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Souvenirs de Pierre Roy: les fêtes civiles et religieuses à Aisey sur Seine au XIXème siècle
(collection D.S.)
Le jour du 1er avril
La nature sort de sa léthargie hivernale.
La vie, la joie reprennent, blagues, plaisanteries, histoires fausses que l’on dément en disant « Poisson d’avril ! ».
Petits et même grands accrochent dans le dos des gens des poissons en papier, chacun riant de celui qui en portait un. Personne ne s’en offusquait.
Les Rameaux
James Logerot mettait à la disposition du curé une voiture attelée d’un cheval et avec son commis Albert Charles allaient couper des branches de buis dans les bois, déposaient ce buis à droite du chœur de l’église.
Dimanche, jour des Rameaux
Célébration de l’Office avec bénédiction du buis, la cérémonie terminée, tous les fidèles s’approchaient pour prendre un rameau, parfois une brassée, pour en déposer sur les tombes des familles au cimetière, un brin à toutes les croix, dans la maison ainsi que dans les écuries. Certains pensaient être mieux protégés suivant la quantité.
Le Jeudi Saint
Des adultes et les enfants sortant de l’école, se rendaient à l’église, prières, recueillements, ensuite le prêtre passait dans les bancs, tenant une coupe contenant de la cendre de buis, son pouce enduit, en apposait sur le front en signant la Croix.
Le Vendredi Saint
Les fidèles observaient un repas frugal, sans viande toute la journée.
A l’église, l’après-midi, prières et chemin de Croix après la sortie de l’école.
Les angelus (midi) n’étaient plus sonnés, le sacristain parcourait les rues du pays avec un « bruyant » pour les remplacer.
Les cloches étant parties à Rome se purifier. J’avais 5 ou 6 ans et je demandais à ma grand-mère comment elles s’y rendaient « Comme les anges, elles ont des ailes » me répondit-elle.
L’année suivante, je guettais dans le ciel, je n’y crus plus, puis maman m’expliqua cette croyance qui était employée pour assagir les petits enfants. A l’église les sonneries des messes étaient remplacées par une crécelle.
Pâques
Les cloches manifestent leur retour en sonnant à toute volée avant la grande cérémonie, oreries sorties.
Tous les fidèles, dans leurs plus beaux habits, gens d’Aisey, de Nod, Voisin, Chemin, Brémur, venus à pied, en voiture hippo, en auto.
Les familles ayant des enfants, faisaient cuire à leur insu des œufs de poule (la teinture se fixant mal ou pas sur les œufs de cane) durs, dans de l’eau, bleu avec des boules à linge, de la pelure d’oignon pour jaune, épinards pour les verts, betteraves rouges pour les rouges.
Ces œufs étaient cachés dans l’herbe du jardin, sous un rosier, un buis, en plusieurs endroits.
Au retour de la messe, la maman ou la grand-mère envoyait les enfants à la recherche de ces œufs déposés par les cloches de retour de Rome, purifiées et bénies.
Quelle joie de les découvrir, de les admirer, rester en contemplation Ils étaient bien vite dégustés, soit sur le champ par les gourmands, ou à table à midi : en ce temps-là poules et œufs en chocolat n’étaient pas encore apparus dans nos campagnes.
Le lundi était férié, pour certains, on se promenait sur la route de la Chouette, retour par Vaurois, la Barque, la Voie d’Avril. Chaque dimanche après le sermon, le prêtre annonçait les promesses de mariage, messes basses de la semaine, dites à 7h30, à l’intention de familles ou parents décédés.
Le 1er mai
Pour nous, les enfants, c’était la fête du muguet. Je ne me souviens pas de manifestations en l’honneur du travail, certains hommes étaient habillés en dimanche, ne travaillaient pas, enfant on ne savait pas pourquoi.
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