Les monuments élevés aux morts de la "surprise" de Châtillon
Publié le 6 Mai 2021
Dominique Masson nous offre aujourd'hui un superbe notule recensant les monuments élevés dans notre ville, en souvenir de la bataille entre Garibaldiens et Allemands en 1870, bataille devenue célèbre sous l'appellation de "Surprise de Châtillon.
Notule d’histoire :
Les monuments élevés aux morts de la « surprise » de Châtillon
(Figure 1 : le monument élevé pour les garibaldiens et le monument élevé pour les allemands, cimetière Saint-Jean)
Le 18 novembre 1889, M. Steenackers, un parisien, envoyait une lettre à la mairie de Châtillon :
Mon excellent ami,
M. Fernand Xau, me demande de jeter sur le papier, pour les lecteurs de l’Echo de Paris, mes souvenirs sur le rapide et sanglant épisode de Châtillon.
J’ai le plus grand désir de le faire ; il me semble que je m’acquitterais d’’un devoir sacré et je serais heureux de rendre hommage à votre cité si patriotique et si éprouvée en ces temps funestes.
Mais, si le souvenir est vif de ces choses vécues, je revois tout cela un peu confusément, comme à travers la lueur crépusculaire d’un mauvais rêve.
Surtout, ce qui s’est passé après la marche de nuit, après que nous nous fûmes séparés, près d’Ampilly, des francs-tireurs de Nice et Savoie, qui devaient attaquer d’un autre côté.
Dès mon entrée en ville, tout se mêle un peu et je ne sais ni le nom d’une route, d’une rue, d’une place.
Ainsi, au moment où nous pénétrions dans la ville, je me retrouvais à la dernière escouade des chasseurs du Havre (chemises rouges), et je touchais la tête de colonne des éclaireurs du Doubs en capotes grises de lignards.
C’est en ce moment qu’une trombe de feu et de plomb passa devant nous, ricochant contre les murailles et jetant le désordre dans nos rangs surpris.
La fusillade partit du sommet d’un haut mur à gauche et je me trouvais à cette minute précise devant une maison-à droite- qu’on me dit être celle du receveur d’octroi.
Tandis que les éclaireurs du Doubs essayaient d’enfoncer la porte de la propriété d’où étaient partie la fusillade (je vois encore le capitaine de Gladyez, un blond à lunettes, frappant la porte à coups furieux de la hampe de son drapeau), nous entrions au pas de course, échangeant des coups de fusil avec les allemands surpris, qui se sauvaient pour rallier le quartier général à l’Hôtel de ville ou à la sous-préfecture.
Les balles pleuvaient dru ; mon pauvre Charles était tombé et son sang m’avait éclaboussé la figure.
Sur le trottoir, gisait, mort, un éclaireur, tombé les jambes un peu repliées, la tunique légèrement retroussée.
On allait de l’avant.
Dans une rue, à notre droite, on se battait dans les maisons !
C’est là que mon ami le caporal Parnin, eût le poignet fracassé par une balle.
Mon colonel, M. le comte de Houdetot, m’appela près de lui et nous rejoignîmes le général Ricciotti, très pâle, très calme, la moustache nerveusement tortillée, criant de toutes ses forces : Avanti !
A un moment, sur une place ou à un carrefour, où il y avait, autant que je puis me le rappeler, une pompe ou une fontaine, une décharge nous arriva, le cheval de Ricciotti se cabra et faillit manquer des quatre pieds ; mais le général le ramassa et partit au galop avec mon commandant M. de Amone, plusieurs officiers italiens et M. de Houdetot.
J’avais reçu dans mon képi et dans ma couverture deux projectiles-mais, plus heureux que mon malheureux jeune frère, je n’avais aucune blessure.
Le bruit de la fusillade avait cessé, on sonnait la retraite et de partout débouchaient des soldats amenant des prisonniers et des chevaux.
Nous reprenions vivement la route de Coulmiers le Sec.
On disait qu’une forte colonne du corps du général Werder, allant de Langres à Chaumont, allait arriver : nous nous attendions à être rattrapés.
A partir de ce moment, mes souvenirs sont très précis.
J’ai même gardé mémoire du texte de la lettre adressée au nom de Ricciotti par M. de Houdetot au chef de la colonne allemande, qui menaçait Châtillon de représailles.
Les choses vues, vécues, m’ont beaucoup frappé au milieu du tohu bohu effrayant de cette surprise rapide comme un coup de foudre…[i]
Après cette « surprise », le commandant allemand Lettgau s’était retiré sur Châteauvillain, tandis que les garibaldiens se dépêchaient de partir vers Dijon.
Lorsqu’il revint, il fallut relever et enterrer les morts.
Le 20 novembre, le colonel Lettgau, commandant de place, donnait comme ordre :
1°, enlèvement des corps des francs-tireurs en présence d’une commission composée partie d’officiers allemands, partie de membres du conseil municipal, à l’effet de reconnaître l’identité des morts…9°, les habitants qui ont des francs-tireurs blessés chez eux devront les porter à l’hospice[ii].
Le commissaire de police, Adolphe Edme Fauchon, et le receveur de l’hospice, Jean-Baptiste Joseph Mariotte, parcoururent les rues pour recueillir les corps et établir la fiche d’état-civil.
[i] Archives Municipales de Châtillon sur Seine (AMC), 4 H 16
[ii] AMC, 4 H 16
(Figure 2 : Garibaldiens tués lors de la "surprise" de Châtillon)
Il est difficile de connaître les noms des garibaldiens tués lors de cette bataille et on ne peut qu’avoir quelques indices.
Le premier concerne Barral, des francs-tireurs de l’Isère, né à Chirens, en Isère [i].
[i]Pour M. Molis, il est originaire de Saint-Geoire en Valdaine, mais peut-être que c’était son lieu de résidence.
Il cite également parmi les morts, Raphaël, de Tullins (38210), mais le franc-tireur Barnoud indique qu’il n’a été que blessé.
Outre les Dauphinois, il indique deux francs-tireurs des Vosges, un du Havre et un de Dôle parmi les tués.
M. Blanchard parle de trois francs-tireurs du Havre tués, selon des sources des archives militaires françaises.
Dormoy avait indiqué : 2 Dauphinois, 2 Vosgiens, 1 Dolois, 1 Havrais (« Souvenirs d’avant-garde », Paris, 1887)
(Figure 3 : le journal "l'Impartial" dauphinois décembre 1870)
La lettre de M. Steenackers donne aussi des renseignements :
il y a juste aujourd’hui dix neuf ans que mon pauvre jeune frère Charles Pierre Steenackers tombait à côté de moi, frappé par une balle allemande, en même temps que mon brave camarade François Favré et un de nos compagnons d’armes de la compagnie des éclaireurs du Doubs, commandés par Nicolaï.
Le médecin major Ellendorf, dans une lettre datée du 21 novembre et publiée dans le Westfälicher Anzeiger le 29, déclarait qu’il y avait eu 4 francs-tireurs tués et 12 blessés, la plupart se trouvent dans les maisons.
En fait, il y eut en tout 8 garibaldiens tués le 19 novembre.
Pour les prussiens, c’est ce médecin major qui s’occupa de les faire enterrer dans les jours suivants.
(figure 4 :billet du médecin-major Ellendorf AMC 4H42)
(Figure 5 :tableau des morts allemands lors de l'attaque du 19 novembre 1870 , établi par Günter Wiesendahl)
Le lieu choisi pour enterrer garibaldiens et allemands fut le cimetière Saint-Jean de Châtillon.
Il avait été agrandi, au nord, par la vente, en 1866, d’un terrain de 133 ares 70 centiares appartenant à M. Achille Maître ; aussi, y avait-il de l’espace pour de nouvelles tombes.
(Figure 6 :Le cimetière Saint-Jean en 1810, cadastre napoléonien)
(Figure 7 :Le cimetière Saint-Jean aujourd'hui, cadastre de Châtillon sur Seine)
Le 22 novembre 1870, il fut dû, par la commune, à MM. Coquet et Laurain, la somme de 10,50f. pour avoir enlevé 7 cadavres, et à Coquet pour deux journées au cimetière.
Il fallut aussi enlever les chevaux morts : il y en eut un devant la grille de M. Maître ; à l’hôtel de la Couronne ; devant chez madame Faillot ; à la Charme ; chez Lebois, marchand de faïence ; chez Malgras ; à Courcelotte ; route de Massingy ; à Massingy ; au château de M. Maître (soit 10 chevaux, à raison de trois francs par cheval, sans s’occuper de la fosse) [i].
On trouve également dans les comptes la somme de 107, 25 f. à M. Maillé, sabotier, pour le creusement de 51 fosses pour enterrer les prussiens, les francs-tireurs et quelques pauvres, ainsi que 6 journées pour mettre de la chaux sur les tombes, ainsi que 60,75 f. à M. Barrachin, pour le creusement de 27 fosses au cimetière Saint-Jean [ii].
[i] AMC, 4 H 18
[ii] Etat des quittances empruntées pendant l’invasion ; AMC, 4 H 18
(Figure 8 : plan du cimetière Saint-Jean, établi le 20 octobre 1873, indiquant en bleu les tombes françaises et en rouge les tombes allemandes ; AMC 2M11)
Pendant cette guerre, d’autres soldats allemands décédèrent à Châtillon et furent enterrés au cimetière Saint Jean.
A la fin de la guerre, il y avait les tombes de 84 militaires allemands disséminées dans le cimetière : 6 tombes se trouvaient dans la partie sud, mais, au nord, à côté de 3 tombes individuelles (B, D, E), un espace d’environ 15 m sur 13, 75 m (soit une surface de 198, 59 m2) était occupé par des sépultures allemandes (A).
L’armistice entre la France et l’Allemagne avait été signé le 15 février 1871, un traité de paix préliminaire le 26 février, confirmé au traité de Francfort le 10 mai 1871 ; la Côte d’Or est alors libérée de l’occupation allemande.
L’article 16 du traité de Francfort stipulait que
les deux Gouvernements, Français et allemand, s’engagent réciproquement à faire respecter et entretenir les tombeaux des soldats ensevelis sur leurs territoires respectifs.
Une concession de 25 ans fut donnée pour les tombes des soldats prussiens, le 22 juin 1871 (emplacements n° 99-100, Nord).
Deux tombes cependant se démarquent.
La première est celle du major Richard von Alvensleben, tué lors de la « surprise » de Châtillon.
Ayant reçu une blessure mortelle alors qu’il cherchait à s’enfuir, l’empereur refusa son transfert en Allemagne.
Le 14 avril 1871, fut prise une concession de 50 ans ; sa tombe était en pierre, couverte en lierre(emplacement n° 352, dans la partie sud).
La deuxième est celle du lieutenant Erick Griepenkert, décédé le 6 mars 1871 ; une concession pour 25 ans fut prise le 21 mars 1871 (tombe droite à entourage de pierre, emplacement n°351, partie sud) [i], sur la demande de son père, par l’intermédiaire du major de place et adjudant de la commandantur de Châtillon.
Pour deux tombes, marquées F et G sur le plan de 1873, il est indiqué qu’elles portent des inscriptions en allemand ; ce sont peut-être les tombes d’Alvensleben et de Griepenkert [ii].
[i] AMC, 1 M 36
[ii] Il y aurait eu écrit sur la tombe du major Alvensleben : « Hier richt Richard von Alvensleben major in Regiment garde du corbsgeb. 10 novembre 1828, gefallen für Koënig und Vaterland am 19 novembre 1870 bei Châtillon », selon Ponsignon Jean, « le général Riu ou la vie étonnante d’un militaire hors normes » ; Cahiers du Châtillonnais, n° 225
(figure 9 :Billet du major de la commandantur de Châtillon AMC 2M11)
Le plan de 1873 indique également, à la lettre C, une colonne en pierre, en forme d’obélisque, surmontée d’un aigle.
Ce monument est installé sur deux gradins en pierre (l’ensemble a 2,10 mètres de côté).
Dès le 23 mai 1871, la commandantur d’étape de Châtillon, selon le journal allemand Westfälicher Anzeiger, avait eu l’intention d’ériger un mémorial aux soldats prussiens reposant au cimetière
constitué d’un socle carré avec les noms des disparus, sur lequel est posé un obélisque, avec des inscriptions correspondantes. Le coût serait d’environ 250 thalers, pour lesquels la 19e division d’infanterie a déjà réuni 108 thalers...
Le commandement du district demande aux officiers, sous-officiers et soldats du bataillon d’occupation Unna de lui envoyer le plus vite possible la somme manquante pour compléter la somme requise.
Mais, à Unna, des voix discordantes se firent entendre, certaines étant contre l’érection d’un monument en territoire ennemi, d’autres au contraire souhaitant un monument à Châtillon et un autre à Unna.
Le 19 juillet 1871, le journal Helleweger Anzeiger und Bote déplorait que l’érection du monument ne pourrait sans doute pas se faire, à cause du départ de la commandantur.
Une loterie fut aussi organisée à Unna, mais, à la fin de l’année, rien, semble-t-il, n’avait vu le jour [i].
Cependant, le monument fut réalisé avant 1873, date du plan confectionné par la mairie de Châtillon.
Pour les francs-tireurs garibaldiens, il y avait une tombe dans la partie sud, et deux autres dans la partie nord, aux emplacements 139 et 140, avec une tombe droite et un entourage de pierre et de fer (l’ensemble occupant 17, 17 m2).
Parmi celles-ci, il doit y avoir la tombe de Victor Melnotte, franc-tireur décédé le 9 décembre 1870, dont une concession fut accordée le 25 mai 1875, pour 15 ans (croix de fer dessus ; n° 157, nord).
Le Ier novembre 1871, une commission de citoyens s’adressa au Conseil municipal :« se croyant, avec juste titre, les interprètes de la majorité de leurs concitoyens, considérant que le Conseil municipal, par une omission involontaire sans doute, n’a rien proposé qui ait pour but de rappeler aux habitants le souvenir du fait de guerre du 19 novembre 1870 », se proposaient d’élever, par souscription publique, un monument funéraire à la mémoire de ces patriotes.
Ils demandaient à la mairie de leur accorder une concession gratuite et définitive de 3 mètres de côté au cimetière Saint Jean, ce qui leur fut accordé.
Mais le Conseil demanda que les pétitionnaires leur soumettent le projet du plan du monument qu’ils se proposaient d’ériger sur le terrain concédé [ii].
Dans la séance du 13 janvier 1872, le Conseil examina le plan du monument et rappela qu’il avait concédé un terrain de 3 mètres de côté, mais il pensa qu’il serait plus convenable de modifier l’inscription et les emblèmes du projet.
Il voulait soumettre le projet au préfet et lui soumettre l’autorisation de la concession. Le projet dut alors traîner un peu.
[i] Extraits des journaux communiqués par M. Wiesendahl
[ii] AMC, 1 M 36 ; délibération du 16/11 /1871 et 12/01/1872
(Figure 10 :Premier projet du monument aux garibaldiens AMC 1M36)
Mais, le 4 avril 1873, fut votée la loi sur les tombes militaires et c’est l’Etat qui prit les choses en main.
En exécution de cette loi, un plan fut dressé par la mairie de Châtillon, le 20 octobre 1873, afin de connaître exactement l’emplacement de toutes les tombes militaires du cimetière Saint Jean et la superficie occupée, et envoyé à Paris.
Les gouvernements des deux pays avaient aussi convenu que l’exhumation des soldats morts dans toute la France ne pouvait avoir lieu qu’après une période de décomposition d’au moins six ans [i].
C’est pourquoi le ministre de l’Intérieur, par une lettre du 18 mars 1876, adressée au préfet de Côte d’Or et transmise au maire de Châtillon, décida que « les restes mortels des français seraient réunis dans une tombe de 4 mètres et ceux des allemands dans une autre de 15 mètres », et on demandait au maire d’indiquer sur le plan « les emplacements qui vous paraissent devoir être choisis, ainsi que le nombre de militaires de chaque nation et le prix du m2 des concessions perpétuelles ».
Le préfet autorisa, le 16 août 1876, de traiter à forfait la réinhumation des restes de 8 français et de 84 allemands pour la somme de 1332 francs, y compris les entourages et la mise en place des monuments commémoratifs.
[i] Renseignement fourni par M. Wiesendahl
(Figure 11 : emplacement des monuments allemand et français à la place des tombes militaires françaises et allemandes , Archives Nationales)
Le même jour, l’Etat décide d’acquérir 19 mètres de terrain pour les sépultures perpétuelles des français et allemands, soit, pour les allemands, un rectangle de 5,55 m X 2,70 m ; et un carré de 4 m X 4 m, pour les français.
Ces espaces sont en partie pris sur des tombes françaises et allemandes déjà existantes.
Le 18 novembre 1876, le commissaire de police, Alexandre Laville, qui avait été chargé, sur instruction du maire, de procéder à l’exhumation et à la réinhumation des militaires prussiens au cimetière Saint Jean, près du monument élevé par les soins de l’armée allemande, fit son rapport.
Du 3 au 11 novembre, les fossoyeurs exhumèrent, des trois carrés dans la zone sud [i], 9 corps et, des fosses communes, 45 autres corps ; l’ensemble fut porté dans une fosse, du côté nord du monument prussien, où fut trouvé un militaire de cette nation … dans une bière que nous avons laissée intacte (qui correspond à la tombe C du plan) [ii].
Du 13 au 17 novembre, dans une fosse creusée cette fois au sud du monument, furent réinhumés 21corps qui se trouvaient dans des fosses communes [iii].
[i] Il y a 6 tombes indiquées sur le plan ; si l’on enlève les tombes d’Alvensleben et de Grienpenkert, il reste encore une tombe.
[ii] Selon Emile Dehayes de Marcère, « les tombes de 84 militaires allemands disséminées dans le cimetière ont été réunies dans une concession de 15 mètres, sur laquelle l’Etat a fait transporter les pierres tombales et une colonne surmontée d’un aigle, élevée par l’armée d’occupation » (« Tombes des militaires morts pendant la guerre de 70 », ministère de l’Intérieur, Paris, 1878).
Au total, pendant toute la guerre, ce sont environ 120 allemands qui décédèrent à Châtillon, pour diverses causes, à l’hôpital de campagne installé à Châtillon ; selon M. Blanchard, une quarantaine de corps (souvent des officiers supérieurs) furent exhumés à la fin de la guerre et rapatriés en Allemagne.
[iii] Archives nationales ; document communiqué par M. Blanchard.
Si l’on fait le calcul total, le commissaire affirme que « quatre vingt quatre corps ayant appartenu à l’armée allemande et décédés à Châtillon pendant la guerre 1870-1871 ont été exhumés des fosses communes et réinhumés près du monument ».
Mais le total ne donne que 76 corps. Est-ce que le commissaire ne comprend-t-il pas les 8 garibaldiens tués ?
(Figure 12 : face ouest de l'obélisque dédié aux morts allemands)
Sur les faces nord et sud, sont inscrits 54 noms ; sur la face est, se trouve une phrase de l’Apocalypse :
Soit fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de la vie éternelle, et, sur la face ouest, une dédicace :aux guerriers prussiens qui reposent ici, de la part de leurs camarades [i].
Aujourd’hui, l’entourage de plots et de chaînes a disparu (il n’en reste qu’un) et l’ensemble n’occupe plus qu’un espace de 2 m2(les extensions au nord et au sud ont disparu).
Sur deux marches en pierre, est érigé un obélisque, de 0,88 mètres de côté (n° 85 du plan actuel du cimetière, section B ; l’aigle a disparu).
Les tombes du major Richard von Alvensleben et d’Erick Griepenkert ont été réunies en un seul espace, entouré par un rebord en pierre, rempli de gravier à l’intérieur ; elles furent restaurées en 1991, les croix en bois ayant été remplacées par des croix en grès rose, à l’initiative du Souvenir Français (2,10 m X 2,90 m ; n° 57 et 58 du plan, section E)
[i] Si 54 noms sont inscrits sur l’obélisque, ce sont 84 corps qui ont été déplacés en 1876.
(Figure 13 :le monument élevé aux morts allemands lors de la guerre de 1870-1871)
(Figure 14 :Le remplacement des croix en bois sur les tombes de Griepenkert et Von Alvensleben par des croix en grès rose (journal les Dépêches 16-03-1991)
En ce qui concerne le monument à élever pour les garibaldiens, le monument était déjà fait, mais la mairie n’avait pas approuvé les sculptures et les inscriptions.
La Commission châtillonnaise de souscription, dans sa séance du 26 août 1876, approuva les modifications à effectuer et lui présenta un nouveau croquis.
Il fut alors convenu, avec M. Hubert Copin, entrepreneur, que le bonnet phrygien surmontant le faisceau serait supprimé et remplacé par une lance, que le niveau au-dessous serait effacé et que l’inscription actuelle serait effacée et une autre refaite ; enfin que le monument serait entièrement regréé.
M. Copin s’engageait à ce que le monument soit entièrement terminé et mis en place, moyennant 120 francs.
Il n’existe aucun rapport sur l’exhumation et la réinhumation des restes des francs-tireurs.
La seule mention est celle de Léon Vigneron, faite en même temps que celle des allemands :
en novembre 1876, le commissaire de police ordonna
d’avoir, sans retard aucun, à se rendre au cimetière St Vorles, avec un cercueil propre à recevoir les restes mortels du garde national Vigneron, que les Allemands fusillèrent durant la guerre 1870-1871 près du cimetière de ce nom, et qu’ils déposèrent dans l’intérieur au pied d’un pin à gauche de la porte d’entrée, que nous exhumerions ce corps et que nous l’apporterions au cimetière St Jean pour être déposé avec les francs-tireurs au pied du monument qui est destiné à perpétuer leur mémoire [i].
Aujourd’hui, le monument se présente sous forme d’un parallélépipède de 0,72 X 1,50 m, et de 2,20 m de hauteur, lequel se trouve à l’intérieur d’une bordure en pierre d’environ 2 m2, avec des plots en pierre surmontés de boules en fer, le tout relié par des chaînes.
[i] Archives nationales ; communiqué par M. Blanchard.
(Figure 15 :croquis du deuxième projet du monument aux garibaldiens AMC 1M36)
(Figure 16 :Le monument aux garibaldiens aujourd'hui)
(Figure 17 :Plan actuel du cimetière Saint-Jean (mairie de Châtillon)
Lors de sa séance du 25 janvier 1877, la Commission, estimant que son rôle était achevé, se déclare dissoute ; avant de se séparer, une collecte est faite parmi les membres pour l’achat de couronnes funéraires qui seront placées sur le monument par les soins de M. Pelletier.
(Dominique Masson)
Remerciements à M. Günter Wiesendahl, historien allemand de Hamm, et à M. Jean-Paul Blanchard, historien icaunais, pour la communication de leurs recherches.