• La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    Durant l'exposition des Amis du Châtillonnais sur la Résistance,  les visiteurs ont été attirés par un stand tenu par monsieur Joël de Sorbier de Pougnadoresse, stand qui montrait une photographie du Pont de Maisey-le-Duc en arrière-plan, un drapeau français, ainsi qu'une grille comprenant des photographies datant d'il y a 80 années...

    La photo exposée est un  montage qui permet de voir un véhicule militaire, une croix de Lorraine, des panneaux explicatifs et des poteaux supportant des drapeaux, américains et français.

    Le tout mettant en valeur une stèle  commémorative, située près de deux autres stèles rappelant la mort de deux soldats, un américain et un français pendant le "combat du pont de Maisey-le-Duc".

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    Actuellement on ne peut voir qu'une stèle, celle du lieutenant américain Walter Larsen, ainsi qu'une autre stèle, celle de l'adjudant chef de section FFI Marcel Gable, qui est placée de l'autre côté de la route.

    Les automobilistes, qui passent par là, ne jettent même pas un coup d'œil à ces deux stèles qui sont pourtant les témoins d'un combat courageux et acharné mené par des Résistants contre l'ennemi nazi en septembre  1944.

    Ce site mérite d'être valorisé, c'est le but des communes de Maisey-le-Duc, de Villotte-sur-Ource et de l'Association du combat du pont de Maisey-le-Duc (ACPM-FFI 44).

    Mais qui connait en détail ce que fut ce combat ?

    Peut-être pas grand monde actuellement, aussi je remercie infiniment Joël de Pougnadoresse de m'avoir transmis son récit, afin de le publier sur ce blog, le voici :

    RÉCIT du COMBAT de MAISEY-LE-DUC

    (Côte-d'Or)

    9-10-11Septembre1944

    Faut-il rappeler combien le Pays Châtillonnais a souffert de la présence allemande, plus particulièrement du nazisme à travers ses exactions,ses nombreux actes de barbarie entre 1940et 1944 ?

    Nombreux sont les monuments qui ont été érigés pour ne pas oublier:

    Monument de la ferme de Sainte Marie en mémoire de 4 jeunes qui se sont donné la mort à l'aide d'une grenade pour échapper aux Allemands le 14 octobre 1943, monument de Pothières en mémoire de 11 jeunes faits prisonniers le 1er décembre 1943, emmenés à Chaumont, interrogés, torturés puis fusillés le 14 janvier 1944, monument du parc du château d'Essarois en mémoire de 5 Résistants qui ont été interrogés, torturés puis achevés le 11 juin 1944 après d'horribles souffrances .

    Bien d'autres monuments existent dans le Châtillonnais en mémoire de tous ces martyrs mais la liste serait trop longue à énumérer.

    A partir de 1943,la Résistance dans le Châtillonnais s'organisait et agissait contre l'armée allemande à travers de nombreuses actions de sabotage.

    Dans les premiers jours de septembre 1944, le colonel Claude Monod, (alias Claude Morait), secondé par le commandant Jean de Sorbier de Pougnadoresse, (aliasSales),son chef d’État-major, prépare l’attaque autour de Châtillon- sur-Seine dont la situation stratégique se trouve sur un des axes de repli des troupes allemandes.

    Le 6 septembre, le service de renseignements signale qu’un détachement Allemand, stationné à Châtillon-sur-Seine, fort de plus de 400 hommes bien armés, se prépare à se replier en direction de Langres afin de rejoindre l'Allemagne.

     Le colonel Claude Monod donne l’ordre aux maquis régionaux de se regrouper autour de l’objectif.

     Sur ses ordres, les compagnies et sections de Résistants FFI de Recey sur Ource, Aignay le Duc, Jours (Baigneux les Juifs), Saint Marc, Origny, Maisey ainsi que la compagnie Russe du colonel Nicolas sont alertées et réparties sur les routes conduisant de Châtillon vers l'Est, avec mission d'y effectuer des abatis et d'y organiser de solides barrages.

     La journée du 7septembre y est consacrée.

     Le 8 septembre à 6h30,Châtillon sur Seine est occupé par les FFI du groupe Jacques.

    A 10heures, une liaison F.F.I.de Maisey annonce que la tête de colonne allemande qu’on a laissée partir pendant la nuit de Châtillon-sur-Seine est arrêtée aux approches du pont de chemin de fer de Maisey le Duc.

     Le colonel MONOD décide de l'arrêter et d’alerter d’autres groupes de Résistants FFI, ainsi qu'un groupe de 56 américains parachutés peu avant sur la commune d'Avot (Côte-d'Or), située à 45km de Maisey. Tous ces groupes sont transférés en camion à Maisey-le-Duc.

    Il est question de faire évacuer la population civile de Maisey-le-Duc.

    Ces 56 parachutistes américains appartenaient à l'unité "Operational OG Christopher"venue apporter son soutien en hommes, en armes et matériels à travers ses nombreux largages de containers sur notre région.

    A 21heures les groupes sont en place cernant toutes les routes situées autour de Châtillon.

     Le lendemain 9 Septembre à 7 heures, l’attaque est déclenchée. La tête de colonne allemande arrêtée à proximité du pont de chemin de fer réagit vigoureusement avec des armes lourdes qui nous font défaut. Nos gens tiennent bon et la journée se passe dans un contact serré. Le lieutenant  américain Walter LARSEN est tué dès le début du combat.

    L'État-Major du colonel Claude s'installe à Maisey.

    Cernés, les Allemands s’organisent et demandent du renfort auprès de la garnison allemande de Chaumont qu’ils ont alerté par radio. En début d’après-midi,un bref engagement de reconnaissance, coûte la vie à un chef de section FFI, l'adjudant Marcel GABLE.

    Au cours de la nuit, les allemands tentent une sortie en direction de Prusly-sur-Ource, mais sont repoussés.

     A 21 heures,une liaison annonce que le général Leclerc qui avance sur l'axe Troyes-Chaumont vient d'installer son P.C. à Arconville au sud de Bar sur Aube; un peu plus tard, une deuxième liaison signale que le général de Lattre est aux approches de Dijon, dans la vallée de l'Ouche, près du pont de Pany.

    Dans la nuit,le colonel Claude se rend à son P.C. d'Aignay-le-Duc pour avoir des nouvelles.

    Le 10 septembre, à 4 heures du matin, le colonel Claude est alerté qu'à Maisey la situation est devenue critique, les allemands ayant attaqué en force en direction de ce village.

    La situation à ce moment-là semble compromise.

    Il rejoint immédiatement Maisey, rallie ses troupes et s'armant d'un fusil-mitrailleur, suivi d'un groupe de Recey sur Ource, vide ses chargeurs en remontant la voie ferrée le long de laquelle les allemands cherchent à progresser

    Les F.F.I.résistent vaillamment mais des éléments ennemis s’infiltrent jusqu’aux premières maisons de Maisey-le-Duc, dont les rues sont, à chaque instant canardées par des « snipers » logés dans les arbres qui surplombent le village.

    Il est question d’abandonner la localité.

    A 10 heures,les allemands sont repoussés,la situation est rétablie: le verrou de Maisey le Duc sera solidement tenu, mais l'alerte a été chaude.

    En raison de la fatigue de ses hommes, le colonel Monod décide de se rendre à Arconville, au P.C. du général LECLERC afin d'obtenir l'appui des chars français.

    Parti à 11 heures, accompagné du commandant Jean de Sorbier de Pougnadoresse sous la protection de la mitrailleuse du capitaine Georges Léonard, ils sont reçus par le général lui-même, qui se fait exposer la situation et demande de nombreux renseignements sur la région qui le sépare de l’armée du général de Lattre de Tassigny.

    Tout d’abord,le général Leclerc émet des objections à l’envoi des chars en déclarant que la 2ème D.B. a comme objectif Nancy et qu’il n’a pas à intervenir sur un secteur réservé au général de LATTRE.

    Il se trouve en outre en panne d’essence.Le colonel MONOD lui propose alors de mettre à sa disposition 5000 litres d’essence qu’il a en réserve.

    Finalement, le général LECLERC consent à envoyer à Maisey-le-Duc deux détachements de blindés du groupement du colonel DIO afin d'apporter son aide aux FFI face à cette puissante colonne allemande bloquée à l'entrée de Maisey le Duc.

    Vers 22 heures, les blindés font leur apparition après être passés par Châtillon-sur-Seine. L’attaque finale est décidée pour le lendemain 11 septembre à l’aube.

    A la vue des blindés,les allemands abandonnent leur convoi en cherchant leur salut dans la fuite à travers bois, mais les F.F.I. leur coupent partout la retraite.

    Les coups de feu claquent dans tous les coins, les allemands se rendent.

    Cette audacieuse opération engagée 48 heures plus tôt coûta aux Allemands: 200 tués et plus de 150 prisonniers dont l’État-Major du groupement tactique Ouest de Chaumont avec, à sa tête, le colonel Kraptmann auquel le général LECLERC s’intéressera particulièrement. On dénombra également de nombreux officiers et officiers subalternes.

    Les Résistants FFI purent ainsi récupérer la colonne allemande intacte de 52 camions et voitures légères ainsi que tout l’armement lourd : mortiers, bazookas et mitrailleuses.

    L'appui des blindés (2ème D.B. du général Leclerc) a été décisif pour anéantir la résistance allemande.

    Grâce à cette adroite manœuvre, la brèche de 90 km qui subsistait encore entre les avant-gardes des deux divisions françaises libres, la 2ème D.B. et la 1ère D.F.L. sera libérée.

    La dernière route de retraite Châtillon-sur-Seine-Langres fut désormais fermée.

    La jonction entre les deux armées,celle du général Leclerc et celle du général de Lattre,aura lieu le lendemain de ce combat de Maisey le Duc, à Nod-sur-Seine le 12 septembre 1944.

     (Association du combat du pont de Maisey le Duc (ACPM-FFI44)

    Références bibliographiques

    La Région D, de Jean Monod-Éditions AIOU 1993

    Les Maquis de Bourgogne et la jonction Leclerc -de Lattre.

    Historique des Unités Combattantes de la Résistance (1940-1944) par le général de la Barre de Nanteuil.

     Quelques photos rappelant ce combat :

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc

    Et voici le projet d'aménagement du site du combat du pont de Maisey :

    La bataille du Pont de Maisey-le-Duc
    PROJET D'AMÉNAGEMENT DU
    SITE HISTORIQUE DE MAISEY LE DUC
    (Côted'Or)


    En septembre 2021, " L'Association du combat du pont de Maisey le-Duc" (ACPM-FFi 44), association loi 1901, et les communes de Maisey le Duc (21400) et de Villotte sur Ource (21400),
    en lien avec la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque ont décidé de mettre en valeur le site historique du pont de chemin de fer de Maisey le Duc, localité située à 13 km de Châtillon sur Seine (Côte-d'Or), qui, entre le 9 et 11 septembre 1944 fut le théâtre d'un combat particulièrement important ayant permis non seulement de libérer la Ville de Châtillon sur Seine du nazisme après
    4 années de souffrances mais également de favoriser la jonction entre l'armée du Général Leclerc, la 2ème Division Blindée (2ème D.B.) et celle du Général de Lattre de Tassigny, la 1ère Division
    de la France Libre (1ère D.F.L.) à Nod sur Seine le 12 septembre 1944, localité située à 23 km de Maisey le Duc.

    Pourquoi ce projet ?

    Donner à ce site une nouvelle dimension sur le plan culturel et mémoriel afin de rappeler à toutes les générations, à nos jeunes en particulier, une page glorieuse de notre histoire en Pays Châtillonnais en 1944.

    De plus, la création d'un tel espace à Maisey le Duc aura une résonance toute particulière puisqu'il s'inscrit dans le cadre du "Parc national de forêts" dans lequel tant de résistants FFI et alliés ont été torturés, tués en 1943 et 1944 pour assurer notre liberté.

    S'inspirant de la "Voie Sacrée" de Verdun, la "Voie de la 2ème D.B." fut créée en 2004 en reprenant l'itinéraire parcouru par cette célèbre division Leclerc depuis son débarquement sur la
    plage d'Utah Beach,(Commune de Saint Martin de Varreville) jusqu'à Strasbourg.

    Ce parcours de la 2ème D.B. est matérialisé par une borne, dite borne du "Serment de Koufra" aujourd'hui placée dans les communes libérées par la 2ème D.B. qui en ont fait la demande.
    Ainsi, ce lieu historique de Maisey le Duc bénéficiera de cette appellation "Voie de la 2ème D.B." en reconnaissance à l'intervention d'un détachement de la 2ème Division Blindée du général
    Leclerc au pont de Maisey le Duc le 11 septembre 1944.

    Porteur du projet :

    Ce projet est porté par la commune de Maisey le Duc.
    L'association ACPM-FFI 44 et la commune de Villotte sur Ource apportent leur concours pour permettre la réalisation de ce projet, en lien avec la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque.
    Quels éléments pour mémoriser ce site de Maisey le Duc ?
    La volonté qui a prévalu était celle d'installer un décor sobre mais bien visible de la route à l'aide de quelques éléments significatifs, symboles mêmes de la Résistance sur ce lieu de combat :


    - Un véhicule militaire half-track afin de rappeler que ce type de blindé est intervenu à Maisey le Duc, le 11 septembre 1944.
    - L'installation d'une borne, dite borne du "Serment de Koufra" qui jalonne "La voie de la 2ème D.B."
    - Deux panneaux d'information, l'un appelé panneau générique rappelant l'épopée du général Leclerc, depuis la Normandie jusqu'à Strasbourg et un panneau spécifique expliquant le déroulement du combat de Maisey le Duc.
    - Un mât de 8 mètres de haut portant le drapeau Français
    - Un mât de 8 mètres de haut portant le drapeau des États-Unis.
    - Une croix de Lorraine de 4 mètre de haut, symbole de la Résistance, voulu par le général de Gaulle, chef de la France libre.
    -Les 2 stèles existantes actuellement, l'une en mémoire du lieutenant américain Walter Larsen, l'autre en mémoire de l'adjudant Marcel Gable ainsi que le panneau "Chemin de mémoire".

    Le drapeau Français vient nous rappeler le sacrifice de deux résistants FFI, l'adjudant Marcel Gable et Roland Chanussot ainsi que l'action héroïque de tous ces Résistants Châtillonnais présents à l'époque.
    Le drapeau des États-Unis en mémoire du lieutenant américain Walter Larsen tué dès le début de ce combat aux côtés de ses 55 compatriotes tous parachutés quelques jours avant sur la commune
    d'Avot (Côte d'Or), venus combattre en renfort à Maisey le Duc, le 9 septembre 1944 (Opération Jedburghs SAS) et (Operational Group Christopher - Adrian).

    Inauguration du site historique de Maisey le Duc

    L'inauguration de ce site est prévu début Septembre 2024 à l'occasion du 80ème anniversaire du combat du pont de Maisey le Duc
    Communes de Maisey le Duc et de Villotte sur Ource
    en lien avec l'Association du combat du pont de Maisey le Duc (ACPM-FFI 44)
    © Tous droits réservés 04 11 2023

    Il est possible d'adhérer  à l'association  du combat du pont de Maisey-le-Duc ,(cotisation annuelle  5 €)  et même de faire un don.

    Adhésions  et dons permettront la réalisation de ce beau projet

    Adresse où envoyer votre demande d'adhésion ::

    ACPM-FFI 44

    Mairie de Maisey-le-Duc

    21400- Maisey-le-Duc


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