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Par Christaldesaintmarc le 16 Avril 2008 à 00:00
Depuis la Préhistoire ....
Dès le Paléolithique moyen, l’homme a occupé la grotte de la Grande Baume à Balot, dans la vallée de la Laignes, vers la fin de la période, plutôt froide, du Würm ancien, 50000 ans avant notre ère environ. La faune de la contrée compte alors des bovidés et le cheval mais aussi le renne et le rhinocéros laineux qui ont, depuis fort longtemps, déserté ces latitudes, mais dont des restes osseux ont été trouvés dans la grotte de la Petite Baume, toute proche. Le site de Balot a livré des pièces d’une industrie moustérienne, proche de celle reconnue à Arcy sur Cure.
La région a été parcourue par les hommes durant le Paléolithique supérieur à la grotte de la Grande Baume où des pièces lithiques, taillées dans le silex et deux pointes de sagaies en os gravé ont été découvertes.
Au Néolithique, le réchauffement climatique favorisa l’implantation de communautés d’hommes qui ont laissé de nombreux vestiges, pointes de flèches, haches polies, couteaux en silex, certains d’importation, comme ces deux poignards en silex du Grand Pressigny, mais également des pierres dressées tel le menhir de Mauvilly.
La Proto-histoire
Cette période apparaît florissante à travers les découvertes réalisées en Pays Châtillonnais. La densité de la population se renforce : plus de mille tombes ont été inventoriées. Dans le monde celtique occidental, une classe aristocratique s’impose et les défunts se font inhumer dans des tombes individuelles avec leur grande épée en fer. Dès le XIXème siècle, on explora le tumulus du Bois et fut révélée l’existence de la nécropole de Magny-Lambert. L’importance de ce site se mesura à la découverte du tumulus de Montceau-Laurent dont la ciste à cordon est une pièce majeure du musée des Antiquités Nationales de Saint Germain en Laye.
A proximité de Châtillon sur Seine, à Sainte Colombe sur Seine, le tumulus de la Garenne et celui de la Butte, fouillés à l’initiative de Napoléon III, révélèrent l’existence de tombes à char qui attestent l’insigne richesse de cette aristocratie celte au premier Âge du Fer (VIème siècle av. J.C.). Ces découvertes témoignent d’une activité importante autour de l’exploitation des gisements de fer et la présence d’objets d’origine méditerranéenne, étrusque et grecque, comme le chaudron sur trépied de Sainte Colombe, atteste l’existence d’échanges avec des contrées éloignées.
Les fouilles au pied du Mont Lassois, sur lequel un habitat de hauteur avait été identifié en 1930, firent de Vix un site de référence de la fin du premier Âge du Fer, en Europe. En effet, en janvier 1953, fut mis au jour par René Joffroy et Maurice Moisson la fameuse tombe à char de la Dame de Vix. Cette dernière était accompagnée pour son dernier voyage d’un service à boire unique, dont le cratère grec en bronze reste le symbole fort.
L'époque gallo-romaine
A l’époque gallo-romaine l’essentiel de la région relève de la cité des Lingons (Langres) et de ce qui deviendra le pagus du Lassois à l’exception de la partie méridionale (le Duesmois) qui relève de la cité des Eduens (Autun). L’occupation humaine dense se traduit par la présence d’innombrables villas, un vicus (bourg) : Vertillum, des lieux de cultes : le fanum du Tremblois, le temple d’Essarois, etc. Les troubles du IIIème siècle entraînent la ruine de cet habitat que la forêt dissimule toujours.
Le moyen-âge
Le christianisme déjà présent à Leuglay (les Bons Saints) se répand à l’époque mérovingienne où apparaissent les figures de saint Vorles et de saint Valentin de Griselles.
Et à l’époque carolingienne un grand aristocrate, rival de Charles le Chauve et héros d’une chanson de geste, Girart de Roussillon, fonde l’abbaye bénédictine de Pothières (et celle de Vézelay). Au moment des invasions normandes, Châtillon devient le centre politique, économique et religieux du Lassois; L’évêque de Langres y fait transférer les reliques de saint Vorles.
Avec la naissance du duché capétien au XIème siècle, la plupart des paroisses du Châtillonnais s’intègre à la Bourgogne à l’exception de celles qui sont au nord de l’Ource qui sont en Champagne et la vallée de la Laignes qui est au comté de Tonnerre.
Dès les ducs Valois, Châtillon est le siège du bailliage de la Montagne. C’est véritablement la capitale de cette petite région qui connaît la prospérité.
De grandes figures monastiques se détachent et favorisent la création de multiples établissements religieux : bénédictins à Molesme avec saint Robert, cisterciens à Clairvaux avec saint Bernard de famille châtillonnaise et élève de l’école de Saint-Vorles (1136), chartreux à Lugny, chanoines réguliers à Châtillon et Oigny, templiers à Bure, Voulaines et Epailly, sans oublier un ordre original : le Val des Choux.
L’essor économique n’est pas moindre : la laine des moutons alimente la draperie châtillonnaise et la sidérurgie se développe.
La fin du Moyen Age et le début des Temps modernes ramènent les troubles dans ce lieu de passage : Armagnacs contre Bourguignons, reîtres protestants contre troupes catholiques provoquent pillages et destructions à la ville (les faubourgs de Châtillon détruits par la Ligue) comme dans le plat pays (Lugny ravagée par les rêtres).
L’autorité monarchique est restaurée par Henri IV au prix des libertés locales et de la démolition de certaines forteresses (Duesme, Larrey). La noblesse bâtit ou rebâtit ses châteaux à Autricourt, Beneuvre, Jours-les-Baigneux, Larrey, Montmoyen, Mauvilly, Montigny-sur-Aube, Nicey, Quemigny, Savoisy.
De la Révolution à nos jours
La Révolution n’est pas très virulente bien que quelques clubs se soient assez engagés à Châtillon-sur-Seine ou à Aignay-le-Duc.
Les moines du Val-des-Choues sont molestés, le curé de Vanvey arrêté et guillotiné.
Le comte de Chastenay-Lanty, député aux Etats Généraux est arrêté mais le prêtre démissionnaire Georges Mongin, accusé d’hébertisme, l’est aussi : ils sont sauvés par le 9 thermidor.
Cependant beaucoup de nobles conservent leurs biens. Comme ailleurs, la vente des nombreux domaines monastiques profite à des familles déjà bien nanties. Châtillon devient le chef-lieu d’un district puis d’un arrondissement du département de la Côte d’Or.
Le XIXème siècle est un siècle de prospérité : l’industrie métallurgique atteint son apogée avec le perfectionnement des hauts fourneaux dont l’apparition date de la fin du XVème siècle.
Le bois nécessaire à la fonte du minerai abonde, les cours d’eau sont utilisés pour actionner des forges. Les travaux d’extraction et de charroi fournissent un complément de ressources à la population rurale.
L’usage de la houille ne ruine pas cette industrie dans l’immédiat.
Au contraire, le maréchal Marmont l’introduisit dans son usine de Sainte-Colombe dans les années 1820.
Le dynamisme des maîtres de forge aboutit à la création de la Société des Forges de Châtillon et Commentry (ancêtre d’Arcelor) en 1845.
Mais la crise commence en 1860 : l’utilisation du coke et l’importation des marchandises étrangères ruinent cette belle économie qui vaut au Châtillonnais un patrimoine industriel de premier ordre et un bâti de grande qualité en matière d’églises, de mairie, d’école, de résidences bourgeoises.
Après 1880 seuls les sites de Sainte-Colombe et de Chenecières sont encore en activité. C’est le début d’un exode rural que la construction de chemins de fer ne suffit pas à enrayer.
La ligne de Châtillon à Marcilly-sur-Tille s’éteint au bout d’un siècle. Les lignes en direction de Nuits-sur-Armançon, Chaumont ou Troyes survivent grâce au transport du bois.
Après la saignée de la Grande Guerre, en 1926, Châtillon-sur-Seine, comme Semur-en-Auxois, perd sa sous-préfecture au profit de Montbard.
Contourné par les autoroutes et les grands axes ferroviaires, le Châtillonnais perd son rôle de lieu de passage.
Il lui reste cependant des atouts : la forêt pour l’industrie et le loisir, la pierre de grande qualité qui s’exporte dans le monde entier, une agriculture bien reconvertie et une campagne agréable, préservée, qui en fait un lieu de villégiature reposant.
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Par Christaldesaintmarc le 29 Mai 2012 à 06:25
Voici un très beau document sur la période révolutionnaire, que m'a transmis François Saison, que je remercie.
Ce document, très menaçant pour les propriétaires de grains, est daté du 18 Fructidor an II , ce qui correspond au 14 septembre 1794.
Le second document est une enveloppe intéressante par son cachet postal de Châtillon du 6 janvier 1869.
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Par Christaldesaintmarc le 14 Juin 2012 à 06:37
Voici encore trois documents exceptionnels sur la période révolutionnaire en Châtillonnais.
Merci à François Saison de me les avoir offerts.
Les documents étant présentés en hauteur, il ne m'est pas possible de les rendre cliquables. Pour bien les lire, utiliser la touche Ctrl.
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Par Christaldesaintmarc le 9 Mai 2021 à 06:00
Par l'intermédiaire d'Académia, j'ai reçu une étude de Laurent Popovitch, Maître de conférences à l'Université de Bourgogne, étude qu'il a réalisée en compagnie de Dominique Goguey, Yves Pautrat, Jean-Paul Guillaumet et Jean-Paul Thevenot.
Des recherches sur les ensembles de structures de pierre sous forêt ont été mises en œuvre depuis dix ans et ont été intégrées depuis 2003 dans le P.C.R. ‘Vix et son Environnement’, dirigé par C. Mordant, S. Wirth et B. Chaume.
Les vestiges étudiés sont implantés dans deux milieux géographiques distincts mais contigus : le plateau calcaire recouvert par la forêt domaniale de Châtillon, et les rebords de la Digeanne et du Brevon qui entaillent ce plateau à l’est et au sud.
La prospection présente ici des caractères particuliers liés au couvert forestier.
Les relevés G.P.S. sont intégrés dans un S.I.G. et constituent la base de cette étude, dans un va et vient constant entre les sorties cartographiées à différentes échelles et l’observation du terrain.
Une étude typologique des structures visibles en relief a été faite, appuyée en partie sur l’hypothèse d’une équivalence entre les formes dessinées par les murées de pierre, en forêt, et celles dessinées par les fossés, dans les terres agricoles (photographie aérienne).
En complément des observations spatiales, des séries de structures ont été testées au détecteur à métaux pour apporter des éléments de datation.
Après ce bilan méthodologique, les principaux emplacements d’habitat identifiés sont présentés dans leur environnement :
-des enclos entourant les habitats en matériaux périssables identifiés (dont la description est appuyée sur des dessins de détails) sont présentés – rebords de la Digeanne, rebords du Brevon, sud du plateau – avec leur mobilier archéologique datant et fonctionnel
-des maisons en pierre non taillées à Minot
-deux exemples d’habitats en dur (fermes gallo-romaines) situés sur le plateau, repérés plus anciennement et réactualisés par des relevés G.P.S.
-Enfin, un chapitre de synthèse tente de faire le point sur les formes des différents enclos d’habitat et des parcellaires.
L’étude du matériel permet de cerner les principales périodes d’occupation – laténiennes et gallo-romaines – auxquelles il faut ajouter les signes d’une fréquentation plus récente, XVIe -XVIII e siècle.
L’étude du matériel fait émerger des hypothèses de fonctions de ces différentes occupations.
Le texte intégral, passionnant, même pour des novices en archéologie, de Laurent Popovitch, est consultable en cliquant sur ce lien :
https://journals.openedition.org/rae/6108
Yves Pautrat nous avait présenté, en 2010 le même sujet, lors d' une conférence au Musée du Pays Châtillonnais :
Laurent Popovitch était, lui aussi, venu présenter les pièces de monnaies trouvées sur les sites étudiés.
Je n'avais pu réaliser un article à cette époque car l'auteur m'avait demandé d'attendre puisqu'il n'avait pas encore publié officiellement ses recherches.
Des photos de cette conférence seront visibles dans un article qui paraîtra dans quelques jours.
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