• Souvenirs de la vie du Père Achille Caillet lors de ses missions à Ceylan (6)

    Épisode VI

    Après quelques mois d’étude je pus me lancer à entendre les confessions des enfants en cingalais et aider le Père Merret un peu plus.

    J’attendis plus longtemps pour commencer à prêcher . D’ordinaire on commence par dire ou par lire quelques phrases soigneusement préparées et qu’on a répétées des dizaines de fois. Cela je l’avais fait à partir du mois d’avril quand je m’en allai résider tout seul dans une église voisine dont le Père missionnaire était mort  subitement.

    Mais pour mon premier sermon, j’avais à cœur de préparer quelque chose de bien et de l’adresser aux orphelines pour leur exprimer ma reconnaissance ainsi qu’aux Sœurs.

    J’attendis  jusqu’au 8 décembre. Ce jour-là, grand-messe au couvent.J’étais très ému, je vous assure, quand je me retournai après l’Evangile et vis les trois nefs pleines de Sœurs, novices, postulantes, institutrices de l’école normale et mes orphelines. Les Sœurs de l’orphelinat  m’avouèrent ensuite qu’elles aussi étaient très émues et avaient prié pour moi.

    De fait, la Sainte Vierge m’aida et je débitai mon long sermon sans hésitation. Après la messe je posai quelques questions aux orphelines et je vis d’après leurs réponses qu’elles avaient compris.

    J’aurais bien voulu rester encore un an à Bolawalana pour approfondir mes connaissances qui, malgré tout restaient sommaires. Quoiqu’on dise, une langue orientale ne s’apprend pas tout seul.Car cela ne suffit pas d’apprendre à écrire 52 lettres bizarres et des mots encore plus drôles, mais il faut arriver à penser en cingalais, si j’ose dire, et bâtir des phrases comme les indigènes  les bâtissent , c'est-à-dire pratiquement commençant par la fin. Et croyez-moi, ce tour de force n’est pas l’œuvre d’un jour.

    L’ennui c’est que nous n’avons pas le temps d’étudier méthodiquement et pendant longtemps. A cause du manque terrible de prêtres, Monseigneur se voit obligé de nous jeter dans la bataille dès que  nous savons quelques bribes de la langue.

    La vie du Père Caillet, missionnaire à Ceylan (6)

    C’est ce qui m’arriva et, le 14 janvier 1948, le Père Merret rentrait de Colombo avec deux feuilles de route. Lui s’en allait au sud de Colombo et moi pas très loin de Bolawalana, mais dans un secteur si différent à tous points de vue qu’on croit entrer dans un autre monde.

    Le Père Merret qui comptait 16 ans de Ceylan sans vacances, ne tint pas  longtemps dans sa nouvelle mission. Au bout de deux mois, à la suite d’un refroidissement, il attrapait une paralysie  faciale, passait deux mois et demi à l’hôpital et finalement était  envoyé en France par avion.

    C’était un admirable compagnon et nous nous entendions comme deux frères. Je lui suis reconnaissant de m’avoir fait profiter de sa longue expérience. Après 18 mois de séjour en France, il va rentrer à Ceylan en décembre, mais je doute fort qu’il soit complètement rétabli….


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