Publié le 1 Décembre 2011
A l'initiative de l'Association Châtillonnaise "Châtillon-Scènes", Jean-Noël Grandchamp, luthier à Chemin d'Aisey , est venu salle des Conférences de Châtillon sur Seine, nous expliquer ce qu'est la lutherie, un art très ancien qui utilise certains bois de nos forêts .
Un prolongement très intéressant du Festival de Châtillon-Scènes: "forêt et patrimoine", en 2011, "année internationale de la forêt".
Le violon est un instrument de musique à cordes frottées. Constitué de 71 éléments de bois collés ou assemblés les uns aux autres, il possède quatre cordes accordées à la quinte, que l'instrumentiste, appelé violoniste, peut frotter avec un archet ou pincer avec l'index . Dans les formations de musique classique telles que le quatuor à cordes ou l' orchestre symphonique, le violon est l'instrument le plus petit et de tessiture la plus aiguë parmi sa famille ; celle-ci inclut l'alto, le violoncelle et la contrebasse Sa création remonte au XVIème siècle.(source Wikipedia)
Deux essences particulières sont utilisées pour créer un violon:
-l'épicéa commun dit "de résonance" , dont le bois deviendra la table d'harmonie de l'instrument.
Le bois de l'épicéa de résonance doit être sans noeuds, il sera prélevé dans le tronc à 5/6 mètres du pied de l'arbre.
-L'érable sycomore, le bois "royal", dont le bois "ondé" servira à réaliser le fond, les éclisses et le manche, est un arbre de forêt, on n'utilise jamais un arbre urbain.
Sur cette diapositive, Jean-Noël Grandchamp nous indique les différentes parties d'un violon : certaines sont en épicéa de résonance, d'autres en érable ondé:
Vue éclatée d'un violon :
Pour un luthier, le bois de l'épicéa de résonance, ainsi que le bois de l'érable doivent être débités "sur quartiers". C'est un travail délicat qui n'est effectué que par des scieurs professionnels. Seul, le "duramen", bois de coeur est utilisable, aussi bien en ébénisterie qu'en lutherie.
plus d'indication sur ce site, chapitre "débit des bois", puis "débit sur quartier" :
http://passion.bois.free.fr/le%20materiau%20bois/index_materiau_bois.htm
L'épicéa se travaille à la gouge...
A l'aide d'un diapason, Jean-Noël nous fait entendre la résonance d'une fine planche d'épicéa...La table d'harmonie du violon, constituée d'épicéa, transmettra parfaitement le son produit par l'archet sur les cordes.
L'érable ondé est un bois magnifique qui donne un effet esthétique de toute beauté au fond du violon.
Le luthier nous présente un quartier d'érable ondé..
Les "ondes " du bois d'érable rigidifient la voûte de l'instrument dans sa largeur..et donnent un très bel aspect au violon.
Il existe plusieurs teintes de bois d'érable sycomore utilisées en lutherie: surdosse,marbré, moiré, flammé,pommelé, moucheté, birdseye...
Autrefois certaines pièces du violon étaient réalisées en ébène..
Un morceau d'ébène :
Le bois d'ébène étant très cher, on le remplace souvent par le chêne des marais, un bois qui a séjourné très longtemps dans la tourbe et qui a pris une belle teinte foncée.
Les luthiers utilisent également des bois exotiques: le palissandre des Indes ou de Rio, l'acajou, le macassar, le citronnier de St Domingue, l'amarante, l'amourette; l'alerce, le bois de rose, le bois de violette, la loupe d'amboine ou la loupe de cade.
A noter que Stradivari, célèbre luthier de Crémone, (concepteur du celèbre "Stradivarius") utilisait parfois le peuplier pour faire le fond de certaines guitares et violoncelles.
Des luthiers contemporains, comme Jacques Grandchamp, créent des instruments surprenants...
La lutherie est un art très ancien, ci-dessous on peut voir le dessin de " la lira da braccio" de 1511.
Les anciens instruments ne sont pas malheureusement pas parvenus jusqu'à nous, mais on peut en voir la reproduction sur des tableaux , comme ici une vielle , dans un tableau de La Tour ...
Les instruments anciens ont été heureusement sculptés sur les chapiteaux des cathédrales, on sait à quoi ils ressemblaient, comme ici un instrument du Moyen-Age : l'organistrum.
On peut donc, après moulage de la sculpture pour avoir les proportions exactes de l'instrument, le reconstituer, c'est fabuleux !
Jean-Noël Grandchamp avait exposé des pièces de bois, des outils,l'assistance nombreuse s'y est vivement intéressée...
En rentrant chez moi , j'ai ressorti le violon de mon grand-père, que le n'avais jamais vraiment examiné, et j'y ai retrouvé la table d'harmonie en épicéa de résonance....
et le fond en érable ondé....
A l'intérieur, une étiquette indique qu'il a été réalisé par un luthier de Mirecourt (Vosges) sur le modèle d'un Stradivarius. Un bel objet sans grande valeur matérielle, mais avec une valeur sentimentale pour moi....
Cette conférence, si intéressante, m'a donc permis d'apprendre comment, et avec quoi, un violon, alto, violoncelle, contrebasse étaient créés, ce que j'ignorais complètement. Je regarderai dorénavant l' instrument de mon aïeul, avec un tout autre oeil !
Jean Noël Grandchamp crée surtout des vielles, en voici trois magnifiques..
Cette vielle est exceptionnelle car elle a deux claviers...
Etienne Rognon , pour terminer en beauté cette conférence si instructive, a fait chanter la vielle de son ami Jean-Noël, pendant que les auditeurs dégustaient le succulent pain d'épices de Michelle Garnier accompagné d'une non moins délicieuse boisson à la liqueur de cassis, élaborée par Jeanine Morizot...
Une bien belle soirée dont on se souviendra longtemps !
Et demain, n'oubliez pas :