J'ai trouvé dernièrement une superbe vidéo sur Auguste Renoir qui a été toujours mon peintre préféré.
Cette vidéo, je la ferai paraître après cet article que j'ai voulu présenter de nouveau.
En effet, en 2013, Bernard Pharisien avait fait visiter Essoyes aux membres de l'Association Culturelle Châtillonnaise, avec une connaissance incroyable de la vie et de l'œuvre d'Auguste Renoir.
Hélas, Bernard Pharisien nous a quittés en novembre 2018, et je ne lui ai pas rendu hommage, il le méritait paurtant !
Alors je le fais aujourd'hui avec beaucoup de tristesse évidemment, car ses connaissances et sa jovialité nous manqueront à jamais.
Auteur de cinq livres publiés aux éditions Némont : "Célébrités d'Essoyes", "L'exceptionnelle famille Hériot", "Pierre Renoir", "Victor Charigot son grand-père", et "Quand Renoir vint paysanner en Champagne", Bernard Pharisien a également contribué à la rédaction du catalogue de "l'exposition Renoir/Renoir", organisée conjointement par la Cinémathèque Française et le Musée d'Orsay.
Petit neveu de Gabrielle, le plus illustre des modèles de Pierre-Auguste Renoir, il fait volontiers partager aux visiteurs et aux touristes l'intérêt qu'il porte à son village natal : Essoyes.
Par l'intermédiaire de Marie-José Stréer, qui est la cousine de Bernard Pharisien et qui est apparentée à la famille Renoir (sa mère était la cousine issue de germaine des enfants d'Auguste Renoir Pierre, Jean et Claude), l'Association Culturelle Châtillonnaise a demandé à Monsieur Pharisien d'emmener les adhérents visiter Essoyes "sur les pas de Renoir".
Ce fut une magnifique promenade avec un guide exceptionnel , tellement passionné, amoureux d'Essoyes..et du peintre Renoir.
Bernard Pharisien nous présente tout d'abord, une photographie de Pierre-Auguste Renoir...et celles de diverses sculptures signées de lui.
En réalité, ces sculptures ont été créées par celui qui a réalisé le "poilu" du monument aux Morts d'Essoyes, le sculpteur Louis Morel.
(voir en bas de page les compléments apportés par Bernard Pharisien sur le sculpteur Morel)
Nous voici devant la maison qui remplace celle où naquit Gabrielle Renard, le modèle préféré de Renoir, celle qui fut aussi la "nourrice" de son second fils qui deviendra cinéaste, Jean Renoir.
La véritable maison a disparu depuis longtemps, voilà à quoi elle ressemblait :
Sur le mur, la reproduction d'un tableau de Renoir, "Gabrielle et de Jean".
Nous sommes maintenant devant la maison de Marie-Louise Petit, née Goyard, originaire de Grancey sur Ource. Appelée familièrement "la grande Louise", elle fut cuisinière chez les Renoir. Lorsque Pierre-Auguste devint impotent, c'est elle qui le portait dans ses bras pour lui faire gravir les étages de la maison familiale.Elle veilla sur le peintre jusqu'à sa mort.
La voici, la "grande Louise"....
Nous sommes maintenant devant la maison des Duban. Julienne Duban , peu connue du grand public, a été, enfant, modèle de Renoir.
Le beau portrait de Julienne Duban a été malheureusement volé lors d'une exposition de tableaux avant une vente. Le portrait est petit, il a été facilement subtilisé, on n'a jamais retrouvé sa trace.
Bernard Pharisien nous présente ensuite des portraits des enfants Renoir. Une petite fille s'étonne de voir Jean Renoir avec de longs cheveux !! eh oui c'était la mode en ce temps là pour les petits garçons, qui portaient aussi des robes !
A la naissance de Claude, le dernier des enfants Renoir, on fit couper les cheveux de Jean et on l'envoya en pension.. Ce ne fut pas Gabrielle qui s'occupa du petit Claude, mais une jeune châtillonnaise, Renée Jolivet. Renée fut aussi peinte par Pierre-Auguste.
Sur la photographie que nous montre Bernard Pharisien, on voit Jean, adolescent , avec sans doute un des modèles de son père. Ils posent dans la rue où nous sommes, devant cette maison.
Les Renoir achetèrent une maison à Essoyes, pour s'y rendre tous les étés. Pourquoi à Essoyes ? eh bien parce que Madame Renoir, née Aline Charigot, était native de ce village.
La maison fut agrandie d'une tour que l'on voit ici au loin...Pierre-Auguste peignit la maison depuis son jardin.
Renoir ne fut jamais un peintre "maudit", il gagna toujours très bien sa vie. Il peignit en effet les membres de familles bourgeoises aisées qui le rétribuaient fort bien.
Il réalisait aussi ses tableaux en plusieurs exemplaires et les mettait en vente dans plusieurs galeries, comme ces jeunes filles au piano..
Bernard Pharisien nous confie que la vente d'un seul tableau lui permit d'acheter la propriété d'Essoyes !
Nous sommes ici "dans un tableau de Renoir"....
Notre promenade nous amène près de l'atelier de Pierre-Auguste.
L'atelier possède des verrières qui permettaient au peintre d'avoir toute la lumière nécessaire...
Madame Renoir préférait que son mari travaille dans un local indépendant de l'habitation. Elle avait d'ailleurs acheté une grange à quelques pas de la maison. Sans doute pour en faire un atelier... mais cette solution n'a pas convenu à Renoir. L'idée suivante fut la construction de cet atelier que nous pouvons voir ici.
Dans son livre, Jean Renoir écrit que cette construction est une idée de sa mère.
Sur le chemin du cimetière, Bernard Pharisien nous présente la photographie de la marraine de Marie-José Stréer, et le portrait magnifique qu'en fit Renoir...
Nous voici près de la tombe du peintre, et de celle de son épouse qui se trouve derrière. Aline Renoir ne repose pas près de son mari.
Dans la première tombe, sur laquelle on admire le buste du peintre, reposent Pierre-Auguste Renoir, son fils aîné Pierre (acteur de cinéma), son second fils Jean (réalisateur de cinéma) et Dido Freire l'épouse de Jean.
Dans la seconde tombe, reposent Aline Renoir née Charigot , sa mère Thérèse-Emilie Maire, son fils Claude Renoir aîné, qui a, entre autres professions, exercé celle de céramiste à laquelle son père l'avait initié, et son petit-fils prénommé aussi Claude (le fils de Pierre) qui fut un grand chef opérateur du cinéma.
Le père d'Aline, Victor Charigot, abandonna très tôt sa femme et sa fille, il s'enfuit au Canada, il n'est donc pas présent dans cette tombe. Il est enterré à Bathgate (Nord Dakota) où il est mort. Il n'a jamais été question de l'inhumer auprès de la mère d'Aline qui avait demandé et obtenu le divorce
La tombe d'Aline était surmontée de son buste. Bernard Pharisien nous en montre une photographie, car ce buste a été honteusement volé.
Dans le cimetière d'Essoyes, une tombe attire l'attention, celle commandée par monsieur Pichon à Louis Morel. Sous la femme nue se trouve une grande crypte (la plus spacieuse du cimetière d'Essoyes.) Cette crypte était construite pour se trouver sous une chapelle. Mais Monsieur Pichon a modifié son projet et remplacé la chapelle par ce très beau nu signé Morel.
Voici le plan de cette crypte :
Et voici la tombe du sculpteur Morel. Le buste qui surmontait la colonne a été , lui aussi, volé ....
Nous sortons du cimetière et arrivons sur la route qui mène à Loches. On y voit une peinture de Renoir, "La route de Loches", reproduite sur une pierre de lave.
Avant d'acheter la maison d'Essoyes, Renoir venait déjà l'été dans le village avec Aline et son aîné Pierre. Il y louait une fort modeste maison. Bernard Pharisien a retrouvé cette maison, en lisant un texte de Jean Renoir :
"Ma mère l'avait précédé et avait loué une maison à la lisière du pays, sur la route de Loches, en face de Paul Simon qui avait des champs de blé, ce qui le faisait mépriser des vignerons et à côté de Royer, le tailleur de pierre qui sculptait les pierres tombales"
Cette petite maison ne manque pas de surprendre les visiteurs qui la découvrent !
C'est dans cette petite maison qu'il peignit ces vendangeuses :
Encore une fois, nous dit Bernard Pharisien, nous sommes ici..."dans un tableau de Renoir" !
Nous voici devant la maison que la famille Renoir acheta à Essoyes en septembre 1896,
Un peu plus loin, au croisement de deux rues, nous admirons une reproduction de deux études - ou esquisses -.de Renoir...
Renoir a très souvent peint Essoyes, on reconnaît le village grâce à son église surmontée d'un grand clocher carré.
Nous descendons dans le centre du village, là où naquit Aline Charigot-Renoir. Malheureusement la maison a disparu.
L'Ource, coule au centre d'Essoyes, un très grand lavoir la borde.
Le centre d'Essoyes était habité autrefois par des gens riches, comme la famille d'Auguste Hériot, fondateur des Grands Magasins du Louvre à Paris. C'est Auguste Hériot qui servit de modèle à Emile Zola pour son livre"Au bonheur des dames" et "Pot-Bouille", Octave Mouret c'était lui.
les gens aisés du centre d'Essoyes ne se "commettaient" pas avec ceux du haut du village, là où habitaient les Renoir. D'ailleurs jamais Pierre-Auguste ne peignit le centre du village, pourtant fort joli...
Le petit lavoir en amont, était possédé par une famille aisée, leur eau sale arrivait au lavoir des gens modestes... nous dit malicieusement Bernard Pharisien !
Nous voici malheureusement à la fin de notre visite...Je dis malheureusement, tellement elle fut passionnante ! Bernard Pharisien nous présente ici, le nouvel "Espace Renoir", qu'il me faudra un jour visiter.
Avant de nous guitter, Bernard Pharisien nous a offert des cartes postales et son livre...merci mille fois à lui pour sa générosité !
Je ne peux que vous encourager à venir visiter Essoyes sous la conduite de Bernard Pharisien, connaisseur passionnant et passionné, lors des "Matinales d'Essoyes" du 15 juillet au 15 août inclus.
Les "Matinales d'Essoyes" sont toujours différentes, car Bernard Pharisien intègre dans ses propos les résultats des découvertes qu'il réalise année après année.
Les matinales d'Essoyes
Une partie de campagne exceptionnelle
Des visites particulières, à la carte, peuvent être aussi organisées. (01 64 37 24 89 répondeur)
Bernard Pharisien avait donné pour l'Association Culturelle Châtillonnaise une magnifique conférence sur "Gabrielle , muse de Renoir", relatée ici :
http://www.christaldesaintmarc.com/gabrielle-muse-de-renoir-une-passionnante-conference-de-bernard-pharis-a57052959
Et pour finir, des photos de l'atelier de Renoir, prises en 2008, lors d'une visite personnelle à Essoyes :
Compléments donnés par Bernard pharisien sur le sculpteur Morel :
Renoir ne réalise seul que deux œuvres : une petite tête de Claude et un médaillon représentant le tête du même Claude enfant, un tirage de cette dernière pièce décorant la cheminée de la salle à manger de la maison des Collettes à Cagnes-sur-mer. Il est handicapé par la polyarthrite et l'exercice est difficile.
C'est Vollard qui l'encourage à reprendre la sculpture après cet essai. Vollard vendait les sculptures de Maillol. Ces deux derniers vinrent à Essoyes et mirent au point une stratégie. Renoir réaliserait les études préparatoires sur papier, Maillol inviterait l'un de ses élèves - Richard Guino - à sculpter, Renoir superviserait, conseillerait, demanderait à Guino de rectifier ce qu'il estimerait nécessaire de corriger et validerait. L’œuvre étant validée, Vollard qui disposait d'un " cachet - signature " de Renoir - apposerait la signature et paierait Guino. Voici comment les opérations se dérouleront... Ensuite était confectionné ce que l'on appelle un plâtre et à partir de ce plâtre des tirages numérotés pouvaient être réalisés.
Richard Guino a ainsi travaillé plusieurs mois avec Renoir... Pas de façon continue... Il réalisait par ailleurs, dans son atelier parisien, des œuvres signées Guino. C'est ainsi qu'il a créé la tête de Renoir qui se trouve au cimetière d'Essoyes sur la tombe de Renoir (elle porte la signature de Guino.)
A un moment donné Guino a cessé d'être le praticien de Renoir. Il n'y eut pas de rupture brutale. Ce fut ce que l'on peut appeler une séparation à l'amiable, sans la moindre brouille. Je pense que Renoir a compris la frustration que pouvait éprouver Guino en tant qu'artiste. Son travail portait la signature de Renoir.
Renoir ayant encore quelques idées de sculptures, il a fait appel à Morel qui était d'Essoyes et qu'il connaissait bien. Vollard ne fut pas mis dans le coup si j'ose dire et c'est Renoir qui paya Morel. Il n'y eut que trois pièces réalisées sur la base de cet accord (2 danseuses au tambourin différentes et un joueur de flûteau.) Il n'y eut aucune brouille avec Morel ce dernier étant un admirateur inconditionnel de Renoir.
Dans les années 1970, les descendants de Renoir et ceux de Guino se sont affrontés devant les tribunaux. Guino vivait encore et il est mort avant la conclusion du dernier procès devant la Cour de cassation. On peut dire que les Renoir sont sortis perdants de ces procédures. L'un des points du jugement est important : les sculptures exécutées avec les mains de Guino et signées Renoir ne s'appellent plus " Renoir " mais " Renoir - Guino ". Par ailleurs, les plâtres sont sous séquestre et il faut l'autorisation des deux familles si l'on veut réaliser de nouveaux tirages à partir des plâtres.
Morel n'était pas dans le procès. Les trois sculptures réalisées pour le compte de Renoir pourraient continuer d'être intitulées " Renoir. " Cependant, on leur applique la jurisprudence en les étiquetant " Renoir - Morel. " C'est le cas à Cagnes où se trouvent les 3 tirages ; ce fut le cas à l'exposition Renoir en 2009 à Paris ; ce n'est pas le cas à Essoyes où deux tirages sont visibles dans l'atelier et sont désignés comme des " Renoir. " Nul n'est prophète en son pays !
Je peux dire que Morel vénérait Renoir... Les enfants Renoir, notamment Pierre et Jean, le rencontraient régulièrement aussi bien à Paris qu'à Essoyes. Jean quittant la France en 1940 cessera de le voir durant quelques années mais les contacts reprirent au milieu des années 1950, après la mort de Pierre. Claude, fils de Pierre, avait également des contacts avec lui... et même Alain, fils de Jean, qui pourtant habitait aux États-Unis. J'ai une lettre d'Alain qui me raconte sa dernière rencontre avec Morel.