Jenry Camus,un des trois "piliers " des Amis du Châtillonnais,nous a présenté lundi,sous les auspices de l'Association Culturelle Châtillonnaise,une très belle conférence sur un Châtillonnais illustre,hélas un peu méconnu...
Jean-Henry Dupotet
(1777-1852)
Pourquoi notre conférencier s'est il intéressé à ce personnage ? et bien parce que les vies de Victorine de Chastenay et de Jean-Henry Dupotet furent liées..
Victorine de Chastenay pour qui Jenry Camus a une particulière admiration, il demeure en face du lieu où elle habita à Essarois...
Mais revenons à notre héros..
Jean-Henry Dupotet naquit à Chaugey,en Châtillonnais,un charmant village dont je vous montrerai quelques images prochainement...
Voici son extrait d'acte de naissance :
Son père était capitaine des Gardes du Corps du Roy,et il avait soutenu le comte de Chastenay-Lanty qui briguait un mandat de député aux états généraux.
Voici la maison natale des Dupotet à Chaugey :
En ce temps là ,il était difficile pour un enfant ,même issu de petite noblesse ,mais pauvre, d'entrer dans une école militaire.
C'est avec l'aide bienveillante de Victorine,la fille du Comte de Chastenay-Lanty ,que Jean-Henry put poursuivre des études à Paris.
A la Révolution,Victorine fit partir le jeune homme à Marseille pour le soustraire aux horreurs de la Terreur.
A Marseille il embarquera comme novice sur un bateau "la Junon",puis sur "l'Alceste" où il montrera sa bravoure en remplaçant au pied levé le timonier dont la tête avait été emportée par un boulet !
Il sera récompensé de son attitude héroïque en étant nommé aspirant de deuxième classe..début de sa belle carrière qui le conduira à devenir à la fin de sa vie Vice-Amiral de la Flotte française !
Après de nombreuses campagne où il est alors Enseigne de Vaisseau,il participe aux expéditions de Saint Domingue,(île actuellement scindée en deux parties : Haïti et la République Dominicaine)..
Saint Domingue est alors en proie aux révoltes d'esclaves menées par Toussaint Louverture que les Troupes de la République désirent mater.
Jean-Henry navigue sur le vaisseau "l'Argonaute" et est atteint de la terrible fièvre jaune qui tua d'ailleurs Leclerc,beau-Frère de Bonaparte.
Il en guérit grâce aux soins du cuisinier de Toussaint Louverture,cuisinier qu'il avait sauvé de la peine capitale ! ( Un bienfait n'est jamais perdu !)
Après cette campagne,Jean-Henry est nommé Lieutenant de vaisseau et s'embarque sur le Redoutable, vaisseau qui prit part à la fameuse bataille navale de Trafalgar..
La bataille de Trafalgar a lieu le 21 octobre 1805 au large du cap de Trafalgar, situé au nord-ouest du détroit de Gibraltar. La bataille oppose la flotte française (formée aussi de navires espagnols) dirigée par l'amiral Villeneuve et la flotte britannique dirigée par l'amiral Hotario Nelson.
La tactique de Nelson consiste à placer sa flotte vent arrière et la diviser en deux lignes. Les deux lignes attaquent l'ennemi en perpendiculaire, une vers l'avant et l'autre à la queue de la flotte franco-espagnole.
Le Redoutable dirigé par Dupotet tire sur le bateau de Nelson,le Victory qui riposte avec ses 100 canons..
Le carnage est horrible et l'Amiral Nelson perd la vie...
A 17 heures le combat est terminé,les Anglais ont remporté la bataille :17 vaisseaux sont à leurs mains,plus de 6000 hommes sont morts..
Jean-Henry a eu une conduite héroïque, il est seulement blessé au genou et il échappe au naufrage du Redoutable: il est un des 32 rescapés des 666 marins qui formaient son équipage..
C'est pourquoi la plaque, fixée au mur de la maison de Chaugey, en témoigne !
Dupotet, héros de Trafalgar !
Guéri,Jean-Henry participe à la construction de navires de guerre à Flessingue,puis est nommé capitaine de frégate sur" le Niemen"..
Au cours d'une expédition, "Le Niémen" rencontre deux frégates anglaises "l'Améthyst" et "l'Aréthuse"
Après une sévère bataille,"le Niémen" est pris en étau entre les deux vaisseaux anglais et l'équipage est forcé de se rendre..
Jean-Henry est fait prisonnier par les Anglais ,il restera cinq ans dans les geoles anglaises et ne sera délivré qu'à l'abdication de Napoléon.
Cet épisode funeste aura deux conséquences:
La première c'est qu'il passera en Conseil de Guerre (mais sera honorablement acquitté à cause de sa conduite courageuse )
La seconde conséquence ,ce sera le retard de son avancement..
A la fin de sa carrière il aurait été sûrement nommé Amiral de la Flotte,ses cinq ans d'emprisonnement l'en empêcheront.
Mais je m'aperçois que je ne vous ai encore pas montré à quoi ressemblait Jean-Henry Dupotet !
Et bien ma foi c'était un bien bel homme !!!
Les relations épistolaires entre Victorine de Chastenay,sa bienfaitrice, et Jean-Henry Dupotet étaient pleines d'amitié,je dirais même de ...tendresse (très chaste bien sûr)..hélas pour moi (je suis fleur bleue !) elles ne se conclurent pas par une union..Victorine avait 6 ans de plus que lui et le considérait comme son ...fils..
A 45 ans,alors qu'il était Capitaine de Pavillon et Chef d'Etat Major du port de Brest,il fit la connaissance de Marie Pichon âgée de ...19 ans..
Voici la demande qu'il fit au ministre de la Marine,pour avoir l'autorisation de l'épouser..
Après son mariage,il prit le commandement de la frégate "Jeanne d'Arc " et partit pour les Antilles chasser les pirates qui y sévissaient...
Il devint ensuite préfet maritime de Brest ,puis gouverneur de la Martinique.
Cette dernière mission fut difficile: Dupotet,homme de coeur, était plutôt du côté des esclaves et il s'attira la haine des "békés"..Il sera remplacé par le Vice-Amiral Halgan.
On lui proposa d'être gouverneur de la Guadeloupe,il refusa,on comprend pourquoi ...
Jean-Henry Dupotet eut encore d'autres missions en tant que commandant en chef de la station du Brésil.
A son retour à Brest il fut enfin nommé Vice-Amiral.
Voici son buste que j'ai photographié dans la Mairie de son village natal , Chaugey :
Il atteignit la limite d'âge en 1845,à 68 ans..
Il prit sa retraite à Paris ayant fait 54 ans effectifs de service, dont 23 ans en mer...
Jean-Henry Dupotet mourut à Paris en 1852, à 75 ans,et fut enterré au Père Lachaise..
Jean-Henry Dupotet eut trois enfants:
-Henri Louis qui sera capitaine au long cours
-Camille qui fera une carrière dans l'armée de terre en tant que capitaine des voltigeurs de la Garde
-Victorine Louise Henriette qui épousera Charles de Graveron..
(Victorine...le prénom de son amour de jeunesse,mais là je fabule !)
Voici les armes de la famille Dupotet (du Potet avant la Révolution)
Le mot de conclusion sera celui de Nesle,historien du Châtillonnais:
"Partout et toujours il se montra plus préoccupé de mériter que d'obtenir.
Essentiellement militaire,il joignait à une complexion robuste un sens droit, un esprit calme et un grand courage.
Ami de la discipline, il savait en tempérer la sévérité par une douceur qui n'était point exempte d'ironie.
Un mot dit en souriant l'a souvent dispensé d'user de son autorité, qui se montrait inflexible dans les grandes occasions"
Jenry Camus , après son brillant exposé,illustré de nombreuses projections, répondit aux questions du public avec son aménité coutumière, et montra d'autres documents intéressants..
Je tiens à remercier chaleureusement Jenry pour tous les documents qu'il m'a envoyés qui m'ont servi à illustrer cet article.
Je n'ai bien sûr que "survolé" la vie intense de notre Châtillonnais Jean-Henry Dupotet..Elle est racontée tellement mieux dans le Cahier du Châtillonnais numéro 154 que je vous conseille d'acheter,il se lit comme un roman, le Vice-Amiral eut une vie passionnante, vraiment ...
Et vous pourrez lire dans ce cahier certaines des lettres de la charmante Victorine à son protégé et aux autorités auxquelles elle le recommandait...
Pour terminer voici une enveloppe et une lettre que Jean-Henry envoya à sa bienfaitrice, Victorine..
CES DEUX DOCUMENTS SONT DES INÉDITS...merci Jenry !
(Ce cahier est en vente au Syndicat d'Initiative de Châtillon sur Seine)