• Souvenirs de la vie du Père Achille Caillet en mission à Ceylan (3)

    Épisode III

    Le lendemain, dimanche, je lis ma messe en toute tranquillité au petit séminaire vers 6h30, c'est-à-dire alors qu’il n’est encore qu’une heure du matin en France. Là, j’ai pu prier à mon aise…

    Dans la matinée, un Père Belge nous fait visiter l’hôpital général tout proche.

    2 000 lits environ, mais il y a encore un autre millier de malades couchés sur le sol, tellement le nombre est élevé et l’équipement sanitaire déficient.

     Le miracle dans cet hôpital, ce sont les 90 sœurs franciscaines de Marie qui se dévouent jour et nuit auprès de ces malades sans distinction de races ni de religions.

     Bien qu’elles appartiennent à une quinzaine de nationalités différentes, elles connaissent toutes, en plus de leur langue maternelle, l’anglais, le français et le cingalais.

    Leur tact, leur dévouement et leur savoir faire, font marcher cet hôpital en dépit de toutes les difficultés, du grand nombre de malades et du manque d’équipement.

    L’après-midi, à 5 heures, Monseigneur Cooray * nous emmène à la cathédrale où il nous fait l’honneur de nous prendre comme diacre et sous-diacre au TeDeum solennel qu’on chante pour fêter son retour.

    Il parle en anglais de sa visite en Europe, du Saint-Père dont il va donner la bénédiction.

    la vie du Père Caillet, missionnaire à Ceylan (3)

    Ce soir-là j’ai senti et réalisé combien l’Eglise était catholique. Dans cette foule qui écoutait Monseigneur Cooray, il y avait des Cingalais, des Tamouls, des Européens appartenant à presque toutes les nations de l’Europe occidentale, tous vibrant de la même foi.

    Dans cette immense nef, il n’y avait plus de différences de races, il n’y avait plus que des enfants de Dieu.

    Le lendemain, nous partions à Maggona en auto.

    Maggona est une mission au sud à une cinquantaine de kms de Colombo, où se trouvent groupés sous la direction des Frères Oblats, un orphelinat de 150 garçons, une Ecole Normale pour instituteurs Cingalais et ce qu’on appelle ici un « réformatoire » et qu’on appellerait en France une école de correction.

    la vie du Père Caillet, missionnaire à Ceylan

    C’est aux Frères Oblats que les tribunaux et le gouvernement confient les jeunes délinquants qu’on ne peut pas envoyer en prison. Ils sont environ 300, en majorité païens.

    Pour occuper tout ce monde et les aider à commencer une nouvelle vie, une école industrielle est attachée au réformatoire.

    On enseigne à ces jeunes gens la menuiserie, l’imprimerie, la reliure, la couture, la culture du riz etc…

    Un Frère est même spécialisé dans la dorure des calices.

    Nous passons là trois belles journées pendant qu’à l’atelier de couture on nous prépare notre trousseau, tout de blanc, qui nous permettra de porter plus allègrement le poids du jour et de la chaleur.

    Nous visitons ces immenses bâtiments, regardons les enfants au travail, en classe ou à la gymnastique, parcourons les plantations d’arbres à caoutchouc, les rizières.

    A l’occasion, nous apprenons quelques mots de cingalais, que nous aurons d’ailleurs vite fait d’oublier , tellement cela nous paraît bizarre.

    On nous montre un cobra tué la veille ; les serpents abondent par ici, mais le Père Supérieur à la barbe blanche nous rassure en nous disant qu’il y a un ange gardien spécial pour les missionnaires et nous recommande d’avoir confiance en lui.

    De gentils petits écureuils zébrés sont si familiers qu’ils courent sous les vérandas et viennent manger à vos pieds les mies de pain qu’on laisse tomber à leur intention. Des amours de petits lézards courent sur les murs.

    Nous nous acclimatons, c'est-à-dire que nous transpirons énormément. Cela durera 3 ou 4 mois, tant que nous n’aurons pas perdu avec nos belles couleurs quelques centaines de milliers de globules  rouges… Le cari ne nous apparaît plus aussi fort qu’au premier jour et d’ailleurs nous faisons attention.

    Puis nous remontons à Colombo. Visite à la police qui me fait sentir que, malgré tout mon attachement à ce pays et à son peuple, je reste un étranger.

    On nous pose un tas de questions, notamment celle-ci : « Combien de temps comptez-vous rester à Ceylan ? Réponse : « indéfiniment »

     *Thomas Benjamin Cooray né à Negombo (Sri Lanka) le 28 décembre 1901 et décédé à Colombo, le 29 octobre 1988, est un ecclésiastique srilankais,membre de la congrégation cléricale des Oblats de Marie-Immaculée, qui fut archevêque de Colombo. Il a été fait cardinal en 1965 par le Pape Paul VI.

    Le voici en cardinal :

    la vie du Père Caillet, missionnaire à Ceylan (3)

     


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