La girouette-girafe d'Aisey sur Seine...
On m'avait dit que c'était une girouette rapportée d'Egypte par Napoléon et offerte à Marmont !!
C'EST FAUX !
Michel Mars qui a restauré magnifiquement sa si belle girouette m'a raconté son histoire..
La voici dans toute sa splendeur:
Pourquoi a-t-on fabriqué pareille girouette ? et bien , voici l'histoire de "la girafe" qui inspira son constructeur...
Cette gravure d'époque représente la première girafe qui ait été amenée vivante en France. Elle fut envoyée en présent au roi Charles X par le Pacha d'Egypte. L'animal,âgé de deux ans et demi et d'une taille de « douze pieds », fut dessiné au «Jardin du Roi » (l'actuel Jardin des Plantes à Paris) en juillet 1827, peu de temps après son arrivée dans la capitale.
Elle fut offerte au roi de France, Charles X, par le vice-roi d'Égypte, Méhémet Ali. Celui-ci l'avait lui-même reçue en cadeau de Mouker Bey, un seigneur du Soudan ; l'idée de l'offrir à la France vient de Bernardino Drovetti, consul de France en Égypte .
Née en 1825 d'après les calculs de l'époque , elle débarqua à Marseille le 14 novembre 1826
On prépara le voyage et ses étapes, avec un soin minutieux. La caravane comprendrait la girafe, les vaches, une des antilopes l'autre était morte à Marseille , deux mouflons, le valet trayeur, les Soudanais,un interprète, une voiture transportant fourrage, graines, impedimenta variés, le tout commandé par le savant, chef d'expédition. Et pour que la girafe ne souffrît pas des pluies de printemps, on lui fit faire sur mesures, en « toile cirée doublée », un imperméable à capuchon, en deux parties frappé des armes du roi de France et du pacha d'Egypte. Villeneuve-Bargemon avait prévu une escorte de gendarmerie montée, et il ne manqua pas d'écrire au maire des communes de sa circonscription traversées par le cortège pour leur donner toutes instructions, et à ses collègues des autres départements pour leur prodiguer des conseils
Elle fut donc ainsi conduite à Paris à pied à partir du printemps 1827. Au cours de ce voyage elle était accompagnée par Geoffroy Saint-Hilaire, directeur du Jardin des plantes.
La girafe arriva le 30 juin à Paris .
Le roi Charles X ,qui passait l'été au château de Saint-Cloud, voulut, dès le lendemain, voir « sa » girafe.
La bête fut installée dans la grande serre du Jardin des Plantes puis, en octobre 1827, prit possession de « l'appartement » qu'on lui avait installé dans la rotonde : une pièce pour elle, capitonnée de paillassons, chauffée par un poêle... et par les vaches et autres animaux qui maintenaient, l'hiver, les quinze degrés nécessaires à la santé de l'Africaine.
Elle fut pendant trois ans une des principales attractions de la capitale (au cours de l'été 1827 elle reçut 600 000 visiteurs).
Et cette arrivée engendra un nombre incalculable d'objets « à la girafe », que les colporteurs répandirent dans toutes les provinces de France.
Céramiques d'abord : les Islettes, Waly, Nevers, Le Havre, Montereau produisirent des plats, des assiettes, des plats à barbe où l'animal, plus ou moins schématisé, présentait son profil caractéristique. Mais l'on vit également la girafe surdes toiles imprimées, des images populaires, des fers à repasser, des bassinoires, desencriers, des éventails, des tabatières, des almanachs et des girouettes !
Voilà pourquoi on en voit une à Aisey sur Seine et une autre à Saint Parres les Vaudes..
Les femmes se coiffèrent « à la girafe » et le claviharpe, instrument de musique inventé en 1819, fut rebaptisé « piano-girafe !!
Vers 1835, on envisagea de la marier, mais le mâle qu'on lui destinait ne quitta jamais l'Italie. Elle vieillit paisiblement, survivant à Charles X et à Geoffroy Saint-Hilaire, et mourut au début de 1845, dans sa vingt-et-unième année. On la naturalisa, et sa silhouette immobile orna longtemps les galeries de zoologie du Muséum,jusqu'au jour, entre les deux dernières guerres, où le conservateur du muséum de la Rochelle réussit à se la faire attribuer.
Ainsi, née près des sources du Nil, la girafe avait traversé une partie de l'Afrique, la Méditerranée et la France, pour venir, dix huit ans, distraire les Parisiens, avant de repartir vers les bords de l'Océan, où elle goûte une sorte d'éternité.