• Souvenirs de Pierre Roy : une vie de villageois au XIXème siècle à Aisey sur Seine, de la naissance à la mort...

    La naissance...

    Le nouveau-né venait au monde, provoquant de grandes et longues douleurs, il était réceptionné par une sage-femme qui bien souvent n’en avait que le nom : l’hygiène, les connaissances étaient élémentaires voire douteuses. Nombreux étaient les accidents entraînant la mort de l’un et parfois des deux (selon les archives un sur trois) ; Ceci s’est produit dans notre famille Bornot, une hémorragie laissée à son libre cours, sans aucune forme d’intervention, la sage-femme rassurant l’entourage que ça allait s’arranger tout seul, si bien que le lendemain la mère était décédée, suivie de la mort de l’enfant deux jours après. Je dois signaler que c’était en 1916, point de médecins, la France en guerre, les docteurs mobilisés aux Armées.

    Le bébé était superficiellement débarbouillé, une goutte de citron ou vinaigre dans les yeux, pour faire larmoyer et entraîner les impuretés. Le bain était inconnu et surtout déconseillé !

    L’enfant était langé, emmailloté dans une petite chemise, un molleton, ficelé, épinglé parfois avec la peau (ma sœur Madeleine), prisonnier des langes et couches jusqu’à l’âge de six mois. Il ressemblait à une momie, ceci pour que l’enfant ait les jambes droites et non arquées.

    Il avait ensuite la liberté des bras et mains puis des jambes. A l’âge de 11 ou 12 mois il commençait à jeter ses premiers pas. C’est impensable les conditions que ces petits subissaient…

    La naissance de l’enfant était déclarée en mairie, en présence du Maire, de l’Adjoint et d’un témoin : Date, nom, prénom, issu de, signatures. Les prénoms étaient choisis dans les deux familles, d’un celui  parent très proche, souvent parrain et marraine portaient le même prénom que l’enfant. Trois semaines à un mois après, la famille choisissait un dimanche pour baptiser l’enfant .

    L’enfant était porté par sa marraine, un peu avant de la fin de la messe afin qu’il ne perturbe pas l’Office religieux, accompagné du parrain et quelques membres de la famille. L’apposition des Cendres et de l’Eau sur l’enfant au-dessus des fonts baptismaux, provoquait une violente réaction de cris intempestifs que l’on tentait d’apaiser en le secouant et en le berçant.

    Les parrains et marraine avaient, devant Dieu, la charge, le devoir d’aide et assistance en cas de malheur aux parents. Des liens affectifs unissaient les protecteurs à l’enfant.

    Après la cérémonie, prêtre, enfants de chœur ainsi que parrains et marraines allaient à la sacristie où, sur un grand registre, étaient apposées les signatures d’acte de baptême, le curé recevait une enveloppe, les enfants de chœur une pièce de monnaie, cornets ou dragées, puis, sur le parvis de l’église, on jetait dragées, monnaie aux enfants du village qui attendaient cette manne avec impatience.

    De retour à la maison, c’était l’occasion de réjouissances, d’un bon repas, exécuté avec recherche par les parents. Certaines familles réunissaient 15 à 20 personnes, les souvenirs du repas et de la cérémonie étaient commentés plus tard.


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