"
L'Ogre fit ce que lui recommandait le sorcier ; il achetait du miel, s'en remplit la gorge et alla s'étendre au soleil, la bouche ouverte. Une armée de fourmis entra dans sa gorge. Au bout de deux jours, l'Ogre se rendit a la masure et chanta:
"Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"
Mais le vieillard le reconnut encore.
-Eloigne-toi, maudit ! lui cria-t-il. Je sais qui tu es.
L'Ogre s'en retourna chez lui.
Il mangea encore et encore du miel. Il s'entendit de longues heures au soleil. Il laissa des légions de fourmis aller et venir dans sa gorge. Le quatrième jour, sa voix fut aussi fine, aussi claire que celle de la fillette. L'Ogre se rendit alors chez le vieillard et chantonna devant sa masure :
"Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"
-Fais sonner tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille ! répondit l'aïeul.
L'Ogre s'était muni d'une chaine ; il la fit tinter. La porte s'ouvrit. L'Ogre entra et dévora le pauvre vieux. Et puis il revêtit ses habits, prit sa place et attendit la petite fille pour la dévorer aussi.
Elle vint, mais elle remarqua, dès qu'elle fut devant la masure, que du sang coulait sous la porte. Elle se dit :
Qu'est-il arrivé à mon grand-père ?".
Elle verrouilla la porte de l'extérieur et chantonna
"Ouvre moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"
L'Ogre répondit de sa voix fine et claire :
-Fais sonner tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille !
La fillette qui reconnut pas dans cette voix celle de son grand-père, posa sur le chemin la galette et le plat de couscous qu'elle tenait, et courut au village alerter ses parents. L'Ogre a mangé mon grand-père, leur annonça-t-elle en pleurant. J'ai fermé sur lui la porte. Et maintenant qu'allons-nous faire ?
Le père fit crier la nouvelle sur la place publique. Alors, chaque famille offrit un fagot et des hommes accoururent de tous cotés pour porter ces fagots jusqu'à la masure et y mettre le feu. L'ogre essaya vainement de fuir. Il pesa de toute sa force sur la porte qui résista. C'est ainsi qu'il brûla.
L'année suivante, à l'endroit même où l'Ogre fut brûlé, un chêne s'élança. On l'appela le "Chêne de l'Ogre". Depuis, on le montre aux passants.
"Mon conte est comme un ruisseau, je l'ai conté à des Seigneurs."Voilà ce que nous a dit Muriel à la fin de son spectacle,hélas bien trop court..
Car nous l'aurions bien écoutée pendant ....mille et une nuits !
Tags : inoubba, porte, pere, ogre, fille
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Commentaires
1Mireille Louise LVendredi 17 Juin 2011 à 11:17Muriel vient de quitter ce monde pour aller en enchanter un autre avec ses contes! Je ne l'oublierai jamais!
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Oh quelle tristesse j'éprouve à cette nouvelle terrible, Muriel était si pleine de vie et de gaieté...