Souvenirs de Pierre Roy : les distractions à Aisey sur Seine au XIXème siècle
Publié le 23 Mars 2017
En 1883, un cordonnier, Jean-Nicolas Birot, composa un recueil de chansons patriotiques et joyeuses. Ce recueil connut un certain succès en son temps. On y trouve un éloge chanté sur Aisey :
Aisey est un brillant séjour
Où les jeux, les plaisirs bachiques
On boit, on aime, on chante, on rit
Il est situé comme Paris
Au charmant vallon de la Seine.
Au bal, on dansait la valse, à l’envers, piquée, la polka, la mazurka, la scottish, le quadrille, le pas de quatre,la gigue, le galop.
Les dimanches, d’octobre à mars, les hommes se rendaient dans les cafés de 14h30 à 18h30, formaient des jeux de trois ou quatre partenaires, tapaient le tarot (allemand) en intéressant la partie avec un sou du point. C’étaient les gagnants qui réglaient les consommations.
On consommait vin ou bière, par grand froid du vin rouge ou blanc chaud et sucré, dans un grand bol de porcelaine épaisse contenant un litre et demi, ça devenait de la gourmandise !
Les dames avaient peu de distractions, relations, elles se rendaient chez d’autres esseulées pour raccommoder, tricoter ou se promener autour du pays. Certains hommes allaient à la chasse le jeudi et le dimanche, accompagnés d’un ou deux chiens personnels.
La fanfare
Il existait à Aisey une fanfare avec 30 musiciens qui tomba en désuétude en 1920 faute de membres, la guerre avait dispersé les hommes, d’autres y étaient morts. La Société de Nod tint le coup jusqu’en 1939.
Les conscrits :
Les jeunes gens ayant 20 ans dans l’année étaient astreints par la loi à passer le « Conseil de Révision » à la Mairie de Châtillon.Ce Conseil était composé de trois médecins majors militaires, du maire de Châtillon et de Monsieur le Préfet.
Les candidats se présentaient sans caleçon, nus comme un ver.Après consultation, menée tambour battant, commençaient les mensurations etc… yeux, nez, oreilles, parties, jambes, pieds, varices, poitrine.
Le jeune qui satisfaisait à tous ces tests était jugé « apte , bon pour le service », celui qui avait une déficience était « ajourné ». il devait repasser l’année suivante. Rares étaient les « réformés », malformations physiques , ou mentales ou handicapés.
Au fur et à mesure , les futurs soldats se regroupaient par localité. Ils allaient chez un marchand ambulant vendant à un bon prix : rubans, cocardes avec baudrilles, des « bon pour le service « en alu doré, des cartons « bon pour les filles » en gros caractères.
Ils se retrouvaient au café, heureux, buvaient à leur santé. Les « ajournés » regagnaient leur foyer. Les autres continuaient la « ribotée », parfois avec empoignades. Dans le pays le bal n’avait pas le succès escompté, vu leur état…