Publié le 9 Septembre 2024
Notule de Dominique Masson
L'église Saint-Marcel de Vix
(Quatrième et dernière partie)
CLOCHER ET TOURELLE D’ESCALIER
C’est aussi au XVIe siècle que fut construit le clocher, assis sur la quatrième travée.
On ne sait s’il y avait un clocher auparavant et quelle forme il pouvait avoir.
A la base du clocher se remarquent quelques morceaux de sarcophages.
Le clocher était aussi à la charge des habitants. Lors de la réception des travaux, il fut constaté que l’échelle pour monter au beffroi faite ainsi qu’il est dit; le sommier posé sous les poutrelles du beffroi et le plancher dudit beffroi fait à neuf, avec madrier de chêne de dix-huit lignes d’épaisseur, clouée avec clous sur les poutrelles dudit beffroi, le mouton[i] fait à la petite cloche en bois d’orme et posé garni de leurs anciens ferrements avec son bras de chaize[ii] neuf, le battant de l’autre cloche raccourci par le haut et le mouton rassuré aux coins de forces sous les clavettons.
En 1750, il avait été prévu que le battant de ladite cloche sera par le bout du haut raccourci de 2 pouces, afin qu’il frappe du fort au fort. Le mouton de la grosse cloche sera rechargé avec soins de force, de sorte que la cloche ne batelle nullement[iii]) ; ladite tour jointoyée en dedans et en dehors avec chaux et sable, ainsi que les joints des vitraux; le couvert dudit clocher repiqué en lave où il en manquait et les bétons enlevés que les places sont rendues nettes. Mais la tourelle qui conduit au clocher est surplombée, corrompue et ruineuse; il faudra la démolir jusque dans ses fondements, la rétablir et reconstruire sur un bon fond solide, ce qui n’a pas été fait, et l’élever de sa même hauteur.
En 1755, dans le compte-rendu de la réception des travaux, nous avons reconnu que ladite tourelle est reconstruite à neuf de six pieds de diamètre dans œuvre et deux pieds trois pouces d’épaisseur, sa retraite observée à six pouces au-dessus du rez-de-terre, que ses murs sont élevés avec bons moellons en bonne liaison avec les murs de la chapelle saint Nicolas et de la nef; qu’il y a deux petites fenêtres d’observées pour éclairer l’escalier qui est dans ladite tourelle; que les marches dans la tourelle sont de pierre dure taillé proprement et faite à noyau massif; qu’il y a les sept premières marches de garnies en maçonnerie en plein par-dessous; que les marches sont toutes d’une seule pièce, dont dix-neuf de neuve, le surplus des vieilles qui se sont trouvé de bonne qualité , lesquels sont toutes posées à mortier de chaux et sable; son plafond sur la dernière marche est fait en planches de chêne avec une traverse par-dessous comme il est dit; le comble de ladite tourelle est garni de son demi entrait de croupe de deux goussets neufs et d’une faite assemblé à l’aguille en lauze sur la sablière du passage de ladite tourelle sur ladite chapelle saint Nicolas; ladite tourelle recouverte en lave sur coste de chêne ; la maçonnerie de la tourelle est gobeté[iv] à joints apparents par-dehors et renduite en dedans au lieu qui est dit jointoyer.
Figure 48 :L'église côté nord avec le clocher et la tourelle pour monter au clocher
TOITURE ET INTÉRIEUR
La toiture de la nef fut refaite, aussi bien la charpente que la couverture en lave, là où c’était nécessaire.
La grande voûte sera recouverte comme ci-devant, tant de l’ancienne lave que de celle qui sera fournie par l’adjudicataire. La charpente du bas-côté au nord sera reposé comme ci-devant; on observera d’asseoir solidement sur les butant, posés sur les arêtes doubleaux, les faitières dudit comble, afin de les contenir de toutes parts. Le comble de susdite chapelle de la Vierge sera réparé d’un bout de sablière de neuf pieds de longueur sur cinq pouces et cinq pouces et demi de gros, posés sur le gouttereau au levant; d’un bout defaite de douze pieds sur sept à huit pouces de gros au levant; d’un bout de faite de même longueur et de cinq pouces sur cinq et demi gros, assemblés à tenons et mortaise avec l’aiguille[i] et posé solidement sur le mur pignon à neuf, repiqué le dit couvert avec bonnes côtés de chênes de force posés et arrêtés solidement sur chaque chevron, avec cheville en bois, à quatre pouces d’éloignement au plus; le dit couvert sera recouvert et repiqué dans les parties qui ne le seront pas, avec lave neuve et échantillon, solidement et proprement … Toutes laves et butins qui se trouveront sur les voûtes desdites chapelles et en augmentent inutilement les poussées, seront enlevées et portées au champ, ainsi que les butins et décombres occasionnées par les susdites réparations.
A la réception des travaux, en 1755, il fut constaté que la grande voûte est recouverte en lave neuve sur son couronnement; ainsi que le dessus de la charpente du bas-côté au nord, les filières posant sur les buttant des arcs doubleaux, le cours de sablière posé à neuf; les chevrons ont été posé à neuf et fournis par les habitants, d’autant qu’ils n’étaient point porté par l’adjudication d’être fourni à neuf.
L’intérieur de l’église devait également être revu.
On profita des travaux pour effectuer un ravalement.
Il fut prévu que les murs neufs seront proprement enduits et blanchis de deux couches avec la brosse, avec chauxfort blanches; tous les enduits desdites deux chapelles qui se trouvent teintes de vert et autres couleurs, dégradés et bourseux, seront réparés par de nouveaux enduits proprement posés et blanchis de deux couches à la brosse. Les deux vitraux des dites chapelles seront décrassés, nettoyés et réparés des pièces manquantes et les lézardes devaient être bouchées.
Le carrelage en mauvais état, fut réparé. Ce n’était pas la première fois qu’il y avait eu des réparations.
Le 12 mars 1693, un marché pour repaver l’église avec de la pierre d’Étrochey avait été passé avec Noêl Degoix.
En 1750, Le carrelage du sanctuaire est dit en bon état, mais celui du chœur est en très mauvais état; il sera nécessaire de le relever en entier et de le reposer bien de niveau et en bonne liaison, après en avoir refait les parements, ciselures et joints, bien carrément; le surplus dudit pavé qui doit remplacer les cassés, usés et trop petits seront fournis par l’adjudicataire en pierre dure de bonne qualité, d’environ trois pouces d’épaisseur, trois pieds au moins de longueur et dix-huit à vingt pouces de largeur, proprement layés entre quatre ciselures, tailles à joints bien carrés, posés bien de niveau, solidement avec repous[ii]et en bonne liaison; ledit pavé neuf consiste en deux toises quarrées. Le carrelage de la nef est en très mauvais état; il faudra le relever et le reposer bien de niveau et en bonne liaison, après avoir refait les parements, joints, et relevé les ciselures des meilleurs pavés; il en sera suppléé en carreaux neufs, pierre dure, six toises quarrées,de l‘échantillon et façon de ceux du chœur ci devant dit. Lesquels seront particulièrement posés dans les passages ou couloirs. Le carrelage desdites chapelles est en très mauvais état, il sera aussi relevé en entier, reposé bien de niveau, et avec celui du chœur, après en avoir dressé les parements, relevé les ciselures et refait les joints bien carrément; il sera fourni par l’adjudicataire quatre toises carrées, de carreaux neufs de l’échantillon et qualités de ceux-ci-dessus dits pour le chœur, posés de même au lieu des plus usés, plus petits et cassés. Cependant, à la réception des travaux: le carreau de la nef est refait bien et de niveau à celui du chœur. Il est porté par le devis d’en fournir six toises à neuf, il s’en trouve environ huit toises de fourni à neuf, desquels deux toise sen sus ne sera tenu compte à l’adjudicataire d’aucunes augmentations, faute par lui de ne le pas avoir fourni de l’échantillon ainsi que ce qu’il y a de plus de fait de pavé sous les basses voûtes des côtés de la nef qui ne sont point expliqué audit devis, n’étant parlé que de la nef seulement.
Figure 49 : Armoiries de Benjamin Junot, gravées sur sa pierre tombale
Il reste cependant au sol quelques pierres tombales, dont celle de Benjamin Junot.
Sur le champ, il est inscrit:
SOVS/CETTE TOMBE/GIT NOBLE HO/MME. BENJAMIN/IVNOT. DARCE/VIVANT. CONSEL/LER. DV. ROY. TRES/ORIER. GENERAL. DE. FRANCE. ET. GARDE/DV SCEL AV BVREAV DE/FRANCE. EN. BOVRGO/GNE. ET. BRESSE. SE/GNEVR. D'ESTROCHE/ET. DE. BEAVREGARD/QVI DECEDA. LE. XIII IO/VR. DE. MAY. M.D.C./PRIE. DIEV. POVR/SON. AME/1650 ; et, au centre, sont gravées ses armoiries.
On y trouve aussi un morceau d’inscription romaine, du Ier siècle, et diverses pierres tombales.
Figure 50 : Fragment d'inscription gallo-romaine réemployé comme pavage
Figure 51 : Pierre tombale avec symbole christique
C’est probablement à la suite de cette restauration que l’église fut re-consacrée; la seule croix de consécration encore existante, peinte sur le pilastre entre la troisième et la quatrième travée, laisse voir une fleur de lis.
Figure 52 : Croix de consécration, peinte sur le pilastre, en haut à droite (fleur de lis)
On profita également de cette restauration pour effectuer quelques modifications.
Les fonts baptismaux furent, à cette occasion, déplacés: les fonds qui se trouvent au chœur seront transférés dans l’angle du mur pignon et gouttereau au nord de la nef, son carrelage en marchepied sera aussi transporté et refait, sa balustrade y sera posée et assurée avec bonnes pattes et l’ancienne place où il était , rétablie; il sera pratiqué ou observé au mur pignon à reconstruire, à l’endroit desdits fonts, une petite fenêtre de 15 pouces en carré pour renfermer les huiles, plats et tout ce qui doit servit au baptême; elle sera fermée d’un châssis dormant, assuré solidement avec pattes de force et noyé dans les enduits, et d’une porte d’assemblage et de force, ferrée de 2 fiches à gond, d’une serrure de 4 pouces, garnie de fer, gâche, vis, clef et entrée; l’ancienne place desdits fonts sera rétablie tant en carrelage, qu’enduits, qui auront pu être endommagés.
Figure 53 : Les fonts-baptismaux dans le bas-côté nord (les fonts peuvent dater de la seconde moitié du XVIIIème siècle)
Pour tous ces travaux, l’intendant de Sauvigny envoya à son confrère de Bourgogne, le 29 octobre 1753, l’arrêt du conseil confirmant l’adjudication qui avait été faite des réparations de l’église et ordonnant que tous les propriétaires et habitants des deux villages y contribuent.
Mais il y eut opposition des forains, en l’occurrence 9 habitants de Châtillon, qui ne voulurent pas contribuer à ces dépenses; à la tête de ceux-ci, on trouvait les sieurs Rémond, lieutenant-général du bailliage, Vaillant de Savoisy, lieutenant des maréchaux de France, ou Lambert, lieutenant des eaux et forêts.
Ces derniers adressèrent une supplication aux deux intendants, mais ils durent finalement participer.
Des collecteurs furent nommés pour répartir les dépenses entre tous les habitants[i].
LES RÉPARATIONS ULTÉRIEURES
Suite à une pétition des habitants de Vix et d’Étrochey, du 9 septembre 1790, l’architecte Bourceret, de Châtillon, fut nommé expert pour estimer les réparations à faire.
Le devis, du 7 octobre 1791, s’élevait à 500 £ 10 S. 5 D; il y avait la toiture à revoir, les colonnes du petit portail étaient pourries et les murs étaient à rejointoyer[ii].
Puis des réparations urgentes eurent lieu, tout au long du XIXe siècle.
En 1811, en conformité de l’arrêté du sous-préfet du 23 novembre, un devis fut établi par Jean Baudry, maçon à Vix, pour faire les réparations les plus urgentes, le 18 février 1812, de 900 £ (dont 400 £ pour réparer la couverture; mais, si Vix avait de l’argent en caisse, Étrochey n’en avait pas).
En 1822 et 1823, environ 50 toises de couverture durent être rapidement refaites; Joseph Tridon, charpentier et couvreur à Cérilly, et Claude Corard, maçon et tailleur de pierre à Vix, s’y employèrent, la facture étant de 732, 54 F.
Le 18 avril 1824, les maires de Vix et d’Étrochey écrivirent au préfet, lui demandant de les aider à faire des travaux car, outre la cloche fêlée, la totalité de la couverture tombe de toute part, les crépis, tant en dehors qu’en dedans, sont presque tous à refaire, mais ils manquent d’argent.
De plus, Ils se plaignent du sous-préfet actuel de Châtillon et de son prédécesseur qui ont manifesté l’intention de réunir la commune d’Étrochey à celle de Sainte Colombe et celle de Vix à celle de Pothières.
Non seulement ces églises ne pourraient pas contenir tous les villageois, mais les communications en hiver sont très difficiles entre ces villages et le prêtre, aussi zélé soit-il, ne pourrait aller célébrer la messe à Pothières, puis à Vix.
Pour appuyer leur demande auprès du préfet, les deux maires font appel au marquis Ruffo de Bonneval de la Fare, propriétaire du château d’Étrochey.
Le comte va insister sur l’église Saint-Marcel, une des plus anciennes de votre département…église d’une architecture gothique et élégante, mais à la veille de s’écrouler si quelques réparations n’y sont pas faites.
Et le comte terminait en souhaitant que le préfet lance une souscription, avec le roi et les princes en tête:il est d’ailleurs plus digne de vous, que de tout autre, de contribuer puissamment à la reconstruction des temples du Seigneur.
Le préfet lui répondit, le 11 mai, que de l’argent était donné aux départements, mais que la somme était trop faible et le préfet l’avait signalé au ministre de l’Intérieur; le préfet lui suggérait qu’il demande à son père de passer dans les ministères.
En 1834, eut lieu l’adjudication de travaux pour réparer l’église et construire une sacristie; ce fut Jean Tardy, menuisier de Pothières, qui s’en porta adjudicataire, pour 568,6 francs; l’architecte Roze en fit le devis estimatif et fut chargé de surveiller les travaux.
La dépense totale de 596 francs 16 centimes(28, 40 francs étant pour payer l’architecte), fut imputée sur les fonds libres communaux[iii].
Figure 54 : Plan des innovations à apporter à l'église (Tridon le 11 juin 1835 ADCO, E DEP 711-42)
En vertu de l’arrêté du sous-préfet du 16 janvier 1835, Simon Tridon, en présence du maire, rédigea son devis; il consistait à démolir les trois petites fenêtres des bas-côtés nord et sud et les remplacer par des fenêtres de 1,50 m de haut sur 0,80 m de large; les enduits devaient être refaits jusqu’à hauteur d’un mètre, avec du ciment de Pouilly et ensuite avec application d’une couche de blanc à bourre, lavée de deux couches à la colle; on devait rejointoyer la tour du clocher et y faire des abat-vents; un fossé serait fait tout autour de l’église, car elle était humide; le pavé dégradé serait fait en pierre d’Étrochey; à l’intérieur, les autels latéraux seraient faits en chêne et l’appui de communion en fer; le devis total s’élevait à 2937 francs.
Le 28 juin, le maire exposait au Conseil municipal que des réparations très urgentes étaient à faire à l’église communale; que la majeure partie de celles à faire dans l’intérieur de ladite église provenaient de vétusté, mais que le reste offrait encore aux regards des habitants l’effroyable tableau de la dévastation révolutionnaire; que les réparations à faire à la partie extérieure étaient de nature si urgente que, si l’on tardait plus longtemps de s’en occuper, cet édifice exposé, de par sa situation sur la montagne, à toutes les intempéries des saisons, tomberait bientôt en ruine, et que la commune se trouverait dans peu d’années sans Eglise, et sans moyens pour pouvoir jamais en reconstruire une.
Quant au devis de 2937 francs, la commune était entièrement dépourvue de toute espèce de ressource pour pouvoir faire face à ces dépenses, attendu que les recettes annuelles que présente son budget et celui de sa fabrique suffisent à peine à pour couvrir ses dépenses ordinaires [i].
Le Conseil municipal ne pouvait constater qu’il ne pouvait contracter d’emprunt, parce que la commune ne pourrait donner aucune garantie et qu’elle ne pouvait s’imposer extraordinairement, attendu que les plus imposés sont tous des propriétaires forains qui lui ont constamment refusé leur concours toutes les fois qu’elle le leur a demandé en pareille occasion.
Cependant, le sous-préfet, avec les fonds accordés par le préfet, estima qu’il y avait lieu d’approuver le devis et engageait le maire à procéder à l’adjudication des travaux (et ceci fut approuvé par le préfet le premier août 1835).
Cependant, les travaux ne semblent pas avoir été réalisés ou partiellement (les fenêtres ne furent pas agrandies, il n’y a pas d’appui de communion en fer, etc.).
En 1847, eurent lieu des réparations à la voûte, car une des principales ogives de la voûte tombait par parcelles et s’affaissait: deux ou trois jours de retard eussent suffi pour causer la ruine de l’édifice.
Claude Corard fit les réparations, remit des bandes de fer, en janvier 1847, pour 74,90 francs.
Une quête fut faite à Étrochey et la fabrique de Vix n’avait pas de revenu.
Finalement, la commune de Vix prit une délibération, le 10 février 1848, pour payer la moitié et la commune d’Étrochey prit également, le 27 février 1849, une délibération pour payer l’autre moitié[ii].
Le 7 janvier 1854, le maire de Vix s’était adressé au sous-préfet: d’urgentes et de considérables réparations se trouvant à faire en ce moment tant à l’église Saint Marcel qu’au presbytère de cette commune, j’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien m’autoriser à convoquer extraordinairement le conseil municipal ainsi que les plus imposés au rôle de ladite commune afin que cette assemblée puisse aviser au moyen de réaliser les fonds nécessaires aux dépenses que nécessitent ces réparations (Roze Cousturier étant l’architecte)[iii].
En 1858, Corard, pour 54,35 francs, répara la couverture en lave et une panne à la charpente, fit des cordons autour de la tour du clocher et y mit une échelle et répara également 5 vitraux.
Chaque commune en paya la moitié[iv].
En 1862, l’évêque François Victor Rivet écrivit au préfet: Je pense qu’il est grandement temps que votre autorité intervienne, soit pour réparer, si possible, la vieille église, ce qui serait préférable, au point de vue religieux et moral, soit pour en faire construire une autre plus à la portée des habitants de ces deux communes réunies en une seule paroisse. J’espère, M. le Préfet, que vous voudrez bien ordonner à l’architecte de l’arrondissement d’aller visiter l’église de Saint Marcel, de vous en faire son rapport et prendre ensuite telles mesures que vous croirez utile.
Le préfet, le 18 juillet, ordonna au sous-préfet de faire procéder à une visite et voir ce qu’il en était.
Il ajoutait également que l’église devait être réparée immédiatement, si elle en était susceptible et, dans le cas contraire, qu’il soit procédé à une reconstruction permettant de placer l’édifice plus à portée des deux communes[v].
En 1865, il y a une demande urgente de réparations, mais les deux communes n’ont pas d’argent[vi].
En 1882, fut fait un devis pour refaire la couverture de l’église et reprendre les parements extérieurs (devis de 6000 francs).
En 1893, des travaux urgents furent réalisés à la tour de l’église, pour éviter des accidents; ils furent réalisés par M. Parisot, carrier à Vix, pour un montant de 35,75 francs (payés par la commune de Vix).
L’église fut classée au titre des monuments historiques le 9 mai 1914, mais nécessita encore des restaurations au cours du XXe siècle[vii].
En 1933, des bons de souscription, allant de 5 francs à 100 francs, furent vendus afin de restaurer l’église; ainsi 1670 francs furent récoltés (475 francs avaient été collectés à Vix et 1195 francs à Étrochey).
De sorte qu’en 1936, Monseigneur Pierre Petit de Julleville, écrivit au maire de Vix qu’il avait appris avec plaisir que, sur votre initiative, la belle église de St Marcel, qu’il a visitée, est en voie de restauration.
Figure 55 :Souscription pour réparer l'église Saint-Marcel (ADCO,E dépôt 711-art 42)
L’église fut encore restaurée, suite (dit-on) à une visite du général de Gaulle en 1966, mais il y eut des malfaçons.
La dernière intervention eut lieu à la fin du XXe siècle.
Grâce à l’intervention de l’État, de la région, du département et des collectivités locales, un financement de 1 100 000 francs permit une restauration de l’édifice (la plus grosse dépense ayant été pour la couverture en lave; il y avait eu auparavant une réparation urgente d’une poutre maîtresse et de nouvelles portes, remplaçant celles dégradées et éventrées par des voleurs); pour célébrer la fin des travaux, eut lieu, à l’église, le dimanche 3 juin 1984, une cérémonie en présence de nombreuses personnalités[i].
Figure 56 : Livret pour la fête de la restauration de l'église
Un sarcophage trapézoïdal, entier (de 1,90 m de long sur 26 cm de hauteur), datant du haut moyen-âge et déposé d’abord dans le chœur, fut réinstallé près du porche d’entrée.
Figure 57 : Sarcophage déposé dans le bas-côté sud
LA CLOCHE
Celle-ci posa aussi quelques problèmes.
Lors des restaurations de 1750, on parle de deux cloches, mais l’une a peut-être disparu à la Révolution.
En 1823, la cloche fut cassée, le dimanche de la Fête Dieu 1823.
En 1824, une nouvelle cloche fut installée, fondue par M. Brenel, un fondeur châtillonnais installé rue de l’Orme.
Elle eut comme parrain le maréchal Marmont, duc de Raguse, maréchal et pair de France, ministre d’Etat, chevalier des ordres du Roi, major général de la garde royale, grande croix de l’ordre royal de la Légion d’honneur, gouverneur de la première division militaire, commandeur de l’ordre impérial de la Couronne de Fer, grande croix de l’Ordre royal, de l’Aigle d’Or de Würtemberg et, comme marraine, madame Anne Françoise Henriette Poussy ; ce parrainage s’explique parce que le maréchal Marmont et M. Bazile-Poussy étaient les personnages les plus importants ayant des propriétés sur Étrochey et Vix et notamment des lavoirs à mines et des patouillets qu’ils y exploitaient[i].
En 1880, le support pour poser la cloche coûta 43 francs.
Figure 58 : Echange de lettre entre le maire de Vix et la fonderie Jeanne d'Arc (ADCO,E DEP,711 article 52)
En 1936, en raison d’une subvention accordée par le ministre des Beaux-Arts, le maire de Vix s’adressa à Georges Farnier, fondeur de cloche à Robécourt, dans les Vosges, pour la refonte éventuelle de la cloche fêlée et entièrement hors d’usage.
Cette cloche avait à la base un diamètre de 1,035 m; elle devait donner le fa dièze et, selon le fondeur, peser primitivement entre 680 et 700 kg de bronze[i] .
Mais un morceau important était tombé et disparu, de sorte que le poids restant ne devait être que de 650 kg.
Les accessoires anciens (mouton, battant, ferrures de suspension, bras de sonnerie) dataient eux aussi de 1824 ; ils étaient impropres à tout service futur et ne pouvaient être ajustés à une nouvelle cloche; le fondeur constata également que la charpente comportait deux cases libres.
Le 23 août, le maire passa commande, pour 700 francs, d’une nouvelle cloche, donnant le si et pesant 3 00 kg.
La cloche devait être à Vix pour le 11 novembre et elle fut aussitôt installée dans le clocher.
Mais le maire rencontra une difficulté concernant la bénédiction, car il pensait que le curé de Pothières pourrait s’en charger, mais ce dernier refusa.
S’étant adressé à l’évêque de Dijon, Pierre Petit de Julleville, celui-ci lui répondit qu’il venait d’être nommé à l’archevêché de Rouen et n’avait pas encore de successeur; il conseilla au maire de s’adresser au vicaire général.
Ce dernier expliqua alors que seuls l’évêque ou le vicaire pouvaient faire cette bénédiction et qu’il était difficile de faire une bénédiction solennelle, la cloche étant déjà installée dans le clocher; le vicaire donna pouvoir à l’abbé Rousselet de bénir la cloche de façon privée, ce qui fut fait.
Comme c’était le maire de Vix qui avait pris cette décision, le conseil municipal d’Étrochey voulut bien contribuer pour la moitié à cet achat, mais le maire de Vix devrait rendre compte du produit de la vente de l’ancienne. Cette cloche fut baptisée « Rosalie ».
N’est-elle pas jolie notre église Avec son toit de pierres grises Depuis plus de huit cents ans Elle veille sur ses habitants
A ses pieds le petit cimetière
Où reposent des familles entières J’y viendrai dormir à mon tour, Quand sera venu le grand jour Sous les caresses de la bise A l’ombre de ma vieille église
Simone Peussot-Vix (revue Florilège-n° 12)
Figure 59 : L'église de Vix, vue du bas de la colline
(Dominique Masson)
[i] En fait, le fondeur s’était trompé dans son estimation : « Votre ancienne cloche m’a causé un gros déboire ; elle pesait 70 kg de moins que mon estimation, ce qui me fait une perte sèche de plus de 500 francs …Je n’ai jamais rencontré une cloche à paroi aussi faible … car, avec son diamètre, elle aurait dû, neuve, peser plus de 700 kilos, alors que je n’ai trouvé que 580 kilos ». ADCO, E dépôt711, article 42 ; E dépôt 266, article 31 ; 2 O 711/19
[i] Croix Charles : « Cloches anciennes et modernes de Châtillon-sur-Seine » ; Massenet, 1932. Le fondeur fut Joseph Brenel, fondeur à Châtillon.
[i] Cette restauration se fit sous la conduite de M. Jantzen, architecte en chef des Monuments Historiques. Le dallage fut refait avec le concours de la Société des Carrières d’Étrochey.
[i] Pour l’année 1834, les dépenses de la commune s’élevaient à 460, 46 francs et les recettes à 511,37 francs ; ADCO, 2 V, article 32
[ii] ADCO, 2 O 711/19
[iii] ADCO, E dépôt 711/42
[iv] ADCO ; E dépôt 711-42
[v] L’évêque signalait que « depuis plusieurs années déjà, j’ai dû retirer à la paroisse de Vix et Étrochey son curé dont elle laissait son logement en ruines … » ; ADCO, 2 O 711/19
[vi] ADCO, E dépôt 266, article 31
[vii] On peut se demander si cette église, primitivement, avait une travée supplémentaire à l’ouest, mais avait un chœur moins profond à l’ouest (chevet plat ?).
[i] La réception des travaux fut faite le 9 novembre 1755
[ii] Le 22 thermidor an XIII ( 10 août 1805), Jean Baptiste Masson, menuisier à Obtrée, fut chargé de faire la chaire à prêcher, le confessionnal et un piédestal ; ADCO, E dépôt 266, article 31
[iii] ADCO ; 2 O 711/19
[i] Aiguille : en charpente : c’est une pièce de bois d'un comble pyramidal dans lequel viennent s'assembler les arbalétriers
[ii] Repous : mortier fait avec de la brique pilée et de petits plâtras, destiné, entre autres, à remblayer des chemins
[i]Le mouton, ou joug, est le support en bois de la cloche
[ii] Chaise : éléments de charpente constituant l'assise d'une structure particulière (clocher par ex.) ou d'un étaiement.
[iii]Batteler(nord de la France) : « battre, sonner les cloches»
[iv]XIXe siècle. Dérivé de gobeter. Maçonnerie ; Plâtre, enduit employé pour gobeter ; travail exécuté en gobetant. (On dit aussi Gobetis.)