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Par Christaldesaintmarc le 28 Avril 2020 à 06:00
J'ai reçu il y a peu, un message de monsieur Jean-Luc Putman, ancien secrétaire du Centre d'Ename, dont le père fut l'inventeur d'un site belge, quelques générations plus jeune que le Mont Lassois, c'est à dire de l'époque de la Tène.
Monsieur Putman a lu les articles que j'ai consacrés au site de Vix, aussi il a voulu me faire connaître un site belge qui lui tient à cœur, et que sans doute, les Châtillonnais ne connaissent pas.
Ce site se nomme le Kemmelberg, en français le Mont Kemmel.
Mais, faire connaître le Kemmelberg n’est pas le message principal de Jean-Luc Putman.
Il s’agit surtout de former un réseau entre sites celtes plus ou moins comparables comme Glauberg, Mont Lassois et Kemmelberg pour commencer.
Le but du réseau est de créer une valeur ajoutée pour les communautés de communes qui s’occupent de ces sites remarquables: comment attirer plus de touristes et donc créer plus de travail pour les hôteliers, B&B, restaurants, exploitants de musées, sociétés de transport, etc....
Le Kemmelberg par exemple possède un réseau touristique bien en place , dont pourraient profiter les autres sites.
Le Mont Lassois pourrait devenir un exemple de valorisation , le Glauberg possède un musée installé sur le site même ce qui augmente considérablement la qualité et l'utilité d'une visite pour le public etc....
Des relations ont eu lieu autrefois entre les élus, administrations et équipes d’archéologues du site du Mont Lassois et celles du Kemmelberg, en témoigne cette photo, prise en Bourgogne où l'on peut reconnaître plusieurs personnes dont Jean-Louis Coudrot , ancien conservateur du Musée du Châtillonnais-Trésor de Vix, Anne Leclerc-Chalvet d’Alésia Développement et Bruno Chaume, actuellement Président de la SAHC :
J'ai donc proposé à Jean-Luc Putman de publier un article sur le Kemmelberg, ce qu'il a accepté avec enthousiasme.
Il m'a ensuite adressé de nombreux documents dont je me suis servie pour rédiger cet article, qui j'espère, intéressera les lecteurs.
Où se trouve le Kemmelberg ?
Voici les caractéristiques de ce site, précisées par Jean-Luc Putman (la partie de Belgique où se trouve le Kemmelberg est flamande, aussi certains liens renvoient à des textes en néerlandais, si vous savez lire le néerlandais, profitez-en ! ):
Le Mont Kemmel est un site protégé :
- protégé en tant que paysage naturel
https://mer.lne.be/merdatabank/uploads/nthnvg4333.pdf
- protégé en tant que paysage culturel ( à composantes scientifiques, historiques et esthétiques)
https://inventaris.onroerenderfgoed.be/aanduidingsobjecten/12099
- protégé en tant que site archéologique , partie protohistorique
https://inventaris.onroerenderfgoed.be/aanduidingsobjecten/113390
-C’est un site touristique (colline de 156m de hauteur, le point le plus haut de Flandre, excepté la région des Fourons )
-C'est un domaine provincial avec des circuits pédestres, un réseau cyclable, etc.
https://www.toerismewesthoek.be/fr/a-faire/kemmelberg
https://www.west-vlaanderen.be/domeinen/kemmelberg
-Le Mont Kemmel est connu pour les courses cyclistes
exemple : https://www.dailymotion.com/video/x40bp05 (remarque de monsieur Putman : ces courses cyclistes sont en contradiction totale avec les aspects multiples de protection ! ; les spectateurs se sont plantés sur les remparts et fossés du site protohistorique fortifié)
-C’est un site historique et archéologique « multilayer » (multicouches)
-Ce fut le lieu d'une bataille importante de la première guerre mondiale (WOI) (avril 1918) , avec une destruction immense (plus de 10.000 cratères d’obus sur les + 5ha du site protohistorique) . La « couche » WOI du site fait partie d’un dossier UNESCO (avec des sites français et wallons)
(remarque de monsieur Putman : les destructions de la grande guerre ont évidemment détruit et altéré une partie importante des couches archéologiques ….ce qui fait qu’on est jaloux du site intact du Mont Lassois par exemple !)
-C'est un site protohistorique de grande valeur scientifique (site de hauteur fortifié, nature aristocratique, relations avec le monde méditerranéen… : quelques objets en or...) (450-350 BC)
le sommet du site a été fouillé de 1963 à1980. Des études non invasives ont eu lieu depuis 2000. Une douzaine de mémoires, thèses, essais et une Monographie (1987).
Quelques dizaines d’articles sur Kemmelberg sont parus dans des revues scientifiques.
Quelques détails :
https://zenon.dainst.org/Record/001003411 ( publication sous la direction de Bruno Chaume, mélanges à la mémoire de René Joffroy , qui est venu visiter les fouilles au Kemmelberg ! )
https://www.cairn.info/revue-du-nord-2015-5-page-123.html
(cette céramique se retrouve sur des distances de plus de 100 km du Kemmelberg)
Un article récent concernant l’identification d’un fragment de bassin Étrusque (note de JLP : datation plus ancienne – 5ième siècle avant notre ère selon plusieurs spécialises)
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00655027/document
Dernière publication : trouvaille d’un petit container en céramique qui servait à transporter du sel. Ce type de container ne se retrouve pas en Flandre, mais en masse en Hollande dans la région de la tombe du « prince d’Oss », à plus de 200 km du Kemmelberg.
Voici une photo représentant le Mont Kemmel :
Une exposition a été présentée en 2014 et 2015, à Tournai, sous la direction de Marianne Delcourt-Vlaeminck, Conservatrice du Musée d'Archéologie de Tournai, avec la participation de Jean-Luc Putman, de Marc Soenen et de la firme Eurosens
Voici la partie du compte rendu de cette exposition, relative à la période de la Tène, qui correspond à la phase finale de l'existence de la cité princière du Mont Lassois :
(J'indiquerai au bas de cet article, le lien pour lire tout le compte-rendu de Marianne Delcourt Vlaeminck, qui comporte au début, une très longue évocation de la période néolithique du Kemmelberg. En effet dans cet article , j'ai préféré seulement évoquer la partie relative à la civilisation de la Tène, qui a beaucoup de ressemblances avec la nôtre à Vix)
La culture de la Tène
Sur le Kemmelberg, on a mis au jour de la céramique datée d’environ 400 BC et présentant des affinités avec celle de la culture Aisne-Marne. Ces vases se distinguent par leur carène prononcée et leur décor géométrique, évoquant la civilisation de la Tène qui succède à celle de Hallstatt. Ces deux cultures se sont développées en Europe centrale où des villages situés le long de routes commerciales s’enrichissaient grâce à la présence de minerais ou de sel. Le commerce avec les Grecs était florissant et dans la civilisation de Hallstatt apparut une classe dirigeante nouvelle, tournée vers le prestige plutôt que vers la guerre et la violence.
Au milieu de l’âge du fer débuta la culture de la Tène, caractérisée par d’autres symboliques, des centres de pouvoir et des routes commerciales. Un petit groupe émergea : celui des riches qui entretenaient des contacts avec les élites d’autres régions. Ils adoptèrent les coutumes grecques et étrusques tandis que se creusait un profond fossé avec la population agricole défavorisée. C’est surtout en Europe centrale que cette richesse de l’élite se manifesta le plus. Ainsi, dans la sépulture du « prince » de Hochdorf (en Allemagne), les souliers du défunt étaient ornés de revêtements en or. Dans nos territoires situés à la frange septentrionale de ce noyau, les différences entre riches et pauvres étaient moins marquées.
Plus qu’une résidence
Pendant l’âge du fer, la situation stratégique du Kemmelberg (sur une colline dans un paysage plat) fut exploitée au maximum. On remarque des similitudes importantes avec certains sites de hauteur du centre de la France et du sud de l’Allemagne, protégés par des pentes raides. Les collines présentent souvent un plateau similaire à ceux de sites célèbres comme l’Acropole d’Athènes avec ses 3 hectares, quasi aussi vaste que celui du Kemmelberg. En Allemagne, on parle de « Fürstensitze » (résidences princières), car on y a découvert de luxueuses sépultures de chefs de clans ou « tombes princières ». Ces habitats de plateaux, protégés par des fossés et une enceinte de terre surmontée d’une palissade en bois, formaient un ensemble impressionnant, symbole de puissance et de statut.
Le plateau du Kemmelberg a vraisemblablement été fortifié dans le même but. La céramique de luxe prouve qu’il était occupé plutôt par des riches que par des gens modestes.
Vers 600 avant notre ère, on inhumait les hommes et les femmes de haut rang avec faste. Une chambre funéraire en bois pouvait comporter énormément de matériel : char à quatre roues, service à boisson ou luxueuse céramique grecque. L’est de la France en a livré une : la tombe de la « princesse » de Vix, morte à l’âge 35 ans, contenait un vase, haut de 160 cm, servant à mélanger le vin (cratère). D’une contenance de mille litres, il pesait plus de 1.200 kg. La défunte était parée de bijoux et d’armes. Il n’était pas rare de trouver dans les tombes de cette aristocratie celte, masculine et féminine, un char d’apparat à quatre roues délicatement ouvragé et somptueusement décoré. Les tertres funéraires se répartissaient autour des sites de hauteur, parfois jusqu’à 10 km de distance.A l’heure actuelle, on n’a pas encore découvert de riche sépulture autour du Kemmelberg.
Toutefois, dans le Voorbos, au pied du Kemmelberg, on a observé une légère surélévation de terrain faisant songer à un tertre funéraire. Sa fouille révéla une fosse de 3 mètres sur 2, peut-être une chambre funéraire, qui semblait ne rien contenir. Etait-ce vraiment une tombe ou un cénotaphe (monument à la mémoire d’un défunt), à moins qu’il s’agisse d’une façon d’induireen erreur d’éventuels pilleurs ? Les fouilleurs espéraient mettre au jour une prestigieuse tombe à char comme celle de la princesse de Vix ou du prince de Hochdorf.
Toutefois, sur le Kemmelberg, on a récolté une ‘clavette’ intacte, joliment décorée : la tige de fer, sommée d’une plaque de bronze ouvragée, venait ainsi confirmer l’existence d’une roue de char (d’apparat ?). La pièce est richement décorée et comporte du fer et du bronze, deux matières nécessitant un forgeage tout à fait différent, voire l’intervention d’un deuxième artisan.
Cette clavette provient d’une épaisse couche de déchets, située en dessous du site fortifié de hauteur. Elle n’est pas issue d’une sépulture, comme bien d’autres pièces de prestige en or, en bronze ou en fer. Plusieurs hypothèses sont envisageables : le matériel en question aurait-il atterri dans cette épaisse couche de déchets à la suite d’un changement de pouvoir, s’accompagnant d’inévitables tensions et de destructions ?
Le site du Kemmelberg se situe à une période de changements importants dans la société de l’âge du fer. Jusque maintenant, ni arme, ni trace d’incendie n’ont été retrouvées. La clavette du Kemmelberg correspond davantage à la phase des sites de hauteur plutôt qu’à celle des sociétés guerrières qui lui succède.
Dans les environs de Lille (France) et dans la vallée de la Deûle, on a trouvé différents sites à caractère aristocratique, comme Houplin-Ancoisne, à 25 km du Kemmelberg. Très inhabituelle pour nos régions, la richesse n’y était pas aussi spectaculaire que dans les sites allemands ou français. Ce serait dû au fait que nos contrées sont localisées en bordure du noyau celtique. Les habitats ruraux livrent de la céramique commune avec, occasionnellement, quelques pièces légèrement décorées. On y détecte parfois les traces d’activités domestiques : meule en pierre, fusaïoles, poids de métiers à tisser en terre cuite.
Le Kemmelberg a fourni une énorme quantité de tessons, principalement de la céramique commune : écuelles, situles en forme de seaux, petits gobelets. Les vases finements décorés ou peints n’étaient pas destinés à un usage quotidien.
En Flandre, on connaît plusieurs sites de hauteur. Le plus proche du Kemmelberg et le plus luxueux est celui de Kooigembos (Kortrijk), un lieu légèrement surélevé, situé entre la Lys et l’Escaut. Des fouilles ont dégagé un espace de forme carrée, entouré de fossés ceints d’une palissade en bois avec, à l’intérieur, un petit bâtiment. L’ensemble fait fortement penser à un sanctuaire. Curieusement, on y a retrouvé des tessons de céramique peinte, peut-être réalisée sur le Kemmelberg. Ce type de production, aussi appelé « Kemmelwaar », figure également sur d’autres sites comme Spiere et Houplin-Ancoisne.
Si on n’a pas encore découvert de tels sites de hauteur sur le plateau campinois, en revanche, on a mis au jour à Wijshagen et Eigenbilzen les tombes d’individus riches faisant partie de l’élite.
Le plateau ardennais est très riche en sépultures de guerriers appartenant à la nouvelle élite de Celtes migrants. Ces populations sont contemporaines des habitats de hauteur en Flandre.
Les environs immédiats du Kemmelberg n’ont pas encore livré la moindre trace d’habitat agricole contemporain de l’occupation par l’élite celte du site de hauteur. Les causes probables pourraient être la forte érosion des couches limoneuses par ruissellement et les ravages de la Première Guerre mondiale. La vallée de la Deûle, juste de l’autre côté de la frontière française, présentait une forte densité durant cette période. Sur la région côtière, par exemple à Bray-Dunes (France), De Panne ou Veurne, on a retrouvé les traces d’installations d’extraction du sel de la mer du Nord. Le fait mérite d’être signalé, bien que la plupart de ces établissements soient légèrement postérieurs à l’implantation aristocratique de l’âge du fer sur le Kemmelberg. Malheureusement, au Kemmelberg, il n’y a nulle trace prouvant que l’élite locale contrôlait le commerce du sel de la côte jusqu’à l’arrière-pays. Pourtant, on trouve parfois dans des habitats en milieu rural des tessons de pots à sel indiquant la manière dont cette marchandise arrivait à destination.
Les Celtes
Rien ne laissait supposer l’existence de liens étroits entre les Celtes « barbares » et les civilisations de la Méditerranée. Les fouilles ont prouvé que certains aristocrates celtes du sud de l’Allemagne et de l’est de la France possédaient des objets de luxe méditerranéens. Ils les acquéraient en troquant ces cadeaux contre des biens reçus ou dont ils n’avaient pas besoin : sel, minerais, ambre, productions agricoles, voire esclaves.
Les banquets et les fêtes (les symposiums) étaient des événements sociaux importants chez les Grecs et les Étrusques aisés. L’aristocratie celte appréciait également ce genre de manifestation : dans leurs résidences ou dans les sépultures des riches princes et princesses celtiques, on a souvent découvert des fragments de somptueux services à boire. En Allemagne et en France, on en importait de Grèce. Des pichets à vin (œnochoés) et des vases (cratères) destinés à allonger d’eau le vin miellé n’étaient pas rares. On consommait aussi de l’hydromel, une boisson fermentée d’eau et de miel. Le vin était populaire auprès de l’élite celte à cause des mythes entourant sa lointaine origine mais aussi d’une meilleure conservation que la bière grâce à sa plus haute teneur en alcool.
Le Kemmelberg a livré des restes de service à boire évoquant le monde des banquets et du vin. Outre des tessons d’imitations grecques ou étrusques (cruches, kylix ou coupes servant à déguster le vin), on trouve aussi une feuille d’or qui devait orner une corne à boire, etc.
Des spécialistes de la poterie ?
La quasi-totalité des tessons provient de la couche de débris située en dessous de la bordure septentrionale du plateau. Cette large céramique à couvercle, ornée de motifs géométriques rouges porte le nom de ‘Kemmelwaar’ peinte.
Aucun exemplaire intact ne permet la reconstitution d’un profil. La courbure des tessons laisse envisager l’existence de vases de plus d’un mètre de diamètre.
Des tessons de ‘Kemmelwaar’ ont aussi été retrouvés à d’autres endroits, comme sur le site de hauteur de Kooigem. Y avait-il sur le Kemmelberg un atelier spécialisé dans la production de ‘Kemmelwaar’ ? Ces récipients avaient-ils une fonction et un statut spéciaux ? A quoi et à qui étaient-ils destinés ?
Orgueil et vanité
Selon les Romains, les Celtes appréciaient les vêtements colorés, en particulier à carreaux. Les manteaux étaient fermés par une fibule (broche) ou une épingle, comme en témoignent les fragments trouvés sur Kemmelberg. Ces petits éléments précieux devenaient parfois des pièces exceptionnelles.
Sur le Kemmelberg, on pratiquait des activités domestiques. Les archéologues ont retrouvé 19 fusaïoles. Ces petits disques ou masses perforés en terre cuite étaient enfilés sur la tige du fuseau et leur poids servait à en augmenter la vitesse de rotation. Ainsi produisait-on du fil à partir de laine brute.
Tout comme l’élite de l’âge du fer, les Celtes du Kemmelberg appréciaient les parures, comme le prouve la mise au jour d’un grain de collier côtelé en or, de perles colorées de verre, de fragments d’anneaux en bronze et d’un reste de bracelet en schiste. On ignore encore si, comme beaucoup d’autres Celtes, ils portaient des torques ou colliers richement décorés.
Les projectiles
Exception faite de la découverte de trente-neuf balles de fronde, on n’a retrouvé aucune trace d’armes sur le Kemmelberg. On ignore si ces projectiles ovales étaient utilisés pour la chasse ou contre des ennemis humains. Avec certitude, des textes romains attestent l’usage de cette arme (souvent chez les Celtes). Ne sous-estimons pas la précision et l’efficacité de ces projectiles. Le célèbre épisode biblique relatant la façon dont David tue le géant Goliath à l’aide d’un lance-pierre n’est pas irréaliste.
L’expérimentation à l’aide de balles de fronde artisanales en terre cuite a démontré l’efficacité de l’impact et la précision des projectiles dans un rayon de 30 à 40 m. Avec une vitesse initiale supposée de 30 m/s, un objet ou un individu est touché 1 seconde après le lancer. Avec une énergie cinétique de 10 J, l’impact n’est sans doute pas mortel mais peut occasionner de graves blessures. Il est impossible de tirer des conclusions concernant l’utilisation des balles de fronde récoltées sur le Kemmelberg.
Certaines hypothèses semblent plus plausibles que d’autres. Lors de la période d’occupation de l’âge du fer du Kemmelberg, et plus généralement de Flandre, aucune preuve n’atteste des faits de violence (guerre). Comme les balles de fronde proviennent des alentours des exploitations agricoles, on peut imaginer qu’elles étaient utilisées pour se protéger des animaux nuisibles ou pour attraper des oiseaux ou de petits mammifères. Il est donc logique qu’on ait retrouvé des projectiles sur le pourtour du plateau ou dans les couches de débris. D’en haut, il était plus facile d’atteindre la cible visée.
Comme on a déjà découvert des balles de fronde en contexte ‘guerrier’ du début de la Tène, par exemple dans la Marne, on ne peut exclure qu’elles aient été utilisées comme armes offensives, mais vraisemblablement plutôt dans un but dissuasif que mortel.
Selon d’autres hypothèses, ces pièces auraient servi de bombes incendiaires ou de moyen de vérifier la température des fours de potier. Cette dernière théorie paraît peu crédible car la plupart des projectiles trouvés sur le Kemmelberg semble présenter le même degré de cuisson.
La dernière occupation celtique du Kemmelberg
Pour une raison encore inconnue, les élites riches disparurent. Les Celtes s’agitaient, devenaient belliqueux comme le prouvent les nombreuses tombes de guerriers mises au jour. Dans toute l’Europe, on découvre des traces et des objets des 4e et 3e siècles avant notre ère sans doute en relation avec la migration de clans et de tribus. Même Rome reçut la ‘visite’ de ces guerriers celtes qui pillèrent la ville de fond en comble. Au plus fort de la culture celte, il s’en fallut de peu que Rome et les Romains fussent complètement anéantis.
Les dernières traces de cette aristocratie celtique remontent au 4e siècle avant notre ère. Durant un siècle, le sommet du Kemmelberg avait été occupé.
A partir du IIe siècle avant J.-C. (Tène finale), on observe du mouvement sur le Mont Cassel qui forme l’extrémité occidentale de la chaîne des buttes témoins s’étendant jusqu’à la Flandre occidentale. Ce mont est situé à 25 kilomètres du Kemmelberg. Sous la domination romaine, ce lieu s’est développé pour devenir le Castellum Menapiorum, capitale du territoire des Ménapiens. Cette tribu occupant la région entre l’Escaut, l’Aa et la Mer du Nord faisait partie des Belgae.
Y a-t-il eu un mouvement de la population du Kemmelberg vers le Mont Cassel ou bien la noblesse du Kemmelberg est-elle partie plus au sud, à moins qu’elle ait complètement disparu de la surface de la terre ?
Que de questions encore …
Cinquante années de recherches sur le Kemmelberg n’ont fait que lever un coin du voile. Beaucoup de questions restent sans réponse.
Quand les premiers Néandertaliens ont-ils occupé ce lieu et pour quelle raison les hommes modernes porteurs de la culture aurignacienne y vinrent-ils ? Les premiers agriculteurs vivaient-ils dans un site fortifié ou pas ? Comment l’habitat a-t-il évolué dans le temps et dans l’espace ? Que s’est-il passé à l’âge du bronze ?
Qui étaient ces riches occupants de l’âge du fer et quelle était leur influence ? Pourquoi s’étaient-ils installés en ce lieu et quel en était le rôle :centre de pouvoir économique, centre religieux, lieu sacré ? Ou était-ce un point de rencontre pour commerçants ? Quel était le lien entre les sites de hauteurs de Flandre et leurs correspondants français ?
Voici le lien de l'article entier de de Marianne Delcourt-Vlaeminck.
Vous pourrez y lire, dans les trente premières pages, l'origine néolithique du site du Mont Kemmel.
« Texte sur l'exposition par Marianne Delcourt-Vlaeminck.pdf »
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