"Il y a des hommes Océans", au château de Mauvilly..

Publié le 21 Septembre 2010

L'automne Culturel 2010 du Pays Châtillonnais , proposé par Châtillon-Scènes, a commencé le Dimanche 19 septembre 2010,  dans le beau cadre du château de Mauvilly, par une évocation de la vie et de l'oeuvre de Victor Hugo :

"Il y a des hommes-Océans", avec les comédiens du théâtre de l'Impossible.

-LES SPECTACLES AU THÉÂTRE GASTON BERNARD 2010-2011

Madame Hegner, la châtelaine de Mauvilly nous a dit son immense plaisir de recevoir, dans ce lieu magique qu'est son château, un spectacle d'une telle beauté..

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Madame Yolande Estrat, Présidente de Châtillon-Scènes, remercia les châtelains qui ont bien voulu ouvrir pour la première fois la magnifique cour de leur château aux spectateurs et surtout au spectacle théâtre et musique "Il y a des hommes-Océans"

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Mais que le spectacle commence !

Voici Victor Hugo en personne (Robert Bensimon) qui nous raconte son enfance, sa vie d'écrivain, son bannissement, sa lutte pour la liberté...

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Il nous raconte la caballe qui accompagna les représentations de sa pièce de théâtre "Hernani" ..

Apparait alors Mademoiselle Mars, la divine comédienne, qui malgré la "bataille d'Hernani" continuera de jouer la pièce, envers et contre tout (Corinne Thézier)

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D'autres l'en dissuaderont, mais elle persistera..

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Victor Hugo était non seulement écrivain, dramaturge mais aussi épistolier..qu'il était charmant ce récit du voyage qu'il fit pour rejoindre son père, le général Hugo, en Espagne.

Une très belle description d'un enfant tenant tendrement  la tête de son boeuf pour le calmer  , au passage de la diligence qui emmenait à bride abattue Victor et sa mère en Espagne , a ravi nos coeurs..

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De très beaux poèmes nous furent lus comme celui qui met en scène une  lavandière..

Choses écrites à Créteil


Sachez qu' hier, de ma lucarne,
J' ai vu, j' ai couvert de clins d' yeux
Une fille qui dans la Marne
Lavait des torchons radieux.

Près d' un vieux pont, dans les saulées,
Elle lavait, allait, venait ;
L' aube et la brise étaient mêlées
À la grâce de son bonnet.

Je la voyais de loin. Sa mante
L' entourait de plis palpitants.
Aux folles broussailles qu' augmente
L' intempérance du printemps,

Aux buissons que le vent soulève,
Que juin et mai, frais barbouilleurs,
Foulant la cuve de la sève,
Couvrent d' une écume de fleurs,

Aux sureaux pleins de mouches sombres,
Aux genêts du bord, tous divers,
Aux joncs échevelant leurs ombres
Dans la lumière des flots verts,

Elle accrochait des loques blanches,
Je ne sais quels haillons charmants
Qui me jetaient, parmi les branches,
De profonds éblouissements.

Ces nippes, dans l' aube dorée,
Semblaient, sous l' aulne et le bouleau,
Les blancs cygnes de Cythérée
Battant de l' aile au bord de l' eau.

Des cupidons, fraîche couvée,
Me montraient son pied fait au tour ;
Sa jupe semblait relevée
Par le petit doigt de l' amour.

On voyait, je vous le déclare,
Un peu plus haut que le genou.
Sous un pampre un vieux faune hilare
Murmurait tout bas : casse-cou !

Je quittai ma chambre d' auberge,
En souriant comme un bandit ;
Et je descendis sur la berge
Qu' une herbe, glissante, verdit.

Je pris un air incendiaire,
Je m' adossai contre un pilier,
Et je lui dis : -" ô lavandière !
(Blanchisseuse étant familier)

«L' oiseau gazouille, l' agneau bêle,
Gloire à ce rivage écarté !
Lavandière, vous êtes belle.
Votre rire est de la clarté.

«Je suis capable de faiblesses.
Ô lavandière, quel beau jour !
Les fauvettes sont des drôlesses
Qui chantent des chansons d' amour.

«Voilà six mille ans que les roses
Conseillent, en se prodiguant,
L' amour aux coeurs les plus moroses.
Avril est un vieil intrigant.

«Les rois sont ceux qu' adorent celles
Qui sont charmantes comme vous ;
La Marne est pleine d' étincelles ;
Femme, le ciel immense est doux.
«Ô laveuse à la taille mince,

Qui vous aime est dans un palais.
Si vous vouliez, je serais prince ;
Je serais dieu, si tu voulais. » -
La blanchisseuse, gaie et tendre,

Sourit, et, dans le hameau noir,
Sa mère au loin cessa d' entendre
Le bruit vertueux du battoir.

Les vieillards grondent et reprochent,
Mais, ô jeunesse ! Il faut oser.
Deux sourires qui se rapprochent
Finissent par faire un baiser.

Je m' arrête. L' idylle est douce,
Mais ne veut pas, je vous le dis,
Qu' au delà du baiser on pousse
La peinture du paradis.

 

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Les poèmes de Victor Hugo furent mis en musique par de grands compositeurs comme Franz Listz..

Magnifique soprano, Lisa Lévy nous en interpréta plusieurs de sa "voix d'or"..

-LES SPECTACLES AU THÉÂTRE GASTON BERNARD 2010-2011

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Pour terminer cette évocation du  génie que fut Victor Hugo, les comédiens nous montrèrent   son combat pour la justice , la liberté, le droit d'asile, contre l'escavage  et  la peine de mort.

Victor Hugo était un visionnaire !

« La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. »

(discours du 15 septembre 1848 devant l'Assemblée Nationale Constituante)

-LES SPECTACLES AU THÉÂTRE GASTON BERNARD 2010-2011

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Victor Hugo est en Belgique au moment de la Commune de Paris. Indigné par les représailles et par le ton de certains hommes politiques belges voulant « empêcher l’invasion sur le sol de la Belgique de ces gens qui méritent à peine le nom d’hommes et qui devraient être mis au ban de toutes les nations civilisées », il publie dans l’Indépendance belge une lettre sur la Commune qui se termine de cette façon :

Cet asile que le gouvernement belge refuse aux vaincus, je l'offre.

Où ? en Belgique.

Je fais à la Belgique cet honneur.

J'offre l'asile à Bruxelles.

J'offre l'asile place des Barricades.

Qu'un vaincu de Paris, qu'un homme de la réunion dite Com­mune, que Paris a fort peu élue et que, pour ma part, je n'ai jamais approuvée, qu'un de ces hommes, fût-il mon ennemi personnel, surtout s'il est mon ennemi personnel, frappe à ma porte, j'ouvre. Il est dans ma maison. Il est inviolable.

Est-ce que, par hasard, je serais un étranger en Belgique ? Je ne le crois pas. Je me sens le frère de tous les hommes et l'hôte de tous les peuples.

La gloire de la Belgique, c'est d'être un asile. Ne lui ôtons pas cette gloire.

En défendant la France, je défends la Belgique.

Le gouvernement belge sera contre moi, mais le peuple belge sera avec moi.

Dans tous les cas, j'aurai ma conscience.

Mais Victor Hugo subit des menaces de mort , en témoigne ce poème...

Une nuit à Bruxelles

 

Aux petits incidents il faut s'habituer.

Hier on est venu chez moi pour me tuer.

Mon tort dans ce pays c'est de croire aux asiles.

On ne sait quel ramas de pauvres imbéciles

S'est rué tout à coup la nuit sur ma maison.

Les arbres de la place en eurent le frisson,

Mais pas un habitant ne bougea. L'escalade

Fut longue, ardente, horrible, et Jeanne était malade.

Je conviens que j'avais pour elle un peu d'effroi.

Mes deux petits-enfants, quatre femmes et moi,

C'était la garnison de cette forteresse.

Rien ne vint secourir la maison en détresse.

La police fut sourde ayant affaire ailleurs.

Un dur caillou tranchant effleura Jeanne en pleurs.

Attaque de chauffeurs en pleine Forêt-Noire.

Ils criaient : Une échelle ! une poutre ! victoire !

Fracas où se perdaient nos appels sans écho.

Deux hommes apportaient du quartier Pachéco

Une poutre enlevée à quelque échafaudage.

Le jour naissant gênait la bande. L'abordage

Cessait, puis reprenait. Ils hurlaient haletants.

La poutre par bonheur n'arriva pas à temps.

" Assassin ! - C'était moi. - Nous voulons que tu meures !

Brigand ! Bandit ! " Ceci dura deux bonnes heures.

George avait calmé Jeanne en lui prenant la main.

Noir tumulte. Les voix n'avaient plus rien d'humain ;

Pensif, je rassurais les femmes en prières,

Et ma fenêtre était trouée à coups de pierres.

Il manquait là des cris de vive l'empereur !

La porte résista battue avec fureur.

Cinquante hommes armés montrèrent ce courage.

Et mon nom revenait dans des clameurs de rage :

A la lanterne ! à mort ! qu'il meure ! il nous le faut !

Par moments, méditant quelque nouvel assaut,

Tout ce tas furieux semblait reprendre haleine ;

Court répit ; un silence obscur et plein de haine

Se faisait au milieu de ce sombre viol ;

Et j'entendais au loin chanter un rossignol.

-LES SPECTACLES AU THÉÂTRE GASTON BERNARD 2010-2011

Robert Bensimon, Corinne Thézier , Lise Taupinard-Przybylski et Lisa Lévy furent applaudis à tout rompre tant leur jeu fut parfait..

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Encore un texte, écrit par Hugo, texte qui explique le pourquoi du titre du spectacle "Il y a des Hommes-Océans" :

Cette formule, inventée par Hugo à l'occasion du jubilé de William Shakespeare, désigne une lignée de génies qui ont fait les flux et reflux de la pensée humaine, le romancier écrit :

Ces ondes, ce flux et ce reflux, ce va-et-vient terrible, ce bruit de tous les souffles, ces noirceurs et ces transparences, ces végétations propre au gouffre, cette démagogie des nuées en pleins ouragans, ces aigles dans l’écume, ces merveilleux levers d’astres répercutés dans on ne sait quel mystérieux tumulte par des millions de cimes lumineuses, têtes confuses de l’innombrable, ces grandes foudres errantes qui semblent guetter, ces sanglots énormes, ces monstres entrevus, ces nuits de ténèbres coupées de rugissements, ces furies, ces frénésies, ces tourmentes, ces roches, ces naufrages, ces flottent qui se heurtent, ces tonnerres humains mêlés aux tonnerres divins, ce sang dans l’abîme ; puis ces grâces, ces douceurs, ces fêtes, ces gaies voiles blanches, ces bateaux de pêche, ces chants dans le fracas, ces ports splendides,ces fumées de la terre, ces villes à l’horizon, ce bleu profond de l’eau et du ciel, cette âcreté utile, cette amertume qui fait l’assainissement de l’univers, cet âpre sel sans quoi tout pourrirait ; ces colères et ces apaisements, ce Tout dans Un , cet inattendu dans l’immuable, ce vaste prodige de la monotonie inépuisablement variée, ce niveau après ce bouleversement, ces enfers et ces paradis de l’immensité éternellement émue, cet insondable, tout cela peut être dans un esprit, et alors cet esprit s’appelle génie, et c’est la même chose de regarder ces âmes ou de regarder l’océan.

Ce fut une après-midi extraordinaire que nous passâmes ce 19 Septembre dans la cour du Château de Mauvilly: nous avons découvert, ou redécouvert  tout le génie Hugolien , interprété avec force et conviction  par la troupe du " théâtre de l'Impossible".

Merci Châtillon-Scènes pour ce magnifique spectacle, dont nous nous souviendrons longtemps, vraiment très longtemps...

 

 

Rédigé par Christaldesaintmarc

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C
Merci pour ce très beau reportage continuez chère madame de proposer une telle qualité et un travail si complet fait avec amour et culture
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