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Le Général Eugène Riu,une personnalité étonnante et hors normes...
Les Amis du Châtillonnais avaient invité, samedi 10 Avril, Jean Ponsignon, un Chamessonnais, pour qu'il nous conte la vie extraordinaire de son arrière-grand-père ,le Général Eugène Riu.
Le Général Eugène Riu n'est pas originaire du Châtillonnais,puisque né à Montpellier,mais il épousa une jeune fille Chamessonnaise ,et est inhumé au cimetière de ce village..
Pourquoi dire que la vie de ce général fut étonnante ,digne d'un roman...et j'ose le dire digne d'un film ??
Le jeune Eugène s'engagea à l'âge de 19 ans,et il gravit avec rapidité les échelons d'une carrière de sous-officier en montrant un courage à toute épreuve par exemple en sauvant à cinq reprises des gens de terribles incendies.
Envoyé en Italie pour combattre les Garibaldiens,il sera fait par le Pape Pie IX chevalier de l'ordre militaire de Saint Grégoire le Grand.
En France pendant la guerre de 1870,il s'évada de Metz où il était capitaine ,il fournit des renseignements sur les troupes allemandes,puis rejoignit les troupes de Riciotti Garibaldi..
Et c'est lui ,lors de "la surprise de Châtillon" qui tuera le major Richard Von Alvensleben qui tentait de s'échapper à cheval (voir "l'histoire de la ville: "la guerre de 1870",le Major est enterré avec son ordonnance au cimetière St Jean) .
Ce cheval sera conservé par Eugène Riu qui l'appellera Châtillon !
Ici Jean Ponsignon nous montre une photo des prussiens en garnison à Châtillon sur Seine,avant la"surprise"..Nommé ensuite au service des Renseignements,il fit , en civil,de nombreuses incursions dans les lignes Allemandes..
C'est là que ses aventures sont les plus pittoresques,jugez-en:
Arrêté par les Allemands il échappa au peloton d'exécution en déclarant qu'il n'était pas espion mais peintre sur vitraux.Les ennemis le mirent à l'épreuve,mais Riu était très doué en dessin depuis son enfance et les Prussiens le crurent et le relâchèrent.
Plus tard ce sont les Français qui le prendront pour un espion : roué de coups et emprisonné il sera alors délivré par ....les Allemands.
Depuis le haut d'une tour,avec sa femme qui était munie d'une lorgnette,ils notèrent les numéros sur les vareuses des Allemands,fournissant aux Français une mine de renseignements sur l'avancée de l'ennemi...
En civil,accompagné de sa femme ,habillée en grand deuil,il se présenta au cantonnement Prussien pour récupérer le corps du soi-disant mari de la femme tué à cet endroit...il en profita pour noter tout ce qu'il vit et entendit pour informer les Renseignements Militaires..
Encore bien d'autres aventures rocambolesques l'attendront,et lorsque la guerre sera finie,nommé colonel,il sera affecté au commandement militaire de la chambre des députés.C'est à ce moment là qu'arrivera le "scandale de la Chambre": il dût procéder à l'expulsion d'un député qui manifestait bruyamment dans l'hémicycle..
La presse s'empara alors de l'histoire,il fut caricaturé,on le traîna dans la boue, l'accusant de fausses infamies..
Et oui ,rien de nouveau sous le soleil....la rumeur féroce a toujours existé !!Il sera nommé ensuite, par Jules Ferry, Inspecteur de l'Enseignement de la Gymnastique et des exercices militaires dans les Ecoles Normales d'Instituteurs..
Car Eugène Riu fut toujours un grand sportif,jugez en :
Après un pari,au début de sa carrière militaire, il fit le "poirier" au sommet de la flèche de la Cathédrale de Strasbourg !!!
Jean Ponsignon nous dit qu'il faisait le saut périlleux en uniforme en arrivant aux réunions militaires !!!
N'était-ce pas un personnage extraordinaire ???
Nommé Général en 1883,il demandera à être affecté en Tunisie où il restera deux ans.
Après sa mise en retraite , il briguera le poste de député Radical-Socialiste (il était Franc-Maçon) qu'il obtiendra avec un progamme étonnant de modernité..Voilà ce que l'on peut lire sur sa carrière de député,sur le site de l'Assemblée Nationale ,ses idées étaient en avance sur son temps ,c'est époustouflant !!
De sa candidature, il dit lui-même qu'elle est «essentiellement républicaine et démocratique ». Il propose d accomplir « résolument les réformes contenues dans le programme de Gambetta en 1869 et non encore réalisées ». Il demande notamment la révision de la constitution et la suppression du Sénat, la séparation des Eglises et de l'Etat, un service militaire de 2 ans égal pour tous, l'interdiction du cumul des mandats électifs, l'impôt progressif et proportionnel sur le capital et sur le revenu, la création du crédit agricole et d'assurances agricoles de l'Etat, la nationalisation des chemins de fer et de la Banque de France. Il est élu au renouvellement général de 1893 au second tour de scrutin par 9.781 voix contre 5.019 à Gauvin son principal adversaire, sur 15.461 votants et 23.441 inscrits.
Membre de la commission de l'armée et de diverses autres commissions, il dépose des propositions de loi avec plusieurs de ses collègues tendant en particulier à la suppression des anciennes servitudes autour des anciennes défenses de Paris et à la création d'un ordre du mérite industriel et commercial. Il est l'auteur de rapports sur le projet de loi relatif aux vétérinaires de l'armée et sur la proposition de loi modifiant la loi sur le recrutement militaire. Il est également l'auteur d'un rapport sur la proposition de loi de Méline tendant à l'institution de chambres consultatives d'agriculture et à l'organisation du conseil supérieur de l'agriculture. Il prend également part à plusieurs discussions, notamment à la discussion du projet de loi relatif à la formation de régiments de cavalerie.
Hélas le Général Riu , décédera deux ans après son élection en 1895.Ses obsèques civiles,car le général était violemment anticlérical, auront lieu à Chamesson.
Eugène Riu , marié à la Chamessonnaise Anne-Léonie Beau ( qu'il appellera toujours Laure),eut deux filles :
L'une, Marie-Louise , épousera Eugène Ponsignon et mourra en couches .Son fils Maurice (père de notre conférencier Jean Ponsignon) sera élevé par l'autre fille du Général,Eugénie .
Eugénie ne se mariera pas , et conservera pieusement tous les documents de son illustre père.
Voici un portrait de Maurice sculpté par le Général,vous voyez qu'il était vraiment doué artistiquement :Un autre bas-relief d'Eugène Riu, un magnifique portrait dont le modèle fut peut-être son épouse, la grand-mère de Jean Ponsignon :
Un portrait du Général:
Et ses décorations :
Je n'ai raconté ici qu'une infime partie de l'existence du Général Eugène Riu,comme je le disais plus haut,sa vie fut rocambolesque..
Un film ,nous dit Jean, sera peut-être tourné un jour,des pourparlers sont en cours !!
Mais en attendant,vous pouvez lire le cahier des Amis du Châtillonnais qui lui est consacré: les heures de lecture,des documents sensationnels ,des photos inédites..La vie du Général Riu,quel roman d'aventures...véridiques .
(Jenry Camus)
Tags : riu, eugene, sera, general, jean
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Commentaires
3PEREZ RogerMardi 15 Juillet 2014 à 19:39habitant depuis 1997larue Général
Habitant depuis 1997 Rue Général Riu à Montpellier je suis depuis longtemps intrigué par qui il pouvait être et n'avait pas trouvé grand chose. je suis très content ce que vous m'avez appris sur votre aïeulqui donc n'était pas la vieille baderne que l'on pouvait craindre. Encoremerci
2Olivier DoubixLundi 1er Novembre 2010 à 09:06Bonjour. Je suis vendeur professionnel d'autographes et documents anciens. Je peux vous proposer à la vente un poème autographe signé E. RIU. Photos sur simple demande. Cordialement. Olivier R.
1PONSIGNON JeanJeudi 6 Mai 2010 à 10:30Merci pour votre relation nourrie et fidèle de cette évocation d'un aieul hors du commun et qui m'est cher.
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Le futur général Riu n'a jamais tué le major von Alvensleben car, dans l'affaire de Châtillon, il ne se trouvait pas du tout à l'endroit où était le major. Celui qui, avec beaucoup de chance, a tué le major d'un seul coup de fusil, est le chasseur des Alpes Joseph Guillet, de Samoëns (Haute-Savoie). C'est du reste pour le récompenser de ce beau tir qu'il fut nommé, le lendemain, sous-lieutenant d'ordonnance de Ricciotti Garibaldi. Navré pour Eugène Riu.