blog d'une châtillonnaise
Lors d'escapades à Dijon, j'ai visité le Musée des Beaux Arts et le Musée François Rude, où l'on trouve de nombreuses œuvres du sculpteur François Rude (des copies de très bonne qualité).
Ce sculpteur dijonnais, auteur du célèbre "Départ des Volontaires de 1792", appelé communément la "Marseillaise", qui se trouve sur l'Arc de Triomphe de la place de l'Etoile à Paris, méritait bien un article....
Voici le portrait sculpté qu'en a fait son neveu Paul Cabet, lui aussi sculpteur bourguignon (né à Nuits Saint-Georges), malheureusement un peu oublié actuellement.
Né à Dijon, François Rude était fils de forgeron. Il apprit le dessin dans cette ville avec François Devosge et fut soutenu par le conservateur adjoint du musée des beaux-arts de Dijon, mécène et ardent bonapartiste, Louis Frémiet, dont il épousa plus tard la fille, Sophie.
En 1809, il s'installa à Paris et devint élève de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts à l'atelier de Pierre Cartellier, obtenant le prix de Rome de 1812 pour son œuvre "Aristée déplorant la perte de ses abeilles".
En 1815, après la chute du Premier Empire et la Restauration des Bourbons, il partit s'installer à Bruxelles à la création du Royaume uni des Pays-Bas, pour rejoindre sa belle-famille, où il se mit au service de l'architecte Charles Vander Straeten et exécuta neuf bas-reliefs pour l'un des pavillons palais de Tervuren, aujourd'hui disparu (mais dont subsistent des moulages). Il y épousa l'artiste peintre Sophie Frémiet, avec qui il eut un fils, Amédée, mort prématurément en 1830.
Buste de Sophie Rude par Paul Cabet (Musée des Beaux-Arts de Dijon):
Avec l'architecte Charles Vander Straeten, il réalisa des commandes officielles du roi Guillaume Ier des Pays-Bas en participant à plusieurs travaux de rénovation et de décoration de palais royaux, châteaux et monuments de Bruxelles comme le Théâtre de la Monnaie ou la Bourse de Bruxelles.
Il revint ensuite à Paris en 1827 où il passa progressivement du néoclassicisme au romantisme. Après 1827, il produisit une statue de la Vierge pour l'église Saint-Gervais de Paris et une statue de Mercure rattachant ses talonnières.
Mercure rattachant ses talonnières (Musée des Beaux Arts de Dijon)
En 1833, il fut décoré de la Légion d'honneur et obtint une commande de haut-relief pour l'arc de triomphe de l'Étoile : "Le Départ des volontaires de 1792", communément appelé "La Marseillaise", son œuvre la plus célèbre qui contribua grandement à sa renommée.
Le départ des Volontaires de 1792 ( Musée Rude, Dijon)
En parallèle, il sculpta dans le marbre le Petit Pêcheur Napolitain jouant avec une tortue (Musée des Beaux- Arts de Dijon) :
Le succès de sa Marseillaise lui permit d'ouvrir son propre atelier et de former ainsi des élèves, dont son neveu Paul Cabet. Il reçut plusieurs commandes pour des monuments publics en l'honneur de grands personnages, comme cette statue de Gaspard Monge (1849) (Musée Rude, Dijon). l'original, en bronze, se trouve sur la place Monge de Beaune, ville d'où Gaspard Monge était originaire.
Il sculpta également cette représentation du Maréchal Ney.( Musée Rude, Dijon).
Ney, surnommé par Napoléon Ier "le Brave des braves" fut exécuté place de l'Observatoire à Paris. Cette statue de François Rude, en bronze, fut érigée sur cette même place lors de la réhabilitation du Maréchal.
En 1839 le couple adopta Martine Van der Haert, nièce orpheline de Sophie, qui posa pour plusieurs de leurs œuvres. Elle sera la future épouse de leur neveu Paul Cabet.
Martine Cabet par François Rude (Musée des Beaux-Arts de Dijon)
À partir de 1852, François Rude consacra les trois dernières années de sa vie à des sculptures dont il choisit lui-même les sujets pour répondre aux commandes de sujets libres de sa ville natale de Dijon, comme ici : "Hébé et l'Aigle de Jupiter" (Musée des Beaux-Arts de Dijon).
Hébé, fille de Jupiter et de Junon, déesse de la jeunesse et de la vitalité, était chargée de leur servir la nourriture divine Ambroisie et Nectar. François Rude l'a représentée tenant une coupe de nourriture divine, que l'aigle symbolisant la puissance du dieu des dieux Jupiter (son père) cherche à atteindre ...
François Rude obtint une médaille d'honneur à l'Exposition universelle de 1855 à Paris. Il mourut la même année et fut inhumé au cimetière du Montparnasse du 14e arrondissement de Paris.
D'autres œuvres de François Rude :
Jeanne d'Arc écoutant ses voix (Musée Rude de Dijon), statue exécutée par Rude pour la série "Femmes illustres de France" au jardin du Luxembourg à Paris.
Jean-François de Galaup, comte de la Pérouse (Musée Rude de Dijon). Cette statue fut réalisée par Rude pour le Musée de la Marine, lors de la découverte de l'épave où mourut le célèbre explorateur.
Le guerrier Gaulois (Musée des Beaux-Arts de Dijon):
Le docteur Benoît Mercier, médecin dijonnais (Musée des Beaux-Arts de Dijon):
Jacques-Louis David (Musée Rude de Dijon), le peintre du "sacre de Napoléon", ami des époux Rude :
Le Maréchal de Saxe (Musée Rude de Dijon). La statue originale de François Rude, en marbre, a été exécutée en 1838 pour le Musée de l'Histoire de France au château de Versailles :
Napoléon Bonaparte s"éveillant à l'immortalité (Musée Rude de Dijon)
L'original est à voir au Parc Noirot de Fixin , en Côte d'Or.
Le gisant de Godefroy Cavaignac, nouvelliste et journaliste républicain, principal opposant à la Monarchie de Juillet (copie de celui qui orne son tombeau au cimetière Montmartre.)
(Beaucoup des statues montrées dans l'article sont des copies sauf quelques unes visibles au Musée des Beaux Arts de Dijon, en particulier "Hébé et l'aigle de Jupiter")