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Par Christaldesaintmarc le 2 Octobre 2016 à 06:00
L’ERMITAGE DU VAL DE SEINE
LES BATIMENTS ET LE CULTE A NOTRE DAME
Logement des ermites et chapelle se trouvent sous le même toit. Un petit clocher surmontait autrefois l’ensemble. Le logement des ermites se composait autrefois de deux petites cellules et de trois chambres. Une porte fait communiquer leur logement avec la chapelle.
Extérieurement, la façade de la chapelle est aujourd’hui surmontée d’une petite croix en pierre. En dessous une cloche a été installée lors de la reprise du pèlerinage, en 1922.
La chapelle est éclairée en façade par un œil de bœuf et une fenêtre surmontant la porte et deux fenêtres de chaque côté, en plein cintre. La porte elle-même est entourée d’un décor dorique, avec pilastres cannelés ; sur le linteau est gravée la date de 1633. Non loin se dresse une croix et la dalle funéraire de Jehan le Grant, décédé le 8 septembre 1478, provenant de l’église paroissiale et installée sur quatre piliers en pierre.
Intérieurement, l’autel en pierre était autrefois recouvert d’une enveloppe en bois ayant la forme d’un autel-tombeau. Le retable était constitué d’un tableau représentant l’Annonciation, encadré de colonnes doriques et surmonté d’un fronton. L’ensemble est daté de la deuxième moitié du XVIIe siècle. Si tout ce qui était en bois a disparu, le tableau, grâce aux dirigeantes de l’Association Baigneux-Archives, a pu être restauré. Un fronton surmontait le retable, encadrant une niche dans laquelle se trouvait la petite statue miraculeuse de Notre Dame du Val de Seine. De 49 cm de haut, la statue, représentant la Vierge portant l’Enfant Jésus, peut dater du XVIe siècle. L’autel était encadré par deux statues en pierre et plusieurs autres ornaient les murs, mais plusieurs ont été volées en 1979.
On venait et on vient aujourd’hui fréquenter l’ermitage aux jours concernant le culte de la Vierge, mais les dates de fréquentation ont changé.
Aujourd’hui, la procession a lieu le 15 août, jour de l’Assomption ; il en était de même avant la Révolution. Lors de la renaissance du pèlerinage, en 1922, le pèlerinage avait été fixé au jour de la Nativité de la Vierge ou dans son Octave. Le guide du pèlerin, édité en 1922 et réédité en 1937, comprend l’office pour la Nativité, le 8 septembre, mais également celui pour la Visitation, le 2 juillet. Si les débuts furent modestes : quelques prêtres du voisinage, quelques groupes de fidèles venus des paroisses environnantes, le pèlerinage réunissait quinze ans plus tard 30 ecclésiastiques et 1000 à 1200 pèlerins.
Mais les plus grandes réunions avaient lieu, avant la Révolution, le lundi de Pâques ; par exemple, le lundi de Pâques 1732, il y eut à l’ermitage plus de 3000 personnes. Car le lundi de Pâques était le lendemain de l’anniversaire de la Résurrection de Jésus-Christ, date intentionnelle pour honorer le privilège de Notre-Dame de ressusciter les enfants morts sans baptême (une statuette du Christ ressuscité était placé autrefois au-dessus de la statue de Notre-Dame). Selon la croyance populaire, le répit est, chez un enfant mort-né, un retour temporaire à la vie le temps de lui conférer le baptême avant la mort définitive. Ayant été baptisé, l’enfant pourra de ce fait entrer en paradis au lieu d’errer éternellement dans les limbes où il serait privé de la vision de Dieu. Le répit n’est possible qu’en certains sanctuaires, le plus souvent consacrés à la Vierge dont l’intercession est nécessaire pour obtenir un miracle. Il a été comptabilisé en France 277 sanctuaires de ce genre, dont quatre en Côte d’Or, mais pas le Val de Seine : dans l’église Saint-Rémy de Recey-sur-Ource, l’autel de Notre-Dame du Carmel ; à Notre-Dame de la Roche d’Hy à Massingy-les-Vitteaux ; à Notre-Dame du Chemin à Ladoix-Serrigny et à la chapelle Notre-Dame dans la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon. On a conservé des procès-verbaux de résurrection d’enfants morts sans baptême en 1692 et 1694 et le curé de Baigneux à cette époque, Didier Cresson, disait que des faits semblables se produisaient journellement à l’ermitage par l’intervention de Notre-Dame du Val-de-Seine. C’est peut-être pour cette raison que le pape Urbain II accorda, en 1640, des indulgences spéciales.
(Dominique Masson)
(photos : D.Masson ; cartes postales : collection Jean Millot)
Un grand merci à Dominique Masson pour nous avoir confié l'histoire passionnante de ce lieu peu connu de notre patrimoine
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Par Christaldesaintmarc le 25 Septembre 2016 à 06:00
L’ERMITAGE DU VAL DE SEINE (commune de Baigneux)
Un pieux ermite, Christophorus, aurait fondé, avec quelques compagnons, une abbaye, en 1106 : l’abbaye d’Oigny, sous la règle de Saint-Augustin, grâce aux libéralités de Godin de Duesme et du sire de Frolois. Ces chanoines reçurent, entre autre, la dîme de Baigneux, mais les successeurs de ces seigneurs contestèrent ces libéralités. Aussi les chanoines recoururent à la protection du duc de Bourgogne, l’associant à la propriété, pour moitié (pariage), de ce qu’ils possédaient au finage de Baigneux : le « bourg » de Baigneux fut créé, le duc étant représenté par un prévôt et l’évêque d’Autun y établit une paroisse. En 1259, duc et abbé affranchirent Baigneux, qui eut en 1337 un maire.
La première mention du Val de Seine date de 1302, mais on ne peut savoir s’il y avait là des constructions. Ce Val se trouve sur la paroisse de Baigneux. La date de 1633 est gravée sur le linteau de la porte de la chapelle et le premier ermite connu habite là en 1624. Cependant les ermitages ont fleuri dans le diocèse voisin, celui de Langres, entre les XIVe et XVe siècles, et on peut penser qu’il en fut de même dans le diocèse d’Autun. Ces ermites du Val de Seine s’appelaient les religieux anachorètes de l’ordre de Saint Antoine (les Antonins étaient présents en châtillonnais, en particulier à Etais depuis le début du XIIIe siècle).
Ces ermites pouvaient y vivre là seuls, mais en général ils étaient deux (il y eut parfois trois ermites ensemble). La mairie de Baigneux avait la charge d’entretenir les bâtiments, la fabrique était propriétaire des ornements (en 1716, par exemple, elle répare un marchepied et, en 1744, paye pour le retable de l’autel). Les ermites étaient sous la surveillance du greffier de la mairie (c’est lui qui dresse l’inventaire de l’ermitage au décès d’un ermite) et du curé de Baigneux ; c’est ce dernier qui donnait son accord pour accepter un nouvel ermite, confirmé ensuite par l’évêque d’Autun.
Dans cet ermitage ont vécu 31 ermites, entre 1624 et 1793 ; cependant, en général, bien que qualifiés de frère, ils n’étaient pas prêtres (il y en eut seulement deux). Avant de prendre possession de l’ermitage, il y avait une sorte de noviciat sous la surveillance du curé de Baigneux, lequel priait ensuite l’évêque d’Autun de ratifier la décision. Cependant il y eut parmi ces ermites un ivrogne et un autre qui fut atteint de démence ; l’évêque mit deux ans à l’expulser. Certains ermites venaient d’autres ermitages ou partaient du Val de Seine pour un autre ermitage. Ainsi Nicolas Poignan quitte le Val pour aller à l’ermitage d’Aignay et Philibert Cuny, en 1775, ne pouvant entretenir l’ermitage, partit à celui de Vaugimois où il avait habité dans ses premières années. Certains ermites sont décédés à l’ermitage et sont enterrés sous les dalles de la chapelle. En cas de vacance d’ermite, un garde-chapelle était nommé pour éviter les pillages.
Autour de l’ermitage se trouve un terrain assez vaste, formant jardin et verger. Il semble que ce soit le frère Hilarion (mort en 1692) qui établit des vergers. Il faisait des greffes et vendait des arbres fruitiers au profit de la chapelle ; dans son testament on trouve pioche, bêche sarcloir, etc. ; l’argent devait servir à construire un pilier pour soutenir la voûte de la chapelle. En 1790 on trouvait là 5 pruniers, 22 cerisiers, 10 poiriers, ainsi que des frênes, tilleuls, alizier, etc.
Frère Hilarion et son acolyte avaient également des ruches (25 paniers ; la fabrique leur acheta 9 livres ½ de cire jaune). En 1775 il y a 19 paniers d’abeilles.
A la Révolution habitait à l’ermitage César de Clugny, comte de Lyon ; issu d’une grande famille noble (son frère était seigneur de Jours), prêtre, il avait préféré se retirer en ces lieux à 34 ans. Il désirait faire des embellissements mais fut obligé d’émigrer ; les scellés furent mis à l’ermitage. Après l’avoir loué quelques années, la commune de Baigneux vendit l’ermitage en 1813 à M. Claude Sébastien Estienne. Il y mit un fermier, lequel devait entretenir les murets et pouvait entreposer ses récoltes dans la chapelle. En 1842, la chapelle fut rendue au culte et l’évêque de Dijon, monseigneur Rivet, y fit une visite. En 1859, à la mort d’Estienne, sa fille, Anne, célibataire, en hérita ; elle désirait reconstruire l’ermitage mais mourut en 1869. Son neveu en hérita et le revendit en 1870 à P. Girardot, notaire à Baigneux. Ce dernier remit des ruches, planta de la vigne et rétablit clôtures et repeupla d’arbres fruitiers le verger après la tempête du 30 avril 1866. En 1921 l’ermitage revint à des descendants de la famille Estienne (madame Thiébaut était née Estienne).
C’est alors que le curé Eugène Barbier, curé-doyen de Baigneux, relança en 1922 le pèlerinage à Notre Dame du Val de Seine. En 1929 fut créée une association, les Amis de Notre Dame du Val de Seine.
Au début du XXIe siècle, la Fondation du Patrimoine, avec M. Mercuzot, et les Amis De Notre Dame du Val de Seine voulurent restaurer l’ermitage. Un appel fut lancé à des mécènes et les travaux de rénovation furent terminés en 2013. En 2016, après une « refondation » quelques années auparavant, l’Association, présidée par Geneviève Charron, devint l’Association des Amis de l’Ermitage. Pour encore mieux renouer avec l’esprit des ermites, fut inauguré, en novembre 2015, un verger conservatoire ; outre des pruniers, 18 plans de cassissiers et de groseilliers ont été plantés ainsi qu’une une haie mellifère pour alimenter deux ruches.
Ce lieu aujourd’hui restauré (avec sanitaires, chaises et tables) se veut un lieu de rencontres en plein air, à connotation religieuse, familiale ou amicale.
Renseignements et réservations : ermitage.valdeseine@gmail.com ; 06 42 84 99 68 ; 03 80 96 52 87.
(Dominique Masson)
(photos : D. Masson)
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Par Christaldesaintmarc le 20 Août 2012 à 06:00
La seconde partie du "mardi découverte" proposé par l'OTPC, nous fit connaître l'Ermitage du Val de Seine.
L'histoire de cet Ermitage a été très bien racontée par Jenry Camus dans un précédent article du blog. Je ne la donne donc pas de nouveau, je mettrai le lien à la fin de cet article, pour que vous puissiez la connaître.
Un cahier du Châtillonnais est consacré à cet Ermitage, vous pourrez vous le procurer à l'Office du Tourisme du Pays Châtillonnais.
Vous pourrez voir en comparant les photos de Jenry et les miennes, combien ce très bel endroit a été magnifiquement restauré !
Monsieur Robin nous a relaté l'histoire de l'Ermitage du Val de Seine, et nous a dit avec quels fonds il a pu être restauré: une souscription publique et différentes aides des collectivités locales ont été nécessaires, mais quelle belle renaissance !
Des processions se font toujours à l'Ermitage, mais elles ont lieu maintenant le 15 août.
Voici la petite chapelle de l'Ermitage du Val de Seine...Le plafond est fait de pierres de Semond...
La statue de la Vierge qui est portée pendant la procession...
Et les bannières..
Cette grande dalle était autrefois l'autel, placé en haut de la petite colline qui domine l'Ermitage, c'est sur cet autel que la messe était dite lors de la procession.
On le voit sur cette ancienne photographie :
Voici le lien qui vous permettra de connaître l'histoire de l'Ermitage du Val de Seine, racontée par Jenry Camus :
http://www.christaldesaintmarc.com/l-ermitage-du-val-de-seine-a1171659
(Des commentaires sur le thème de l'article seraient les bienvenus, ils me montreraient que ce blog vous intéresse et ils me donneraient envie de continuer à l'alimenter .
Merci.)
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Par Christaldesaintmarc le 24 Avril 2010 à 06:30A quelques kilomètres de Baigneux les Juifs, existe un charmant site,lieu de pélerinage depuis très longtemps,ce site se nomme "l'Ermitage du Val de Seine"..
Les Amis du Châtillonnais ont réalisé un cahier bien documenté sur l'Ermitage, Jenry Camus s'y est rendu pour y faire quelques photos et il m'a envoyé de fort intéressantes explications,écoutons-le..
Connaissez-vous l’ermitage du Val-de-Seine ? Oui – Non – Moi, non plus ! Alors je suis allé le voir. Près de Baigneux-les-Juifs, une petite route coupe la Nationale Châtillon-Dijon, serpente entre les champs, traverse un bois et découvre les méandres d’une petite rivière débutante, la Seine. Dans ce beau bois de feuillus, au détour de la route, apparaît l’ermitage. Une barrière, un mur recouvert de mousse, et au fond d’un pré derrière des sapins, le bâtiment, un modeste sanctuaire avec sa chapelle et le logis des ermites.
Dans l’isolement d’une nature qui, à notre époque, n’est plus tout à fait sauvage, le lieu n’a pas l’attrait de la ruine romantique mais vous séduit par le charme de l’abandon. La porte est close mais le mur est solide et nous ne serions pas surpris d’être accueilli par l’ermite. Mais il n’y a personne. Seuls, le bruissement des feuilles et le piaillement des oiseaux troublent le silence. On se sent bien dans ce havre de paix ou l’empreinte séculaire monastique est toujours présente.
L’ermitage, dédié à la Vierge Marie, a été construit au XIIème siècle par les moines de l’abbaye d’Oigny, proche de cinq kilomètres. Le domaine fut rattaché au finage de Baigneux au XIVème siècle et subit outrages et reconstructions au cours des siècles. On connaît le nom des ermites, des religieux anachorètes de l’Ordre de saint Antoine, qui habitèrent ce lieu de 1624 à 1792. De Jean Clart à César de Clugny, 31 ermites ont mené ici une vie autarcique.
On sait également que ce modeste sanctuaire était le but de pieux pèlerinage. Le lundi de Pâques de l’année 1732 une procession de 3000 fidèles vint honorer Notre-Dame du Val de Seine. Deux résurrections d’enfants morts sans baptême, consignées dans des procès-verbaux en 1692 et 1694, peut expliquer ces manifestations si imposantes de la foi catholique dans un endroit si éloigné.
Après la Révolution l’ermitage fut loué par la commune de Baigneux à des fermiers. En 1813, la commune vendit l’ermitage à M. Claude-Sébastien Estienne. En 1870, c’est monsieur Girardot, notaire à Baigneux, qui en devint propriétaire.
La famille Thibault l’acquit en 1921. L’Association paroissiale de Baigneux-les-Juifs, qui l’acquit en 1929, œuvre pour la conservation du site et la perpétuation de son pèlerinage, le dernier dimanche du mois d’août. Depuis 2008, l’ermitage est propriété du diocèse de Dijon.
Un programme de restauration pour redonner à l’ermitage son aspect d’antan est en cours. Une souscription vient d’être lancée par la Fondation du Patrimoine.
Pour mieux connaître l’histoire de l’ermitage, les Amis du Châtillonnais viennent de publier un Cahier, le n° 242, qui réédite un ouvrage écrit en 1876 par P. Girardot, propriétaire à l’époque. Une description très détaillée de la chapelle, des bâtiments, du paysage environnant, montre bien les affres du temps sur l’ermitage. L’histoire du lieu, des réflexions sur la vie monastique et la revue chronologique des ermites qui se sont succédés jusqu’à la Révolution, nous font découvrir et aimer ce lieu de prières et de mémoire.
Une seconde partie du Cahier réédite un ouvrage écrit en 1922 par Eugène Barbier, curé-doyen de Baigneux-les-Juifs « Du culte de Notre-Dame du Val-de-Seine au Sanctuaire de l’Ermitage ». C’est le guide du Pèlerin avec les prières et les chants liturgiques en l’honneur de la Vierge Marie.
Pèlerin ou simple visiteur, n’hésitez pas à vous rendre à l’ermitage du Val de Seine. Une belle promenade où sous le charme du lieu, vous pourrez peut-être avoir la même impression que le brave ermite Antoine d’Essertenne qui, en 1669, s’écriait : « Hoec requies mea in soeculum soeculi » (J’en fais pour toujours le lieu de mon repos).( Jenry Camus)
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