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Un superbe piano mauresque est exposé au Musée du Pays Châtillonnais
Qui n'a pas remarqué ce magnifique et étrange piano situé au rez- de-chaussée du Musée du Pays Châtillonnais-trésor de Vix ?
Je me suis très longtemps demandée l'origine et le sens des décors de ce superbe instrument de musique apparu aux yeux du public en même temps que l'exposition de la collection d'oiseaux naturalisés de Fernand Daguin.
J'ai eu l'explication en parcourant le bulletin de la Société archéologique et Historique du Châtillonnais, numéro 7 de 2015, de la page 106 à la page 120.
En effet, l'ancienne Conservatrice du Musée, Félicie Fougère en donnait toute l'histoire et c'était passionnant !
Ce superbe et original piano est un objet rare et curieux au point que les spécialistes avouent n'en avoir jamais vu de semblable...encore une raison de venir l'admirer au Musée lorsque ce dernier sera enfin accessible.
Félicie Fougère, dès son installation en tant que Conservatrice, est allée examiner tous les objets appartenant au Musée entreposés dans l'ancien tribunal de Châtillon sur Seine, objets ne pouvant y être exposés faute de place.
Elle a tout d'abord découvert l'extraordinaire collection d'oiseaux naturalisés que François Daguin avait léguée à la ville. Et dans un coin...elle a remarqué ce piano extraordinaire.
La collection d'oiseaux a été nettoyée et rénovée, elle fait maintenant l'admiration de tous.
A la demande de madame la Conservatrice, le piano a été examiné par Frédéric de la Grandville, Docteur en musicologie et maître de Conférences à l'Université de Reims qui a tout d'abord noté que la mécanique était signée par G.Werber, et le clavier par J.Pfeffer.
Il a remarqué sur le couvercle, sous les gracieuses colonnettes, une inscription en arabe traduite en "Fait pour Marguerite Tark, 1878"
Sur la partie inférieure il a pu admirer huit cartouches autour du superbe décor en marqueterie, qui répètent "Rien n'est plus grand qu'Allah", et "Il n'y a de Dieu que Dieu".
Après l'examen du piano par Frédéric de la Grandville, Félicie Fougère a réalisé une enquête, presque policière, qui a fini par donner ses fruits.
Je vous la résume en quelques mots (pour la lire entièrement, procurez vous le bulletin de la SAHC de 2015)
Ce piano a été légué en 1906 au Musée de Châtillon sur Seine (ou a défaut au musée de ...Chamesson !) par madame Victor Trech dont le mari était un ami de Fernand Daguin qui résidait souvent dans son château de Chamesson.
La famille Trech a vécu très longtemps en Algérie, d'où, sans doute la décoration "mauresque" du piano et la dédicace approximative du nom Trech en "Tark".
A la mort de monsieur Trech, le piano a été rapatrié en France pour y être réparé, puis après la réparation, il a été installé chez Fernand Daguin à Paris, rue de l'Université.
Madame Trech a ensuite légué l'instrument au Musée , où il se trouve maintenant, admiré de tous.
Venez donc au Musée admirer le Trésor de Vix et toutes les richesses archéologiques qu'il présente, mais aussi la collection superbe d'oiseaux naturalisés de Fernand Daguin, et ce piano mauresque qui est sans doute un exemplaire unique au monde....
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