Publié le 6 Février 2012
Mes parents ont possédé , durant plus de vingt ans, une maison de campagne à Vertault, dans un hameau nommé Béchineuil. Lorsque j'allais les voir, j'admirais une magnifique bâtisse , située en haut d'une butte, à droite de la route qui conduit de Villedieu à Molesme.
Ce bâtiment c'est la ferme de la Motte...
J'ai eu la chance dernièrement de faire la connaissance de son actuel locataire , celui-ci m'a invitée à venir voir la ferme de plus près et m'a donné quelques éléments historiques la concernant...
Cette ferme est fort ancienne puisqu'elle appartenait à Marguerite de Bourgogne, reine de Jérusalem et de Sicile (1250-1308).
Née comtesse de Tonnerre, Marguerite de Bourgogne avait épousé Charles Ier, roi de Sicile, puis de Naples,Roi de Jérusalem, Comte d'Anjou et du Maine et Comte de Provence.
Marguerite de Bourgogne reçut Tonnerre en partage alors qu'elle se trouvait en Italie et n'entra vraiment en sa possession qu'à la Toussaint 1273, une date qui marque la séparation des trois comtés d'Auxerre, de Nevers et de Tonnerre.
Veuve, elle se retira à Tonnerre, en compagnie de deux de ses parentes, Marguerite de Beaumont, veuve de Bohémond VII, comte de Tripoli, et Catherine de Courtenay, impératrice titulaire de Constantinople.
Ces dames résidaient au château de Tonnerre et s’occupaient à des exercices de prière et de charité.
Marguerite fonda à Tonnerre l’Hospice Notre-Dame des Fontenilles, et lui assura les revenus suffisants pour son fonctionnement. Cet hôpital deviendra l'Hôtel-Dieu de Tonnerre.
Marguerite de Bourgogne légua la ferme de la Motte à L'Hospice Notre Dame des Fontenilles en 1293.
Cette donation fut validée par la Bulle du Pape Boniface VIII, portant confirmation de la Charte de Fondation de l'Hospice Notre Dame des Fontenilles de Tonnerre.
Cette charte fut certifiée beaucoup plus tard , le 26 mars 1716, par Maître Baillet, notaire à Tonnerre.
Ces éléments, très intéressants, ont été retrouvés par les actuels propriétaires de la ferme de la Motte, dans les archives de l'Hospice des Fontenilles.
Lorsqu'on entre dans la cour de la ferme, on remarque le superbe colombier. La forme des ouvertures montre bien son origine romane. Cinq cents pigeons pouvaient y trouver place.
La ferme de la Motte devait être très bien protégée,en témoignent ces meurtrières qui se situent dans les murs de tous les côtés. Elle devait être ce que l'on appelle "une ferme-forte", comme celle de la Pothière, à Etalente.
Les charpentes sont très belles..
Le locataire a découvert une inscription sur une poutre, inscription en anglais, dont j'ai fait une photographie .
On peut lire , dans une écriture typiquement britannique (et même plutôt américaine) :
ALL SOLDIERS HOME
Peut-être cette phrase (Tous les soldats à la maison) a-t-elle été écrite par un soldat de l'Armée Américaine, durant la Première guerre Mondiale ?? Beaucoup de soldats étaient cantonnés à cette époque dans le Châtillonnais (et au-delà puisque j'ai publié la photo d'une inscription datée de 1918, au château de Maulnes en Tonnerois, dans un article précédent.)
Si quelqu'un sait si des soldats ont été cantonnés à la Ferme de la Motte, qu'il le dise en commentaire, merci !
Voici le portail situé à l'entrée de la ferme de la Motte, la porte n'est plus d'époque bien entendu.
Un dernier regard sur ce bel élément du patrimoine du Châtillonnais..
Merci à ses locataires de me l'avoir fait visiter si aimablement, et de m'avoir donné des éléments inédits sur son histoire.