-
Par Christaldesaintmarc le 18 Mars 2017 à 06:00
Jacques Stréer, Secrétaire de la Société Archéologique et Historique du Châtillonnais (S.A.H.C.), et Robert Fries, Président des Amis du Musée du Pays Châtillonnais (A.M.P.C.) ont invité un éminent archéologue, Jacky Bénard, spécialiste des habitats Gaulois et Gallo-Romains à Vertillum, pour une conférence, donnée le 10 mars au Musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix.
L'après-midi de ce 10 mars, Jacky Bénard a fait visiter à plus de 80 amateurs, passionnés d'archéologie, le site de Vertillum , situé sur l'oppidum dominant le village de Vertault.
Jacques Stréer nous a présenté son ami Jacky Bénard qu'il a connu sur les bancs du Lycée Désiré Nisard...puis à l'Ecole Normale.
Monsieur Bénard s'est ensuite tourné vers l'archéologie et est devenu docteur en archéologie et histoire de l'art. Il a dirigé pendant vingt ans divers chantiers de fouilles sur le site d'Alesia (oppidum, ville gallo-romaine et lignes du siège de 52 avant J.C.)
Il s'est beaucoup intéressé également au site de Vertillum qu'il nous a fait visiter.
Jacky Bénard nous présente la reconstitution du "murus gallicum"
Le "murus gallicus" de fortification se prolongeait tout autour du versant de l'oppidum, il délimitait une surface intérieure de vingt-cinq hectares.
Le parement était constitué de moellons calcaires. Tous les 0,50m environ une poutre de bois s'enfonçait à l'intérieur du mur.
L'intérieur du mur était rempli de pierres, de tiges de fer.
Néanmoins, nous dit Jacky Bénard, ce rempart ne devait avoir qu'une fonction assez symbolique.
Nous avons traversé ce champ...qui pourrait encore être fouillé à l'avenir.
Après les fouilles de 1846 à 1863 par Lucien Coutant et Henri Lorimy, le site a été délaissé et la nature a repris ses droits...
Madame la Conservatrice du Musée du Pays Châtillonnais (où l'on peut admirer tous les objets , les statues...trouvés lors des fouilles ) a distribué des plans restitués de la ville . Nous avons donc pu situer les différents quartiers de Vertillum tels qu'ils étaient autrefois.
Nous sommes partis de la partie basse où est indiqué, en gras,le murus gallicus.
Ce plan est un plan restitué, réalisé à partir des croquis et plans de fouilles conservés dans les archives de la S.A.H.C., et par des photographies aériennes de René Goguey, redressées par Eline Deweirdt.
Les traces des nombreuses maisons ont été plus finement localisées grâce au G.P.S. et à la prospection magnétique;
Un exemple de quartier avec la trace des habitations :
Nous passons ensuite près du petit chalet où les fouilleurs d'autrefois rangeaient leurs outils.
Différentes photos des fouilles y sont exposées.
Tout ce qui restait de la ville gallo-romaine est maintenant recouvert d'arbres et de végétation.
Nous voici au bord de structures enterrées, que représentent-elles ?
Ces parties enterrées sont les sous-sols des maisons. On y accédait par un escalier. Elles pouvaient être le lieu de stockage de denrées à cause de leur fraîcheur .
Mais elles servaient aussi de lieu de culte domestique ou laraire. C'est dans un de ces sous-sols que l'on a découvert la triade des "déesses-mères", restaurée il y a peu par les Amis du Musée.
Les thermes ont été recouvertes d'un toit...ce qui n'empêche pas que les pierres de construction se délitent. Dans les années 70, lorsque je passais mes vacances à Béchineuil (hameau de Vertault, au pied de l'oppidum) on pouvait voir les vestiges en bien meilleur état, même des traces de peintures !
Voici les restes des thermes découverts lors des fouilles de 1836-1863.
Une aquarelle réalisée par le docteur Pissier, au moment de la découverte des thermes, évoque l'intérieur du caldarium.
Avec l'Office du Tourisme du Pays Châtillonnais, nous avions déjà visité le site de Vertillum, guidés par le trésorier de la SAHC, Gérard Dumaire.
Voici l'article que j'avais consacré à ce sujet, avec plus de détails :
http://www.christaldesaintmarc.com/vertillum-ancienne-ville-gallo-romaine-a48074703
votre commentaire -
Par Christaldesaintmarc le 31 Juillet 2012 à 06:00
Les "mardis-découvertes" proposés par l'Office de Tourisme du Pays Châtillonnais nous permettent de découvrir des lieux châtillonnais, très intéressants, souvent chargés d'histoire.
Mardi 24 juillet 2012, c'est à la découverte de la ville gallo-romaine de Vertillum, à Vertault, que nous nous sommes rendus.
A 25 kms à l'Ouest de Châtillon sur Seine, aux confins du territoire des Lingons, s'étend sur 25 hectares intra-muros, un oppidum surplombant la vallée de la Laignes de 25 mètres. Cet oppidum c'est celui de la ville de Vertillum.
Vertillum fut une ville gallo-romaine prospère jusqu'au IIIème siècle après JC. Malheureusement elle fut détruite une première fois vers l'an 270 après J.C., rebâtie hâtivement, puis ensuite elle fut incendiée par les Barbares vers 406 après Jésus-Christ.
La ville fut oubliée, son nom se transforma...Vertillum devint Vertault, jusqu'à ce que des chercheurs la redécouvrent en 1846, et effectuent des fouilles sous la direction de Lucien Coutant, antiquaire aux Riceys et correspondant de la commission des Antiquités de Côte d'Or.
Des fouilles continuèrent par la suite dirigées par les différents présidents de la SAHC du Châtillonnais, en particulier Messieurs Lagorgette, Lorimy, et Joffroy. Elles mirent au jour une quantité d'objets utilisés par les artisans de l'époque (travail de la pierre, du fer, du cuir, du bois), des objets de la vie courante (vases, lampes à graisse, stylets à écrire, bijoux: fibules en fer et en bronze ciselées, émaillées, étamées), des objets de culte: de nombreuses statuettes en pierre ou en terre cuite..
Ces merveilles sont visibles au Musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix où je vous invite à aller les admirer.
Un petit bâtiment d'accueil permet au visiteur de s'informer avant de partir à la recherche des vestiges.
Mais nous, nous avions un guide, Gérard Dumaire, Maire de Vertault, trésorier de la SAHC, et Président de l'Association "Revivre en Haute Bourgogne" qui s'intéresse tout particulièrement à Vertillum . Avec Monsieur Recq, Gérard Dumaire s'est attaché à remettre en valeur et à protéger le site qui présente 4 pôles d'attraction : le mur, les habitats enterrés,les thermes et le temple.
Voici un plan de visite, notre guide nous a fait réaliser le tour complet de l'oppidum.
Gérard Dumaire nous présente tout d'abord une reconstitution d'une petite partie du "murus gallicus".
Exploré dès la fin du XIXème siècle, le mur d’enceinte qui entourait les 25 hectares de l’oppidum gaulois, puis de la ville gallo-romaine a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles, dont la plus récente a permis la découverte, en 1985, d’un large fossé creusé dans la roche en contrebas du rempart qui barrait au Sud l’accès au plateau.
Le mode de construction de ce rempart est de type gaulois, c’est donc un « murus gallicus ».Il est établi sur une levée de pierres hautes de trois mètres environ.
Il était constitué d’un parement en pierres de taille dans lequel venaient se loger, à intervalles réguliers, des poutres transversales, équarries à leur extrémité, reposant sur des panneaux de bois et fixées entre elles par de grandes fiches en fer.
A l’intérieur du mur, l’espace entre les poutres était comblé avec des dalles de calcaire.
Très imposant, l’ensemble devait atteindre plus de trois mètres de haut.
Profond de 2,5 mètres et large de 30 mètres, le fossé a servi de carrière de pierres d’où ont été extraites les dalles de pierre qui constituaient le blocage du rempart.
La taille très soignée des pierres du parement, de technique très romaine, situe la construction de cette enceinte probablement vers la fin de la première moitié du 1er siècle avant J.C.
Édifié très tardivement, alors que la Gaule venait d’être conquise par les légions de Jules César, le « murus » de Vertillum semble, par son aspect monumental, avoir davantage contribué au prestige de la ville qu’à sa véritable défense.
Sur le sentier qui longe l'ancien fossé on trouve cette table d'orientation qui situe Vertillum, par rapport à Alésia et à Bibracte.
Nous arrivons près de la cabane des fouilles.
Les archéologues des années 1890... (on les appelait des "antiquaires"), avaient fait construire cette cabane pour y ranger leurs découvertes. Elle a été conservée et un peu...consolidée depuis !
A l'intérieur on peut voir des photos des "antiquaires" au travail...
Et des membres de la Société Archéologique de l'époque, en visite à Vertillum !
Gérard Dumaire nous conduit ensuite près d'un "habitat enterré" :
On voit nettement une niche creusée dans la paroi, en réalité il y en a trois, cachées maintenant par la végétation :
Martine Mangin dans un article très intéressant paru dans un bulletin 9-10 de 1986-1987 de la SAHC, décrit ces habitats enterrés, qui ont des particularités intéressantes, voici le plan qu’elle a réalisé de l’un de ces habitats enterrés :
Des niches ovoïdes étaient taillées dans la roche.
Comme à Alésia, ces niches renfermaient peut-être des statues de dieux-lares …
Le sol était en mortier blanc, très dur et lissé. On peut penser que les parois étaient recouvertes d’un enduit peint.
L’accès au sous-sol était possible par un escalier à triple volée, d’un type qui n’est pas très courant.
Martine Mangin conclut que ce sous-sol paraît correspondre au type le plus courant rencontré à Alésia et qui peut avoir une triple fonction :
-utilitaire permettant le stockage des aliments
-religieuse avec ses trois niches
-séjour avec son sol décoré et son enduit peint.
Comme elle nous le fait remarquer, les habitudes indigènes où les divinités et les habitants cohabitaient, n’ont pas été abandonnées immédiatement à l’époque gallo-romaine. Les habitants de Vertillum ont utilisé les pièces en sous-sol pour des raisons climatiques et économiques pendant longtemps avant d’adopter les techniques romaines de pièces de surface avec systèmes d’hypocauste, d’ailleurs très particuliers sur Vertillum.
(Merci à Jacques Streer de m’avoir offert ce bulletin où j’ai trouvé ce remarquable article de Martine Mangin !)
Notre guide nous conduit maintenant vers les Thermes de Vertillum. Je les avais vus dans les années 1980, ils possédaient encore quelques mosaïques et traces de peintures...hélas les touristes peu scrupuleux et pilleurs sont passés par là !
Les fouilles (ce qu'il en reste, hélas) sont protégées de la pluie par un toit récent.
Lors des premières fouilles les thermes ressemblaient à cela :
En voici le plan :
Dans la partie sud de l’édifice se trouvait probablement la palestre (1), grande salle de forme rectangulaire, orientée Ouest-Est, et traversée en diagonale par une canalisation souterraine (2).
Elle était percée à l’Est d’une large porte (3) que l’on franchissait à l’aide d’un escalier et qui constituait l’entrée principale des thermes.
C’est à cet endroit que l’on découvrit en 1862, l’inscription monumentale grâce à laquelle on connaît aujourd’hui le nom de la ville et de ses habitants.
Cette pierre monumentale se trouve au Musée Archéologique de Dijon où je suis allée la photographier. Pourquoi se trouve-t-elle à Dijon et non à Châtillon sur Seine ?? eh bien parce que le premier "antiquaire-chercheur" était correspondant de la Commission des Antiquités de Côte d'Or, et puis à cette époque il n'y avait pas de musée à Châtillon sur Seine.
Malgré les demandes des Conservateurs Châtillonnais, Dijon ne veut pas rendre cette pierre gravée, elle serait pourtant plus à sa place à Châtillon sur Seine qui possède un étage entier dédié à Vertillum, plutôt qu'à Dijon !!
Les murs de la pièce étaient couverts d’enduits peints et de placage en marbre, et un socle en pierre reposait au centre, sur le sol composé d’un mortier très dur.
Au nord de la palestre, le Tepidarium (4) de taille plus modeste, était lui aussi orné de fresques et le sol était entièrement recouvert de mosaïques à motifs géométriques variés. Cette salle tiède était chauffée à l’aide de nombreux conduits de terre cuite (tubulures) noyés dans la maçonnerie des murs. Elle s’ouvrait à l’Ouest sur une salle , l’Unctorium (5), dont le sol était constitué d’un dallage en pierres calcaires reposant sur une épaisse couche de mortier. Passant sous ce revêtement, des conduits d’Hypocauste assuraient le chauffage d’une partie de la pièce.
La visite se termine par ce qui reste de l'emplacement d'un bâtiment que Lucien Coutant appela "temple", mais qui ressemble plus à une "basilique", édifice à vocation publique.
Cet édifice est situé en bordure du forum qui maintenant est recouvert d'herbes folles.
Ce fut une bien belle visite, magnifiquement commentée par Gérard Dumaire, merci à lui de nous avoir si bien fait découvrir le site de Vertillum.
2 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique