Une rencontre avec le poète Michel Lagrange et le compositeur Jean-Louis Gand, et présentation de l’oeuvre Cantate pour les Pleurants au Musée des Beaux-Arts.
Publié le 30 Septembre 2013
Michel Lagrange, écrivain et poète châtillonnais, et Jean-Louis Gand, compositeur dijonnais, se sont retrouvés au Musée des Beaux-Arts de Dijon, pour présenter une œuvre qu'ils ont élaborée en commun "La cantate des Pleurants".
Les voici tous les deux dans la cour de Bar du Musée avant leur conférence.
Les deux auteurs ont été présentés au public, venu nombreux (il y avait une délégation châtillonnaise !) par la Directrice du Quatuor Manfred.
Michel Lagrange nous a confié combien les pleurants des tombeaux de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur avaient marqué son enfance... En effet la tristesse de ces personnages qu'il venait très souvent admirer avec son père, lors de visites au Musée des Beaux Arts, rejoignait la sienne.. Michel Lagrange a connu, très jeune une tragédie, celle de la perte de sa mère.
Cette tristesse, cette douleur des pleurants, Michel Lagrange l'a faite sienne, car ils sont nos frères dans la souffrance ...Il nous le dit dans la préface de son livre "Deuillants, pleurants ...et fraternels" :
Ce sont des êtres humains que j'aborde, et qui m'abordent, échantillons d'humanité universels.vus de si près, ils me confient leurs émotions qui sont de tous les temps....
Avec mes sens et mon esprit, j'ai de la compassion pour eux. Leur procession de foi devient la mienne. Ils me voyagent, au-delà de leur apparence, au-delà de moi-même. Au point que je deviens l'un d'eux....
Jean-Louis Gand et Michel Lagrange sont amis depuis toujours. Et lorsque Michel a envoyé à Jean-Louis son livre ""deuillants, pleurants et...fraternels", ce dernier, ébloui par l'écriture si merveilleusement poétique de son ami, a pensé mettre le texte en musique...
Le poème de Michel Lagrange, c'est une réflexion sur la mort, mais aussi sur l'espérance..
Jean-Louis Gand a tout de suite pensé confier texte et musique au quatuor Manfred qui a immédiatement accepté. Mais il a voulu absolument qu'en plus des cordes, il y ait une voix humaine parlée et chantée, pour que les auditeurs suivent le cheminement de la pensée de Michel Lagrange.
Cette voix , c'est celle de Pierre-Yves Pruvot, baryton.
Pour que la Cantate des Pleurants soit parfaite, Jean-Louis Gand a demandé à Michel Lagrange d'écrire trois autres grands poèmes. En effet le compositeur voulait évoquer une montée qui part des pleurs, qui se poursuit par une imploration, continue par l'apparition de la lumière et se termine par l'espérance.
Il a donc écrit six pièces : trois pour le quatuor seul et trois pour quatuor et baryton.
La "cantate pour les Pleurants" est une œuvre conséquente qui, avec le texte, fait au moins quarante minutes.
Jean-Louis Gand nous a confié que ce qui l'a beaucoup intéressé c'est la conjonction du texte et de la musique.
Les auditeurs ont demandé à Michel Lagrange s'il écrivait en compagnie de musique...il a répondu que tout son travail poétique n'était que musique , puisque les mots sont comme des notes... Il s'est dit très impatient de découvrir "La Cantate des Pleurants" dans son intégralité, puisqu'il n'en avait entendu que des extraits l'après-midi lors des répétitions...
"Deuillants, pleurants", le livre de Michel Lagrange a été présenté dans cet article : :
Quelques uns de ces pleurants ont fait le tour du monde, ils sont revenus, heureusement, au pied des tombeaux des Ducs Philippe le Hardi et Jean sans Peur.. Ce sont de pures merveilles d'albâtre...
Le tombeau de Philippe le Hardi :
Le tombeau de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière :
Voici les photos de quelques pleurants, auxquels j'ajouterai des extraits du poème initial de Michel Lagrange, publié dans "deuillants, pleurants et ... fraternels" :
A l'ombre du Hardi, ces figurants
Sont les apprentis de la mort
Au b à ba de la douleur humaine.
Illuminés de l'intérieur,
Ceux qui se sont perdus dans le soleil rituel
Ont oublié leur nom.
Ils ont affaire ailleurs
Aussi vont-ils, patients,
La tête offerte à la résurrection,
Les yeux perdus dans l'au-delà.
Pour que chacun oublie les rumeurs printanières
Et que la mort ne puisse pas les reconnaître,
On a revêtu les pleurants
de lourds manteaux de deuil.
Les grains des chapelets sont le temps moissonné de l'âme,
Si lents, si lestés
Par les oraisons...
(Le livre de Michel Lagrange, "Deuillants...pleurants...et fraternels", illustré de très belles photos de Bernard Béros, est édité par A&R éditions et se trouve dans toute bonne librairie de notre région. N'hésitez-pas à vous le procurer, il est magnifique )