• 1919-1939 : vingt ans de trêve en Europe . L’Europe démocratique : de l’affrontement à l’apaisement 1919-1929

    CINQUIÈME PARTIE

    La République autrichienne : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne s’applique pas aux vaincus.

    Le 3 novembre 1918, l’Autriche-Hongrie signe l’armistice de villa Giusti près de Padoue qui marque la fin des hostilités entre les Alliés et la double monarchie d’Autriche-Hongrie (KuK = kaiserlich und königlich).

      Le 11 Charles Ier abdique.  Le lendemain, la République Allemande d’Autriche est proclamée par les députés germanophones du Reichsrat (Sénat). 

    Les territoires concernés correspondent pratiquement à l’Autriche actuelle.  Ces députés se proclamèrent députés de la « République Allemande d’Autriche ». 

    Des députés de Silésie, de Moravie et Bohême dont les territoires avait été rattachés à la Tchécoslovaquie se joignent à cette assemblée. 

    La volonté de ces représentants est simple : rejoindre la République allemande en cours de formation.  Les puissances victorieuses s’opposent à ce souhait. 

    Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes s’applique aux populations anciennement dominées (Slovènes, Croates, Tchèques, Slovaques, Serbes, Italiens, Polonais, roumains, etc.), mais pas aux vaincus !  

    Le 10 septembre 1919, le traité de Saint -Germain est signé avec l’Autriche.  Karl Renner [1], Chancelier du gouvernement en est le signataire.

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     Le traité précise que la nouvelle république n’a pas le droit de s’unir à l’Allemagne. Le nouvel Etat se nomme « République d’Autriche ».

    La situation économique du nouveau pays est mauvaise : Vienne héberge 30% de la population.  Les débouchés danubiens sont fermés.  L’arrière-pays susceptible de nourrir la capitale est exigu.  Le chômage est élevé.  Des groupes armés, expression des mouvements de gauche et de nationaliste se font face.

    Les élections du printemps 1919 amènent une assemblée constituante composée principalement députés du parti socio-démocrate des travailleurs partisan d’un Etat centralisé avec un chancelier fort et du parti de chrétiens sociaux partisan d’un Etat fédéral avec un président fort. 

    Le compromis de la constitution est un Etat fédéral où les régions ont peu d’autonomie et un chef d’Etat aux pouvoirs limités.

    A partir de 1920, le parti des chrétiens sociaux, représentant les forces conservatrices des campagnes, gouverne le pays avec Mgr Seipel comme chancelier

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       Le parti prône un rapprochement avec la grande bourgeoisie industrielle et l’instauration d’un paternalisme social. 

    La vie politique est particulièrement violente avec l’opposition de groupes organisés et armés.

    En 1924 le chancelier Seipel est gravement blessé au cours d’un attentat. 

    Il a réussi à redresser les finances du pays grâce à un prêt important de la SDN.  En 1927 il revient au pouvoir.  Il s’appuie sur les factions monarchistes et sur une milice armée l’Heimwehr.

    En juillet 1927, des troubles violents éclatent.  Ils prennent la forme d’une opposition frontale entre forces socialistes et mouvements nationalistes de droite.

    Le Palais de justice de Vienne est incendié. La police tire sur les manifestants 89 personnes sont tuées.

    En 1932 Dollfus du parti des Chrétiens sociaux arrive au pouvoir.   Il conduit le pays vers une forme de dictature fasciste. 

     

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    Bulgarie : Coups d’Etat, assassinats et répressions se succèdent ; mais le roi est sympathique.

    La Bulgarie est créée par le Congrès de Berlin en 1878, suite à des massacres perpétrés par des mercenaires turcs, qui avaient soulevé l’indignation générale. 

    A l’initiative de son souverain Ferdinand Ier[2] (famille des Saxe-Cobourg[3], petit fils de Louis-Philippe par sa mère Clémentine d’Orléans) protégé de l’Autriche :

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     ...la Bulgarie participe à la première guerre balkanique (oct. 1912-avril 1913) qui réunit la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et la Roumanie contre l’Empire Ottoman. 

    Cette guerre se solde par une défaite des Ottomans qui entraine la session de la Macédoine aux quatre alliés.  Le partage ne se faisant pas à la satisfaction des Bulgares, ceux-ci se retournent contre leurs anciens alliés. 

    Mal leur en prit : ils sont battus. La majeure partie de la Macédoine est partagée entre la Grèce et la Serbie.

    En 1914, les Bulgares sont courtisés par l’Entente comme par la Triplice.  L’Entente ne peut promettre la Macédoine à la Bulgarie, puisque cette province est entre les mains des Serbes.

      En revanche, une telle promesse peut être faite par la Triplice.  En 1915, la Bulgarie engage le combat aux côtés des Empires centraux.

    Le traité de Neuilly n’est pas favorable à la Bulgarie qui perd son accès à la mer Egée ainsi qu’une partie de la Dobroudja. 

    Après la guerre, sous le règne de Boris III[4] (1918-1943)...

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     ...la Bulgarie connait une période de grande instabilité politique marquée par des mouvements sociaux et des assassinats. 

    Deux partis s’opposent : le parti paysan de Stambolijski :

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    et un parti de droite dirigé par Alexandre Tsankov (1979_1959).

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    En1920 Stambolijski gagne les élections avec son parti paysan.  Il prend des mesures favorables aux paysans pauvres : limitation des propriétés, suppression du service militaire, coopératives.

    Cette politique trop orientée vers les classes les plus pauvres déplait aux paysans plus riches et aux élites urbaines. 

    En 1923, un coup d’Etat fomenté par la droite renverse Stambolijski qui est tué.  Alexandre Tsankov prend le pouvoir. 

    Il mène une politique de répression contre les mouvements communiste et paysan.  En 1926, il doit céder le pouvoir à un gouvernement plus libéral dirigé par Andrei Liaptchev.

    En 1934, le parti conservateur prend le pouvoir à la suite d’un nouveau coup d’Etat.  En 1935, le roi Boris impose un régime de dictature royale.  La Bulgarie se rapproche des puissances de l’Axe.

    Signes de la violence de la vie politique

    • En juin 1923, le parti communiste fomente une insurrection qui échoue. Une terreur blanche suivie d’actes de terrorisme et de représailles secoue le pays.  Quelque 20.000 personnes en sont les victimes.
    • 1924 on compte 200 assassinats politiques
    • Le roi Boris est l’objet d’un attentat lors d’une partie de chasse le 13.04.1925 qui fait deux morts.
    • Deux jours plus tard un autre attentat dans la cathédrale de Sofia où est célébré un service en souvenir des morts de l’attentat précédent fait 128 victimes dont une classe de jeunes filles. 3200personnes sont arrêtées ; 268 condamnées à mort.

     Boris III est un personnage qui ne manque pas d’attraits.  Assez instruit, polyglotte, ayant vécu à l’étranger, il s’intéresse aux sciences naturelles, et … aux locomotives.

     A Mussolini, il rappelle la phrase de Bismarck « … avec des baïonnettes on peut faire beaucoup de choses, mais on ne peut pas s’asseoir dessus ».  En 1940, il déclare « mes généraux sont germanophiles, mes diplomates anglophiles, la reine est italophile, et mon peuple russophile …   Je suis le seul neutre en Bulgarie [5] ».

     [1]Karl Renner (1870-1950), 18ème enfant d’une famille paysanne pauvre de Moravie.  Adhère au parti ouvrier social-démocrate.  Il est partisan de l’union de l’Autriche et de l’Allemagne mais n’accepte pas les termes de l’Anschluss en 1938.  En 1945 il devient le premier chancelier de la nouvelle république autrichienne puis son président (1945-1950).

    [2]Dernier enfant de sa nombreuse famille, il épouse la princesse Marie Louise de Bourbon Parme qui descend de Charles X.  Cette princesse a pour demi sœur Zita épouse du dernier empereur d’Autriche Charles Ier et pour demi-frères Sixte et François-Xavier de Bourbon-Parme, officiers dans l’armée belge pendant la Première Guerre mondiale.  Ceux-ci tentèrent en 1917 de servir d’intermédiaires entre leur beau-frère Charles Ier et Clemenceau en vue de pourparlers de paix, peut-être séparée avec l’Autriche. Ces pourparlers furent présentés à Vienne dans un discours de Csernin, ministre des Affaires étrangères autrichien, comme émanant de Clemenceau.  Ce dernier en réfuta la simple existence.  Les pourparlers n’eurent pas de suite.

    [3]La famille est considérée comme « le haras de l’Europe ».

    [4]Boris (1894-1918-1943) a eu une enfance austère, son père étant « le monarque ».  C’est un prince qui règne mais ne gouverne pas.  En 1915, Boris n’est pas d’accord sur l’alliance avec les empires centraux.  Il épouse Jeanne de Savoie, fille du roi d’Italie Victor-Emmanuel III.  Boris est populaire.  Il sauve les passagers en perdition sur la mer Noire et conduit à bon port un train dont le chauffeur s’est gravement blessé.

    [5]Cela rappelle la phrase de Napoléon III : L’impératrice est légitimiste, Morny orléaniste, le prince napoléon est républicain, je suis moi-même socialiste.  Il n’y a qu’un seul bonapartiste, c’est Persigny et il est fou » !


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