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Par Christaldesaintmarc le 11 Février 2022 à 06:00
Mercredi 9 février 2022, a eu lieu, au Musée du Châtillonnais, une cérémonie extraordinaire et très attendue : celle de la présentation de la statue du Bacchus enfant, découverte en 1894 à Vertillum (actuellement Vertault) , volée au musée en 1973, et récupérée avec bonheur en 2022.
Il était là Bacchus enfant, caché par un voile...
Nous avions hâte de l'admirer "en vrai", car jusque là nous n'en connaissions que sa copie en plâtre patinée imitation bronze, qui se trouve dans la salle consacrée à Vertillum.
Jérémie Brigand, Président de la Communauté de Communes, madame Catherine Monnet, Conservatrice en chef du Patrimoine et directrice du Musée, Jérôme Kuhn, Maire de Vertault, Robert Fries, Président de l'Association des Amis du Musée et Jean-Luc Runfola, Vice-Président de la Société Archéologique s'étaient réunis salle des conférences du musée, pour fêter le retour de cette exceptionnelle statue.
Jérémie Brigand Président de la Communauté de Communes, nous a conté son histoire : sa découverte en 1894, son vol en 1973...et la rocambolesque aventure de sa redécouverte et de son retour, un vrai roman !!
Etaient présents :
Jérôme Kuhn, maire du village de Vertault, autrefois appelé Vertillum où furent faites des fouilles par la Société Archéologique du Châtillonnais en 1894 :
Robert Fries, Président des Amis du Musée du Pays Châtillonnais (AMPC) :
Jean-Luc Runfola, Vice-Président de la Société Archéologique et Historique du Châtillonnais (SAHC) :
Catherine Monnet, Conservatrice en Chef du Patrimoine et Directrice du Musée du Pays Châtillonnais a été la "cheville ouvrière" de cet événement incroyable : la restitution d'un chef d'œuvre à un musée, ce qui est, il faut le dire, très peu courant.
Elle a conté le travail gigantesque qu'elle a dû exercer, des mois durant pour arriver à cette restitution tant espérée, avec l'aide du néerlandais Arthur Brand, un enquêteur spécialisé dans les recherches d'œuvres d'Art, surnommé "l'Indiana Jones du Monde de L'Art", et aussi avec l'appui de deux mécènes anglais Brett et Aaron Hammond, qui ont aussi participé à l'aventure.
Enfin vint le moment tant espéré !
un :
deux....
et trois ! le voilà enfin le merveilleux Bacchus enfant, un des joyaux de notre musée !
Quelle finesse, quelle beauté !
Catherine Monnet nous précise que le Bacchus enfant sera bientôt exposé au Musée, à une place d'honneur pour que les visiteurs puissent l'admirer.
Dans de prochains articles je présenterai mieux cette merveilleuse statue dont je vous montrerai des détails, l'histoire de son vol , de ses pérégrinations à travers toute l'Europe, et enfin l'extraordinaire épopée que fut sa récupération !
Tout cela grâce au dossier très complet transmis par madame la Conservatrice que je remercie.
Une vidéo du Figaro où l'on voit la remise du Bacchus à Catherine Monnet par Arthur Brand , à mettre en grand écran !
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Par Christaldesaintmarc le 16 Février 2022 à 06:00
Un Bacchus « pérégrin »
En juin 1880, était créée la Société archéologique du Châtillonnais, avec comme président Victor Deheurle.
Elle fut approuvée par le préfet de la Côte d’Or le 17 novembre de la même année.
Son but était de rechercher, de conserver, et d’étudier les vestiges qui rappellent la vie des générations préhistoriques et tous les monuments de l’histoire locale.
Devenue, en 1888, la Société Archéologique et Historique du Châtillonnais, elle se lança dès ses débuts dans l’exploration de tumuli et, à partir de 1882, dans la reprise des fouilles à Vertillum, fouilles abandonnées par la Commission des Antiquités de la Côte d’Or une dizaine d’années auparavant.
Les rapports de cette fouille furent faits, d’abord par Gustave Lapérouse, puis par Théophile Habert, et enfin par Henri Lorimy.
Les objets retrouvés étaient transportés dans le musée créé par la Société, rue Bourée.
Figure 1 :Le musée de Châtillon rue Bourée Châtillon (C.P. H. Bogureau)
C’est sous la direction d’Henri Lorimy qu’en 1894, la veille même de la clôture des fouilles de l’année, quelques coups de pioche mettaient à jour, à une faible profondeur (0m40 à 0m50, dans un terrain acheté par la Société), au milieu d’une terre fine et meuble, un jeune Bacchus gallo-romain, en bronze…
Ce n’est pas seulement une pièce rare, c’est une pièce unique jusqu’à ce jour.
Présentée à l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres par notre éminent compatriote M. Louis Cailletet, elle a été jugée d’une haute valeur artistique par les archéologues les plus compétents de cette assemblée.
M. Héron de Villefosse, conservateur des antiques au musée du Louvre, considère ce bronze comme étant du plus haut intérêt, tant par son état parfait de conservation que comme un échantillon précieux de l’art gallo-romain (la même année, fut trouvée à Vertault la statue des déesses mères).
Figure 2 : Photographie de la statue de Bacchus insérée dans le bulletin de la Société Archéologique et Historique du Châtillonnaios (1896). Il en sera fait ultérieurement un autre tirage avec la même taille mais entouré d'une marge blanche importante, l'ensemble de la feuille faisant 36cmx27,5 cm
Figure 3 : Plan des fouilles à Vertault en 1894. Au numéro 145 la croix indique l'emplacement de la statue de Bacchus (bulletin de la SAHC op cit)
Cette statue fut trouvée dans la parcelle n° 145, dans un vaste espace clos de murs, rempli d’une terre noire et fine et sans mélange de pierres, sur une épaisseur moyenne de 0m70 ...
Ce petit Bacchus y était à peine enfoui, jeté là comme au hasard et sans aucune protection….
Et M. Lorimy ajoute :Cet emplacement était bien un jardin et le Bacchus, seul objet recueilli en cet endroit, a dû y être caché précipitamment au moment de l’invasion.
Cet espace devait être un jardin, avec un impluvium ou un bassin en forme de U, car il était bordé de deux côtés par des rigoles en pierre.
Cette statue, selon madame Simone Deyts, sur le plan stylistique, est proche de deux autre bronzes, l’un trouvé à Reims, l’autre provenant peut-être de Pompéi, conservé au British Museum, ce qui dénote un modèle commun copié avec plus ou moins de variantes, sans doute d’origine italienne.
Figure 4 : la statuette de Bacchus, Reims
C’est donc que ce n’est pas à partir de cette date de la découverte qu’a commencé le voyage du Bacchus enfant.
Se pose alors la question de savoir où il a été fabriqué et comment, et pour qui il a pu être acheminé pour se retrouver dans la maison d’un riche propriétaire de Vertillum, une ville secondaire gallo-romaine, et donc peu connue pour la grande richesse de ses habitants.
De plus, il avait connu par le passé quelques malheurs.
Des traces de coups reçus dans l’antiquité sont apparents sur la main et le poignet gauches.
Le bras gauche a été brisé dans l’antiquité, puis rajusté, et pareil accident semble être arrivé à la main droite : lepouce a été cassé puis rajusté à l’aide d’un goujon.
Lors de sa découverte, en 1894, il reçut un coup de pioche sur le bras gauche.
Il ne resta pas longtemps au musée de Châtillon car, le 30 novembre 1894, M. Cailletet l’emmenait à Paris, où il fut présenté à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, puis il revint à Châtillon.
Il refera un nouveau voyage à Paris, en 1937, à l’occasion de l’exposition universelle (exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne) ; il sera exposé au Palais national des Arts (palais de Tokyo), car c’est l’époque où l’on redécouvrit, en France, les richesses des musées de province et l’exposition universelle constituera l’apogée de ce mouvement de redécouverte des collections provinciales.
Figure 5 : Carton du menu du 27 mai 1957 à l'occasion du XXVIIIème congrès de l'Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, réalisé par Pierre Garnier
Figure 6 : Dans sa première présentation, la statue était fixée sur un socle de marbre veiné. Cliché Chambon 1950
Il restera ensuite au musée de Châtillon, rue Docteur Bourée, jusqu’après la deuxième guerre mondiale, bien qu’il ait failli être vendu, en 1926, au musée du Louvre.
Puis il déménagera en 1949 dans la « maison Philandrier », acquise en 1928 par l’Association pour la sauvegarde de l’Art français.
C’est là que, dans la nuit du 18 au 19 décembre 1973, la statue fut volée.
Commence alors pour la statue un long voyage, dans le temps et dans l’espace, dans les frontières et probablement hors des frontières de l’Union européenne.
Finalement, elle sera achetée, en 2019, par un collectionneur autrichien, qui accepta en fin de compte de restituer la statue à Châtillon.
Figure 7 : Détail de la statue de Bacchus
La conservatrice en chef du musée de Châtillon, madame Monnet, partit ainsi à Amsterdam, avec le moulage de la statue de Bacchus.
Car, en 1931, le musée du Louvre s’était proposé pour réaliser un moulage de la statue.
Lors de la fonte, dans l’antiquité, pour cacher certains défauts, au moins 48 pièces de bronze ont été rapportées sur différentes parties du corps, en particulier sur la fesse droite.
Toutes ces petites imperfections permirent d’identifier formellement la statue en bronze comme étant la statue volée.
Au cours de ces pérégrinations, la statue a perdu un attribut qu’elle portait dans sa main droite : un végétal, une fleur stylisée peut-être, un quatre-feuilles, mais dont deux avaient été brisées.
Ceci semble une réparation faite dans l’antiquité.
La main droite devait, à l’origine, peut-être porter un canthare et, dans la main gauche, un thyrse, glissé entre ses doigts (bâton terminé par une pomme de pin et entouré de pampres et de lierre, attribut de Bacchus).
La statue de Bacchus a rejoint les collections exposées dans le nouveau musée de Châtillon, ouvert en 2009 dans l’ancienne abbaye Notre Dame, rue de la Libération, pour, l’espérons-le, un long moment.
( Dominique Masson)
Bibliographie sommaire:
-Bulletin de la Société archéologique et historique du Châtillonnais ; quatrième série-1894 ; Leclerc, 1896
- Deyts Simone : Vertault à travers ses sculptures ; Bulletin de la Société archéologique et historique du Châtillonnais ; sixième série, n° 7, 2004
-Revue des Musées et collections archéologiques ; n° 14, 1928
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Par Christaldesaintmarc le 17 Février 2022 à 06:00
Le Bacchus, trouvé lors des fouilles de Vertillum (actuellement Vertault) en 1894, volé au musée de Châtillon sur Seine en 1973, a été retrouvé par Arthur Brand, un néerlandais surnommé "l'Indiana Jones des œuvres d'Art" et restitué au musée au mois de février 2022.
Sa présentation au public a été faite au public, le 9 février, par Madame Monneret Conservatrice en chef du patrimoine et Directrice du Musée du Pays Châtillonnais
Madame Monnet m'a transmis les principales caractéristiques de cette admirable statue, j'ai pu les photographier alors que ce Bacchus n'était pas encore protégé par un cube de verre, et donc sans reflets indésirables.
Cette statue en bronze, en ronde-bosse (1) d’une quarantaine de centimètres de hauteur figure Bacchus (2) sous les traits d’un jeune enfant potelé, vêtu d’une nébride (3) portée en écharpe et chaussé de riches cothurnes (4).
Il est représenté debout, esquissant un pas en appui sur la jambe gauche. Le pied droit reposant sur son gros orteil, en arrière. Le bras droit en avant est abaissé tandis que le gauche est levé, coude plié.
Les attributs qu’il tient traditionnellement , à savoir un canthare (5) et un thyrse (6), n’accompagnaient plus l’œuvre au moment de sa découverte.Par contre, un objet cassé, non identifié, rapporté ultérieurement à la fabrication d’origine et qui s’est substitué au canthare d’origine, était positionné dans sa main gauche.
La tête est légèrement penchée à droite. Les traits du visage sont juvéniles. La bouche est légèrement entr’ouverte, ne laissant pas apparaître de dents.
Le sillon naso-labial est marqué et des plis animent la moitié inférieure d’un visage rond. Ses grands yeux sont surmontés d’arcades et de sourcils marqués.Le cou est large. A l’instar des statues analogues, une feuille d’argent a pu être appliquée pour représenter le blanc des yeux, percée d’un trou pour constituer la pupille.
Le corps est potelé. Les pectoraux et le dos plus fermement modelés.
La coiffure est complexe : une partie des cheveux tombe en mèches bouclées libres à mi-cou sur la nuque et les côtés, des mèches supérieures sont relevées et maintenues par un lien au-dessus du front pour former un toupet, laissant toutefois échapper une mèche tombant sur le front.
D’autres sont tressés pour former une natte axiale sur le dessus du crâne, et des pampres de lierre, formant couronne sont déposés sur la chevelure.
Les cothurnes sont sophistiqués . Une feuille de cuir enveloppe et protège le talon et se termine sur le cou-de-pied en languettes nouées.
Un élément de feuille de lierre relie ce nœud à des lanières qui maintient la semelle au pied, l’avant du pied étant couvert par un jeu de lanières.
La surface de la nébride est piquetée. Lorsque la pièce était neuve, le jeu de lumière opposait donc les surfaces lisses du corps à celles, piquetées de la nébride.
Une fiche soudée sous le pied droit de l’enfant permettait à l’origine, de fixer la statuette sur un socle de pierre à l’aide de plomb.
La qualité de la représentation et de la réalisation, les dimensions et le très bon état de conservation donnent à cette pièce une valeur exceptionnelle.
Pour l'instant l’atelier de production reste inconnu on pense qu'il aurait pu être réalisé en Egypte.
Réalisée à l’aide de la technique de la fonte à cire perdue, cette œuvre est une pièce d’une importante rareté.
(1) : Ronde-bosse :
sculpture en relief qui est détachée du fond, contrairement à la sculpture en bas-relief qui est en faible saillie sur un fond, ou encore en haut-relief qui est une sculpture très saillante, mais non détachée du fond.
(2) : Nom romain attribué au dieu grec Dionysos (fils de Jupiter et Sémélé), dieu du vin , mais aussi de l’ivresse, des excès et débordements et de la nature.
(3) : une nébride (nom grec) est une peau de bête servant de vêtement, associée plus particulièrement, dans la Grèce antique, à Dionysos
(4) : Un cothurne est une chaussure de l’antiquité grecque et romaine maintenue au pied par des lacets.
(5) : un canthare est un récipient à deux anses utilisé pour boire du vin dans la culture grecque antique
(6) : Un thyrse est un long bâton autour duquel s’enroule du feuillage, faisant office de sceptre dans la mythologie grecque.
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Par Christaldesaintmarc le 24 Février 2022 à 06:00
Des fouilles fructueuses à Vertillum
C’est lors de fouilles menées en 1894 sur le site gallo-romain de Vertillum, à une vingtaine de kilomètres de Châtillon-sur-Seine, qu’une importante statue en bronze est découverte.
Le site archéologique gallo-romain de Vertault faisait, depuis le milieu du 19è siècle, l’objet de campagnes annuelles de fouilles conduites par la commission archéologique de la Côte d’Or, puis par la Société historique et archéologique du Châtillonnais.
(Une vue des fouilles de Vertault, photo collection "Images en Châtillonnais")
Cette pièce a été mise au jour lors de la campagne de fouilles de 1894.
(Plan original des fouilles de Vertillum conduites en 1894)
(Tirage sur papier de négatifs sur plaque de verre pour la publication de la découverte en 1896 par Antoine Héron de Villefosse. Bacchus enfant, statuette de bronze trouvée à Vertault (Côte-d'Or). Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 3, fascicule 1, 1896. pp. 51-58.)
Un chef-d’œuvre de l’art antique
Datée du tournant de notre ère (1er siècle av. n. è. et le 1er siècle ap. n. è), cette statue d’une grande beauté, pièce maîtresse de la collection gallo-romaine du musée, est sélectionnée en 1937, pour l’exposition Chefs d’œuvres de l’art français qui se tient à Paris de juin à octobre au Palais national des arts.
Cette exposition, inaugurée par Léon Blum, Président du Conseil, et Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts, est l’une des manifestations de l’Exposition internationale des Arts et des Techniques appliqués à la Vie moderne, qui se tient à Paris du 25 mai au 25 novembre 1937.À l’occasion de ce que l’on appelle plus communément l’Exposition universelle, le public découvre et se délecte devant cette statue de Bacchus.
(Catalogue de l’exposition)
Bacchus figuré sous les traits d’un enfant
Représentant Bacchus sous les traits d’un jeune enfant potelé, l’atelier de production reste inconnu. Réalisée à l’aide de la technique de la fonte à cire perdue, cette œuvre est une pièce d’une importante rareté.
Technique de fabrication
La fabrication de cette sculpture fait appel à la technique, d'invention très ancienne, de la fonte à la cire perdue, procédé de moulage de précision, lent, minutieux et d’application difficile.
La statue est composée d’un assemblage de plusieurs pièces réalisées indépendamment les unes des autres à l’aide de cette technique.
L’artiste conçoit et modèle les différents morceaux de la sculpture et, une fois façonnés et terminés, ils sont entourés de bâtonnets, qui sont de cire comme les morceaux sculptés eux-mêmes.
Les différents éléments de la sculpture sont ensuite enduits, par couches successives, d’une potée de matières réfractaires qui durcit en séchant et forme progressivement une chappe rigide autour des bâtonnets qui traversent l'enveloppe réfractaire.
Le tout est porté au four et chauffé progressivement ; la cire fond lentement et s'écoule par les évents constitués par la fonte des bâtonnets.
L'alliage de bronze liquide est ensuite versé doucement par ces orifices et doit remplir tous les vides occupés précédemment par la cire.
Ainsi le bronze reproduit l'œuvre originale dans ses plus menus détails : il s'y est réellement substitué, comme s'il avait été lui-même modelé par le sculpteur.
Lorsque le bronze a refroidi, le moule en terre cuite est cassé afin de récupérer la pièce sculptée en bronze.
Des plaquettes de réparure rectangulaires sont posées à différents endroits pour masquer les défauts d’aspect résultant de la coulée, de l’extraction des clous distanciateurs ou du travail de soudure. Les différents morceaux sont assemblés par soudure.
Les opérations de finition comprennent le polissage et les reprises à froid.
Il faut aussi y ajouter les incrustations pour les yeux (feuille d’argent, plaquette d’ivoire…) et la patine ou les plaquages qui peuvent recouvrir l’ensemble.
Il faut ensuite éliminer les coulures formées dans les conduits (évent et galeries d’alimentation) et tous les défauts inhérents à la fonte.
Pour la statue de Vertault, le traitement de surface reste inconnu : patine, feuille d’or… quoi qu’il en soit, un jeu de lumière a été créé par l’artiste pour opposer les parties lisses du corps, à la nébride et à la chevelure.
Les traces d’un traitement particulier des lèvres sont encore perceptibles à l’œil nu.
Quel rôle était assigné à ce type de statue ?
Les représentations de divinités aux allures d’enfants, sous forme de Bacchus ou d’Éros par exemple, sont très nombreuses dans les maisons hellénistiques et romaines.
Ce sont souvent des statuettes de taille moyenne, ce qui répond à leur rôle, purement décoratif.
Au 2è siècle av. notre ère, dans la Grèce devenue romaine, mais aussi à Alexandrie et en Italie, le luxe des villas conduit à développer les sujets de charme ou de genre, autour du monde de Dionysos-Bacchus et d’Aphrodite-Vénus, dont Éros est une figure centrale.
Il en est de même dans les demeures luxueuses de la Gaule désormais romaine à partir de 52 av. notre ère.
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Par Christaldesaintmarc le 3 Mars 2022 à 06:00
Histoire du Musée de Châtillon sur Seine
L’idée de créer un musée à Châtillon-sur-Seine occupe les esprits dès au moins l’année 1830, mais il faut attendre 1837, pour que l’idée prenne corps.Lors de la réunion en séance du conseil municipal le 29 mai 1837, il est donné communication de la Liste des dons offerts pour la formation du musée de la ville de Châtillon-sur-Seine.
À la suite de la liste des pièces objet d’un don, il est précisé :
M. Nesle en faisant don de tout ce qu’il possède d’objets d’art susceptible de tenir place dans un musée, désire que celui de Châtillon soit réuni sous le même toit que l’école de dessin, seul emplacement convenable.
Il désire aussi que tous les objets d’art que possède la ville soient mis à sa disposition, sans cela ce serait folie de penser à l’établissement d’un musée, et si le conseil veut bien l’en nommer officiellement directeur gratuit de l’établissement, il s’appuiera de ce titre pour réclamer divers objets d’art qui lui ont été promis par des amateurs.
Il fera aussi un appel au désintéressement des artistes de sa connaissance, et essaiera avec l’autorisation qu’il vous prie de vouloir bien lui accorder, de créer à Châtillon une société des amis des arts, afin de venir en aide au musée.
Chaque membre, par une cotisation de 12 francs seulement, permettrait chaque année l’acquisition d’un ou de deux bons tableaux.
On suppose que la société peut atteindre le chiffre de 100 membres, mais à supposer qu’elle ne se compose que de 50 ce serait déjà un puissant appui.
J’ai déjà communiqué le projet à beaucoup de personnes qui l’ont accueilli avec empressement et m’ont dit de compter sur elles. Enfin, messieurs, il croit qu’avec de la persévérance et de la bonne volonté on arrivera en peu de temps à créer un établissement intéressant.
Comme nous voici à l’époque de l’exposition, il vous prie d’écrire au ministre d’État ou plutôt à M. de Niewerkerke afin d’obtenir comme toutes les villes qui ont des musées, quelques dons.
Le chef de l’État encourageant aussi les arts de tout son pouvoir, il vous prie de vouloir bien aussi lui adresser une demande auquel il répondra très certainement.
Vers 1840, dans un bâtiment occupé par la bibliothèque et le collège, rue du docteur Bourée, les premières collections sont présentées dans une ancienne salle de l’école de garçons, puis une salle complémentaire est spécialement construite pour y présenter des peintures, au nombre de douze, en 1857.
(Vue de la salle complémentaire du musée, construite en 1857, lorsque les collections étaient présentées dans un bâtiment occupé par la bibliothèque et le collège, rue du Docteur Bourée - 1933.)
En 1852, les collections s’enrichissent du legs du maréchal Marmont.
(Exposition des pièces de collection du legs Marmont dans la salle complémentaire du musée - 1933.)
Des ex-voto gallo-romains mis au jour à Essarois (fouilles d’un temple antique au lieu-dit La Cave) donnés par Victorine de Chastenay, les objets collectés lors des fouilles du tumulus du Bois de Langres et celui de la Garenne à Sainte-Colombe, donnés par M. Maître-Humbert, complètent les premières collections.
La création de la Société archéologique du Châtillonnais est approuvée par arrêté du préfet de Côte d’Or, le 17 novembre 1880.
Les 68 membres fondateurs sont exclusivement des hommes.
Le président est Victor Deheurle, sous-préfet de l’arrondissement de Châtillon, le vice-président, Louis Cailletet, membre de l’Institut, le secrétaire, Charles-François Boutequoy, médecin, le secrétaire -adjoint, M. Gardrat, directeur de la sucrerie de Châtillon, et le trésorier, Girard, receveur des finances à Châtillon.
L’article 9 des statuts de l’association est ainsi rédigé :
Les archives de la société, les livres, les dons de toutes sortes appartenant à la société, les découvertes faites dans les fouilles seront déposées dans la Bibliothèque ou dans le Musée de la ville de Châtillon ; tous ces objets seront groupés à part, porteront le nom de la Société et perpétueront le souvenir de ses travaux.
Dès 1881, la toute nouvelle Société archéologique du Châtillonnais entreprend des démarches pour que cette présentation informelle obtienne le statut de musée d’arrondissement.
Des collections étaient rassemblées et présentées par des érudits dans une salle à Châtillon depuis les années 1830. En 1881, la toute nouvelle Société archéologique du Châtillonnais, fondée l’année précédente, entreprend des démarches pour que cette présentation informelle obtienne le statut de musée d’arrondissement.
C’est chose faite en 1887 et la gestion de l’établissement est assurée par les membres de cette société savante jusqu’en 1988.
À l’occasion d’une réunion en séance des membres de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres, le 8 décembre 1893, Louis Cailletet, membre de l’académie des Sciences, donne lecture d’une note sur les fouilles exécutées à Vertillum (Vertault) en 1893 qui donne quelques informations sur le musée :
Depuis une dizaine d’années, quelques amis des sciences historiques ont formé à Châtillon-sur-Seine une société, qui, à l’aide de modiques ressources provenant de cotisations, de dons divers et d’une allocation du Conseil général de la Côte-d’Or, a pu reprendre des fouilles abandonnées depuis bien des années et acquérir une partie du sol occupé autrefois par Vertillum.
Les efforts de notre société ont été récompensés, car, chaque année, le musée archéologique, que nous avons créé et donné à la ville de Châtillon, s’enrichit de nos découvertes.
À l’instar de toutes les découvertes réalisées à l’époque par la Société Archéologique et Historique du Châtillonnais (SAHC), la statue de Bacchus enfant est exposée au musée municipal de Châtillon-sur-Seine.
En 1926, une proposition de vente de la statue de Bacchus au Musée du Louvre pour financer une partie des coûts d’un nouveau musée.
En quelques années, malgré l’extension de 1857, l’espace pour exposer les collections qui s’accumulent vient à manquer et une réflexion s’engage pour les présenter dans les bâtiments récemment désaffectés du tribunal.
Afin de financer une partie des coûts d’un nouveau musée, Henry Lorimy, conservateur bénévole du musée, propose dans un courrier, en date du 1er décembre 1926, adressé à Étienne Michon alors conservateur en chef au Musée du Louvre, de vendre la statue de Bacchus au prestigieux musée parisien :
Je me permets de me rappeler à votre bon souvenir et de venir vous entretenir d’un [?] sujet qui peut être intéressant pour le Louvre et pour nous société archéologique.
Voici ce dont il s’agit. La cité de Châtillon venant d’être rattaché à Dijon – la maison d’arrêt est devenue de ce fait sans emploi.
Ces bâtiments, propriété du Département abritaient jadis l’auditoire royal et seraient à mon avis un cadre parfait pour l’installation d’un musée.
D’après une conversation récente avec le maire [?] il semble que la Ville serait disposée à en faire l’acquisition pour l’usage que je vous indique, mais comme la charge serait trop lourde pour elle seule, j’ai pensé à une combinaison qui pourrait peut-être faciliter cet achat. Ce serait de vendre le Bacchus de Vertault et de remettre à la ville une partie de la valeur suivant les besoins.
Étienne Michon, par un courrier en date du 14 décembre 1926, répond ainsi à cette proposition :
Je comprends votre désir de voir installées vos collections dans un local digne d’elles et si la Société se décidait à se dessaisir de son Bacchus pour se procurer des ressources, il est certain que sa place serait toute désignée au Louvre.
Vous savez malheureusement que pour les acquisitions de quelque importance – et cela de plus en plus – nous sommes dans l’obligation de demander les crédits à un Conseil des Musées où l’archéologie est réduite à la portion plus que congrue.
C’est ce qui rend difficile de vous fixer par avance le prix que ce Conseil m’autoriserait à vous offrir pour votre beau bronze.
Il me semble pourtant qu’un prix de 30 000 fr. environ pourrait être envisagé et je serais pour ma part très disposé à demander cette somme.
Voilà tout ce que, en l’état actuel, il m’est permis de vous dire. Soyez sûr que de toute façon, si la négociation vous semblait possible, je m’emploierais à la mener à bien.
Pour des raisons qu’il reste encore à découvrir, la transaction n’a pas abouti.
(Vue du musée, rue du Docteur Bourée, en 1933.)
Le musée est épargné par les bombardements allemands de la ville en juin 1940.
Un courrier du conservateur bénévole de l’époque, Jean Lagorgette, adressé à « un cher collègue de musée », en date du 1er janvier 1942, donne des détails sur cet événement :
Moi-même, dès le premier jour [de la guerre], j’ai mis ou fait mettre en caisses et en caves les principaux objets d’art et d’archéologie et des trois églises y compris nombreux vitraux. […]
Étant allés chez ma sœur à Semur le 14 juin 1940, nous n’avons pu rentrer le lendemain, et avons été évacués le surlendemain.
Après une semaine d’absence, Châtillon était au 3/4 détruit par bombardements et incendies ; 380 maisons anéanties, 280 personnes sans abri.
Il ne reste guère plus que les faubourgs.
Le déblaiement du centre tire à sa fin.
Mes collections ne sont pas détruites comme l’a imprimé le Bulletin de la société préhistorique à qui j’avais écrit qu’elles étaient saccagées et qu’il valait mieux ne pas signaler les collections sauvées en totalité ou en partie pour ne pas éveiller certaines convoitises.
Au musée, à la bibliothèque, fenêtres enfoncées par éclats et souffle.
Mais les collections n’ont pas souffert.
En 1949, les collections déménagent et investissent un hôtel particulier de style renaissance, dit maison Philandrier, au cœur de la ville.En 1953, la découverte d’une chambre funéraire inviolée à Vix, de l’âge du fer, dont le luxueux et exceptionnel mobilier intègre le musée, confère une notoriété internationale au modeste musée.
(Carte postale de la statue de Bacchus éditée en 1954)
Progressivement, la maison Philandrier s’avère inadaptée au regard des standards offerts au public dans de plus en plus de musées rénovés.Tout le monde s’accorde alors pour constater le décalage grandissant entre collections prestigieuses et bâtiment sachant que les conditions de sûreté et de sécurité n’y sont nullement garanties.
L’idée de déployer les collections dans un autre lieu que la maison Philandrier fait son chemin et après bien des hypothèses et des rebondissements, la décision d’investir les bâtiments conventuels de l'ancienne abbaye Notre-Dame, en déshérence depuis le début des années 80, suite au déménagement de l'hôpital et de l’hospice, est adoptée.
Les travaux commencèrent en septembre 2007 et le nouveau musée est inauguré en 2009. Les collections se déploient désormais sur 1 200 m2 dans une présentation chronologique, de la Préhistoire au 19è siècle.Le musée, propriété maintenant de la Communauté de Communes, porte le nom de "Musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix"
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Par Christaldesaintmarc le 10 Mars 2022 à 06:00
Le vol de la statue de Bacchus au musée de Châtillon sur Seine
Dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 décembre 1973, un ou des individus déplombe(nt) puis fracture(nt), à l’aide d’une pierre retrouvée à l’intérieur, la vitre d’une fenêtre du rez-de-chaussée afin de la déverrouiller de l’intérieur.
Une fois la fenêtre ouverte, le/es cambrioleurs se faufilent entre les trois barreaux bien trop espacés pour être efficaces contre une intrusion pour pénétrer au rez-de-chaussée.
Pour circuler dans les différents espaces intérieurs, plusieurs portes sont forcées.
MM. Louis Dupas et André Seuriot, gardiens au musée, constatent le cambriolage en prenant leur service, le mercredi 19 décembre 1973 vers 9h15.
Les voleurs repartent avec ce qu’ils pensent être le célèbre torque en or celtique de Vix, qui n’est heureusement qu’une copie, la statue de Bacchus, un pendentif antique en or, une bague en or, 4 800 monnaies de bronze et 200 monnaies d’argent, sans oublier l’argent de la recette de la billetterie, environ 80 francs.
La pose de barreaux aux fenêtres du musée avait été entreprise, à l’initiative de René Joffroy, le conservateur du musée, en avril 1973, mais espacés de 22 cm, ils n’étaient d’aucune efficacité pour empêcher une intrusion.
(Document d’archives relatif au pendentif antique en or volé en 1973)
(Communiqué de presse de la ville de Châtillon-sur-Seine suite au vol de pièces de collection du musée)
(Article du journal le Bien Public, en décembre 1973 relatif à la polémique touchant à la sûreté des collections du musée)
(Article du journal le Châtillonnais-l’Auxois en 1973 relatant le cambriolage du musée)
Une copie en plâtre
Salomon Hermann Reinach (1858-1932), conservateur adjoint du musée des Antiquités nationales (MAN), à Saint-Germain-en-Laye, de 1893 à 1902, puis directeur de ce musée, de 1902 à sa mort en 1932, systématise les moulages en plâtre des pièces de collection de sculpture afin de les cataloguer et de faire des analyses comparatives.
C’est l’une de ces copies en plâtre qui était exposée au musée depuis le vol de 1973.
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