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Publié par Christaldesaintmarc

Quelques poèmes de Valérie, illustrés par des photos du lavoir  de Sainte Colombe sur Seine...

-Les ovins Châtillonnais

Voyage à la source

L'horizon a migré bleu dans mes voeux
Et les toits de mon village ont souri
De leurs longues bouches charnues et rouges.
Les champs de colza se sont mordorés
Du morcellement roux de ma conscience.

Exhibant ses courbes sinueuses
La Cuesta s'est avancée, bienveillante,
Défilant son chapelet clairsemé
D'édifices romans et solitaires
Et devant, les monts doux de Gargantua
Me creuseront les joues de leurs rondeurs

La fière colline du Mont Lassois
Répandra ses légendes d'autrefois
Et la princesse de Vix et son vase
Hanteront mon voyage et ma mémoire
Les prés colorés tisseront la trame
Des tableaux, de la soie de mon enfance

Le renard, l'épervier et l'hirondelle
Me chanteront le corps et la vie pleine
Et des poissons d'argent ou bien d'avril,
Et des amis d'antan sur même fil
Se reflèteront dans l'étang tranquille
De mes pupilles gaies et juvéniles
Tiens! ça rime

J'irai dire à la mère que je l'aime
Que les larmes retournent au ruisseau
Et qu'un peu plus haut, il fait toujours beau
Quand on a toujours le coeur dans les poches
Si l'on aime encore user ses galoches

Et elle me dira comme d'habitude
Tu écris bien mais tellement étrange
Et nous rirons de la lèvre de l'ange
Et le soir, elle oubliera ses douleurs,
Sûre de l'amour de tous ses enfants
Et de celle qui adopta la lune...

A ma mère, à qui j'ai tout pardonné depuis que j'ai...des filles.


-Les ovins Châtillonnais

Au "pays"
Je reste la fille du ramoneur
La Valérie
Celle qui défiait le vertige,
Et qui déjà regardait le monde d'en haut.

Au "pays"

On m'paye des pots
On m'tape dans l'dos
On m'invite à l'apéro
On n'sait plus trop où j'vis
On n'sait plus trop c'que j'fais
On n'sait pas qu'j'étais pleine d'amerlune

Mais on voit, on voit enfin

Qu'j'ai les yeux qui pétillent
Comme un bon verre de champ'
Mais on m'croit, on m'croit,
Quand j'dis qu'nous aussi on brille
Tout au fond d'nos vallons

Au "pays", je ne suis rien

Au "pays" enfin j'y suis bien
On r'connaît les gens à leur gueule.
On s'dit: tiens!
C'uila, c'est l'fils au Jeannot
Si y s'ressemblent!
On s'dit: tiens!
Si j'allais voir la Denise
Qui va m'sortir sa p'tite goutte.
Si j'allais voir l'église
Même si l'bon dieu s'en est allé

On s'dit: tiens!

Si j'retournais à mon usine
Et voir l'jardin de mon enfance
Il a disparu mais j'le vois toujours.
Il me dit: t'as vu si t'as grandi!
J'reste ton p'tit coin de paradis

Pis on va voir sa mère qui va plus bien

On lui dit je t'aime mais tu l'sais bien
On va s'baigner au gué, au gré de la Seine
C'est bien plus froid!
C'est bien plus sale!
C'est tout en friche!
C'est plein d'cailloux!
Y'a plus d'poissons!
Et si ça pue!
Mais si ça rafraichit!

Et puis on s'dit, si j'suis riche de tout ça!

Les citadins, z'ont jamais connu ça!
On rencontre la Babeth et l'Bourinot
On va boire l'ratafia
Dans des p'tits pots

On repart tout en vrille

On roule un peu à gauche
Mais on s'en aperçoit
On s'fait arrêter par les gendarmes.
"Ah! vous êtes d'ici! passez-donc! V'là un 92!"

Faut faire attention à la murette

C'est là qu'y a un virage si traite
Mais la route, on la connait
On n'fait jamais à bouffer
Y'a toujours quelqu'un pour vous inviter

Mais on a bien vu qu' y a plus d'boulot

Qu'y a encore plus de gars dans les bistrots
Mais on a bien vu qu'c'est pas facile
Et qu'y a des rides aux coins des yeux.


On r'part pourtant avec un p'tit point au coeur,
De ceux qui vous font voir un peu d' bonheur.

(Des commentaires seraient les bienvenus, ils me montreraient que ce blog vous intéresse.

Merci.)

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L
Ils nous manquent, oui et il n'y a pas d'âge pour se sentir "orphelins" en fait.<br /> J'espère qu'il est parti sans trop de souffrances. J'ai pu être là dans les pires moments pour mes parents. ça a été dur mais je ne regrette rien.<br /> Grosses bises à toi, courage pour la suite et du succès pour tes expos. <br /> On reste en contact. Valérie
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M
C'est un de mes plus beaux souvenirs, ce petit voyage où tu me fis découvrir la source de la Seine, les toits de Chatillon dans le coeur chaleureux des tiens... et le tien. Tes poèmes en sont un vif echo. Courage en cette période économique difficile.Tu as bien écrit  sur ton père. Le mien vient de partir.Bise tendreMinh-Luc
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L
Merci beaucoup. ça fait du bien au moral quand on se précarise mais je vais en sortir. J'ai l'optimisme comme toile de fond. Bisous Monsieur.
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M
J'aime tes poèmes Valérie, qui te ressemblent !Luc
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L
Merci beaucoup,<br /> Mes amitiés.
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