Le sculpteur François Rude (Dijon 1784-Paris 1855) et son épouse Sophie Frémiet, peintre (Dijon 1797-Paris 1867),formèrent un couple artistique majeur du XIXème siècle.
Après s'être nourris du néo-classissisme durant leur formation à Dijon, ils s'engagèrent à Paris dans la voie du Romantisme.
Suite au succès du "Petit pêcheur napolitain" au naturalisme novateur, François obtint des commandes prestigieuses tel le décor de l'Arc de Triomphe : l'ensemble d'esquisses du "Départ des Volontaires" témoigne de son exaltation patriotique, de son sens du détail et de sa puissance d'expression.
Sophie explora d'abord la peinture d'histoire, mythologique et religieuse, pour finalement se consacrer exclusivement à la figure humaine, peignant d'émouvants portraits familiaux tout en répondant avec talent à la commande bourgeoise du second empire.
Avant la rénovation du Musée des Beaux-Arts de Dijon, on pouvait admirer, dans plusieurs salles, quelques œuvres sculpturales de François Rude, côtoyant celles d'autres sculpteurs bourguignons.
Les peintures de son épouse, Sophie Frémiet, se trouvaient autrefois, dans l'ancienne présentation du Musée des Beaux-Arts, aux côtés de celles d'autres peintres de son époque.
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Lors de la rénovation, les concepteurs du nouveau Musée des Beaux-Arts ont eu l'excellente idée de réunir quelques œuvres des époux Rude.
Plusieurs peintures de Sophie côtoient maintenant quelques sculptures de François. J'ai trouvé cette présentation qui réunit ces deux artistes au delà de la mort, très émouvante quand on sait que ce couple fut très uni, face à l'adversité (ils perdirent leur unique enfant Amédée Rude, âgé de huit ans, en 1830).
Les œuvres de Sophie
exposées dans la nouvelle salle dédiée à leur couple:
Autoportrait
(1841, huile sur toile )
Soucieuse de réaliser des portraits authentiques, Sophie Rude répondit à ceux qui trouvaient son autoportrait trop sérieux que se trouvant dotée d'une "laide et vieille figure", elle ne se peindrait jamais en train de "se sourire toute la journée".
Ariane abandonnée dans l'île de Naxos
(1825, huile sur toile)
Hommage à Jacques-Louis David, dont Sophie Rude, exilée à Bruxelles fréquenta l'atelier, cette œuvre s'inspire d'une esquisse du maître.
Elle transcrit la sensualité de la princesse séduite, puis abandonnée par Thésée, après qu'elle l'ait aidé à sortir du labyrinthe.
Portrait de François Rude
(1842, huile sur toile)
Le sculpteur, représenté par Sophie Rude, à la manière d'un patriarche, a le regard vif que tous les contemporains s'accordèrent à dire très ressemblant.
L'expression douce du sculpteur atteste d'une proximité affective entre le peintre et son modèle.
Portrait de Victorine Van Der Haert, sœur de l'artiste
(1818, huile sur toile)
Cette œuvre de jeunesse reflète les leçons apprises auprès de David. Sophie Rude attachait un grand soin au traitement des étoffes et des accessoires.
Les portraits en pied sont rares chez l'artiste. Ils étaient à la mode à Bruxelles dans les années 1820.
Portrait de madame Van Der Haert, née Victorine Frémiet
(1827, huile sur toile)
Ce second portrait, dédié à la sœur de l'artiste, se distingue du précédent par son attitude altière. C'est un portrait d'apparat.
Le cadrage à mi-corps est courant chez l'artiste, car plus enclin à focaliser l'attention sur l'expression psychologique du visage.
Portrait d'Amédée Rude
(vers 1827-1828 huile sur toile)
C'est dans l'intimité familiale que Sophie Rude trouvait ses modèles.
Ici le fils unique du couple, décédé prématurément à l'âge de huit ans en 1830, montre un visage de chérubin.
Le fond neutre et dépouillé rattache ce portrait à l'inspiration davidienne.
Portrait de Louis Frémiet, père de l'artiste
(vers 1821-1825 huile sur toile)
C'est l'exil de Louis Frémiet, pour ses idéaux révolutionnaires, qui entraîna celui de François et de Sophie Rude à Bruxelles.
L'artiste puisa une nouvelle fois son inspiration chez David en faisant poser son père sur un fond neutre et dépouillé.
Ce dernier portrait pourrait être celui de Catherine Frémiet, grand-tante paternelle de Sophie.
Œuvres de François Rude exposées dans la nouvelle salle dédiée à leur couple :
Génie de la Liberté
(1833-1836, plâtre)
Il s'agit du modèle au tiers de la grandeur d'exécution de la tête de la figure féminine hurlante et ailée du "Départ des Volontaires en 1792", qui a donné son surnom à l'œuvre "La Marseillaise".
C'est Sophie Rude, peintre et épouse de l'artiste qui a posé pour la tête du Génie.
Eurydice mordue par le serpent
(1830, bronze, fonte Delafontaine)
Cette statue a été réalisée en pendant de l'Aristée.
La pose et l'attitude de la jeune femme lui répondent symétriquement.
Dans le mythe antique, Eurydice meurt, mordue par le serpent, et son amant Orphée tentera de venir la libérer en descendant aux Enfers.
Aristée déplorant la perte de ses abeilles
(1830, bronze, fonte Delafontaine, deuxième version)
C'est avec Aristée que François Rude obtint le Grand Prix de Rome en 1812, seulement connue après cette seconde version.
Les modèles antiques maîtrisés que l'on devine dans la pose (l'Apollino des Offices et l'Antinoüs du Belvédère) sont la preuve d'une réelle érudition.
Mercure rattachant ses talonnières après avoir tranché la tête d'Argus
(1858, d'après le modèle en plâtre de 1837. bronze, fonte Eyck et Durand)
Cette sculpture incarne les débuts néoclassiques de Rude.
Il a en effet puisé son inspiration chez le "Mercure volant" de Jean de Bologne (XVIème siècle)
Cette référence aux maîtres anciens contenta l'Académie, la sculpture obtint un franc succès.
Petit pêcheur napolitain jouant avec une tortue
(Fonte d'après le modèle en plâtre du Salon de 1831, bronze)
Les détails pittoresques (amulette, bonnet phrygien,filet de pêche...) inscrivent l'œuvre dans le courant romantique en modernisant le thème ancien de l'enfant jouant.
Le sourire sera repris par l'élève de Rude, Carpeaux, dans son "Pêcheur à la coquille".
Tête de guerrier, dit "le guerrier gaulois"
(1836, bronze)
Il s'agit du modèle au tiers de la grandeur d'exécution de la tête du guerrier du relief du "Départ des Volontaires en 1792".
Projet préparatoire, fondu ensuite en bronze, les cheveux libres et la barbe abondante, il devint l'icône du guerrier gaulois.
Louis XIII enfant
(1878, d'après le modèle en argent de 1843, bronze)
C'est pour son château de Dampierre (Yvelines) que le duc Honoré de Luynes commanda à Rude une statue de Louis XIII.
Pour représenter le Roi, le sculpteur s'est inspiré d'une gravure de 1618, le représentant lors d'une leçon d'équitation, richement paré.
Un autre musée, le Musée François Rude, est depuis longtemps entièrement consacré au génial sculpteur du "Départ des Volontaires en 1792" situé sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile à Paris.
Ce Musée Rude est situé dans une partie de l'ancienne église Saint-Etienne .
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