La cathédrale Saint-Etienne de Sens
Publié le 18 Septembre 2012
En 2012, un voyage culturel des Amis du Musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix, avait conduit ses adhérents, après la visite de l'église de Villemaur sur Vanne (Aube), à la découverte de la cathédrale Saint-Etienne de Sens, dans l'Yonne.
En 2023, un voyage à Sens a de nouveau été programmé, l'intérieur, comme l'extérieur de la cathédrale Saint-Etienne n'ayant pas changé, l'ancien article est toujours d'actualité, je le republie donc ci-dessous.
J'y ajouterai simplement quelques photos prises en 2023 pour le compléter... (on les reconnait car elles sont de plus grande taille)
La cathédrale de Sens est difficile à photographier, car elle est un peu encastrée dans les bâtiments voisins, cette photo est donc issue de Wikipedia.
En 2012, c'était Bernard Brousse, membre éminent de la Société Archéologique Sénonaise qui avait été notre guide, sa grande érudition et son humour avaient conquis les Châtillonnais !
Et c'est lui aussi qui nous a fait découvrir la cathédrale en 2023, avec son incroyable connaissance du monument :
La cathédrale Saint-Etienne fut commencée vers 1130,selon le désir d'Henri Sanglier, archevêque de Sens, en remplacement des trois églises primitives dont les trois porches témoignent.
. C'est la première des grandes cathédrales gothiques françaises. Elle servit de modèle pour construire Notre-Dame de Paris, les cathédrales de Chartres, Bourges et Cantorbery.
C'est dans la cathédrale Saint-Etienne que se maria Saint Louis avec Marguerite de Provence en 1234. C'est là aussi que Saint Louis déposa la relique de la Sainte Couronne d'Epines, avant de l'accompagner à Paris où il fit dresser la Sainte Chapelle pour la protéger.
Le Dauphin, fils de Louis XV (père de Louis XVI, Louis XVIII, et Charles X) demanda à y être inhumé.
C'est dire l'importance qu'a eu, au cours des siècles, l'Archevêché de Sens.
L'extérieur de la cathédrale Saint-Etienne :
La façade possédait autrefois deux tours.A gauche, existait une tour dite "de plomb",détruite au XIXème siècle. L'autre tour, que l'on voit ci-dessous, a remplacé la "tour de pierre" qui s'était écroûlée en 1268. Elle fut reconstruite et couronnée en 1534 par un campanile octogonal de 78 mètres de hauteur.
Le campanile vu de la cour du Palais Episcopal, il abrite deux bourdons :
Au centre du portail central, on voit la statue de Saint Etienne :
Le tympan représente la prédication et la lapidation de Saint Etienne.
Saint Etienne est ici en habit de diacre et porte l'Evangile. Sa statue a été préservée à la Révolution, car on l'avait coiffée d'un bonnet phrygien !
Les soubassements du portail central sont originaux. Bernard Brousse nous présente leurs statues (malheureusement abîmées par les révolutionnaires) qui démontrent l'extraordinaire connaissance des bâtisseurs de cette cathédrale et leurs allusions aux grands penseurs de l'Antiquité.
En haut on peut voir le cycle des Arts Libéraux : grammaire, dialectique, rhétorique, arithmétique, géométrie, astronomie, musique, philosophie.
En bas le cycle du Cosmos reflète le catalogue de la nature, on y distingue des animaux : autruche, âne, cygne etc...
Sur le soubassement de droite du portail central, on peut voir un cycle cosmographique, un calendrier qui commence par Janus (janvier) pour se terminer en décembre. Les activités des différents mois sont représentées ..
comme ici les vendanges.
A gauche du portail central on peut voir le portail Saint Jean Baptiste qui a été réalisé de 1190 à 1200:
Au tympan, le baptême du Christ.
Sur les soubassements figurent des bas-reliefs, à gauche l'Avarice, à droite (ci-dessous) la Libéralité.
Le portail de la Vierge, à droite du portail central, est actuellement invisible car en restauration.
On peut voir un autre portail, celui du transept Sud, appelé portail de Moïse, lorsque l'on pénètre dans la cour du Palais Episcopal.
Une grande verrière flamboyante surmonte le portail de Moïse.
Un autre portail existe au transept Nord, c'est celui d'Abraham, nous ne l'avons pas vu faute de temps.
L'intérieur de la cathédrale Saint-Etienne.
La nef est longue de 113 mètres, large (avec les bas-côtés) de 27 mètres et haute de 24 mètres:
La nef, nous dit, Bernard Brousse, présente un mélange harmonieux d'Art Roman et d'Art Français (que l'on appelle improprement gothique).En effet, le gros-oeuvre date du XIIème siècle, mais l'étage supérieur est du XIIIème et le transept de la fin du XVème.
Dans les bas côtés, on voit des voûtes romanes, le maître d'oeuvre, formé au Roman a choisi la sécurité en donnant aux voûtes une forme bombée pour mieux supporter le poids des arcs croisés en ogives :
Bas côté gauche :
Bas côté droit :
Art Roman et Art Français se côtoient...
Le triforium, galerie en fausse tribune :
Les chapiteaux des piliers de la nef sont décorés de feuilles et de crochets.
Entre deux piliers accolés , une petite figure intrigue : c'est celle de Pierre de Cognières, alias Jean du Cognot.Cet homme fut au coeur d'un conflit entre le Roi et l'archevêque . Les chanoines, en dérision , utilisaient son visage de pierre pour éteindre leurs cierges !
De beaux tombeaux ornent la nef : celui que l'archevêque Tristan de Salazar fit construire en l'honneur de ses parents (1516) se compose d'un baldaquin en marbre noir...
En face du baldaquin, de gauche à droite : Saint Savinien, Notre Dame et Saint Jean.
Le tombeau des deux frères Du Perron qui furent archevêques de Sens (1636):
La chaire en bois sculpté est de style néo-gothique (1860) :
Le grand Christ de bois sculpté, face à la chaire, est du XIIIème siècle.
Le Choeur de la cathédrale :
Les grilles du choeur sont du XVIIIème siècle, elles sont l'oeuvre de Guillaume Doré.
Les grilles vues de l'autre côté :
Dans le choeur, au-dessus du maître-autel, on admire ce baldaquin appelé ciborium, formé d'un couronnement en bois doré et stuc, porté par quatre colonnes de marbre , sur le modèle de celui de Saint-Pierre de Rome (1742)
Les orgues du chœur :
les stalles :
Le déambulatoire contourne le choeur:
Les chapiteaux des piliers du déambulatoire sont finement sculptés comme sur cette photo, prise par Dominique Masson : on y voit le travail de la vigne.
Des arcatures romanes aveugles encadrent la statue du martyr anglais Saint Thomas Becket, évêque de Cantorbery.
Celui-ci dut s'exiler en France, après son conflit avec le roi d'Angleterre Henri II . Il demeura six ans (1164-1170) dans le diocèse de Sens, notamment à l'abbaye cistercienne de Pontigny où il s’imposa l’observance monastique.
A son retour en Angleterre, il fut assassiné près de l'église de Cantorbery.
Sa chasuble, son aube et son étole sont visibles dans le Trésor de la Cathédrale.
Dans la chapelle de Sainte Colombe se trouve le monument funéraire du Dauphin , fils de Louis XV et père des trois derniers Bourbon : Louis XVI, Louis XVIII, et Charles X :
Contrairement à l’idée reçue, les corps du fils de Louis XV, le Dauphin de France mort en 1765 et de sa femme, la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe, mère de trois futurs rois de France, Louis XVI, Louis XVII et Charles X, morte en 1767, ne sont pas ensevelis sous ce mausolée. Leur sépulture a été violée sous la Révolution et ils ont été jetés au cimetière de Sens dans une fosse commune en 1794 avant que leurs restes ne rejoignent, à la restauration, le chœur de la cathédrale. A l’origine, le mausolée, voulu par Louis XV, œuvre de Guillaume Coustou, avait été érigé en 1777 sur la sépulture des Princes, au milieu du chœur. Conçu dans le goût de l’époque, il présente deux groupes allégoriques aux côtés d’un cénotaphe surmonté de deux urnes avec, sur chaque face, les épitaphes composées par le cardinal de Luynes, ami du Dauphin. Sauvé pendant la Révolution de la destruction, le mausolée fut reconstitué en 1814 et placé en 1852 dans la chapelle Ste-Colombe.
Dans la chapelle de Sainte Colombe on admire un Christ aux Liens :
Une autre chapelle celle de saint Savinien, possède une sculpture monumentale (1772) représentant le martyre de Savinien, premier évêque de Sens.
D'autres sculptures de chapiteaux :
Les grandes orgues de la nef datent du XIIIème siècle :