"L'Europe de crise en crise de 1929 à 1939 jusqu'à la guerre", une conférence de Robert Fries (partie 4)

Publié le 26 Décembre 2022

Quatrième partie

La Guerre d’Espagne

Après 6 ans de dictature assurée par le général Primo de Rivera (Septembre 1923-janvier 1930)

 

"L'Europe de crise en crise de 1929 à 1939 jusqu'à la guerre", une conférence de Robert Fries (partie 4)

 

et quelques mois de gouvernement militaire, la république [1] est proclamée le 14 avril 1931 à la suite d’élections municipales donnant la victoire aux partis de gauche.

  Commence une période de réformes économiques et sociales qui souvent restent lettre morte faute de moyens.

Les années 1934 et 1935 sont marqués par des gouvernements de centre droit (parti Républicain Radical de Lerroux) qui évoluent vers la droite avec l’entrée au gouvernement de ministres du CEDA (Confédération Espagnole des Droites Autonomes).

Des rébellions populaires en Asturies sont réprimées avec férocité par le général Franco. 

 

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En avril 1936, les élections donnent la victoire au Front Populaire regroupant socialistes, communistes et autres anarchistes. 

Elles se déroulent dans un climat de violences extrême.  L’assassinat, le 17 juillet 1936, d’un journaliste favorable à la monarchie met le feu aux poudres. 

Une partie de l’armée organise un pronunciamento.

Le général Franco débarque du Maroc avec ses troupes de soldats professionnels aguerris. 

La guerre civile commence. 

Franco prend la tête d’une croisade qui regroupe Eglise, grands propriétaires, partis conservateurs.

De l’autre côté le gouvernement républicain légitime, mais faible car représentant une coalition hétéroclite (socialistes modérés, marxistes indépendants, communistes staliniens, trotskystes, anarchistes, …).

Hitler et Mussolini soutiennent Franco dès de début de sa rébellion.

  L’Italie apporte 50.000 volontaires, des avions, du matériel.  Hitler apporte quelque 10.000 hommes dont la division aérienne Condor, soit 6.000 hommes et le matériel correspondant. 

De grands industriels américains comme Ford ou GM apportent leur concours à Franco en fournissant du matériel.

Les Britanniques ne veulent pas soutenir un régime de front populaire où siègent des communistes. 

Leurs intérêts économiques vont du côté de ceux qui soutiennent Franco. 

Ils sont favorables à l’absence d’intervention en faveur de l’un ou de l’autre des belligérants. 

En France, le Front populaire est aux affaires.  Léon Blum...

 

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souhaite soutenir ses camarades socialistes.  Les radicaux, Edouard Herriot en tête...

 

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, ne le veulent pas. 

 Par ailleurs, Blum ne peut pas se désolidariser de Londres. 

Il suit donc la position britannique et se voit forcé de pratiquer la non-intervention. 

Dès l’automne 1936, cette non intervention se transforme en « non-intervention assouplie ».

L’URSS apporte une aide limitée au gouvernement légitime espagnol. 

2000 hommes (conseillers), 630 avions, 330 tanks, 1000 canons. 

Ce matériel est souvent vieux et de médiocre qualité.

Il est vendu cher et l’or de la République est déposé à Moscou (510 tonnes).  Il ne sera jamais rendu.

Moscou profite de la situation pour liquider le POUM, parti communiste non-stalinien.

40.000 volontaires venant de 53 pays forment les Brigades internationales.

Mais jamais plus de 18.000 personnes en même temps.  15.000 moururent au combat.  Les brigades sont dissoutes en septembre 1938.

Dès juillet 1936 l’Europe est divisée entre le bloc fasciste, le Reich et l’Italie et le bloc des démocraties constitué par la France et le Royaume-Uni et auquel l’URSS est liée via un accord avec la France. 

La guerre civile dure jusqu’au 28 mars 1939 (reddition de Madrid).  Elle a fait 400.000 morts.

 La crise autrichienne et l’Anschluss.

Le traité de Saint Germain entre l’Autriche et les Alliés ramène l’Empire d’Autriche à un pays de près de 7 millions d’habitants. 

Sa superficie représente 12% de ce qu’était l’Autriche-Hongrie.

Il regroupe des populations de langue allemande. 

Une partie de celles-ci souhaitait être intégrée à la République d’Allemagne (Weimar).  Cela fut refusé.

 Idem pour le nom de République Allemande d’Autriche.  Clemenceau n’en veut pas.

En mai 1932, Engelbert Dollfuss [2],

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chef du parti conservateur social-chrétien, est nommé Chancelier. 

N’arrivant pas à former une majorité, il dissout le parlement et instaure une dictature : il gouverne par décrets. 

Les partis communiste et nazi sont dissous respectivement le 30 mai et 20 juin 1933.

Un parti nouveau est créé : le Front patriotique, futur parti unique. 

Face à la résistance continue mais non violente des socialistes, Dollfuss cherche l’affrontement et fait procéder à des perquisitions.

  Celles-ci dégénèrent et conduisent à une véritable émeute.

  Les forces armées rétablissent l’ordre brutalement : 1.500 à 2.000 morts et 5.000 blessés. 

Le parti socialiste [3] est interdit.  Une nouvelle constitution est mise en place.

La République d’Autriche devient un Etat corporatif.  Des élections auront lieu « quand les circonstances le permettront ».

Le 25 juillet 1934, Dollfuss est assassiné par un commando SS allemand.  Kurt von Schussnigg lui succède.

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L’assassinat de Dollfuss n’est pas du goût de Mussolini qui garantit les frontières de l’Autriche et se place en protecteur de ce pays. 

Il n’est alors pas question que le Reich joue ce rôle. 

Pour manifester son désagrément Mussolini ordonne à plusieurs divisions de se placer sur le col du Brenner, prêtes à porter secours à un gouvernement autrichien menacé par Hitler.

A la différence de son prédécesseur, Schuschnigg est prêt à se rapprocher de l’Allemagne. 

Les circonstances l’imposent. 

La crise frappe durement l’Autriche. 

Le pays a besoin de l’aide économique de son grand voisin. 

Le 11 juillet 1936, Schuschnigg doit signer un accord léonin avec l’Allemagne. 

Il doit cesser toute poursuite contre les membres du parti nazi et prendre deux ministres nazis dans son cabinet.

  En contrepartie, l’embargo imposé par le Reich cesserait.

Le nazisme s’installe en Autriche.

  De son côté, Mussolini a abandonné l’idée de soutenir l’indépendance de l’Autriche. 

Il signe le 1er novembre 1936 l’Axe Rome-Berlin qui place l’Italie à la remorque de l’Allemagne.

Le Chancelier Schuschnigg est totalement isolé.

Le 12 février 1938, Schuschnigg est convoqué à Berchtesgaden.

Hitler lui ordonne de confier le ministère de l’intérieur à un nazi. 

Rentré à Vienne Schuschnigg essaie de parer le coup en organisant un referendum sur l’indépendance de l’Autriche.

Le referendum est fixé au 13 mars. 

Hitler furieux l’oblige à démissionner et à céder son poste à Arthur Seyss-Inquart [4], un nazi ayant la confiance du Führer.

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Le 12 mars 1938, c’est l’annexion pure et simple. 

Hitler est reçu en héros à Vienne.  La terreur s’abat sur les Juifs et les opposants aux nazis.

Rares sont les Autrichiens qui s’opposent à cette annexion ; une exception Otto de Habsbourg, futur député allemand au Parlement Européen. 

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Un mois plus tard, l’annexion est approuvée par 99,7% des électeurs autrichiens.

Les réactions de la France et de la Grande-Bretagne sont nulles.

A Londres Eden, partisan de la fermeté vis-à-vis du Reich, a cédé la place à lord Halifax, fidèle partisan de l’appeasement. 

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A Paris le gouvernement Chautemps n’est pas en mesure de réagir. 

Il démissionne le 13 mars.

Ni la Grande -Bretagne ni la France n’ont d’accord particulier avec l’Autriche. 

Ainsi que le remarque Yvon Delbos, alors ministre des Affaires étrangères,

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« la situation serait toute différente le jour où l’expansion allemande s’attaquerait à l’indépendance ou à l’existence des Etats auxquels nous lient des engagements spéciaux » ! 

Les déclarations de Neville Chamberlain sont du même acabit :

« Ils (les événements)ne peuvent être vus par le gouvernement de Sa Majesté avec indifférence ou sérénité.  Ils auront des conséquences qui ne peuvent encore être mesurées.

  Leur résultat immédiat est l’intensification du sentiment d’insécurité en Europe. 

Ce n’est pas le moment de prendre des décisions hâtives ou de prononcer des mots imprudents.  Nous devons analyser la nouvelle situation rapidement mais de sang-froid ».

[1]Ce sont des élections municipales qui sont considérées comme un désaveu de la monarchie.  La gauche s’en contente et prend le pouvoir.  Pour la droite rurale, conservatrice et monarchique, le nouveau régime républicain n’est pas légitime.

[2]Dollfuss, né en 1892, commence sa carrière dans les coopératives agricoles.  Il est partisan d’un régime autoritaire, social-chrétien, nationaliste et totalement indépendant, de l’Allemagne notamment.  Il se refuse à toute collaboration avec les socio-démocrates.

[3]Ce parti est l’ancien parti socio-démocrate qui a changé de nom (parti Socialiste ouvrier d’Autriche).

[4]Arthur Seyss-Inquart(1892-1946) anime le parti national socialiste d’Autriche.  Il est ensuite nommé gouverneur en Pologne puis gouverneur des Pays-Bas où il se distingue par la mise en œuvre d’une politique anti-juive féroce.  Il est condamné par le tribunal de Nuremberg et exécuté.

Rédigé par Christaldesaintmarc

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