"Le déchiffrement de l'écriture hiéroglyphique par Champollion, en suivant sa lettre à Dacier", une conférence d'Etienne Pascaud, à la Commanderie de Voulaines les Templiers
Publié le 5 Août 2019
Monsieur et madame Bertrand Savatier, propriétaires de la Commanderie du Grand Prieuré de Champagne, à Voulaines les Templiers, proposent tous les ans au public d'assister à une conférence dans le cadre enchanteur de la Commanderie. Les sujets sont variés et toujours passionnants.
Cette année Bertrand Savatier a accueilli une assistance nombreuse, venue écouter une conférence très intéressante sur le déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.
Bertrand Savatier a présenté le conférencier, Etienne Pascaud...
Etienne Pascaud, diplômé de l'Ecole Polytechnique (promotion 1960) a débuté sa carrière dans le domaine de la recherche opérationnelle . Dans un second temps, il s'est consacré à l'ingénierie chimique à l'échelle internationale. Il a effectué, en particulier, plusieurs séjours de longue durée en URSS et en Chine à l'occasion de la mise en route de divers complexes industriels. Entre 1994 et 1999, il a dirigé l'Ecole Centrale de Lyon.
Entre 2005 et 2012 il a suivi le cours d'Egyptien Hiéroglyphique de M Poli à l'Université pour Tous de Bourgogne.
Etienne Pascaud a tout d'abord évoqué la fameuse "Pierre de Rosette" découverte en 1799 par un officier de l'armée française d'Orient à Rochid, ville d'Egypte plus connue depuis les Croisades sous le nom de "Rosette", et exposée actuellement au British Museum.
Cette stèle portait, en égyptien classique noté en hiéroglyphes, en démotique et en grec, trois versions d'un même décret pris en 196 av. J.-C., en faveur de Ptolémée V Épiphane, par l'assemblée des prêtres égyptiens réunie à Memphis.
Ce document fameux, dit « pierre de Rosette », fournissait enfin une base de déchiffrement : le sens du texte grec permettrait désormais de contrôler la validité des hypothèses qui seraient émises.
Beaucoup de savants essayèrent de la déchiffrer, mais en vain....
Jean-François Champollion, né en 1790 à Figeac, était un homme surdoué : il avait appris dans sa jeunesse de nombreuses langues : le latin, le grec, le syriaque, le chaldéen, l'arabe, l'hébreu et le copte.
Le copte est une langue encore parlée par les chrétiens d'Egypte, elle est issue de l'ancien égyptien.
En 1808, Champollion se mit à étudier l'inscription de Rosette .
Familier des langues sémitiques comme l'hébreu et le copte, il connaissait, grâce au copte, et même à l'hébreu, cette particularité qu'ont la plupart de leurs systèmes d'écriture de ne noter que les consonnes et les semi-consonnes.
Lorsque Champollion décida de se consacrer au déchiffrement des hiéroglyphes, on ne connaissait que la parenté du copte et de l'égyptien pharaonique, et on avait remarqué qu'existaient des "cartouches", sortes de cadres ovales, dans lesquels étaient notés les noms des pharaons.
Dans l'inscription hiéroglyphique de la pierre de Rosette apparaissait à cinq reprises, entourés de cartouches, un groupe de signes dont on savait, grâce au texte grec, qu'ils représentaient la forme égyptienne du nom du roi Ptolémée .
Or ce nom étant étranger à la langue égyptienne ( il s'agit d'un nom grec) , il fallait bien, pour le noter, que les hiéroglyphes aient pu être employés de manière phonétique.
Après une longue étude des hiéroglyphes notant le nom de Ptolémée, Champollion, par hypothèse, assigna aux sept signes hiéroglyphiques notant le nom de Ptolémée des valeurs alphabétiques.
Une telle hypothèse devait se révéler exacte, mais il y manquait encore une confirmation décisive, aussi Champollion, prudent, n'en faisait pas publiquement état.
Cette confirmation, il l'attendait du nom hiéroglyphique de Cléopâtre .
En effet, ce nom, grec également Kleopatra , compte en effet en commun avec celui de Ptolémée les lettres P, T, O, L .
S'il s'avérait que celles-ci y assument la même forme hiéroglyphique que dans le cartouche de Rosette, alors la lecture de celui-ci serait démontrée.
Champollion savait que ce nom figurait parmi les inscriptions hiéroglyphiques d'un obélisque de Philae, dit "obélisque Bankes" : un texte grec, gravé sur le socle du monument, attestait qu'il devait s'y trouver.
Au début de l'année 1822, Champollion reçut une copie de ces inscriptions. Il y reconnut les signes auxquels il avait assigné les valeurs P, Ô, L, et ce, dans une position telle qu'il n'y avait aucune possibilité de douter que ce cartouche fût celui de Cléopâtre.
Dès lors, connaissant la valeur alphabétique de douze signes hiéroglyphiques, Champollion n'eut plus besoin que du temps nécessaire pour reconnaître, à partir d'eux, dans de nouveaux cartouches, d'autres noms de souverains gréco-romains de l'Égypte mentionnés par les sources classiques, et d'apprendre réciproquement par ceux-ci la valeur de signes encore inconnus...
Il restait encore à ce génie à formuler l'hypothèse qu'aucun avant lui n'avait avancée, selon laquelle l'écriture hiéroglyphique combine les signes idéographiques et phonétiques, et à établir définitivement la parenté linguistique du copte et de l'égyptien.
Grâce à la connaissance du copte, on pourrait désormais comprendre le sens des textes que le déchiffrement ne permettait que de lire .
"Je tiens l'affaire ! ", s' exclama Champollion... avant de tomber en syncope sous le coup de l'émotion ! ce fut son "EUREKA" à lui !
Il avait donc trouvé le code pour traduire le texte en imaginant un alphabet égyptien à partir des noms de souverains égyptiens.
Sur les bases de cette technique, il réussit à traduire les hiéroglyphes de la pierre de Rosette.
Il annonça sa découverte au monde scientifique en 1822 dans une lettre adressée au député, le baron Bon-Joseph Dacier, qui, entre autres distinctions, était historien, traducteur helléniste et linguiste érudit.
La voici :
Champollion partit pour l'Égypte en 1828 pour traduire, avec sa méthode, les inscriptions gravées sur les monuments égyptiens.
Les résultats de ce voyage furent publiés, après la mort de Champollion, dans le livre « Monuments de l'Égypte et de la Nubie.
À son retour en France en mars 1830, ce fut la consécration : Jean-François Champollion fut élu à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres et obtint la chaire d’Antiquité égyptienne au Collège de France.
Hélas, il mourut à Paris le 4 mars 1832, à seulement 41 ans, et fut enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris avec tous les honneurs.
Il restera à jamais, pour le monde entier, comme le génial déchiffreur des hiéroglyphes.
Après cet exposé foisonnant, mais facilement compréhensible, Etienne Pascaud soumit son auditoire à plusieurs exercices de déchiffrage de hiéroglyphes !
Là, ce fut beaucoup plus difficile, tant la complexité des hiéroglyphes est immense .
Mais ces exercices se sont faits dans la joie et le plaisir, car Etienne Pascaud a beaucoup d'humour et sait le partager !
Ce fut une conférence passionnante et pas rébarbative du tout, comme on aurait pu le supposer, tant le conférencier a su intéresser son auditoire avec beaucoup de pédagogie.
Merci à lui de nous avoir éclairés sur cette découverte importante pour l'histoire de l'Humanité et d'avoir fait revivre pour nous Jean-François Champollion, un génie français.
NB : il n'était pas possible pour moi de prendre des notes, puisque la salle était dans le noir. J'ai donc recherché sur Internet ce qu'il fallait retenir de Champollion et de la pierre de Rosette. J'ai utilisé Wikipédia et le site www.lhistoire.fr, pour retrouver des renseignements sur ces découvertes, en les comparant à ce que j'avais retenu de la conférence, j'espère ainsi y avoir été fidèle.
En partant, un coup d'œil à la superbe tour qui subsiste de la célèbre Commanderie du Grand Prieuré de Champagne, à Voulaines les Templiers.
Retour sur l'histoire de ce haut-lieu :
http://www.christaldesaintmarc.com/le-grand-prieure-de-champagne-a-voulaines-les-templiers-a2519797