Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Publié le 17 Août 2016

 Après la jolie promenade, guidée par Dominique Lagoutte , qui nous avait fait découvrir le cirque de la Coquille :

 http://www.christaldesaintmarc.com/le-cirque-de-la-coquille-a-etalante-un-site-magnifique-a-visiter-a126661470

 Nous nous sommes retrouvés près de cette source qui a toujours attiré les hommes par sa beauté et son étrangeté. On dit qu'autrefois un temple gallo-romain y aurait existé, on a retrouvé d'ailleurs une statuette à cet endroit.

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Plus tard, une légende surgit : On racontait qu'une fée, nommé Greg, au moment où la source débordait,  emportait les petits enfants dans son antre et les dévorait. Pour la calmer il lui fallait des offrandes.
Le récit de cette légende a été retrouvé, mis en forme et rédigé, au début du XXème siècle, par un curé d'Etalante, natif du village, le père Joseph Bruey.

Merci à Christian Bay qui m'a donné le texte de la légende rédigée par le père Bruey, grâce à lui, je peux donc le reproduire ici :

En ce temps-là il y avait grande misère sur la terre de France. Le puissant Charlemagne n’était plus. De toutes parts les barbares s’abattaient sur nos frontières. Déjà, les Normands avaient sur leurs barques légères, remonté la Seine et mis à sac la ville de Châtillon. Déjà, les bougres qui se nourrissaient de chair crue et qui dormaient sur l’encolure de leurs chevaux, avaient franchi les Alpes et ravagé le baillage de la Montagne. Il ne restait plus de récoltes, plus de troupeaux, tout avait été pris , tué, mangé ou pendu à la selle des pillards.

Etalante n’était plus qu’un désert et seul la voix sauvage de quelques chiens, répondait le soir aux lamentations des chouettes du Branle.

Mais de ces ruines les habitants ne gémissaient point. En cette année un bien plus grand malheur s’était abattu sur le pays.

La fée GREG était revenue !...

La mangeuse d’enfants…

Chaque soir la source de la Coquille bouillonnait plus fort, elle crachait une eau plus noire et plus froide, et qui l’eut osé aurait pu voir la fée sortir, le regard farouche, les lèvres béantes, les dents claquant d’appétit, ruisselante d’eau et ses haillons couleur de glaise. Elle allait chasser son gibier favori.

Malheur aux enfants attardés dans la rue ! malheur aux portes mal closes ! la fée pénétrait jusqu’à la balle des tout-petits. C’était même son régal les bébés qui dormaient dans des langes bien blancs. Combien hélas ! de berceaux devenus vides !...

Et le monstre restait insatiable.

Les moines en longues processions, venus d’Oigny, de Duesme, du Val des Choux, avaient au chant des hymnes et des cantiques, imploré la pitié de la Greg, et exorcisé la source. La Greg riait à leurs prières et grimaçait à leurs exorcismes.

Les habitants s’étaient bien rendus chaque jour avec des offrandes à la Coquille. L’eau continuait à bouillonner et « la mangeuse d’enfants » à dévorer les tout-petits.

Un jour cependant elle parut céder aux supplications des pauvres gens : » Soit, dit-elle, je n’y toucherai plus à vos enfants mais à une condition. Il faut que vous m’ameniez celui du châtelain. ! »

Le lendemain, six des principaux habitants se présentèrent à la porte du château : » Noble seigneur, dirent-ils, tu sais les larmes de nos femmes. Si seulement elles pleuraient sur un cercueil ! Mais la Greg ! Toi seul peux apaiser le monstre. Viens avec nous et amène ton enfant. »

Ce fut bientôt dans le village une rumeur immense et l’ont pu voir descendre en troupe les sabotiers de la rue de la Charme, les bûcherons de la rue du Mont. Les tisserands se mêlèrent aux gens de labour et de toute cette foule amassée, ameutée, enfiévrée, il ne s’élevait qu’un cri : » En bas le gosse ! ». Puis sans que personne n’eut fait signe, tous gravirent en courant le raide coteau. Ils l’auraient quand même et ce n’était pas pour rien qu’on les appelait « les têtes de bois ».

Ils trouvèrent porte close et fenêtres barricadées. Le seigneur était vu, il attendait. Menaces, prières, monté à la tourelle et là sans être injures, vociférations, coups de bêche aux portes, pierres lancées dans les persiennes. Cela ne pouvait l’émouvoir lui, le vieux soldat du Grand Empereur ! Il n’avait qu’à laisser passer cette fureur de soupe au lait et se fatiguer ces mains énervées mais nullement féroces par nature… Et son enfant lui resterait. Il lui resta en effet, mais d’une manière qu’il n’imaginait pas.

Un ancien domestique du château était parvenu, en escaladant les murs par derrière, jusqu’à la chambre haute. Deux enfants jouaient à cache-cache parmi les meubles. Il avait pris Marie la fille du jardinier au lieu d’Adalbert le fils du seigneur ! « Ah ! Ah ! ça y est s’exclama la foule étonnée et contente ! A la source ! crièrent plus fort d’autres voix ».

Les hommes entourant la pauvre enfant, la tiraient, la poussaient, en bas du coteau. En une seconde la troupe se trouve au chevet de l’église :

-Tourne la rue de la Conge ! dit quelqu’un.

- S’il vous plait répondit Marie de sa voix douce et fluette, j’irai où vous voudrez, mais laissez-moi d’abord entrer chez le Bon Dieu !

 - Hein ? répondit un gars qui ne détestait point la dive bouteille, n’essaie pas de filer, la petiote ! Pas de ça ! Ouste ! A gauche. Et il poussa violemment l’enfant dans la direction de la Coquille.

Ce geste brutal provoqua la pitié des autres : « laisse la donc gros butor ! faut-il l’empêcher de faire sa dévotion ? Et Marie put ainsi entrer à l’église. Elle voulut mouiller son doigt d’eau bénite, mais comme elle ne pouvait atteindre le bord du bénitier, une main la souleva si maladroitement qu’elle tomba dans l’énorme cuve.

 « Tiens Mère Gaillon ! la v’la la réclamée ! S’il ne te faut que ça ». La troupe était arrivée au bord de la source. Ils attendaient. Comme la Greg ne se hâtait point de sortir, ils poussèrent Marie jusqu’à l’antre du monstre…

Mais ô merveille ! de sa robe encore mouillée, tombèrent trois gouttes d’eau bénite… La source cessa de bouillonner, l’eau redevint claire et limpide. La fée ne parut point. La Coquille avait été baptisée. Et c’est ainsi que de la fée Greg , furent arrêtés les ravages. Mais là, ne se termine point notre histoire.

Quinze ans plus tard, Marie était devenue une charmante jeune fille. Adalbert un fort beau jeune homme. Vous devinez ce qui arriva et avec quelle joie le vieux châtelain mit deux leurs mains l’une dans l’autre.

Le lendemain de la noce un sentiment de gratitude les conduisit à la Coquille. Ils émiettèrent dans la source le gâteau de la fée. Il faut croire que le présent fut agréable à la Greg, car sous les pieds de l’épousée, tout d’un coup s’épanouit une coquette fleur jusque là inconnue. Depuis la linaire aux lèvres violettes et au cœur taché d’or fleurit toujours auprès de la source. Depuis il n’y a pas une couronne offerte à la Greg qui ne se transforme en une merveilleuse alliance.

 Ce joli texte était resté dans la famille du père Bruey, tout d'abord chez sa soeur, puis chez ses nièces et à présent chez sa petite nièce Marguerite Delettre.

Eric Dudouet, le Maire d'Etalante, nous attendait pour nous présenter la descendante de la famille du père Bruey...

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Marguerite Delettre, une de mes amies très chère, que voici :

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Quelques souvenirs du père Joseph Bruey, restés dans la famille :

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Le Directeur des Archives Départementales de Côte d'Or a tenu à lire l'histoire de la fée Greg au public.

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Gérard Gennai qui fut longtemps instituteur à Etalante, a ressorti des trésors conservés de l'école, l'imprimerie qui servait autrefois aux élèves pour faire paraître leur journal scolaire.

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Deux anciens élèves de Gérard Gennai ont retrouvé leurs gestes d'écoliers pour réaliser une impression !

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

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Eric Dudouet en a pris connaissance avec émotion !

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Puis enfin le moment est venu du versement du texte du Père Bruey aux Archives Départementales...

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

Margueritte Delettre et Edouard Bouyé ont paraphé tous deux le texte du versement.

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

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Eric Dudouet, avant d'inviter les personnes présentes à un pot amical, a confié que certaines personnes d'Etalante qu'il a mariés sont venus jusqu'à la source jeter quelques morceaux du gâteau de leur mariage...en souvenir de cette jolie légende qui,  heureusement, s'est bien terminée !

Le texte de la légende de la Fée Greg, qui sévissait autrefois au cirque de la Coquille, a été versé aux Archives Départementales de la Côte d'Or.

L'imprimerie, qui a servi aux écoliers de Gérard Gennai pour réaliser leur journal scolaire, est conservée précieusement dans l'ancienne salle de classe devenue bibliothèque.

Dominique Lagoutte m'en a envoyé quelques photos, merci à elle !

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Rédigé par Christaldesaintmarc

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