Publié le 16 Décembre 2021

 Günter Wiesendahl, Historien allemand, nous a révélé, il y a quelque temps,  que des soldats français, emmenés en Allemagne en tant  que prisonniers pendant la guerre de 1870- 1871, étaient décédés dans sa ville de Hamm, en Westphalie, et enterrés dans le cimetière de la ville.

Les tombes étant dégradées, Günter Wiesendahl  s'est battu pour que ces tombes retrouvent leur dignité.

Et il a réussi à convaincre les dirigeants des églises de sa ville. de procéder à leur restauration.

http://www.christaldesaintmarc.com/les-tombes-de-soldats-francais-morts-en-allemagne-a-hamm-durant-la-gue-a210925666

Günter Wiesendahl nous fait savoir que le Souvenir Français a été informé de cette belle rénovation et que l'un de ses membres, le colonel Bouche est venu à Hamm admirer le résultat de ce travail de restauration.

Ecoutons-le :

Nos sépultures de guerre récemment rénovées à Hamm en 1870/71 ont maintenant été inspectées par un représentant du "Souvenir français", le colonel Lucien Bouche.

Les détails peuvent être lus dans le rapport de la Westphalian Gazette du 11 décembre 1871.

Les tombes de sodats français décédés pendant la guerre de 1870 à Hamm, en Westphalie, ont été visitées par le Souvenir Français

Günter Wiesendahl a traduit pour nous l'article du journal "Westphalian Gazette", relatant cet événement, qu'il en soit vivement remercié !

Le voici :

Les tombes des soldats protestants de 1870-1871 dans le cimetière de l'Est doivent être remises en état – comme cela a déjà été fait pour les tombes catholiques cet été.

C'est ce qu'a annoncé la paroisse protestante.

La France a fait l'éloge de la rénovation des tombes.

Au cimetière de l'Est reposent 44 soldats qui ont succombé à leurs blessures en 1870/71 à l'hôpital militaire de Hamm

. Le fait que les tombes aient été conservées pendant plus de 150 ans sans l'aide de l'État est déjà considéré comme inhabituel.

Ce qui rend ces tombes de guerre si particulières, c'est le fait que les morts n'ont pas été séparés par nations, mais seulement par confessions : dans la partie catholique du cimetière, il y a 19 Français et trois Allemands, dans la partie protestante, un Français et 21 Allemands

Ils ont été enterrés côte à côte dans l'ordre de leur décès.

Le colonel Lucien Bouche, officier de liaison de l'armée française au ministère fédéral de la Défense, a trouvé cela aussi surprenant que réjouissant.

Il s'est rendu au cimetière de l'Est en tant que représentant du « Souvenir français", l'équivalent français du « Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge » (« l’Association allemande pour l'entretien des sépultures de guerre »).

Mechtild Brand, qui s'investit depuis des années dans la recherche sur l'histoire récente de la ville, avait lancé l'invitation ; Wolfang Komo, conservateur local, et Günter Wiesendahl, membre de la commission des antiquités de Westphalie-Lippe (LWL), s'étaient joints à lui.

La paroisse catholique de Sainte-Agnès a fait rénover à grands frais le cimetière catholique cet été.

Les pierres tombales, à peine reconnaissables, ont été nettoyées, remises en état et replacées.

Le colonel Bouche a également exprimé sa reconnaissance pour cela.

Actuellement, le cimetière protestant est encore bien triste.

Mais cela devrait changer.

La paroisse protestante souhaite faire remettre en état le site, a déclaré Tilman Walther Sollich, porte-parole du district ecclésiastique.

Les coûts prévisionnels des travaux de taille de pierre et de jardinage sont en train d'être calculés, sur la base desquels une demande de subvention pourrait être déposée.

Il n'est toutefois pas encore possible d'estimer quand le projet pourrait être prêt à être mis en œuvre ; on s'attend à un délai plus long.

Tombe d'un simple soldat

Le monument funéraire du soldat français Constant Joseph Diou, mort à Hamm le 12 novembre 1870, a particulièrement attiré l'attention.

De tels monuments ne sont pas inhabituels pour les officiers, a déclaré le colonel Lucien Bouche.

Mais pour un simple soldat comme Diou, oui.

La commande du monument a probablement été transmise par la famille à une entreprise de Hammer.

Et à Châtillon sur Seine que fait le Souvenir Français ?

Eh bien Dominique Masson me signale que 

"le Souvenir français" a fait nettoyer, à l'automne, les monuments pour les Garibaldiens morts lors de l'attaque du 19 novembre 1870 et les Prussiens morts à Châtillon pendant la guerre de 1870/1871, au cimetière Saint-Jean. 

Les tombes de sodats français décédés pendant la guerre de 1870 à Hamm, en Westphalie, ont été visitées par le Souvenir Français

Les tombes de sodats français décédés pendant la guerre de 1870 à Hamm, en Westphalie, ont été visitées par le Souvenir Français

Les tombes de sodats français décédés pendant la guerre de 1870 à Hamm, en Westphalie, ont été visitées par le Souvenir Français

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0

Publié le 21 Novembre 2021

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Voici les trois concepteurs de cette magnifique exposition sur une guerre de 1870-1871, que nous avons tous oubliée...et qui pourtant fut terrible pour la France...et pour notre ville :

de gauche à droite : Dominique Masson, Jacques Paingat et Gilles Surirey.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

L'exposition  nous a fait admirer des matériels de toute beauté, des documents nous racontant les origines de la guerre de 1870, beaucoup d'explications sur l'épisode de la "surprise de Châtillon" et sur la fin de la guerre, sans oublier la Commune de Paris.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Dominique Masson a commenté aux visiteurs les documents présentés.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Un mannequin portait la tenue du général Riu, éminent Châtillonnais, arrière-grand-père de Jean Ponsignon.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Toutes ses décorations et son costume vont être offerts prochainement, en donation , au Musée de Châtillon sur Seine .

Photo cliquable pour mieux admirer toutes les décorations de ce général châtillonnais !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Un article détaillé sur ce général extraordinaire :

http://www.christaldesaintmarc.com/le-general-eugene-riu-une-personnalite-etonnante-et-hors-normes-a1161853

Au centre de la salle des conférences nous avons pu admirer des tenues prussiennes , des casques à pointe de toute beauté, des armes blanches ...tirés de la magnifique collection de Jacques Paingat.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Beaucoup de livres ont été écrits sur la guerre de 1870-1871....

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Ce tout petit ouvrage par la taille, mais pas par son contenu, est un grand témoignage sur les francs-tireurs qui combattirent durant le conflit de 70-71.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

On créa de la vaisselle décorée de scènes de la guerre  de 1870-1871 !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une tenue de sous-officier des Gardes du Korps de l'Empereur.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Beaucoup de cartes postales ont été éditées après la guerre.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Les documents réunis par Dominique Masson et Gilles Surirey étaient exposés sur des grilles.

Certaines photos sont cliquables pour tenter de mieux lire leur contenu.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Cette belle gravure commémorative appartenait  à l'arrière grand-père de Gilles Surirey :

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Les autres panneaux ont été consacrés à la "surprise de Châtillon" du 19 novembre 1870.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Et pour finir, je n'oublie pas les belles figures de soldats qui décoraient la salle des conférences et son entrée.

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Pour continuer sur sa lancée, Dominique Masson a écrit un livre sur la "Guerre franco prussienne de 1870-1871 à Châtillon sur Seine et dans le Châtillonnais",  qui sera édité par l'association "Images en Châtillonnais", en voici la maquette :

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Une superbe exposition mémorielle sur la guerre de 1870 dans notre région, a eu un grand succès !

Cet ouvrage , richement illustré, édité par Images en Châtillonnais, sera en vente par souscription pour la somme de 16 euros à cette adresse :

Images en Châtillonnais, chez

Jean Millot : jean-millot@orange.fr.

Châtillon, 11, rue du Recept.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0

Publié le 16 Novembre 2021

 Dominique Masson nous révèle que des souvenirs de la guerre de 1870 sont encore visibles dans notre ville !

Les souvenirs de la guerre de 1870-1871 à Châtillon sur Seine

 Pour  un promeneur un peu attentif, il reste encore beaucoup de souvenirs de la guerre de 1870-1871 à Châtillon, que ce soit ceux concernant la « surprise » de Châtillon, mais aussi sur la présence des Prussiens à Châtillon ou les conséquences de la guerre.  En voici les principaux endroits avec, pour certains, leurs petites histoires :

■rue Saint Vorles:  

                                                                                                   - Cimetière Saint-Vorles: différentes tombes: Culmet, de la Charmois, Guerre, de Chargère (section J 001; H 021/022; H 014/015; F 015/016)                        

- contre le mur extérieur: monument à Léon Vigneron

- église Saint-Vorles:

Les souvenirs de la guerre de 1870 encore présents à Châtillon sur Seine

Dans les personnages de la mise au tombeau, existent deux gardes, dont l’un, chauve, brandit une arme blanche.

En 1870, cette mise au tombeau était exposée dans la chapelle sud de l’église saint-Vorles, à droite tout de suite en entrant, derrière des barreaux en bois.

Aussi, lorsqu’un prussien entra dans l’église, crut-il être attaqué et envoya une balle dans le corps de son «assaillant».

Quoique rebouché, on devine encore l’emplacement du trou fait par cette balle dans la pierre.

Cette statue était connue à Châtillon sous le nom de Loridon, devant signifier «l’homme horrible», et on menaçait les enfants peu sages de les emmener près de ce Loridon pour les punir.

-2 rue Charles Ronot                                                                                             Hôtel de la Côte d’Or: lieu où logeaient plusieurs officiers prussiens et vers lequel se dirigèrent les francs-tireurs, le 19 novembre 1870.

■ place de la Résistance:

- c’était là que se trouvaient la mairie et la sous-préfecture ; les Prussiens, lors de l’attaque, se retranchèrent derrière le parapet en pierre qui séparait le jardin de la sous-préfecture avec la place.

Les souvenirs de la guerre de 1870 encore présents à Châtillon sur Seine

■ église Saint-Nicolas:  

Plaque à la mémoire des soldats morts lors de la guerre, sur le premier pilier gauche en entrant

■ rue Docteur Robert:

Les souvenirs de la guerre de 1870 encore présents à Châtillon sur Seine

- A cet angle entre les rues du Docteur Robert (autrefois de Chaumont) et de la rue de l’Abbaye, trois maisons furent incendiées, le 23 novembre 1870, en représailles, car des soldats et un officier prussiens y avaient été tués (n° 72 à 76 aujourd’hui; autrefois, n° 78 à 82).                                                   

Au n°82, habitaient les grands-parents de M. Charles, qui avaient un café.

Au petit matin, ils entendirent un grand bruit et le grand-père descendit voir ce qui se passait.

C’était un Prussien, blessé, qui s’était réfugié là.

Mais survinrent des francs-tireurs qui abattirent l’homme, puis repartirent.

Le grand-père jugea utile de le sortir dans la rue, puis de laver soigneusement le plancher.

Mais, le lendemain, ses voisins lui firent remarquer qu’il y avait eu trop de bruit chez lui et qu’il risquait fort d’être inquiété.

Aussi partit-il sur le champ, avec sa femme et ses fils, n’emportant qu’une valise, vers Larrey, où il possédait une petite maison.

Bien lui en prit, car les Prussiens mirent le feu à sa maison châtillonnaise, mais il ne fut pas inquiété et put revenir chez lui à la fin de la guerre.

- Église Saint-Jean:

Les souvenirs de la guerre de 1870 encore présents à Châtillon sur Seine

le puits des prussiens; au chevet de l’église, du côté Est, existait avant 1900 une margelle de puits ou de citerne; il fut appelé ainsi car on raconte que les Prussiens tués par les francs-tireurs furent jetés dans ce puits.

- Château Marmont:                                                                                                                ce château fut construit en grande partie par le maréchal Marmont, duc de Raguse.

Il fut ultérieurement acheté par la famille Maître et, en 1870, était la propriété du maire de Châtillon, Achille Maître.

C’est dans la nuit du 24 au 25 novembre 1870 que le feu prit au château, lequel fut en grande partie détruit.

Les souvenirs de la guerre de 1870 encore présents à Châtillon sur Seine

■ Rue Saint-Jean:

- Cimetière Saint-Jean: monuments aux Francs-Tireurs tués lors de la «surprise» de Châtillon et aux Prussiens décédés lors de la guerre (plus la tombe du major Alvensleben)

■ rue du Bourg-à-Mont:

Les souvenirs de la guerre de 1870 encore présents à Châtillon sur Seine

- au n° 39,traces de balles, tirées lors de l’attaque garibaldienne; c’est dans cette propriété (n° 39 et 41; autrefois, propriété Barrachin) que couchait le major von Alvensleben et c’est par une porte dérobée du parc qu’il chercha à s’enfuir.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0

Publié le 16 Novembre 2021

L'historien Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Les Amis du Châtillonnais ont demandé à l'historien Patrick Serre de présenter, le 20 novembre 2021,  une conférence sur la "Bataille de Châtillon du 19 novembre 1870" que nous appelons aussi "la surprise de Châtillon".

Jenry Camus a présenté Patrick Serre aux auditeurs venus très nombreux écouter cette passionnante conférence, couplée à la superbe exposition sur la guerre de 1870, une guerre oubliée...

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Patrick Serre a tout d'abord évoqué le contexte qui a permis cette funeste "bataille de Châtillon"

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Le Contexte :

Le général Prussien Auguste Von Werder assiège Strasbourg du 12 août 1870 au 28 septembre 1870, la ville est dévastée.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Le général français Uhrich capitule le 28 septembre.

En octobre 1870 a lieu la honteuse capitulation de Bazaine à Metz, où il livre aux Prussiens  cent vingt mille combattants, vingt mille blessés, ses fusils, ses canons, et ses drapeaux, trahison suprême...

En effet, on ne rend pas les drapeaux à l'ennemi, nous dit Patrick Serre, au besoin on les détruit, mais ils ne sont jamais livrés à l'adversaire.

Les Prussiens descendent ensuite vers le sud avec 60 000 hommes dans l’intention de mettre le siège devant Lyon.

En octobre 1870 ils rentrent en Côte d’Or.

A ce moment là les troupes françaises sont démunies : pas d’artillerie, pas de cavalerie, des soldats mal vêtus pour les mobiles, parfois avec un fusil….pour dix et au surplus sans les munitions qui vont avec !

L’armée de Von Werder arrive à Dijon où normalement elle ne doit pas s’arrêter , leur route pour aller à Lyon devant passer entre Dijon et Besançon.

Le Colonel Fauconnet, voyant l’état désastreux de ses troupes déclare Dijon « Ville ouverte » au grand désespoir des habitants, car ceux-ci veulent défendre leur ville.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Fauconnet revient sur sa décision, le combat a lieu, mais la ville tombe le 31 octobre et Fauconnet perd la vie... juste après avoir été nommé Général.

Von Werder envoie des patrouilles de reconnaissance depuis Dijon (dans le Val de Saône, la côte viticole, l'arrière-côte, la vallée de l'Ouche etc...) et partout s’aperçoit que ses troupes sont prises à partie par des mobiles ou des franc-tireurs en embuscade, avec le concours des populations locales.

Pour bien faire comprendre aux auditeurs  l'origine de la bataille de Châtillon, Patrick Serre a présenté ensuite Giuseppe Garibaldi  et sa famille.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Garibaldi est l’unificateur de l’Italie, il était l'adversaire de Napoléon III lors des guerres du "Risorgimento", mais il aime la République Française qui a remplacé l'Empire.

En arrivant à Marseille il déclare : « J’offre ce qui reste de moi à la jeune République Française ».

Gambetta le reçoit et accepte son concours pour lutter contre les prussiens.

C’est le début de l’Armée des Vosges, composée de 2 500 à 3 000 italiens, sans artillerie, ni cavalerie avec peu d’infanterie.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Garibaldi met en place quatre brigades avec à leurs têtes  ses fils   Menotti (3ème) et Ricciotti (4ème) ainsi que le comte Bossak (1ere) et le colonel Delpech (2ème).

Son gendre Canzio est sous-chef d'Etat-Major et Bordone son chef d'Etat-Major.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Un portrait de  Ricciotti Garibaldi :

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Une sentinelle de la 4ème brigade :

L'historien Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Les francs-tireurs de cette époque agissent comme le font de nos jours les « Forces Spéciales », il s’agit pour eux de désorganiser l’ennemi.

Ces francs-tireurs s’équipent à leurs frais et n’obéissent qu’à eux-mêmes. Pour beaucoup d'entre eux ils seront habillés à la façon de « Tartarin de Tarascon ».

Certains d'entre eux, venant des Alpes ou des Pyrénées, porteront le vaste béret basque qui deviendra emblématique des unités alpines.

Ce n'est d'ailleurs que beaucoup plus tard, que seront créés les Chasseurs Alpins (en 1888) qui s'inspireront des Chasseurs des Alpes de la 4ème brigade sous le commandement du CBA (chef de Bataillon) Michard.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Ricciotti Garibaldi a sous ses ordres une brigade de choc : 1200 à 1 400 hommes, et avec lui le commandant Michard.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Début novembre les Prussiens prennent Chaumont et se dirigent vers Orléans.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Sur leur passage se trouve la petite ville de Châtillon sur Seine, bien placée car au croisement de plusieurs routes et desservie par le chemin de fer.

Les Prussiens s’y installent, non en « bivouaquant » comme le font les français, mais en « cantonnant », c'est-à-dire qu’ils réquisitionnent les maisons et s’installent chez les habitants.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Mais les envahisseurs ont oublié une chose , celle de « garder » leurs troupes ….erreur fatale que va, le moment venu, exploiter à fond la brigade de  francs-tireurs de Ricciotti.

Le décor est planté, mais revenons  un instant à ce qui se passait  à Dijon  que les Prussiens avaient conquise le 30 octobre 1870.

Dans la perspective de son attaque en vue de reprendre Dijon le 30 novembre 1870, Giuseppe Garibaldi a l’idée d’une « diversion » qui obligerait les prussiens qui occupent la ville de Dijon à se déplacer vers le nord…c'est-à-dire vers Châtillon.

Garibaldi envoie donc la brigade de Ricciotti attaquer les Prussiens installés confortablement à Châtillon (mais non gardés !)

Le 15 novembre le plan est arrêté, mais il faut se méfier des « oreilles  indiscrètes »….il faudra donc que la brigade de Ricciotti soit extrêmement prudente.

Et pourtant le chemin sera long : 130 kms en partant d’Autun , puis Saulieu, Semur, Montbard, Coulmier, puis Ampilly le Sec, avec une météo épouvantable.

Au passage des francs-tireurs, les villages sont « verrouillés » pour qu’aucune information ne filtre.

Pour avoir tout de même des informations, un certain Loguiot se déguise en femme, il entre dans Châtillon accompagné de son vieux père.

Il séduit un prussien qui, naïvement, lui indique où logent les officiers, où sont leurs chevaux etc….une aubaine pour Ricciotti  (qui cherchera aussi d’autres sources d’informations…)

Le 19 novembre 1870, Ricciotti avec ses 300 à 400 francs-tireurs attaque  Châtillon par l’ouest, Michard avec 100 hommes  attaque par l’est de la ville.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

(Document transmis par l'Historien allemand Rainer Bendick:  en rouge le trajet de Ricciotti, en vert celui de Michard))

Il faut faire vite, on ne doit pas utiliser d’armes à feu, seulement des armes blanches, l'attaque doit être faite par surprise, sans aucun bruit.

Une première sentinelle prussienne voyant ce qui se passe s’enfuit après avoir tiré sur Michard qui n’est pas blessé (Ce Michard aura la  "baraka", car il essuiera deux autres coups de feu lors de l’attaque de Châtillon, son rôle étant de sécuriser les hauteurs de la ville, mais n’aura aucune blessure !)

L’ennemi prussien est littéralement sidéré, le major Von Alvensleben commandant des hussards, qui s’enfuyait à cheval, sera tué.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Les soldats prussiens sont attaqués par les francs-tireurs dans les maisons particulières où ils cantonnaient, les officiers le sont dans l’hôtel de la Côte d’Or où ils logeaient bien confortablement.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Les soldats et les officiers prussiens qui ont pu échapper aux francs-tireurs  se réfugient dans l’Hôtel de Ville .

L'officier prussien Lettgau envoie les hussards à cheval contre les francs-tireurs, mais ils sont encerclés, les chevaux sont volés, des otages sont capturés.

Lettgau demande alors de l’aide au régiment prussien basé à Châteauvillain, tout en restant bien à l’abri à la mairie, quel courage !

Mais le raid terminé, Ricciotti  renonce à attaquer l’Hôtel de Ville, il part avec ses 120 prisonniers vers Ampilly, mais aussi avec les chevaux des prussiens …et la caisse de l’Etat-Major !

Les renforts prussiens sous les ordres du général Major Von Kraartz-Koschlau, arrivent de Châteauvillain, s’assurent que les francs tireurs sont bien partis…alors de terribles représailles commencent pour le malheur de notre ville.

L'historien Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Le Maire de la ville, Monsieur Achille Maître est emmené avec 40 à 50 otages

L'historien Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Châtillon devient  « ville ouverte », livrée aux pillages, aux incendies, aux assassinats dans la nuit du 22 au 23 novembre 1870.

L'historien Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

Une deuxième série d’otages châtillonnais (130) doit être fusillée par les Prussiens….mais ils ne le seront pas, car Ricciotti menacera de fusiller en contrepartie  les 120 otages prussiens qu’il détient.

En conclusion de sa belle conférence, Patrick Serre résume les résultats de ces  opérations tant  du côté Prussien, Français que Châtillonnais  :

-Côté Prussien : Les soldats prussiens ont récupéré leur station, ils ont nettoyé en règle la ville à la recherche de francs-tireurs, et du 5 au 10 décembre tout le secteur de Châtillon à Montbard est bouclé

-Côté Français : les français se glorifient, à juste titre, du succès de leur raid, mais la tentative de diversion de Giuseppe Garibaldi n’a pas fonctionné lors de l'opération principale de reprise de Dijon quelques jours plus tard.

En effet les prussiens ne sont pas montés à Châtillon pour défendre leurs troupes, ce sont ceux de Châteauvillain qui s’en sont chargés.

La bataille de Dijon a lieu les 25, 26, 27 novembre 1870,  et c’est un échec pour Garibaldi.

-Côté Châtillonnais : les habitants de Châtillon sur Seine ont souffert des représailles prussiennes, mais pas tant que cela finalement , en comparaison de la destruction massive de villes comme Bazeilles ou Châteaudun ...Châtillon a eu finalement de la chance dans son malheur !

Les Châtillonnais  auront une rançon à payer à la Prusse, 1 million de francs….mais elle ne sera jamais acquittée…

Notes complémentaires :

-Le Roi de Prusse refusera le rapatriement du corps du Major Richard Von Alvensleben en Allemagne, considéré comme traître à sa Nation, il sera enterré au cimetière Saint-Jean à Châtillon sur Seine où l'on peut toujours voir sa tombe.

-Le bruit a couru que les prussiens avaient incendié volontairement le château Marmont, c’est faux, il s’agirait en fait  d’un malheureux accident dû à une chaudière trop chargée.

Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

 Les nombreux visiteurs ont applaudi à Patrick Serre pour son très bel exposé, extrêmement documenté.

J'ai enfin compris, grâce à lui,  le pourquoi de la bataille de Châtillon : Celle-ci a eu lieu grâce à une idée d'opération de diversion conçue par Giuseppe Garibladi, tactique qui aurait pu réussir mais qui aura finalement échoué, pour le plus grand malheur de notre ville.

Ne nous étonnons donc pas qu'aucune rue de notre ville ne porte le nom de Garibaldi, alors qu'à Dijon il a hérité d'un boulevard !!

( Et un grand merci à Patrick Serre d'avoir relu et corrigé mon texte  et d'y avoir apporté des éléments complémentaires indispensables)

A noter que Patrick Serre reviendra à Châtillon sur Seine, le samedi 18 juin 2022, pour présenter une nouvelle conférence sur :

"Les femmes dans la guerre de 1870-1871".

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0

Publié le 15 Novembre 2021

NOTULE D’HISTOIRE

Deux châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, en 1870 :                                

  Eugène Riu et Louis Blairet

L’un est militaire, l’autre journaliste, l’un est devenu Châtillonnais par mariage, l’autre est né à Laignes, mais tous deux ont combattu aux côtés de Garibaldi, en Côte d’Or,lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871.

Le premier est Eugène Marie Joseph Daniel Clélia Riu, né à Montpellier le 15 juillet 1832.

Apprenti-sculpteur, il s’engage à 19 ans, en 1851, comme soldat au 10erégiment d’infanterie.

Le 6 février 1866, il se marie avec Anne Léonille Beau, à Chamesson.

Le 15 octobre 1869, il est promu capitaine.

Il quitte Paris avec son régiment, le17 juillet 1870, pour gagner Metz, avant même la déclaration de guerre avec la Prusse, le 19.

Mais la ville capitule le 27 octobre.              

Le capitaine Riu n’a pas l’intention de se laisser emmener en Allemagne et, avec quelques autres officiers et revêtus d’habits civils, il arrive finalement à Chaumont, le 5 novembre, non sans avoir été arrêté dans son périple par les prussiens et les français, mais il pût à chaque fois se libérer.

Le 6, le préfet de Haute Marne l’envoie, avec des francs-tireurs à peine organisés, pour s’opposer à la marche des prussiens à Provenchères (Haute Marne) ; il y recevra une blessure à l’arcade sourcilière et c’est sa femme, en parcourant le champ de bataille avec une religieuse, qui le retrouvera parmi les blessés.

Le 8 novembre, la retraite de Chaumont sur Langres est décidée et Riu est chargé, avec les francs-tireurs du Tarn, de la couvrir contre les attaques de la cavalerie prussienne.

Le même jour, il est nommé chef de bataillon (commandant).

On veut le retenir à Langres, mais il préfère rejoindre Ricciotti Garibaldi et les francs-tireurs du Tarn qui s’étaient déjà réunis à lui.

Par Recey (où il laissa son cheval), Aignay et Semur, il arrive à Avallon le 14 novembre, avec son ordonnance Guizard et 4 autres évadés de Metz.Là, il se mit au service de Ricciotti Garibaldi, tout en étant officier de l’armée française.  

   Il fut nommé chef d’état-major et se fit appeler d’Houdetot[i].

Deux Châtillonnais

figure 1 :Photographie du colonel Riu en mars 1871 (Militaria)

[i] Grenest : l’armée de l’Est ; « Ricciotti, nous dit l’historien Mignard, avait pour chef d’état-major un capitaine d’infanterie évadé de Metz, nommé Rieusse (Riu) de Chamesson, qui se faisait appeler d’Houdetot, et qui était un excellent militaire ».

 

Un de nos vaillants soldats, sorti du rang, un échappé de Metz, toujours actif malgré sa blessure, le capitaine Riu, de Chamesson, offrit ses services. Il était du pays ; il fut écouté. De Saint-Dizier, Joinville, Chaumont, Châteauvillain, Châtillon, Nuits, Tonnerre, stations importantes de cette ligne, il montra au général(Ricciotti) que Châtillon, avec son nœud de cinq routes et son embranchement de voies ferrées, était le point le plus solidement occupé et aussi le plus important. Châtillon fut choisi comme objectif[i].                                                                                                     L’attaque eut lieu le matin du 19 novembre, par la rue de Chaumont (l’actuelle rue Docteur Robert), et la route de Montbard (l’actuelle avenue Maréchal Joffre) : Les Vosgiens du capitaine Welcker avaient couru droit à l’ancienne poste aux chevaux. Loguiot, notre guide, ancien chasseur d’Afrique, savait qu’il y avait là presque toute la cavalerie de l’escadron[ii]. La cavalerie, composée de hussards, était répandue dans la rue de Chaumont., principalement à l’ancien hôtel de la Poste aux chevaux, à cause des écuries [iii]. Les hussards se cachent sous les auges, ou dans les coffres d’avoine, ou dans la paille. Vite, on empoigne tout et, en sortant, on se casse le nez sur les camarades qui revenaient. Eclat de rire formidable. Jésus, mein Gott ! Ils n’eurent qu’à emboîter le pas, menant eux-mêmes leurs chevaux par la bride [iv].                                                                                                                           Ricciotti Garibaldi confirme cette prise [v]:

 Et Welker, commandant les Francs-Tireurs des Vosges, ancien négociant en chevaux, qui disparut à mes yeux au début de l’assaut de Châtillon, et lorsque je le vis reparaître, il menait les quatre -vingt-deux chevaux d’un escadron prussien. Cette prise avait été son unique préoccupation, et comme il n’avait pas assez de francs-tireurs pour conduire tous ces chevaux, il les fit amener à la main par les hussards prussiens eux-mêmes, qu’on avait fait prisonniers.

 

[i] Dormoy P.A : Souvenirs d’avant-garde ; volume II ; Paris, 1887

[ii] Dormoy, op.cit.

[iii] Siebecker Edouard : le marchand d’œufs ; le Châtillonnais et l’Auxois, 5 juillet 1886

[iv] Dormoy, op.cit.

[v] Garibaldi Ricciotti : Souvenirs de la campagne de France 1870-71 ; traduction de Philippe Casimir ; Nice, 1899

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Figure 2 : Au retour de la "surprise de Châtillon' vers Ampilly le Sec (Grenest, l'armée de l'Est, relation anecdotique de la campagne de 1870-1871 Paris 1895)

Quand l’armée des Vosges se créa, on ne trouvait que 43 hommes du 7e chasseurs à cheval, avec le commandant de Batsalle[i] ; à la création de la 4e brigade de Ricciotti Garibaldi, il n’y avait seulement que quelques cavaliers éclaireurs, commandés par le lieutenant Radowitz[ii].

La « surprise de Châtillon » permit, non seulement de faire des prisonniers et de prendre la caisse du régiment, mais aussi de prendre 82 chevaux dressés avec leur harnachement.

Dans un premier temps, en revenant à Coulmiers, la cavalerie fermait la marche…

On avait hissé sur les chevaux les hommes blessés ou fatigués qui ne pouvaient suivre la colonne[iii].

Après une nuit réparatrice à Coulmiers, la 4e brigade quitta le village pour Montbard : La matinée du 21 fut consacrée à l’essai de cavaliers volontaires, destinés à monter les chevaux pris à l’ennemi.

On commençait la formation d’un escadron d’éclaireurs pour la brigade[iv]

Cet escadron, appelé escadron de Châtillon ou escadron des guides de Châtillon ou cavaliers volontaires de Châtillon, compta 70 hommes au Ier janvier 1871 et fut définitivement attaché à la quatrième brigade (celle commandée par Ricciotti), par l’ordre du jour n° 134, du 27 janvier 1871[v].

 

[i] Blairet Louis : L’armée des Vosges et les Garibaldiens ; Fécamp, 1891

[ii] Thiébault Edmond : Ricciotti Garibaldi et la 4e brigade ; Paris, 1872

[iii]Thiébault:op.cit.

[iv]Thiébault: op.cit.

[v] Bordone (général) : Garibaldi et l’armée des Vosges ; Paris, 1871

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Figure 3 : Les forces de Garibaldi dont les cavaliers volontaires de Châtillon "La guerre franco-allemande de 1870-1871, rédigée par la section historique du grand Etat-Major prussien"tome IV

Le commandant des Uhlans, le major von Alvensleben, logé en haut de la rue du Bourg-à-Mont, dans la propriété Barrachin, refusant de se rendre, avait cherché à s’enfuir par une porte de jardin, comptant sur la vitesse de son cheval.

Mais il fut tué par un jeune franc-tireur de la Savoie, le sergent Guillet.

Le casque argenté du major fut emmené comme un trophée, mais Riu conserva le cheval du major[i].

Ce cheval, né à Auch chez le comte des Cars, avait fait ensuite partie des écuries de Napoléon III ; il avait été vendu aux Allemands après la bataille de Sedan.

Riu le renomma Châtillon le Uhlan, le garda pendant toute la guerre et le fit courir ensuite sur le champ de courses du sud-est.           

Après la « surprise de Châtillon », le colonel Riu se rendit à Tours, où il est nommé chef de bataillon ; là, il va être engagé au service de renseignements.

Le colonel Riu retrouvera Ricciotti Garibaldi à Avallon, en janvier 1871[ii].

Nommé lieutenant-colonel hors cadre, attaché au ministère de la Guerre, il prend le commandement d’un corps de tirailleurs, le 18 janvier 1871[iii].                                           

Il deviendra, après-guerre, général, puis sera élu député du Loir et Cher, de 1893 à 1895.

[i] « Au cours du corps à corps, Riu transperce l’officier allemand d’un coup de sabre, mais celui-ci, en tombant sur un tas de fumier, l’entraîne dans sa chute et le mourant le saisit à la gorge et serre pour l’étrangler. Il y serait sans doute arrivé, si des soldats français venant à la rescousse ne l’avaient achevé en lui brisant le crâne à coups de crosse. Riu conservera au cou la trace bien visible des cinq doigts d’une main de l’officier allemand » (le général Eugène Riu ; Ponsignon Jean, Cahiers du Châtillonnais, n° 225 ; réédition : Général Riu, un général hors normes ; Feuillage, Illustrated édition, 2020).                                                                                                                  

Si Riu n’a pas tué le major, il peut s’agir d’une ordonnance qui l’accompagnait. Riu, en tant qu’officier, avait laissé son cheval à Recey et donc n’en avait plus. Plus tard, en 1881, en marge d’un procès, le colonel Riu déclara qu’ils avaient faits prisonnier un officier allemand, qui lui remit son cheval et son épée, lui demandant de la garder jusqu’à la fin des hostilités ; mais Riu le fit fusiller.

En 1874, La Chronique Béarnaise écrivit que « c’est à Châtillon que le colonel Van-der-Hop fut tué par un officier français » et que le cheval fut surnommé ainsi.

[ii] Selon ses états de service, il fut blessé d’un coup de pistolet à la jambe gauche, le 27 janvier 1871, à l’affaire de Bricon, en Haute Marne (armée de l’Est)

[iii] Le 28 janvier 1871, il sera nommé colonel ; la veille, à l’affaire de Bricon (Haute Marne), il avait été blessé par un coup de pistolet à la jambe gauche

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Figure4 : caricature du colonel Riu parue dans la revue "les hommes d'aujourd'hui"

Décédé à Paris le 24 janvier 1895, ses cendres seront ramenées à Chamesson.                            

A Montpellier, sa ville natale, une rue porte son nom.   

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Figure 5 : La chapelle de la famille Riu-Ponsignon, cimetière de Chamesson. cliché D.Masson

Le deuxième personnage est Louis Blairet, né à Laignes le 10 janvier 1843.

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Figure 6 : Acte de naissance de Louis Blairet, état-civil de Laignes

La famille, après quelques hésitations, lui permit d’aller à Paris ; après quelques années passées comme employé de banque, intéressé par la politique, il va devenir publiciste.

Il travailla, en 1866, au Figaro[i], et se spécialisa dans les affaires espagnoles.

En 1869, il publie « Espagne et Cuba, situation politique, financière, industrielle et commerciale ».

A cette occasion, il devint homme de confiance de Juan Prim, général espagnol qui fut l'un des leaders de la révolution de 1868, qui renversa la reine d'Espagne Isabelle II et qui sera nommé régent en 1869.

Il publiera aussi un livre sur lui[ii].

En 1869, il fonde à Paris « La convention américaine » et « La correspondance générale d’Espagne ».

En 1870, il part pour Montévidéo, en Uruguay.                                                                                                    Depuis le début du XIXe siècle, l’Uruguay avait connu une grande émigration ; les 2/3 de ses habitants étaient d’origine étrangère et la moitié d’entre eux, soit une personne sur trois, était un français, le plus souvent né dans le bassin de l’Adour ou dans une vallée pyrénéenne.

Lors de la « Guerra Grande », qui opposa, de 1838 à 1852, le parti « rouge » au parti « blanc » (le dictateur argentin Rosas, soutenu par les anglais), les français et les italiens de Montévidéo furent les premiers à vouloir s’organiser pour défendre leurs familles et lutter par leurs propres moyens contre la menace des assiégeants.

Une légion française fut créée, comprenant 2500 légionnaires français, mais aussi 500 émigrés argentins, 800 gardes nationaux uruguayens, 1800 noirs émancipés pour l’occasion et 500 légionnaires italiens commandés par Giuseppe Garibaldi, qui avait réorganisé ces troupes et les avait habillées d’une tunique rouge.

C’est aussi à Montévidéo que se marièrent Guiseppe et Anita et que naquirent Rosita, Teresita et, en 1847, Ricciotti.

Mais, en juin 1848, apprenant les bouleversements qui ont lieu en Italie, le couple y revint et Garibaldi se mit au service du roi de Piémont-Sardaigne afin d’aider à la réalisation de l’unité italienne.   

 En octobre 1870, Garibaldi offrit ses services à la France et c’est tout naturellement que, lorsque la nouvelle de la guerre franco-prussienne parvint à Montévidéo, nombre de français voulurent aller secourir leur ancienne patrie.

Louis Blairet était à Montévidéo lorsque arriva la nouvelle des désastres en France et il décida de partir combattre en France.

Le 31 octobre 1870, Louis Blairet partait de Montévidéo :

  La légion franco-montevidéenne, qui m’avait élu capitaine-commandant à l’unanimité, prit passage à bord de l’Amazone, se rendant à Bordeaux…

Il y avait avec nous des volontaires de Buenos-Aires, de Santa-Fé, de Rio-de-Janeiro et de Pernambuco, parmi lesquels notre consul de cette dernière ville.                       

Ce départ de volontaires avait été précédé par celui des Francs-Tireurs de Montévidéo, sur le paquebot La Gironde, commandés par le capitaine de Fries[iii].

 

[i] Il est aussi correspondant spécial du journal « le Châtillonnais et l’Auxois » ; il publie également, dans « le Panthéon biographique », en 1866, une « notice biographique du général Adrian Woll, premier aide de camp de l’empereur Maximilien Ier »

[ii] « Documents pour servir à l’histoire contemporaine. Juan Prim, peint par lui-même, lettres inédites du général Prim, révélations sur les hommes de la Révolution de septembre 1868 » ; Paris, 1869.

[iii] Selon J.B Dumas, « la guerre sur les communications allemandes en 1870 » (Paris, 1891), l’effectif, formé le 26 octobre 1870, comptait 5 officiers et 87 francs-tireurs

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Figures 7et 8 : Poignard offert par de Fries à Riu "au brave colonel Riu souvenir du commandant de Fries, des Francs-Tireurs de Montévidéo"  collection Jean Ponsignon

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Depuis le début du XIXe siècle, l’Uruguay avait connu une grande émigration ; les 2/3 de ses habitants étaient d’origine étrangère et la moitié d’entre eux, soit une personne sur trois, était un français, le plus souvent né dans le bassin de l’Adour ou dans une vallée pyrénéenne.

Lors de la « Guerra Grande », qui opposa, de 1838 à 1852, le parti « rouge » au parti « blanc » (le dictateur argentin Rosas, soutenu par les anglais), les français et les italiens de Montévidéo furent les premiers à vouloir s’organiser pour défendre leurs familles et lutter par leurs propres moyens contre la menace des assiégeants.

Une légion française fut créée, comprenant 2500 légionnaires français, mais aussi 500 émigrés argentins, 800 gardes nationaux uruguayens, 1800 noirs émancipés pour l’occasion et 500 légionnaires italiens commandés par Giuseppe Garibaldi, qui avait réorganisé ces troupes et les avait habillées d’une tunique rouge.

C’est aussi à Montévidéo que se marièrent Guiseppe et Anita et que naquirent Rosita, Teresita et, en 1847, Ricciotti.

Mais, en juin 1848, apprenant les bouleversements qui ont lieu en Italie, le couple y revint et Garibaldi se mit au service du roi de Piémont-Sardaigne afin d’aider à la réalisation de l’unité italienne.                                                                                

En octobre 1870, Garibaldi offrit ses services à la France et c’est tout naturellement que, lorsque la nouvelle de la guerre franco-prussienne parvint à Montévidéo, nombre de français voulurent aller secourir leur ancienne patrie.

Louis Blairet était à Montévidéo lorsque arriva la nouvelle des désastres en France :                                                                                                                             Je n’hésitai pas à sacrifier tout ce que je possédais, et je fis appel au patriotisme de mes compatriotes, dans des conférences tenues au théâtre Solis.

De nombreux volontaires se firent inscrire chez moi ; on organisa des souscriptions destinées à payer le passage…

Les dames de Montévidéo nous avaient confectionné un drapeau sur lequel étaient inscrits ces mots : « RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, LÉGION FRANCO-MONTÉVIDÉENNE » …

Les volontaires français de l’Amérique du Sud, avant leur embarquement opéré par les soins de la Commission d’organisation, d’accord avec le consul français, avaient chacun reçu leur certificat d’admission, identique à celui qui m’était particulier, conçu ainsi au recto :

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

LÉGION FRANCO-MONTÉVIDÉENNE

Certificat d’admission

La commission organisatrice dudit corps, après présentation des pièces justifiant la nationalité et l’identité du citoyen James-Louis Blairet, natif de Laignes (Côte d’Or), âgé de vingt-huit ans, a accepté son engagement comme volontaire dans le corps de la Légion franco-montévidéenne.

Ledit volontaire s’engage à servir avec honneur et fidélité, à se soumettre à la direction de ses chefs avec l’obéissance et le respect les plus complets pendant toute la durée de la guerre contre la Prusse ; il renonce, en outre, à toute idée de jamais se séparer volontairement de ses compagnons d’armes pendant toute la durée de ladite guerre, et à se conformer strictement aux règlements inscrits au verso du présent certificat d’admission.

Fait à Montévidéo (République orientale), le 26 octobre 1870.

Le trésorier,                                         le Président                                  Le secrétaire                                  D. Gouynouilhou fils, ainé                       V. Sabé                                  Raoul Legout

Enregistré sous le n° matricule n° 1

(au verso : chaque engagé volontaire ne sera admis que sur la présentation de pièces prouvant son identité et sa MORALITÉ.

Pour la discipline et l’ordre : les fautes seront punies comme l’indique le Code de justice militaire de l’armée française)

Au débarquement, nous eûmes beaucoup à souffrir du froid auquel nous n’étions plus habitués, et plusieurs de nos compagnons moururent des suites d’une bronchite aiguë… 

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Figure 9 : "L'armée des Vosges et les Garibaldiens" publié par Louis Blairet. Fécamp, réédition de 1891

Mais Blairet avait trouvé que la Légion franco-montévidéenne était un peu trop indisciplinée et il se fit nommer, à la date du 14 décembre, chef d’un corps franc espagnol réuni à Lyon à destination d’Autun, destiné à l’armée des Vosges, sous le général Garibaldi, et la Légion fut confiée au lieutenant Jacques Collin[i].

Blairet se retrouve alors, avec un Espagnol du nom d’Artigala, à la tête d’une compagnie composée de 4 sous-officiers et de 44 volontaires espagnols[ii].

A la bataille de Dijon, le 21 janvier 1871, le bataillon franco-espagnol perdit le quart de son effectif. 

Cependant, le 23 février, ce fut la signature d’un armistice entre la France et la Prusse, mais les départements du Doubs, du Jura et de la Côte d’Or en étaient exclus.

Ordre fut alors donné à Garibaldi d’évacuer Dijon.

Elu député en février 1871, le général partit à Bordeaux et confie le commandement de ses troupes au général Menotti.

Mais, après une cabale contre lui, Guiseppe démissionna de son poste, ainsi que du commandement de l’armée des Vosges et s’embarqua à Marseille pour retourner en Italie.

A l’armistice, je fus, par ordre de Garibaldi, envoyé à Bayonne, pour veiller au rapatriement des Espagnols volontaires de l’armée des Vosges…

Ce n’est qu’au mois de février 1872, plus d’un an après l’armistice, que je reçus la solde qui m’était due… 

Cependant, Blairet avait essayé de se faire élire en Côte d’Or, en remplacement de Garibaldi, mais c’est Henri Frédéric Lévêque qui fut élu.

Et il redevint journaliste et écrivain[iii].

Il fut directeur politique de "La dépêche de Toulouse" de 1879 à 1882, puis, le 5 août 1889, il devint le directeur gérant du« Mémorial cauchois », journal républicain de Fécamp, en Seine-Maritime, journal qu’il dirigea jusqu’à son décès, le 28 avril 1897.

Il était officier d’Académie et chevalier du Mérite agricole[iv].

[i]Cette compagnie, formée le 16 décembre 1870, comptait 1 officier et 37 francs-tireurs (Dumas, op.cit.)

[ii]Parmi les très nombreux corps étrangers qui finissent par former l’armée des Vosges, on trouve quatre corps désignés comme espagnols : la Légion espagnole, la Légion garibaldienne espagnole, la Guérilla franco-espagnole et la Compagnie espagnole.

On laisse à penser qu’un même contingent d’Espagnols a été divisé en deux corps.

On n’en sait guère plus sur ce corps, si ce n’est le récit qu’en fait Blairet dans son livre ; « Ayudemosa Francia : les volontaires espagnols dans la guerre franco-allemande de 1870-1871 », Alexandre Dupont, Mélanges de la Casa de Velázquez.

[iii]Il publia, entre autres, « Contes et nouvelles », « Fausse route », « Hommes et choses », De Paris au Cap Horn », « Péchés de jeunesse », « Pour encourager les petits-enfants qui seront plus tard des grands agriculteurs », « Les questions agricoles devant la Chambre », « Le Salvador », Vive la République », « Silhouettes Fécampoises », « Pensées et maximes au jour le jour », etc.

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Figure 10 : Lettre adressée par Blairet aux habitants de la Côte d'Or, pour se faire élire député (AMC,4H11)

Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

Figure 11 : Portrait de Louis Blairet

(Dominique Masson)

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0

Publié le 4 Novembre 2021

Rainer Bendick,  Docteur en Histoire Allemand, a fait des recherches sur le périple qu'effectua le soldat Heinrich Oppermann durant la guerre de 1870.

Un périple qui le fit passer, entre autres villes, par Châtillon sur Seine, où il participa, hélas, aux exactions terribles que firent les Prussiens lors de la fameuse "surprise de Châtillon".

http://www.christaldesaintmarc.com/rainer-bendick-historien-allemand-a-fait-des-recherches-sur-la-campagn-a209630478

Plusieurs lettres d'Heinrich Oppermann  à sa femme, ont été publiées par Dominique Masson dans cet article passionnant :

 http://www.christaldesaintmarc.com/les-consequences-de-l-attaque-du-19-novembre-1870-a-chatillon-un-notul-a210617100

 Les élèves d’un lycée à Salzgitter, ville allemande de la région métropolitaine de Hanovre-Brunswick-Göttingen-Wolfsbourg, ont créé récemment un panneau qui explique l'érection du monument aux morts « privé » érigé par la famille d’Heinrich Oppermann dans leur ville.

C'est ce monument qui avait tant intrigué Rainer Bendick et avait suscité ses recherches, le voici :

Les lycéens  de Salzgitter ont réalisé un panneau près du monument dédié à Henrich Oppermann

Sur ce panneau on peut voir le portrait d'Heinrich Oppermann ...

Les lycéens  de Salzgitter ont réalisé un panneau près du monument dédié à Heinrich Oppermann

ainsi que son itinéraire depuis Braunschweig jusqu'à Montval sur Loir où il mourut.

Vous verrez qu'il est passé à Hamm (ville de Günter Wiesendahl qui nous a donné beaucoup de renseignements sur la guerre de 1870, sur les tombes de soldats ...), et à Châtillon sur Seine bien sûr .

Cliquer pour mieux voir cet itinéraire :

Les lycéens  de Salzgitter ont réalisé un panneau près du monument dédié à Henrich Oppermann

Et pour ceux qui lisent l'allemand, vous pourrez retrouver toute l'histoire de ce monument et de ce soldat, dans ce PDF :

« Druckdaten NEU 2 Erinnerungstafel Salzgitter-22-9-2021.pdf »

 Le Docteur Bendick m'a confié qu'il pensait pouvoir publier, dans deux ou trois ans, une édition critique des lettres d'Heinrich Oppermann.

Voici un article sur la suite de la quête de Rainer Bendick,  en Pays de Loire où est décédé Heinrich Oppermann :

https://lemans.maville.com/actu/actudet_-montval-sur-loir.-sur-les-traces-d-un-soldat-prussien-_14-4792408_actu.Htm

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0

Publié le 4 Novembre 2021

Günter Wiesendahl, historien allemand de Hamm en Westphalie, m'avait révélé que, dans le cimetière de sa ville de Hamm, des soldats français morts durant la guerre de 1870 entre la France et l'Allemagne, étaient enterrés.

http://www.christaldesaintmarc.com/des-soldats-francais-tombes-pendant-la-guerre-de-1870-sont-enterres-en-a204227362

Voici ce que Günter Wiesendahl m'écrit à présent :

Je vous avais déjà parlé ces derniers mois des cimetières de guerre de la guerre franco-allemande à Hamm en 1870/71.

 

Ils sont particulièrement intéressants parce que des soldats des deux nations ont été enterrés ici côte à côte dans l'ordre dans lequel ils sont morts à l'hôpital de Hamm.

 

Les deux champs de sépulture avaient souffert en apparence pendant 150 ans et faisaient maintenant une impression indigne.

 

J'avais réussi à les faire répertorier en 2009, mais personne ne voulait s'occuper de la restauration.

 

Cependant, la communauté catholique a pris maintenant le départ et a mandaté des entreprises spécialisées avec les travaux à l'automne 2021.

 

Le résultat est impressionnant.

 

Avant :

Les tombes de soldats français morts en Allemagne, à Hamm, durant la guerre de 1870, sont actuellement magnifiquement rénovées...

Après :

Les tombes de soldats français morts en Allemagne, à Hamm, durant la guerre de 1870, sont actuellement magnifiquement rénovées...

Une tombe avant :

Les tombes de soldats français morts en Allemagne, à Hamm, durant la guerre de 1870, sont actuellement magnifiquement rénovées...

Après :

Les tombes de soldats français morts en Allemagne, à Hamm, durant la guerre de 1870, sont actuellement magnifiquement rénovées...

 

J'ai déjà reçu un signal de la congrégation évangélique qui veut maintenant suivre l'exemple du côté catholique.

 

Que l'Eglise Catholique de Hamm, qui a désiré rénover ces tombes, soit remerciée et félicitée ! et bravo à l'Eglise Protestante de vouloir en faire autant dans les jours prochains !

Günter Wiesendahl qui s'intéresse de très près à ces tombes françaises a écrit un article sur ces rénovations et m'a envoyé quelques photos.

Voici l'article qu'il a publié le 23 octobre 2021 dans le journal local le "Westfälischer Anzeiger"

« 2021 10 23 WA, Einstige Gegner.pdf »

 Vous y verrez les photos de ceux qui ont réalisé cette splendide rénovation.

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0

Publié le 16 Octobre 2021

Dominique Masson, avec ce nouveau notule, nous conte la fin tragique de Fructueux Terrillon, prêtre de Sainte-Colombe sur Seine...

UN ÉPISODE DE LA GUERRE DE 1870-1871 : LE CRIME DE SAINTE-COLOMBE

 Fructueux Terrillon était né à Sainte Colombe le 9 janvier 1841.

Son père, Simon Claude, était décédé en 1864, il ne restait plus que sa mère, Marguerite Justine, qui mourra en 1895.

Il avait 5 frères.

De santé fragile, il avait failli mourir, étant jeune.

Jeune homme, il se consacra à Dieu et fit des études ecclésiastiques.

En 1870, il était diacre, dernière étape avant d’être ordonné prêtre[i].

Lors de l’invasion de 1870, il mit souvent sa maison à disposition de la municipalité pour décharger les malheureux qu’il voyait autour de lui[ii].

« Le 29 mars 1871, Sainte-Colombe fut occupé par des artilleurs et des uhlans ; les premiers, arrivés le matin, se montrèrent d’une exigence outrée pour obtenir des réquisitions : il fallait nourrir hommes et chevaux, et déjà on en était venu, dans certaines maisons, aux moyens violents.              

Les uhlans ne furent pas moins exigeants, et ce qui exaspérait cette population épuisée par des réquisitions sans nombre, c’est qu’on gaspillait les denrées qui allaient faire défaut.

 M. L’abbé Terrillon, qui se trouvait cejour-là chez sa mère, voulut s’opposer au pillage du peu de foin qui restait à la ferme.

Aidé de deux domestiques de la maison, il résista courageusement aux exigences des Allemands ; mal lui en prit, car dès cet instant sa mort fut résolue.                                   

 Le poste fut prévenu, et le soir même, entre onze heures et minuit, les soldats désignés pour exécuter ce guet-apens odieux et sans nom se rendent chez Madame Terrillon, pénètrent dans ses appartements et, n’y trouvant pas l’abbé, ils fouillent la grange et aperçoivent M. Terrillon et les deux domestiques qui faisaient le guet.                                                                                                         Une lutte s’engage, lutte sans trêve ni merci. C’est l’abbé qui est le point de mire des barbares ; ils tirent sur lui à bout portant, ils le blessent à l’épaule et au bras, puis ils fendent la tête à coups de sabre ; l’infortuné tombe pour ne plus se relever.

Son cadavre est jeté dans la rue, traîné dans un fossé où les Allemands le laissent, le gardant à vue, pour que personne ne puisse le transporter à la maison et lui rendre les derniers devoirs.  

Les deux domestiques sont blessés également, mais sans gravité ; ils parviennent à s’échapper par des passages donnant sur la campagne.                                                                                   

Pendant que ce meurtre sans nom s’accomplissait, un frère de la victime était allé prévenir l’autorité ; mais, à son retour, le crime était consommé, et il fut lui-même arrêté, garroté, maltraité et conduit au poste, pour n’être remis en liberté que le lendemain. 

 Les Allemands ajoutèrent à leur crime en retenant le cadavre de l’infortuné Terrillon ; il ne fut remis à la famille qu’après le départ des dernières troupes, le Ier avril.   

 Dans la nuit du meurtre, le presbytère était envahi, mis à sac, pillé de fond en comble, et cela sans motif apparent, sans raison,et sans qu’aucune autre maison du village ait eu à subir le même sort.   

Toutes ces violences, toutes ces brutalités, tous ces crimes inutiles indiquent que les Allemands nous ont fait une guerre de brigands, et donnent une idée peu avantageuse de la fameuse discipline allemande. Des soldats qui rôdent toute la nuit et dégainent à tout propos sur des gens inoffensifs, sont-ils disciplinés ?

Sous l’œil et la main de l’état-major, ils ont peur, ils se tiennent bien ; mais, dans les faubourgs, ils volent ; à la campagne, ils pillent et ils assassinent.      

Ils ont quitté Dijon le 28 octobre 1871, après avoir enseigné la haine à ceux qui ont dû souffrir leur contact.

On ne l’oublie pas.

Ils sont du moins partis assez à temps pour que, le jour anniversaire de la bataille de Dijon, la patriotique population pût pleurer ses morts sans que le cimetière fût souillé par la présence de ceux qui nous ont dépouillés après nous avoir vaincus ».

 (Lucien Gaudelette : histoire de la guerre de 1870 en Bourgogne ; Paris (vers 1888)

 C’est ainsi que mourut Fructueux Terrillon, qui avait trente ans.

Un épisode de la guerre de 1870-1871 : le crime de Sainte-Colombe

[i] Ce doit être pour cette raison que, sur l’acte de décès, il est déclaré « sans profession ».

[ii] Discours du maire, M. Claude Mortet, à la fin de son mandat, en 1871

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0

Publié le 16 Octobre 2021

Il y a quelque temps, deux éminents professeurs allemands m'ont écrit pour me demander des renseignements au sujet de la fameuse "surprise de Châtillon" qui vit  les francs-tireurs de Garibaldi attaquer les soldats prussiens à Châtillon sur Seine.

Il s'agissait de monsieur Günter Wiesendahl, historien à Hamm, et  de monsieur Rainer Bendick, docteur en histoire de Brunswick.

J'ai transmis aussitôt ces demandes à Dominique Masson.

Ce dernier s'est mis en relation épistolaire avec ces historiens, et ces derniers lui ont transmis des textes allemands rédigés à cette époque  par l' Etat-Major Prussien de Hamm et de Brunswick, mais aussi des articles, des livres, et des lettres que les soldats prussiens écrivaient à leur famille.

Rainer Bendick est même venu à Châtillon sur Seine nous rencontrer et voir tous les souvenirs qui restent de cette fameuse surprise (monuments , tombes etc...)

http://www.christaldesaintmarc.com/rainer-bendick-historien-allemand-a-fait-des-recherches-sur-la-campagn-a209630478

Dominique Masson a pu rédiger l'article qui suit en compilant les récits de l'Etat-Major prussien, de ceux des soldats de Hamm, de ceux des soldats de Brunswick, et de ceux des habitants de Châtillon.

Un article superbe qui nous montre  cette "surprise de Châtillon", vue de façon, oh combien différente,  par les  allemands et les français.

Merci à Dominique Masson pour ce travail magnifique !

 

 LES CONSÉQUENCES DE L’ATTAQUE DU 19 NOVEMBRE 1870 A CHÂTILLON :

LES JOURNÉES DES 22, 23 ET 24 NOVEMBRE

 La IIe armée allemande, le 15 novembre 1870, a, pour commandant en chef, S.A.R le Feld-maréchal-général, le prince Frédéric Charles de Prusse.                                                            

Ses effectifs sont constitués par :

Les conséquences de l'attaque du 19 novembre 1870 à Châtillon

Le IIIe corps d’armée a, pour commandant en chef, le lieutenant-général von Alvensleben II ; le IXe corps d’armée a, pour commandant en chef, le général d’infanterie von Manstein ; le Xe corps d’armée a, pour commandant en chef, le général d’infanterie von Voigts-Rhetz.

Ce corps comprend la 1ere division de cavalerie, la 19e division d’infanterie et la 20e division d’infanterie.

Pour celle-ci, le commandant est le général-major von Kraatz-Koschlau.

Cette division comprend, outre de l’artillerie, la 39e brigade d’infanterie, avec le général-major von Woyna, et la 40e brigade d’infanterie, dirigée par le général-major von Diringshofen. 

                                         Cette dernière comprend :

Les conséquences de l'attaque du 19 novembre 1870 à Châtillon

Le 10 novembre, le commandant en chef est à Troyes, ainsi que le IXe corps d’armée ; le IIIe corps est à Vendeuvre et le Xe corps à Chaumont.

Le général von Kraatz-Koschlau effectua la sécurité dans la direction de Langres, au nord et à l’ouest de cette place forte, tandis que le XIVe corps d’armée était établi à Dijon.                                                                                                             L’inspecteur général d’étapes de la IIe armée, suivant la marche de cette armée vers la Loire, n’avait pu détacher que vers le milieu de novembre une partie de ses troupes de la ligne d’étapes et les pousser vers Châtillon.

C’est ainsi que, le 18 novembre, l’inspection générale d’étapes était à Troyes ; la 3ecompagnie de Unna à Bar-sur-Seine ; les 1ere, 2e et 4e à Châtillon, avec le 2eescadron du 5e de hussards de réserve, arrivés le 17 novembre, sous le commandement du colonel Lettgau  ; à Châteauvillain, la 6ecompagnie de Unna et la 5e à Chaumont ; sur les routes de Bologne-Saint-Dizier et Bologne-Colombey, le bataillon de Soest et le 1er escadron du 5e hussard de réserve ; et, vers Pont-à-Mousson, les bataillons de Detmold et de Paderborn.

La « surprise » de Châtillon, opposant garibaldiens et prussiens, eut lieu le 19 novembre 1870.

Selon le récit officiel du grand état-major prussien :

En apprenant que l’ennemi préparait une nouvelle attaque avec des forces supérieures, le colonel Lettgau se retira le lendemain sur Châteauvillain.

Dans sa marche vers la Loire, le général de Kraatz (il avait laissé devant Langres 2 bataillons, 1 escadron et 1 batterie), arriva dans cette localité le 21 novembre et ramena le détachement à Châtillon (la 6e Unna restait à Châteauvillain). 

Le 23, quatre compagnies du bataillon de landwehr de Soest et un demi-escadron (1ere, 2e, 5e et 6e de Soest- qui s’était portée le 21 sur Bar-sur-Seine- et la moitié du 1er escadron du 5e de hussards de réserve), vinrent l’y rejoindre.

La première de ces troupes avait eu près de Plaines une légère rencontre avec une bande de francs-tireurs.

Le 24, le général von Kraatz continua sa marche sur Joigny.   

Dans ce récit, il n’est nullement mention de représailles exercées à Châtillon, mais simplement de la marche des troupes prussiennes et de l’occupation progressive de la France.     

Cependant, plusieurs témoignages existent, soit du côté allemand, soit du côté français, sur les événements qui se passèrent à Châtillon, lors de ces journées du 22 au 24 novembre 1870.

 Côté allemand, existent d’abord les lettres qu’un soldat allemand, servant dans le 92e régiment d’infanterie du Brunswick, Albert Böhme, écrivit à sa femme, et qui ont été publiées [i].

Böhme était charpentier, âgé de 23 ans et écrivait un allemand assez basique.

Sa lettre du 23 novembre 1870 est datée de « Chattilon » :

Chère Friedericke, cela me fait très mal de savoir comment tu dois vivre maintenant, alors que tu pourrais avoir une meilleure vie si j'étais près de toi.

Je travaillerais pour toi autant que je le pourrais, jour et nuit.

Cela ne m'aigrirait certainement pas autant que maintenant, toutes ces marches fatigantes chaque jour.

Nous devons toujours marcher 7 à 8 heures. Cela fait maintenant plus de 14 jours que nous marchons, et nous en aurons probablement encore 14 avant d'arriver à Paris.  

Chère Gretchen [ii], ici, dans cette ville de Châttoillon [iii], il y a eu des meurtres.

Il y a quelques jours, 2 compagnies d'infanterie de la Landwehr et 2 escadrons de cavalerie de la Landwehr se trouvaient ici en cantonnement d'étape.

Ils ont presque tous été assassinés, blessés et tués par les Francs-tireurs dirigés par Garibaldi.

Nous avons dû entrer avec des mesures de sécurité, en avant les dragons, les sabres tirés, et nous les fusils chargés.

La ville a dû payer pour ça.

Toutes les boutiques ont été pillées et démolies.

Plusieurs maisons ont été incendiées là où la plupart des meurtres avaient eu lieu.

Elles brûlaient encore l'autre matin quand nous sommes repartis… 

Ce soldat n’indique pas spécialement quelles troupes ont perpétué les pillages et les incendies.

Le deuxième témoignage est celui d’Heinrich Oppermann, un jeune paysan, ayant aussi servi comme sous-officier dans le 92e régiment d’infanterie de Brunswick [iv].

Le 22 novembre 1870, il a participé au pillage de Châtillon et il en a fait le récit à ses parents :       

De Langres, nous avons fait route vers Châtillon, où nous avons fait de terribles ravages pendant une journée ; car ici, deux jours auparavant, pendant la nuit, les Français avaient attaqué 300 de nos soldats de la Landwehr et en avaient aussi tué quelques-uns.

En retour, nous, nous avons pris notre revanche, nous avons pillé, nous avons un peu brûlé, ici ou là, et cela brûlait encore lorsque nous quittâmes ce lieu.                                                                                                                                               Le 24 novembre, au matin, le régiment de Brunswick quittait Châtillon et continuait sa marche vers la Loire..                                                                                                                     Pour Oppermann, ce sont les troupes venues à Châtillon, en particulier celles de Brunswick,qui ont pillé et mis le feu à certains endroits.

[i]Albert Böhme venait de se marier le 24 juillet 1870 ; ses lettres ont été publiées par Isa Schikorsky :« Wenn doch dies Elendein Ende hätte”(« Si seulement cette misère avait une fin »)- Ein Briefwechsel aus dem Deutsch-Französichen Krieg 1870/71 » ; Cologne, Weimar, Vienne, 1999.

[ii] Petit nom de sa femme, pour Friedericke

iii] Albert Böhme écrit le nom de Châtillon de façon fantaisiste

[iv] Heinrich Opperman est mort de dysenterie, le 5 mars 1871, à Château-du-Loir (Sarthe). Ses parents ont publié des lettres qu’il a écrites de France, selon les sources du docteur Bendick.

Les conséquences de l'attaque du 19 novembre 1870 à Châtillon

 

Renning Ribbentrop, officier dans le régiment de Brunswick, a publié en 1901 ses mémoires, « Mit den Schwarzen nach Frankreich hinein. Erinnerungen eines Braunschweigischen Offiziers aus dem Krieg 1870/71 » (« En France avec les Noirs. Mémoires d’un officier de Brunswick pendant la guerre de 1870/71 »[i]) ; il a, en particulier, raconté son passage à Châtillon : 

Lorsque le détachement est rassemblé sous le commandement du général von Kraatz-Koschlau, l'avance sur Châtillon sur Seine est ordonnée

Notre tâche était d'obtenir l'expiation de cette horrible atrocité.

Les hommes avaient été avertis au préalable de ne pas exercer de représailles.

Le Maire a reçu l'ordre de fournir des rations pour 10.000 hommes, et 10.000 autres devaient arriver le jour suivant.

Ces nombres excessifs ont été donnés afin d’impressionner les Garibaldiens, sur lesquels la Landwehr avait donné des indications de force très importantes, et pour assurer notre très longue colonne qui était en train de venir, car il était certain pour nous que Garibaldi recevrait des nouvelles de tout ce qui se passait dans la ville.

En outre, la ville devait payer une pénalité d'un million de francs [ii].

Afin de garantir toutes ces demandes et de décourager la population de participer à nouveau à un raid, des ordres ont été donnés pour que chaque compagnie prenne 40 otages masculins et les amène en détention.

Afin d'accomplir cette tâche pas tout à fait facile de la manière la plus simple, puisqu'une grande partie de la population masculine avait quitté la ville, notre capitaine von Vernewitz a pris les chefs de patrouille de sa compagnie et leur a dit, avec sa manière courte et lapidaire :

« Messieurs, nous devons saisir 40 otages ; maintenant chacun de vous prend quelques hommes et vous patrouillez dans les tavernes, où la bande se trouve et bavarde. Vous en prenez autant que vous pouvez. »

En à peine 10 minutes, la 3ème compagnie avait ses 40 otages, et pouvait même donner un surplus à d'autres.  

À Châtillon, nous avons eu une journée de repos.

On m'a donné un cantonnement dans une maison de maître.

J'ai forcé les domestiques, qui étaient seuls, à m'ouvrir l'élégante chambre de Madame, où je me suis installé confortablement malgré les protestations véhémentes des domestiques.

La nourriture était bonne, mais le vin était mauvais.

Après quelques mots intelligibles, nous nous sommes mis en possession des clés de la cave.

La cave semblait complètement vide et a été une grande déception !

Mais voilà, il y a eu un éclair de lumière argentée et soudain, dans un tas de sable d'apparence innocente, on a découvert une magnifique réserve de champagne et de vin rouge.                                

 Comme je l'ai dit, le pillage était interdit à Châtillon.

Néanmoins, les biens de l'ennemi, notamment dans les maisons où les troupes allemandes ont été victimes d'assassinats, n’étaient pas exactement traités avec douceur.

Dans une cave à vin, deux hommes de la Landwehr ont été retrouvés égorgés.

Une partie des tonneaux avait déjà été percée et vidée par les Français.

Les tonneaux restants furent vidés par un tonnelier et leur contenu distribué aux soldats, qui emportaient la noble boisson dans des marmites de campagne.                                                                                                                                

Dans un autre bâtiment, il y avait une grande papeterie.

Lorsque je suis entré dans la boutique pour acheter des feuilles de papier, j'ai vu un de nos mousquetaires derrière le comptoir avec une grosse paire de lunettes bleues sur le nez.

La conversation suivante s'est alors engagée entre lui et un soldat [iii] qui était entré devant moi :                                                                                           

« Que voulez vous ? »                                                                                                       « Vendez-moi quelques feuilles de papier et quelques plumes »                                                       

Le vendeur disparaît à la vitesse de l'éclair et revient immédiatement avec une rame de papier à lettres, un paquet d'enveloppes, une boîte de plumes d'acier, de porte-plumes, de cire à cacheter, de crayons et autres ; il jeta le tout sur la table et se tourna à nouveau vers l'acheteur avec l'expression d'un garçon de boutique complètement voué à sa tâche :  

                                                                     « Tenez, monsieur, vous avez ce que vous voulez. »                                                           « Je n'en veux pas tant. Après tout, je ne peux pas payer du tout. » 

« Ça n'a pas d'importance, ça ne coûte pas grand-chose du tout »   

« Oui, combien ça coûte ? »                                                                           « Je m’en fais un plaisir pour une fois, ça ne coûte rien », fut la réponse du vendeur, s'inclinant poliment avec des salutations amicales.   

                                                                Lorsque j'ai demandé ce qui se passait ici, on m'a également répondu, en s'inclinant adroitement:« Nous faisons une vente ici, mon Lieutenant »  

J'étais sur le point de commencer à tonner quand un sergent est entré et a signalé qu'un assassinat de troupes allemandes avait été commis ici et que tout était donc vendu gratuitement.          

Tard dans la soirée, je m’allongeai confortablement dans mon lit, béat.

Mais il n'a pas fallu longtemps avant que l'appel ne retentisse : « Il y a un incendie ! »

Je devais sortir du lit, même si je n'avais pas envie de me lever.

Il y a eu un incendie dans le centre de la ville - mais sur ordre - et c'est dans ces quartiers que les hommes de la Landwehr avaient été assassinés.

La compagnie de sapeurs a occupé le lieu de l'incendie ; des extincteurs étaient disponibles, mais on n’a pas éteint le feu.

Le capitaine qui était présent a expliqué : « nous allons boucler la zone et nous assurer que le nid brûle proprement ».

Rassuré, je suis rentré chez moi et, après avoir fait mon rapport, je me suis glissé dans le « rabat » [iv], comme dit le soldat.    

                                                                                         Tôt le matin du 24 novembre, le détachement quitta Châtillon au son de la musique et marcha jusqu'à Laignes et Nicey, où il prit ses quartiers.

Ainsi, si Ribbentrop indique que le pillage était interdit, il y avait beaucoup d’exceptions.

Selon le maire de Châtillon, c’est surtout le quartier de la rue de Chaumont qui fut particulièrement touché, car habité surtout par les pauvres.

L’ennemi avait supposé, bien à tort, que cette partie de la population était sympathique aux Garibaldiens et avait favorisé l’attaque du 19 novembre.

Une autre source est celle que l’on trouve dans l’histoire du 92erégiment royal d’infanterie du Brunswick, rédigée par Werner Otto, chef de compagnie, qui donne un autre point de vue des événements [v] :  

[i] « Les Noirs », car les soldats du 92èmerégiment d’infanterie s’appelaient « die Schwarzen – les Noirs » en raison des uniformes noirs

[ii] En fait, il fut impossible de fournir 1 00 000 F et les prussiens durent se contenter de 61 503 F en numéraire et des billets souscrits pour 92 000 F ; selon le maire, on prétendait que cette somme de 61 503 F « représentait celle trouvée par les francs-tireurs dans la caisse du régiment ». Par suite du traité de Francfort, les traites ne furent pas payées et annulées.

[iii] Les propos des soldats allemands sont écrits dans le patois parlé à Brunswick. M. le docteur Bendick en a fait la transcription en allemand courant, puis en français

[iv] Mot qui signifie « lit » dans l’argot des soldats

[v] Werner Otto: “Geschichte des Herzoglich Braunschweigischen Infanterie-Regiments Nr 92” ; Braunschweig, 1878 ; c’est l’histoire officielle, la façon dont le régiment veut que l’histoire soit présentée.

Les conséquences de l'attaque du 19 novembre 1870 à Châtillon

Figure 2 : Geschichte des Braunschweig Infanterie-Regiments n°92 Brunswick 1903

Le 21 novembre au matin, le détachement du général von Diringshofen se réunit à une demi-heure à l’ouest d’Arc-en-Barrois et continua sa marche jusqu’à Boudreville ; l’état-major du régiment et le premier bataillon étaient cantonnés à Dancevoir, les 6e et 7e compagnies à Boudreville et le bataillon de fusiliers à Veuxhaulles.

Le soir même, eut lieu la réunification entre les deux compagnies du régiment, qui avaient été précédemment détachées à Chaumont, avec la batterie de Brunswick et plusieurs colonnes qui s’étaient mises en marche le matin, depuis Chaumont, et dirigées directement vers Boudreville.

Ce détachement, qui comprenait le commandant de division, a rencontré à Châteauvillain quatre compagnies du bataillon de la Landwehr Unna, un escadron du 5e régiment de hussards de réserve et une division de convalescents du XeCorps, qui avaient été mis en garnison à Châtillon, mais qui avaient été attaqués le matin du 19 novembre par des francs-tireurs et, comme les habitants apportaient une aide active aux colonnes d’invasion, ils furent contraints d’évacuer avec de grandes pertes.

La garnison avait repris possession de la ville l’après-midi même, après l’arrivée du détachement de convalescents et elle avait également reçu des renforts bienvenus d’une nouvelle compagnie de secours, mais la nouvelle qu’il y avait des forces ennemies importantes en marche sur Châtillon a décidé le commandant du bataillon à déménager à Châteauvillain, le 20 novembre.

Les récits de capture et d’assassinat d’un grand nombre d’officiers dans leurs quartiers ne laissait aucun doute sur le fait que les francs-tireurs avaient agi en plein accord avec les habitants [i]

Le but de la marche du 22 novembre était, pour toutes ces divisions, Châtillon.                                           

Le commandant de la division a réuni à 10 heures du matin à Courban les troupes de la Landwehr et l'ensemble du détachement, qui devait suivre le Xe corps d'armée.

Il s'agissait d'un escadron du 16e régiment de Dragons, d'une compagnie du génie, du 2e bataillon du 17e Régiment du Brunswick (4 batteries) et d'un détachement médical.

Y sont attachées une colonne de munitions d'infanterie et d'artillerie, une colonne de provisions et une colonne d'avoine (plusieurs centaines de chariots).

De Courban, la marche s’est poursuivie vers Châtillon, avec des mesures de sécurité pour tout le détachement, sans que l'ennemi ait été aperçu, et cette ville fut atteinte à 3 heures de l'après-midi.

De fortes sentinelles ont été immédiatement postées de tous les côtés, et les détachements se sont regroupés étroitement.

La ville était désertée par un grand nombre de ses habitants, de nombreuses maisons étaient complètement vides, et les propriétaires avaient dû fuir en toute hâte peu avant l'arrivée du détachement.

Si la conscience de culpabilité parlait déjà, les traces des atrocités commises dans les quartiers contre les citoyens, qui n'avaient pas encore été effacées, parlaient encore plus clairement.

On a trouvé des flaques de sang dans les lits, des cadavres cachés sous la paille dans les écuries, partout dans les logements des officiers, où les francs-tireurs avaient pénétré ou s’étaient mis en embuscade dans la ville, signes des combats les plus acharnés.

Le commandant de la division, ayant constaté les faits, a immédiatement décrété les punitions les plus vigoureuses.

Un tribut d'un million de francs fut imposé à la ville, le maire et un grand nombre de citoyens respectables de Châtillon furent pris et gardés comme otages par les troupes.

                                                       Malheureusement, cependant, à la suite des impressions qu'ils avaient reçues à Châtillon, le moral des soldats de la Landwehr s'était tellement échauffé, de sorte que des excès n'ont pu être entièrement évités et que des châtiments ont été infligés à la ville, ce qui n’était pas intentionnel.

Des incendies se sont déclarés en plusieurs endroits, brûlant les maisons des habitants soupçonnés de collaboration ; les volets, les portes et les fenêtres ont été brisés, et ce n'est que grâce à l'intervention énergique du commandant de la division que les excès n'ont pas pris des dimensions encore plus grandes.

Le 23 novembre, le détachement reste à Châtillon, car le général von Kraatz doit prendre les dispositions nécessaires pour protéger à l'avenir la garnison, qui doit être réinstallée, contre des incidents similaires à ceux du 19 novembre.

Le châtiment subi, les représailles, l'avertissement catégorique adressé à la ville ont vraisemblablement été suffisants pour dissuader les habitants de participer à nouveau.  

Cependant, le hasard qui a conduit les troupes de la Landwehr, destinées à occuper Ravières, à Châtillon dans l'après-midi du 23 novembre a été la bienvenue.

Le commandant de la division lui a ordonné qu'elle renforce d'abord la garnison de Châtillon et ne se rende pas à sa destination initiale, mesure qui semblait d'autant plus nécessaire que cette troupe avait, elle aussi, rencontré des francs-tireurs ennemis lors de la marche de Bar sur Seine à Châtillon, près de Plaines ; ceux-ci, cependant, furent très vite obligés de dégager la route, mais apportèrent néanmoins une nouvelle fois la preuve de la proximité de nombreuses patrouilles ennemies.

La nouvelle de la bataille a entraîné la mise en alerte de l'ensemble du détachement à Châtillon vers 2 heures de l'après-midi, mais peu de temps après, le commandant de la division a ordonné aux troupes de rentrer dans leurs quartiers et n'a autorisé que deux compagnies de fusiliers de Brunswick à se joindre aux troupes de la Landwehr.

Grâce à ces renforts, lorsque le détachement du général von Kraatz se dirige vers la Loire le 24 novembre, 7 compagnies de Landwehr et 1 ½ escadron de réserve de Hussards restèrent en garnison à Châtillon.

Le détachement de convalescence était attaché au 1er bataillon du régiment de Brunswick et devait être transféré au Xe Corps.    

Dans ce récit, selon Otto, ce sont les troupes de la Landwehr, de Unna en particulier, qui, revenues à Châtillon, veulent venger leurs camarades morts le 19, alors que le général von Kraatz a cherché à discipliner la Landwehr de Hamm.

 Enfin, le sous-officier Haslind, du 16e régiment de Landwehr, bataillon Unna, 1ere compagnie (et donc qui se trouvait à Châtillon le 19), fit parvenir au journal, le « Westfälischer Anzeiger », une lettre datée du 25 novembre, publiée dans l’édition du 3 décembre 1870 [ii] :

Comme il était clair à l'évidence que beaucoup de citoyens de Châtillon, ou du moins une partie d'entre eux, avaient fait cause commune avec les Francs-tireurs, une contribution de guerre d'un million de francs fut imposée à la ville par notre commandant de régiment, somme énorme pour une ville de 5 à 6 000 habitants.

Jusqu'à ce que cette somme soit payée, 6 des citoyens les plus distingués ont été arrêtés comme otages, et la ville a été menacée d'être incendiée si des scènes telles que celles du 19 novembre se répétaient.

Jusqu'à présent, nous n'avons pas été inquiétés, car Menotti Garibaldi a été informé que nous avions reçu des renforts [iii]

Le pauvre Châtillon a entre-temps terriblement payé pour avoir été le théâtre des tristes scènes du 19 novembre.

Le 21 novembre, les bataillons de Brunswick, qui s'appellent fièrement "la brigade noire" (probablement à cause des jupes noires avec des ficelles foncées), sont passés par ici ; ils étaient cantonnés dans la ville tandis que les nôtres étaient sur des postes de campagne.

Ces gens auraient eu une réputation redoutable parmi les habitants de Châtillon par suite d’actes de vengeance…

Parmi les maisons incendiées, on trouve une charmante villa appartenant au maire de la ville, qui, avec sa collection de tableaux et autres meubles, valait certainement 1 million de francs.

Le pauvre Maire était notre prisonnier pendant l'incendie et il est en libéré depuis hier, après qu'aucun fait suspect n'a pu être retenu contre lui, malgré toutes les enquêtes.  

Cette dévastation est d'autant plus regrettable qu'au moins la quatrième partie de notre équipage a été sauvée le 19 novembre par des citoyens locaux qui ont sacrifié leur propre vie ; Schlottmann (de la fabrique de crayons de Hobrecker) fait partie de ces derniers.

Il est touchant d'entendre la peur que les citoyens locaux ont endurée pour nos soldats cachés.

On a le cœur qui se retourne quand on se promène dans les rues du quartier.

La plupart des habitants ont fui et la ville, par ailleurs belle et certainement riche, présente maintenant un tableau terrible.           

 Ici, c’est un soldat de la Landwehr qui n’a pas participé aux incendies et aux pillages et semble accuser les hussards noirs de Brunswick, alors que la Landwehr n’était pas cantonnée en ville.

 Il existe également des témoignages de Châtillonnais sur ces journées.

En 1885, l’inspecteur primaire Lucien Gaudelette, à partir des témoignages envoyés par les instituteurs du département de Côte d’Or, édita un petit livre intitulé : « histoire de la guerre de 1870-1871 dans la Côte d’Or » [iv] :   

 Le 22 novembre, Châtillon fut de nouveau envahi par un régiment de soudards de Brunswick  qui pillèrent la ville pendant plusieurs heures, forçant les habitants à illuminer leurs maisons, s’emparant à titre d’otages des principaux citoyens pour répondre de la vie de leurs officiers faits prisonniers, enfin menaçant la ville d’un bombardement si une somme considérable ne leur était pas versée et si leurs officiers ne leur étaient pas rendus.

Le Maire, M. Achille Maître, fut durement maltraité, puis emmené sous escorte dans la direction de Chaumont, enfin ramené à Châtillon, non sans avoir reçu force coups de plat de sabre et de crosse de fusil ; son château, construit par le maréchal Marmont, fut en partie incendié ; ses troupeaux devinrent la proie du vainqueur qui, néanmoins se décida à les lui payer ultérieurement quand il fut établi que ce magistrat n’avait point préparé l’attaque des francs-tireurs.

Le premier témoignage direct est celui d’un adolescent, Léon Légey (âgé de 16 ans en 1870), qui a tenu son journal et l’a publié longtemps après [v].

 

[i] Pour Otto Werner, selon le récit fait par les soldats de la Landwehr, il n’y a pas de doute que les habitants de Châtillon ont aidé les garibaldiens

[ii] Le « Westfälischer Anzeiger » est un journal créé en 1850, à Hamm, en Westphalie (en Allemagne) ; en 1866, paraissaient trois numéros par semaine

[iii] En fait, il s’agit de Ricciotti Garibaldi

[iv] « Histoire de la guerre de 1870-1871 dans la Côte d’Or », par Gaudelette ; Ropiteau, Dijon ; il sera fait une autre édition, augmentée et avec gravures (Lecène et Oudin, Paris)

[v] Légey Léon : « Châtillon-sur-Seine pendant la guerre de 1870-71 ; souvenirs d’un enfant de Châtillon » ; Châtillon, 1899. Il a peut-être eu l’idée de publier son livre après le passage de Dormoy qui, pour écrire ses « Souvenirs d’avant-garde », publiés en 1887, avait réuni les châtillonnais au théâtre et formé un « comité d’études », afin de recueillir un « dossier de l’invasion », aidé par le maire de l’époque, le docteur Boutequoy. Louis Latzarus en fera un compte-rendu dans « le Figaro »

Les conséquences de l'attaque du 19 novembre 1870 à Châtillon

Figure 3 : Léon Légey : souvenirs d'un enfant de Châtillon 1898

Voici l’extrait concernant les 22, 23 et 24 novembre :

22novembre :                                                                                                            Arrivée de l’armée de Brunschvick [i] (Chasseurs et Hussards de la Mort) -Pillage de la ville-prise de 125 citoyens de Châtillon comme otages.  

L’armée de Brunschvik fut annoncée par 100 dragons envoyés en éclaireurs ; ceux-ci entrèrent à Châtillon la carabine au poing, firent le tour de la ville, l’inspectèrent et retournèrent ensuite rendre compte de leur mission.    

                                                                         Une heure après, une nuée de sauvages, sous le commandement du général de Kraatz, arrivaient en foule sur la place de l’Hôtel-de-Ville en poussant des hurlements semblables à ceux de bêtes féroces et menaçant de leurs sabres tous les citoyens qui les regardaient circuler ; ils étaient suivis de deux batteries d’artillerie et d’une nombreuse cavalerie.

Les officiers placèrent d’abord leurs soldats dans les habitations selon leur apparence et leur donnèrent ensuite la liberté de faire ce qu’ils voudraient, ce dont ils usèrent avec beaucoup de rigueur.  

                                                                             Alors commença le pillage qui dura jusqu’au lendemain, à midi, heure fixée par le chef de ces bandits ; enfin, pour remercier les habitants de la bonne réception qu’ils leur faisaient (non par affection, mais par crainte), ils les emmenèrent le soir dans les casernements, leur disant que le capitaine de leur compagnie les demandait et qu’ils reviendraient aussitôt après ; mais, arrivés là, ils ne virent que des soldats qui étaient ivres et irrités.

Jeunes et vieux, riches et pauvres, passèrent ainsi entre les mains de ces brutes et furent obligés de coucher sur des planches qui se ressentaient encore de leurs orgies ; ils usèrent du même stratagème pendant la plus grande partie de la nuit et firent même lever de leur lit des vieillards à qui ils ne donnèrent seulement pas le temps de se vêtir convenablement.                     

Ce même jour, retour de M. A. Maître.  

23 novembre :                                                                                                                        Les Prussiens amènent leurs prisonniers à la sous-préfecture et, sur l’ordre du colonel, les conduisent dans les maisons situées près de la gare, où ils mettent des sentinelles à chaque porte, avec la consigne de ne laisser sortir personne et donnent seulement aux femmes de la ville la faculté d’apporter la nourriture des prisonniers ; ceux parmi eux qui obtiennent la permission de sortir pour satisfaire leurs besoins sont même gardés par des soldats qui les empêchent de s’éloigner à plus de dix mètres.                                                                                                                 

Dans cette journée, les Prussiens mettent le feu à trois maisons situées à l’angle de la rue de Chaumont et de la rue de l’Abbaye, dans lesquelles trois de leurs soldats et un officier avaient été tués en essayant de se défendre.  

Le pillage qui a duré jusqu’à midi et qui a causé de grandes pertes à la ville, a été encore suivi de la capture d’une partie des habitants…

24 novembre : 

                                                                                                                                 Prise de vingt-cinq autres habitants que les Prussiens conduisent vers les autres otages…

Les femmes allèrent trouver le colonel, les unes pour réclamer leur mari et les autres leur père ou leur frère, mais ce véritable soudard fut inébranlable, il les renvoya toutes avec brutalité et alla trouver ensuite les prisonniers qu’il accusa d’avoir assassiné ses soldats et qu’il traita de la façon la plus infame.                                                                                                        Le même soir, incendie du château Marmont…

25 novembre :                                                                                                           Journée triste et cruelle pour les otages qu’on menace de fusiller, les rues de la ville sont désertes, on ne voit que quelques femmes affolées qui portent des vivres aux leurs, et des pleurs en fait de consolation ; on n’aperçoit aucun homme, car ceux qui restent, et ils sont peu nombreux, se cachent le mieux possible et évitent de se montrer.  

Le tantôt, départ de l’armée de Brunschvik et installation d’une nouvelle garnison…

Si intéressante soit-il, ce récit semble comporter quelques inexactitudes ; les troupes de Brunswick sont reparties le 24 au matin, et les incendies n’ont pas été allumés le même jour.

 

Le deuxième récit est celui d’Achille Maître, le maire de Châtillon (âgé de 52 ans en 1870) [ii] :

Vers trois heures de l’après-midi (le 20 novembre), l’ennemi, se croyant probablement trop faible pour résister à une nouvelle attaque, quitta Châtillon pour se rendre à Châteauvillain.

Tous les otages avaient été rendus à la liberté, sauf le maire, Maupin et quatre autres habitants.

Ces six prisonniers furent emmenés par les Prussiens.     

                                 Pendant deux jours, je m’attendis à être fusillé ; mais, ne voulant rien laisser aux ennemis, j’avais donné ma bourse, mon portefeuille et mes clefs à M. Terrillon, l’un des otages.

Arrivés à Châteauvillain, les officiers me firent manger avec eux et coucher à l’hôtel, dans une chambre à côté de la leur.                                                                                                          Le 21 novembre, il y eut à Châteauvillain une grande concentration de troupes de toutes armes, avec une nombreuse artillerie.

On partit dans l’après-midi pour aller coucher à Latrecey.

Le maire, monté dans une charrette, traversait les rangs des soldats.

Ceux-ci, qui avaient été excités par leurs officiers, criaient : Capout Châtillon! et, se montrant le maire, lui disaient : Canaille ! Chassepot! etc.

Je croyais, en effet, à la fin de la bonne ville de Châtillon.

Elle ne pensait guère à se défendre pourtant, et n’était certes pas de force à résister à l’avalanche humaine qui allait fondre sur elle.

Quant aux officiers, ils étaient polis vis-à-vis de moi et me faisaient dîner avec eux à Latrecey.

Inquiet sur le sort dont Châtillon était menacé, je mangeais peu.

Les officiers me demandèrent pourquoi : C’est, leur dis-je, parce que vos soldats veulent détruire Châtillon !

L’un d’eux, me prenant à part, me dit : Rassurez-vous, notre intention n’est pas de détruire Châtillon ; seulement, si les Garibaldiens occupent la ville, nous ne ferons pas tuer nos soldats dans une guerre de rues.

Nous bombarderons la ville, et nous la brûlerons, si c’est nécessaire, pour chasser l’ennemi.

Cette perspective m’effrayait peu, attendu qu’il était certain que Ricciotti Garibaldi n’oserait pas se mesurer avec des troupes trente fois plus nombreuses que les siennes.

 

[i] Dans le texte ; Léon Légey écrit toujours Brunsvick, en non Brunswick

[ii]  Maître Achille : « Châtillon pendant la guerre, souvenirs de M. Achille Maître » ; Châtillon, 1888

Les conséquences de l'attaque du 19 novembre 1870 à Châtillon

Figure 4 : Achille Maître : Châtillon-sur-Seine pendant la guerre ; Tours, 1902 (2e édition)


Le 22 novembre, les colonnes prussiennes reprirent leur marche ; les soldats, de plus en plus animés à la haine et à la vengeance, se montraient menaçants.  

De nouvelles troupes, arrivant par la route de Bar-sur-Aube, rejoignirent la colonne principale avant d’entrer à Courban.  

Toute cette multitude arriva à Châtillon dans l’après-midi.

L’entrée en ville fut sinistre et effrayante.

Tous les magasins et beaucoup d’habitations privées furent livrées au pillage, principalement dans la rue Saint-Jean et le quartier haut de Chaumont, habité surtout par des pauvres.

L’ennemi avait supposé, bien à tort, que cette partie de la population était sympathique aux Garibaldiens et avait favorisé l’attaque du 19 novembre.

Or personne, en ville, n’avait eu connaissance des projets des francs-tireurs.               

Les Prussiens mirent le feu à deux maisons situées à l’angle des rues de Chaumont et de l’Abbaye, et dans lesquelles avaient été tués des soldats et un officier, qui avaient voulu se défendre.

Le feu se communiqua à une maison voisine et la détruisit également, mais contre le gré de nos ennemis, qui travaillèrent eux-mêmes à éteindre l’incendie…          

 Le 24 novembre, je passai devant un conseil de guerre.

Il me fut facile de prouver que l’attaque des francs-tireurs, qui ne pouvait manquer d’avoir pour la ville les conséquences les plus funestes, n’était pas de mon fait, et je fus renvoyé absout…


Le maire rapporte aussi la déclaration de M. Barrachin, propriétaire d’une importante maison en haut de la rue du Bourg-à-Mont :  

 Un des faits qui avait particulièrement irrité les Prussiens dans le combat de Châtillon, avait été la mort du major d’Alvensleben (installé chez moi depuis le 16).

Vers onze heures (le 19), six cavaliers prussiens s’introduisent dans ma cour.

Le sous-officier qui les dirige s’avance vers moi et, me menaçant de son sabre, s’écrie : Monsieur, mon officier vient d’être tué à votre porte.

Nous ne l’oublierons pas !

Il y a des maisons à Châtillon qui seront en cendre demain.

Dans la nuit, deux soldats prussiens viennent faire une perquisition chez moi.

Le 22, cinquante soldats des chasseurs de la mort enfoncent la porte par laquelle le major était sorti et envahissent mon jardin, exigeant qu’on les loge, et déclarant qu’ils étaient envoyés à Châtillon exprès pour brûler la ville et ma maison en particulier.

Tout s’est borné chez moi au pillage de ma cave et au vol de quelques objets.     

Il n’en fut pas de même pour les maisons à l’angle de la rue de Chaumont (rue Docteur Robert) et de la rue de l’Abbaye.

Le sous-préfet Arthur Leroy a pris des notes, rédigées en style télégraphique, pour en faire probablement un rapport plus tard, mais sans date précise   :

…La ville est consternée ; des menaces d’incendie ont été faites à plusieurs reprises par les officiers et les soldats ; de nombreuses scènes de violence ont eu lieu contre les particuliers ; une partie des habitants émigrent, malgré les efforts des autorités pour les retenir ; le mobilier et les bureaux de la sous-préfecture ont été saccagés, les archives dispersées, les serrures forcées, les portes, les meubles, brisés.

Tels sont les actes de vandalisme qu’il importe de faire connaître à la honte des armées prussiennes…

                Incendie : maison Massua .

Un chef, sur le balcon Chapuis, interpelle quelques citoyens se rendant au feu ; l’un, qui criait « au feu », est arrêté par la patrouille.

Les autres (M. Leroy, M. Bognier, M. Munier), obligés de rebrousser chemin. « Rentrez chez vous, rebroussez chemin, criait le chef au balcon, vous troublez la tranquillité publique ».

Seconde nuit d’incendie : la maison Millot-Gradot était brûlée ; il s’agissait de protéger maison Dusseuil ; les soldats allemands faisaient manœuvre pompe.

Un de leurs chefs paraissait mettre bonne volonté à éteindre, mais les soldats se sont débandés, l’incendie incomplètement éteint…

Cinq citoyens châtillonnais étaient seuls présents.

Terreur des arrestations empêchait les citoyens de porter aide, on ne pouvait d’ailleurs ni crier au feu, ni battre la caisse, ni sonner tocsin.

Maison Dusseuil, qui pouvait être parfaitement garantie, a brûlé.

Ce n’est que le 24 dans la matinée, que l’incendie a été complétement éteint .


    Si les troupes du général von Kraatz-Koschlau partirent le matin du 24 novembre, un nouvel incendie eut lieu le soir, celui du château Marmont, habité par le maire, M. Achille Maître.

Léon Légey écrivit à ce sujet:                          

 Le même soir (le 24), les Prussiens, non encore satisfaits de leurs exploits, mirent soi-disant par accident le feu au château de M. A. Maître et firent même prisonniers une partie de ceux qui vinrent pour l’éteindre.

Les conséquences de l'attaque du 19 novembre 1870 à Châtillon, un notule historique passionnant de Dominique Masson.

Figure 5 : les prussiens posant devant le "château Marmont" incendié (collection Dominique Masson)

 Le maire en fit un récit différent :                                                                                     

Lors du retour de Châteauvillain,250 soldats et 12 officiers s’étaient installés pendant 40 heures au château.

Ils pillèrent toutes les réserves et provisions de bouche et brisèrent plusieurs glaces.

Ils détériorèrent aussi les tentures et les boiseries derrière lesquelles ils pensaient trouver des cachettes.

On fut constamment obligé de pourvoir à leurs besoins.

Nuit et jour, on faisait la cuisine.

C’est ainsi qu’une cheminée, surchauffée, communiqua le feu à des solives et arrière-couvertes non apparentes de l’étage supérieur.

Tous les officiers et soldats évacuèrent le château le 24 à sept heures du matin.

Il ne resta qu’une ambulance de dix hommes …

Aussitôt après le départ des ennemis, on avait balayé toutes les pièces et enlevé les ordures qu’ils y avaient laissées.

Plusieurs inspections minutieuses furent encore passées par les habitants du château.

Rien ne faisait soupçonner la présence du feu qui, cependant, couvait sous le plancher.

On alla se coucher.

Vers une heure du matin, nous fûmes réveillés par la fumée.

Le château était en feu.

Je me précipitai dans l’escalier conduisant aux mansardes pour aller éveiller deux servantes qui se sauvèrent à demi vêtues.

Il fallait se hâter pour ne pas être asphyxié.

Je descendis ensuite pour prévenir les soldats de l’ambulance.

L’incendie avait heureusement éclaté dans l’aile nord du château et le vent soufflait du midi.

Cette circonstance nous permit de sauver la partie sud.

On se mit à l’œuvre.

Quelques hommes accoururent avec une des pompes de la ville, ainsi que beaucoup de femmes qui firent la chaine.

Les hommes qui voulaient venir étaient arrêtés par les Prussiens.

On abattit une partie de la toiture de la façade pour faire la part du feu.

Le jet de la pompe fut dirigé avec adresse et intelligence et, le 25, au petit jour, on était maître du feu.

Mais les deux-tiers du château et la presque totalité du mobilier furent brûlés…

Le sous-préfet de Châtillon, Arthur Leroy, ajoute :  

                                                                     Au château, cinq commencements d’incendie éteints.

On suppose feu exagéré dans cheminée, a gagné poutre.

On s’étonne que l’incendie ait pris de suite si grandes proportions.

Citoyens ne pouvaient être prévenus.

Secours insuffisants.

Une seule pompe.

Pas de pompiers.

Ménard, chef d’équipe, fort dévoué et intelligent, dirige.

Tuyaux avaient été mis hors de service par coups de sabre prussiens…

Pendant incendie château, hurlement de joie des malades et blessés de l’hospice [i].

Une lettre de M. Bourceret, écrite 57 ans plus tard et adressée à M. Lagorgette, relate des événements concernant la bibliothèque publique et le musée :                                         

Après le passage des Garibaldiens à Châtillon, par une froide nuit de décembre [ii], j’ai conservé le triste souvenir d’avoir été réveillé par de forts coups frappés à notre porte.

Un détachement des terribles « Hussards de la Mort », venant prendre gîte dans la salle de l’école communale, venaient réquisitionner chez nous des seaux et autres objets divers pour améliorer leur campement.

Je n’ai pas besoin de vous dire qu’au lever du jour, je suis sorti bien vite dans la rue pour voir ce qui se passait.

De grands feux étaient allumés, alimentés du bois provenant de l’école et du voisinage ; une grande vitrine, qui contenait des livres, avait été brisée, les livres étaient ou brûlés ou souillés.

Et, chose plus grave, des soldats s’acharnaient à enfoncer les portes du musée.

Mon père, sans perde de temps, alla prévenir notre cousin Charles Ronot, conservateur du musée [iii].

Heureusement, chez ce dernier, se trouvait un officier allemand qui, mis au courant de ce qui se passait rue Docteur Bourée, accompagna Charles Ronot et mon père puis, ayant vu, donna l’ordre de faire réparer les deux portes éventrées (celle du haut de l’escalier conduisant à la bibliothèque n’avait pas encore été ouverte).

Ce même jour, le commandant de la Place rédigea une lettre en allemand qui fut collée sur la petite porte et un peintre de la ville, le soir même, traçait en grosses lettres, au-dessus de la porte cochère, le mot « Bibliotèque », n’ayant, d’après ce qu’il a toujours dit, trouvé assez de place pour mettre l’h.

Pendant toute l’occupation allemande, grâce à la pancarte, le musée et la bibliothèque ont été respectés.

L’école communale a servi de caserne, le collège, pendant quelques semaines, en servit lui aussi.

Par la suite, il fut converti en ambulance.

Tous ces témoignages, surtout du côté allemand, révèlent la difficulté de savoir à qui attribuer les pillages et les incendies à Châtillon et montrent que la vérité historique est parfois difficile à établir.

 [i] Ces soldats prussiens étaient soignés par les sœurs, dont l’une mourra à la tâche

[ii] Il se trompe de quelques jours

[iii] Charles Ronot (1820-1895), né à Belan-sur-Ource, licencié en droit et artiste peintre, fut conservateur du musée et bibliothécaire, de 1867 à 1873. Il fut nommé inspecteur de l’enseignement des beaux-arts en 1878, puis directeur de l’Ecole nationale des beaux-arts de Dijon en 1880.

Les conséquences de l'attaque du 19 novembre 1870 à Châtillon

Figure 6 : proclamation du Maire de Châtillon après le départ des troupes de Brunswick AMC4H11

 (Dominique Masson)

 Remerciements à monsieur Günter Wiesendahl, historien, à Hamm ; à monsieur Rainer Bendick, docteur en histoire, conseiller pédagogique du Service pour l’Entretien des Sépultures Militaires Allemandes, à Brunswick ; et à madame Antoinette Bongard, professeur d’allemand, qui a assuré les traductions.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0

Publié le 20 Septembre 2021

Notule d’histoire :

La bataille de Reichshoffen, le 6 août 1870

En mai 1870, Emile Ollivier, chef du gouvernement de Napoléon III, déclara, en parlant de l’empereur: "Nous lui ferons une vieillesse heureuse".                               

Malheureusement, l’année 1870 allait devenir, pour la France, l’année terrible.

Le 19 juillet, suite à des tensions à propos de la succession d’Espagne et à la dépêche d’Ems, la guerre fut déclarée par la France à la Prusse.

Bien que pacifique de nature, Napoléon III fut entrainé par l’opinion publique et le Parlement, en dépit des efforts désespérés de Thiers et Gambetta, vota l’entrée en guerre.

Le ministre de la guerre, Edmond Le Bœuf, déclarait : "Nous sommes prêts et archi-prêts, la guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats".

REICHSHOFFEN

Mais peu de personnes se rendait compte que l’armée française était mal préparée à cette guerre.

Les troupes françaises étaient moins nombreuses,300 000 contre 500 000, car la Prusse s’était alliée avec d’autres états allemands ; d’autre part, la France n’avait pas de stratégie militaire concertée ; et enfin, la Prusse avait un matériel militaire ayant bénéficié des innovations techniques concernant le feu, permettant un tir plus rapide, face au déclin des charges de cavalerie française ; sans compter que la France n’avait aucun allié en Europe.

Ainsi, la Prusse avec ses alliés dominait numériquement, techniquement et stratégiquement.

Les armées allemandes franchirent la frontière française entre le Rhin et le Luxembourg et les armées françaises vont être défaites à plusieurs reprises, début août, sur le front de l’Est.

C’est Patrice de Mac-Mahon, nommé maréchal par Napoléon III, gouverneur de l’Algérie, qui a pris, le premier juillet, le commandement du premier corps de l’armée du Rhin, mais c’était l’empereur qui en était le commandant en chef.

Celui-ci, ne sachant rien des mouvements de l'armée prussienne, décida de tenter une reconnaissance offensive et chargea le maréchal Bazaine de l'exécuter.                                

Le combat de Sarrebruck permit aux deux partis en présence de publier des communiqués triomphants : défense opiniâtre d'une quinzaine de jours pour les journaux allemands et offensive victorieuse pour le ministère Ollivier.

REICHSHOFFEN

A Wissembourg, le 4 août, les français sont engagés par surprise par les allemands ; la cavalerie française ne remplit pas sa mission d’éclairage et de recherche de l’ennemi et tout le poids de la bataille reposa sur l’infanterie.                                                                                                            

A l’issue de la bataille, Mac Mahon prend alors la décision de ramener les 1re et 2e divisions vers la position de Wœrth-Frœschwiller qui coupe les directions de Saverne et de Bitche, mais il ne dispose plus que de trois divisions et de 12 canons à opposer aux cinq corps d’armée (dix divisions d’infanterie) et aux 144 canons allemands du prince royal de Prusse, le Kronprinz.                                                        

Le 6 août, à la bataille de Forbach, les français firent retraite, bien qu’il y eût environ 5000 morts, blessés ou disparus du côté allemand, contre environ 3000 du côté français.

Mais cette bataille est assez méconnue, principalement parce que, le même jour, se déroule la bataille de Frœschwiller-Wœrth.                                                                                                              Cette bataille est plus connue sous le nom de bataille de Reichshoffen, célèbre pour une série de charges de cavalerie. 

Après la défaite de Wissembourg, le maréchal Patrice de Mac Mahon fut mis à la tête d'un groupement rassemblant les 1er5e et 7e corps d'armée de l'armée du Rhin.

Il décida de se battre sur la position de Frœschwiller, bien que ses forces fussent dispersées.

REICHSHOFFEN

REICHSHOFFEN

REICHSHOFFEN

 À l'aube du 6 août 1870, l'avant-garde du Ve corps prussien, la 20èmebrigade de Walter, en reconnaissance à Wœrth, tombe sur les avant-gardes françaises à l'ouest de Wœrth et engage le combat. Les bruits du combat amènent le IIe corps bavarois au nord et le XIe corps prussien au sud à lui porter assistance.                                                                                                               

Jusqu'à midi, les combats restent indécis, mais le Kronprinz Frédéric Guillaume décida d’engager le combat et de porter l’ensemble de sa force contre celles de Mac Mahon.

La première charge française eut lieu vers 13h30.

Au sud, autour de Morsbronn-les-Bains, la 4e division du général de Lartigue était en danger d’être tournée par des unités d’infanterie prussiennes.

Les 8e9e régiments de cuirassiers et deux escadrons du 6e régiment de lanciers de la brigade du général Michel furent désignés pour la dégager et se dirigèrent à vive allure vers Morsbronn.

Le général Michel tenta une action de secours, haranguant ses troupes :

Camarades, on a besoin de nous, nous allons charger l’ennemi ; montrons qui nous sommes et ce que nous savons faire, vive la France !  

Le feu allemand repoussa les cuirassiers du 8e régiment de cuirassiers qui pénétraient dans Morsbronn par le nord, essuyant un feu nourri venant des maisons où les Prussiens s'étaient retranchés.

Continuant leur charge, ils arrivèrent à la bifurcation de la rue principale du village.

Les uns se dirigèrent à gauche vers la route de Wœrth-Haguenau, la majorité des autres, trompés par la largeur de la rue, s’y engagèrent au grand galop.

Se rétrécissant progressivement jusqu’à l’église, cette rue devint une souricière où les cavaliers s’entassèrent pêle-mêle et devinrent la cible facile des tireurs prussiens.

Seuls 17 cavaliers s'échappèrent en direction du sud.                                        

Le 9e régiment de cuirassiers subit un sort analogue.

 Les cuirassiers parvinrent à pénétrer Morsbronn et à se dégager malgré une forte résistance.

Après s'être regroupés au sud du village, la cinquantaine de cavaliers survivants dut s'enfuir et parvint à rejoindre les troupes françaises à Saverne.

REICHSHOFFEN

La deuxième charge eut lieu vers 15h30.

Dans le secteur d'Elsasshausen, la brigade de cavalerie du général de Bonnemains, constituée des quatre premiers régiments de cuirassiers, chargea des éléments de près de 11 régiments d'infanterie allemande, sur un terrain défavorable à une action de cavalerie.

L'infanterie allemande qui resta en ligne de tirailleurs et l'artillerie allemande ouvrirent le feu sur les cavaliers.

Les cuirassiers furent décimés et repoussés sans avoir pu atteindre les forces allemandes.

REICHSHOFFEN

Le sacrifice de ces hommes ne changea pas le cours de la bataille mais permit de couvrir le retrait des troupes françaises.                                                                                                  

Cependant, peu à peu, dans la mémoire collective française, l’ineptie de ces charges va disparaître pour céder la place à l’illustration du courage et de l’esprit de sacrifice et cet épisode sera copieusement utilisé par la propagande, notamment pour édifier les jeunes générations dans l’esprit de la Revanche et de la reprise de l'Alsace.

REICHSHOFFEN

Des tableaux peints par les peintres officiels et une abondante littérature se développe dès 1875 pour rappeler les événements, parlant des "vaillants de la première heure qui, vaincus, couchèrent tant d’ennemis dans la sanglante poussière, qu’ils arrachèrent au prince Frédéric un cri d’admiration " dont la presse anglaise se fit l’écho…

Et une chanson va commémorer la bataille dite de Reichshoffen. Ses paroles sont les suivantes :

"La bataille de Reichshoffen", un notule d'histoire de Dominique Masson

Les batailles suivantes furent aussi désastreuses pour la France.

Le maréchal Bazaine fut nommé généralissime et, bien que vainqueur à Mars-la-Tour, préféra se replier avec 180 000 hommes sur Metz, où il va être encerclé par l’armée ennemie.

  Mac Mahon, chargé de reconstituer une autre armée, dite armée du camp de Châlons, sera chargé d’aller à son secours mais celle-ci, avec à sa tête Napoléon III, après plusieurs défaites, sera encerclée et battue à Sedan, le Ier septembre.

L’empereur Napoléon III n’aura plus d’autre issue que de se rendre, le 2 septembre, au roi de Prusse, Guillaume Ier.

Trois rescapés de ces cuirassiers de Reichshoffen habitèrent dans le Châtillonnais.

Dominique Santereau, né à Chaumard (Nièvre) le Ier juillet 1844, était cavalier au 2e régiment de cuirassiers de la division Bonnemains, qui chargea sur Frœschwiller. 

Il épousa Julie Marie Virey, de Bâlot, et c’est là qu’il fut cultivateur et y mourut le 13 août 1929.                                                                   

Le deuxième cuirassier était Alfred Lançon, né le 28 décembre 1845 à Coisia (Jura).

  Il fut soldat au 8e cuirassiers et fit partie de la charge sur Morsbronn.

Il fut ensuite gendarme et enfin concierge au tribunal de Châtillon ; il mourut dans cette ville le 25 février 1907.                                                       

Le dernier est Emile Guerre, né à Poissons (Haute Marne) le Ier juillet 1846.

Il fut soldat au 4e cuirassiers.

Captif ensuite en Allemagne, à la suite de Sedan, il fut réintégré dans son ancien régiment, puis devint cordonnier à Châtillon, où il décède le 8 septembre 1929 ; il est enterré au cimetière Saint-Vorles.

REICHSHOFFEN

(Dominique Masson)

 

Sources :                                                                                                                                                                

-images Pellerin,Epinal                                                                                                                          -internet                                                                                                                                                                  - Léger Charles-Paul : les derniers cuirassiers de Reichshoffen ; Le Châtillonnais et l’Auxois ; 1925

Voir les commentaires

Rédigé par Christaldesaintmarc

Repost0