Vertillum, ancienne ville gallo-romaine...
Publié le 25 Juillet 2012
Les "mardis-découvertes" proposés par l'Office de Tourisme du Pays Châtillonnais nous permettent de découvrir des lieux châtillonnais, très intéressants, souvent chargés d'histoire.
Mardi 24 juillet 2012, c'est à la découverte de la ville gallo-romaine de Vertillum, à Vertault, que nous nous sommes rendus.
A 25 kms à l'Ouest de Châtillon sur Seine, aux confins du territoire des Lingons, s'étend sur 25 hectares intra-muros, un oppidum surplombant la vallée de la Laignes de 25 mètres. Cet oppidum c'est celui de la ville de Vertillum.
Vertillum fut une ville gallo-romaine prospère jusqu'au IIIème siècle après JC. Malheureusement elle fut détruite une première fois vers l'an 270 après J.C., rebâtie hâtivement, puis ensuite elle fut incendiée par les Barbares vers 406 après Jésus-Christ.
La ville fut oubliée, son nom se transforma...Vertillum devint Vertault, jusqu'à ce que des chercheurs la redécouvrent en 1846, et effectuent des fouilles sous la direction de Lucien Coutant, antiquaire aux Riceys et correspondant de la commission des Antiquités de Côte d'Or.
Des fouilles continuèrent par la suite dirigées par les différents présidents de la SAHC du Châtillonnais, en particulier Messieurs Lagorgette, Lorimy, et Joffroy. Elles mirent au jour une quantité d'objets utilisés par les artisans de l'époque (travail de la pierre, du fer, du cuir, du bois), des objets de la vie courante (vases, lampes à graisse, stylets à écrire, bijoux: fibules en fer et en bronze ciselées, émaillées, étamées), des objets de culte: de nombreuses statuettes en pierre ou en terre cuite..
Ces merveilles sont visibles au Musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix où je vous invite à aller les admirer.
Un petit bâtiment d'accueil permet au visiteur de s'informer avant de partir à la recherche des vestiges.
Mais nous, nous avions un guide, Gérard Dumaire, Maire de Vertault, trésorier de la SAHC, et Président de l'Association "Revivre en Haute Bourgogne" qui s'intéresse tout particulièrement à Vertillum . Avec Monsieur Recq, Gérard Dumaire s'est attaché à remettre en valeur et à protéger le site qui présente 4 pôles d'attraction : le mur, les habitats enterrés,les thermes et le temple.
Voici un plan de visite, notre guide nous a fait réaliser le tour complet de l'oppidum.
Gérard Dumaire nous présente tout d'abord une reconstitution d'une petite partie du "murus gallicus".
Exploré dès la fin du XIXème siècle, le mur d’enceinte qui entourait les 25 hectares de l’oppidum gaulois, puis de la ville gallo-romaine a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles, dont la plus récente a permis la découverte, en 1985, d’un large fossé creusé dans la roche en contrebas du rempart qui barrait au Sud l’accès au plateau.
Le mode de construction de ce rempart est de type gaulois, c’est donc un « murus gallicus ».Il est établi sur une levée de pierres hautes de trois mètres environ.
Il était constitué d’un parement en pierres de taille dans lequel venaient se loger, à intervalles réguliers, des poutres transversales, équarries à leur extrémité, reposant sur des panneaux de bois et fixées entre elles par de grandes fiches en fer.
A l’intérieur du mur, l’espace entre les poutres était comblé avec des dalles de calcaire.
Très imposant, l’ensemble devait atteindre plus de trois mètres de haut.
Profond de 2,5 mètres et large de 30 mètres, le fossé a servi de carrière de pierres d’où ont été extraites les dalles de pierre qui constituaient le blocage du rempart.
La taille très soignée des pierres du parement, de technique très romaine, situe la construction de cette enceinte probablement vers la fin de la première moitié du 1er siècle avant J.C.
Édifié très tardivement, alors que la Gaule venait d’être conquise par les légions de Jules César, le « murus » de Vertillum semble, par son aspect monumental, avoir davantage contribué au prestige de la ville qu’à sa véritable défense.
Sur le sentier qui longe l'ancien fossé on trouve cette table d'orientation qui situe Vertillum, par rapport à Alésia et à Bibracte.
Nous arrivons près de la cabane des fouilles.
Les archéologues des années 1890... (on les appelait des "antiquaires"), avaient fait construire cette cabane pour y ranger leurs découvertes. Elle a été conservée et un peu...consolidée depuis !
A l'intérieur on peut voir des photos des "antiquaires" au travail...
Et des membres de la Société Archéologique de l'époque, en visite à Vertillum !
Gérard Dumaire nous conduit ensuite près d'un "habitat enterré" :
On voit nettement une niche creusée dans la paroi, en réalité il y en a trois, cachées maintenant par la végétation :
Martine Mangin dans un article très intéressant paru dans un bulletin 9-10 de 1986-1987 de la SAHC, décrit ces habitats enterrés, qui ont des particularités intéressantes, voici le plan qu’elle a réalisé de l’un de ces habitats enterrés :
Des niches ovoïdes étaient taillées dans la roche.
Comme à Alésia, ces niches renfermaient peut-être des statues de dieux-lares …
Le sol était en mortier blanc, très dur et lissé. On peut penser que les parois étaient recouvertes d’un enduit peint.
L’accès au sous-sol était possible par un escalier à triple volée, d’un type qui n’est pas très courant.
Martine Mangin conclut que ce sous-sol paraît correspondre au type le plus courant rencontré à Alésia et qui peut avoir une triple fonction :
-utilitaire permettant le stockage des aliments
-religieuse avec ses trois niches
-séjour avec son sol décoré et son enduit peint.
Comme elle nous le fait remarquer, les habitudes indigènes où les divinités et les habitants cohabitaient, n’ont pas été abandonnées immédiatement à l’époque gallo-romaine. Les habitants de Vertillum ont utilisé les pièces en sous-sol pour des raisons climatiques et économiques pendant longtemps avant d’adopter les techniques romaines de pièces de surface avec systèmes d’hypocauste, d’ailleurs très particuliers sur Vertillum.
(Merci à Jacques Streer de m’avoir offert ce bulletin où j’ai trouvé ce remarquable article de Martine Mangin !)
Notre guide nous conduit maintenant vers les Thermes de Vertillum. Je les avais vus dans les années 1980, ils possédaient encore quelques mosaïques et traces de peintures...hélas les touristes peu scrupuleux et pilleurs sont passés par là !
Les fouilles (ce qu'il en reste, hélas) sont protégées de la pluie par un toit récent.
Lors des premières fouilles les thermes ressemblaient à cela :
En voici le plan :
Dans la partie sud de l’édifice se trouvait probablement la palestre (1), grande salle de forme rectangulaire, orientée Ouest-Est, et traversée en diagonale par une canalisation souterraine (2).
Elle était percée à l’Est d’une large porte (3) que l’on franchissait à l’aide d’un escalier et qui constituait l’entrée principale des thermes.
C’est à cet endroit que l’on découvrit en 1862, l’inscription monumentale grâce à laquelle on connaît aujourd’hui le nom de la ville et de ses habitants.
Cette pierre monumentale se trouve au Musée Archéologique de Dijon où je suis allée la photographier. Pourquoi se trouve-t-elle à Dijon et non à Châtillon sur Seine ?? eh bien parce que le premier "antiquaire-chercheur" était correspondant de la Commission des Antiquités de Côte d'Or, et puis à cette époque il n'y avait pas de musée à Châtillon sur Seine.
Malgré les demandes des Conservateurs Châtillonnais, Dijon ne veut pas rendre cette pierre gravée, elle serait pourtant plus à sa place à Châtillon sur Seine qui possède un étage entier dédié à Vertillum, plutôt qu'à Dijon !!
Les murs de la pièce étaient couverts d’enduits peints et de placage en marbre, et un socle en pierre reposait au centre, sur le sol composé d’un mortier très dur.
Au nord de la palestre, le Tepidarium (4) de taille plus modeste, était lui aussi orné de fresques et le sol était entièrement recouvert de mosaïques à motifs géométriques variés. Cette salle tiède était chauffée à l’aide de nombreux conduits de terre cuite (tubulures) noyés dans la maçonnerie des murs. Elle s’ouvrait à l’Ouest sur une salle , l’Unctorium (5), dont le sol était constitué d’un dallage en pierres calcaires reposant sur une épaisse couche de mortier. Passant sous ce revêtement, des conduits d’Hypocauste assuraient le chauffage d’une partie de la pièce.
La visite se termine par ce qui reste de l'emplacement d'un bâtiment que Lucien Coutant appela "temple", mais qui ressemble plus à une "basilique", édifice à vocation publique.
Cet édifice est situé en bordure du forum qui maintenant est recouvert d'herbes folles.
Ce fut une bien belle visite, magnifiquement commentée par Gérard Dumaire, merci à lui de nous avoir si bien fait découvrir le site de Vertillum.