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Un atelier d'écriture animé par Danielle Berthaud "une passion : l'œuvre de Carco"
A l'initiative de Yolande Estrat, Présidente de Châtillon Scènes, un atelier d'écriture a eu lieu samedi après-midi 20 septembre sur le thème "une passion: l'œuvre de Carco"
" Des mots à propos de Francis Carco....."
L'animatrice Danielle Berthaud s'est présentée, et elle a demandé à chacune d'en faire autant.
Puis elle a annoncé le plan à suivre.
-Travailler sur des Acrostiches:
Décliner pour chaque lettre du nom et du prénom des adjectifs qui caractérisent F.Carco; Faire de même pour son propre nom et noter les adjectifs communs.
-Sur les images:
prendre au hasard une des 3 images et dire ce qu'elle vous évoque de Francis Carco ou pourquoi elle vous fait rêver. 20mn+20mn
-Le Dialogue ou courrier:
Imaginer une rencontre entre F.Carco et Kiki de Montparnasse qui évoquent leurs souvenirs de Châtillon
Ou : Ecrire un courrier à F. Carco pour lui vanter l'intérêt de revenir habiter à Châtillon.
- Utiliser des mots d'argot… :
A partir de 20 mots d'argot utilisés dans les textes de F. Carco, en choisir 3 pour soi; en donner 2 à chaque voisin immédiat, puis rédiger un texte employant ces 7 mots dont la "traduction" sera donnée après écriture.
A la fin de l'atelier d'écriture, chacun a pu dire son ressenti.
Les stagiaires se sont mises au travail.
Marie a livré son ressenti :
Il s'est créé une empathie spontanée, dans le respect des unes et des autres, une même envie d'être ensemble autour de ce qui nous était proposé : parler, penser, se souvenir, imaginer Carco, sa vie, son écriture, ses amis ...
Le groupe était à la fois « chacune et l'ensemble », du coeur, de l'esprit, de la vie, des idées, de l'humour, de la fantaisie, de la pensée et de l'expression libres. Dire, écrire, en toute liberté. Une note pleine et entière de démocratie, notre humanité. Écouter. S'exprimer. Créer et mettre en commun nos créations, chacune attentive, aux autres et à soi.
Chacune découvrant Francis Carco qui, par la grâce d'un moment, abordait à nos rives. Avec lui, et pour lui, nous dérivions, nous voguions, nous allions où il nous menait, nous le menions où il nous plaisait d'accoster et de l'escorter. Qui menait qui ? Nous allions en nonchalance, en abondance, dans une présence mi-joyeuse, mi-studieuse, flânant, rêvant, musant, recueillant des brindilles de mots réels, imaginaires, inventés et inventifs, festifs.
Le temps est passé, nous ne l'avons pas compté ni mesuré. Un temps rythmé par l'écriture et la lecture de nos écrits, par les différentes voix.
Un atelier d'écriture vivant, pensant, existant, joyeux, prenant plaisir à jouer le jeu, passionné.
Les textes réalisés ont tous été très intéressants, pleins d'humour, d'imagination.... Certaines "écrivaines" m'ont permis de reproduire le leur, merci à elles.
De Perla :
L’EQUIPE, le dernier livre de Francis CARCO vient de paraître…..
Un brave garçon, que rien ne prédestinait au funeste destin qui allait être le sien, se voit entraîné, malgré lui, et par amour, dans une effroyable escalade à la violence. Son comparse, grisé par l’argent, usera de sa cupidité pour l’impliquer dans une succession de mauvais coups bien « juteux » qui mèneront le pauvre innocent à l’échafaud.
C’est sanguinolent du début à la fin. Un livre d’actualité, à lire absolument dans un contexte social perturbé….Le livre de demain !
Aubert - Miroton –Ecrire – Pilon - Entraver
Nom de …Zeus ! Ce matin, en attendant mon RER sur le quai de la nouvelle station « Aubert », j’étais folle de rage! Le livre que je venais d’écrire allait passer au pilon pour avoir entravé la moralité ! C’est vrai que je n’y allais pas avec le dos de la cuillère…mais enfin, il s’était moqué de moi, ne m’avait pas protégée, ne m’avait pas épousée et m’avait séduite…..uniquement pour mon bœuf mironton !
De Judith :
« L’argot du milieu » de Francis Carco marque les sorties de cette rentrée littéraire !
Dans ce nouvel ouvrage de Francis Carco ( à ne pas confondre avec l’ergot des milles yeux ou l’escargot des lieux), nous est livré les clefs d’un décryptage linguistique hors du commun – au sens
propre comme au figuré-. En effet, la langue du « milieu » s’apparente à celle de l’Empire du Milieu et du Mandarin, en ce qu’elle constitue un casse-tête pour les non-initiés. Ancien membre des Apaches, Francis Carco baragouine avec talent un micro dictionnaire de la langue de la rue et du milieu de la bouche. Un ouvrage gourmand pour gueules cassées et gueules de bois. A lire absolument.
Une lecture recommandée par le Docteur Jean Lacassagne... (recopier entièrement l’en-tête de la couverture)
Châtillon-dur-Seine : Avec Aubert on a passé l’après-midi en terrasse. Titi parisienne et Chatouilleux en scène, on voulait faire les marieurs. J’vois passer un quintet de jeunes tiges pas encore sorties des boutons. « Requinquez-nous Tavernier ! » gueula l’Aubert une fois les dames assises. « J’la vois bien avec le père Quiquet la M’zelle Violette ! ». Outrée la petite fleur s’en alla, emportant avec elle le reste du bouquet. On est restés entre vieilles branches, accoudés au zinc, à refouler du goulot en fumant une dernière tige.
KIKI et FRANCIS sont dans un bateau (…) Paris / Châtillon
FRANCIS : Kiki !
KIKI : Carco !!! Viens qu’on caquette un coup avant de s’quitter ! Kézako ?! Tu t’rappelles du chat ?…
FRANCIS : Quoi ?!?... Lequel : le Chat Noir ou le Châtillon ?
KIKI : Bhaaaa, c’est toujours la même Histoire, des histoires de murs et des histoires de gris.
FRANCIS : Ha non, plutôt de murmures post-griserie, ma Kiki.
KIKI : Comment Francis !... J’étais si grise qu’il ne m’en reste qu’un trou noir ?!
FRANCIS : Derrière les murs, Kiki. Dedans le gris des villes ou celui des champs. Toi, petit rat du ballet Montmartrois. Moi à petits pas, sur le papier des forêts d’autrefois.
KIKI : Oui Francis, cela me revient… Un peu en java… Un peu comme un flash-photographie d’une autre vie…
(Puis sa Kiki l’a quitté, ‘ l’a joué deux franc six, très fin de partie. Et ils sont morts.)
De Marie :
Lettre à Francis Carco
Francis, François, mon ami en poésie et fantaisie, que te dire pour te donner l’envie de revenir parmi nous, quittant le Paradis où tu te prélasses en écrivant des vers piqués de romantisme, brisés par les éclats d’argent de ton rire.
Ici, à Châtillon, nous t’avons honoré d’un quartier qui porte ton nom. Et certains nous disent : « Mais qui est donc ce Carco et comment l’écrivez-vous ? ».
Regarde, n’est-il pas joli ce quartier, à toi dédié, avec ses fleurs qui mélangent dans un cri de l’âme leurs vives couleurs odorantes, avec ses réverbères dressés, piquant le ciel à la pointe de l’épée, et qui, au soir embaumé, allument dans l’air adouci des étoiles nouvelles ?
Viens donc à nous, François, Francis, revêtu de tes mots, romans et poèmes, contes et nouvelles, viens t’en croiser avec les bavards voisins que nous sommes quelques escarmouches d’idées, souvenirs ou créations, espace des rêves et des douleurs, du quotidien, des projets, ce qui nous tombe sur la tête et ce que nous lançons comme un jongleur ses balles de couleur.
Penses-tu aimer le XXI ième siècle, nos bravoures et nos bravades, nos défaites et nos joies, nos pertes de sens et de repères et ces cailloux que nous semons, nos flèches de lumière, nos cœurs, nos esprits et nos âmes, veux-tu de nos retrouvailles ?
Regarde comme la ville est belle et comme le soir est doux.
Brumes (d'après une affiche)
Brumes. Brouillards. Le coeur attend. Aimer. Être aimée. Ne pas l'être. Attente de l'amour absolu, celui qui ne peut être, celui qui dévaste le coeur, l'esprit, la vie. Amour déçu. Amour trahi. Espéré. Inespéré. Désespéré.
Une vie pour aimer. Un instant si bref.
Amour pour la vie. S'il ne l'est pas, parfois jusqu'à en mourir, d'y avoir cru.
Alors qu'amour, s'il ne puise pas au coeur de la joie, contrarie le mot lui-même et le sens et l'ardeur et les rêves que l'on fait depuis l'aube jusqu'au crépuscule de l'âge.
Sur de l'argot, mais sans jouer le jeu : invention mise à portée de soi
Texte naïf
Quelle chance, je rêvais de sortir ma théière noire, en forme de lampe d'Aladin.
L'atelier s'ouvre à moi, pour une écriture improvisée. Ma théière y a sa place par le jeu des 5 mots. Hasard ou coïncidence ? Je ne vais pas geindre mais bien sauter de joie ; mon saut de joie étant purement intérieur. Et voilà, 3 mots de placer.
Mais que dire de bloum, mot sympathique au demeurant. Onomatopée ? Bloum, bloum, bloum, j'ai le bloum de toi, yeah ! Bon, voilà pour bloum, mais que dire d'engrener, si ce n'est que voilà un verbe (ok, c'est tout faux, laissez, voulez-vous, mon imagination aller à sa guise). J'engrène, tu engrènes, engrenez-vous ? Voulez-vous engrenez avec moi ? Je n'ose penser à ce que ce mot signifie, et le petit bloum, mais enfin à jouer avec vous, oser se peut, et prendre un risque, j'ose, et vous ?
PS : Sans considération pour le sens que lui donne l'argot, la « théière » sera toujours pour moi cette chose délicieuse dans laquelle nous préparons la saveur du thé (jasmin, rose, lavande, vanille, orange, noir, vert, blanc, rouge, argenté), un instant de délice dans lequel se rejoignent toux ceux qui, de par le monde, font monter jusqu'à leur bouche la gorgée qui se boit et se pense, se ressent, éprouve nos sensations, et nous fait émettre de douces vibrations, tel le chat son ronronnement extatique.
De Danielle :
" L'Homme Traqué"
Je suis un homme traqué car depuis que j'habite à Châtillon sur Seine, une redoutable ogresse (bottes rouges-chapeau rouge-soutien-gorge noir) me pourchasse.
Elle me croit riche et pourvu d'une intelligence hors-norme.
Elle me croit fort.
Elle me voit beau mais là, c'est vrai , je suis beau.
j'ai peur de la rencontrer, j'ai peur qu'elle me regarde. Et si elle me demandait mon avis ou un renseignement? je me mettrai à rougir, à bafouiller!
Pourquoi suis-je aussi timide?
Est-ce la faute de ma mère qui ne m'a pas assez aimé, trop aimé?
Que faut-il faire?
Alors, j'ai l'idée d'aller demander conseil au boucher; il a l'air de s'y connaître et sait tailler dans le vif.
Il me somme d'attaquer , d'aller de l'avant!!
Je bois un large verre de marc de Bourgogne et me précipite. Elle sort dès que je passe devant sa maison.
Bien que profondémént dérouté par sa tenue d'aujourd'hui (bottes vertes-chapeau jaune-soutien -gorge écossais), je me rue vers elle et l'embrasse sur la bouche en lui criant:" je suis d'accord!".
Elle a l'air surprise , se recule, et me dit:" Auriez-vous trouvé mon exemplaire de Carco que j'ai laissé sur un banc dans le parc de la mairie? Je n'osais pas vous le demander mais vous êtes arrivé juste quand je partais."
Je bafouille, je lui dis :" Carco, qui est ce Carco? un nouvel auteur châtillonnais?" et je m'enfuis, honteux.
Pour me venger de son conseil délirant, je me précipite chez le boucher, lui mord la joue droite de façon si cruelle qu'il perd définitivement tout pouvoir de séduction.
Mais à partir d'aujourd'hui, je ne suis plus un homme traqué!De Danielle :
lettre à Francis Carco :
Profondément perturbée par le départ de mon ami Francis à Paris, je me décide à lui écrire cette lettre:
"Bonjour Francis,
Depuis que tu es parti, Châtillon est bien sombre. Il pleut tous les jours. La bibliothèque municipale est fermée.
Les bars ne servent plus que d'infâmes petits cafés noirâtres quasiment impropres à la consommation!
Les journaux paraissent uniquement le vendredi , vaporisés par le rédacteur avec un parfum hareng saur.
les pompes funèbres fonctionnent à plein régime et dans les églises, on n'entonne plus que le De Profundis.
Ta faconde et ta gouaille nous manquent!
Châtillon pourrait en mourir!
Reviens, Francis! reviens!"
Deux jours plus tard, un petit télégraphiste sonne à ma porte:
" Prépare mon lit - je reviens pour toujours-Châtillon ne peut pas être une ville sombre!"
C'est pourquoi , vous voyez aujourd'hui banderoles et lampions en folie à travers les rues de la ville:
Carco revient. Carco nous aime!
De Danielle :
A partir de 5 mots pris au hasard dans les écrits de Francis Carco:
Moi, pilon sur un arbre perché, j' essaye de renauder un fromage. Je voudrais bien que ça me rapporte du caire et ne pas me faire poisser pour ça.
Une vieille branche vient me tenir jactance:" si tu pousses la gueulante aussi bath que t'es nippé, t'es le roi..."
Mais moi qui ne suis en fait que la jambe de bois d'un corsaire , je ne pense pas que l'on puisse être chipé pour moi!
Alors j'y réponds : "fais plutôt gaffe aux mectons qui t'auront pas à la bonne".
Et, heureux pignouf qui comme Ulysse, je repars dans mon home, le coulant nommé Epoisses serré dans mes bras.
De Marie-Odile
Texte inspiré par la couverture du roman de Francis Carco, L’Homme traqué, éditions Le Livre de Poche, 1987.
L’homme traqué s’efforce de ne pas le paraître, s’efforce de se fondre parmi les flâneurs. Si son allure, son pas, ses gestes venaient à trahir l’angoisse qui l’oppresse, c’en serait fait de lui. Il attirerait l’attention, et la bonhomie affichée par les badauds qui l’entourent, tels un rempart, céderait alors la place à l’hostilité qui frappe ceux qui sortent du rang. Surtout ne pas se faire remarquer, ne pas laisser deviner le chaos qui l’habite et, blotti au sein de la foule, échapper aux poursuivants qu’il imagine à ses trousses.
Lettre adressée par Francis Carco à Kiki de Montparnasse pour essayer de la convaincre de venir le rejoindre à Châtillon sur Seine
Ma chère Kiki,
« A-t-on jamais vu fleuve retourner à sa source ? Tu t’imagines peut-être en retournant là-bas pouvoir suspendre le cours du temps et le remonter jusqu’à l’enfance ?! ». Telle fut ta réaction quand je t’appris mon intention de « vivre le reste de mon âge » à Châtillon. Quoi qu’il m’en coûte, je dois reconnaître que tu avais raison… Lorsque j’arpente les rues et les quartiers en quête de quelque vestige de la ville de nos jeunes années, je ne fais que me heurter à ce qui l’a remplacé. Notre Châtillon, Kiki, n’est plus… Un douloureux constat qui me pousse paradoxalement à te demander de me rejoindre. Non pas, je te rassure, pour que ton désarroi s’unissant au mien, nous cultivions ensemble « le goût du malheur ». Si j’espère parvenir à te convaincre, toi la reine de Montmartre, d’échanger le clinquant de ta cour contre les trois fleurs de lys de Châtillon, c’est bien au contraire pour m’aider à ramener à la vie notre ville depuis trop longtemps endormie sur les rives de la Seine.
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Commentaires
2Myriam st nazaireSamedi 17 Mars 2018 à 19:54Très beau texte bravoRépondre1Jean de BelgiqueMercredi 24 Septembre 2014 à 09:04
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