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Souvenirs de Pierre Roy : la ferme du grand-père Bornot à Saint Germain le Rocheux
Les bâtiments de la ferme comprenaient un chaffaud (fenil), un râtelier, une écurie pour 4 à 5 chevaux, une étable à vaches, la bergerie, une soue à porcs, un poulailler, des cabanes à lapin.
Les volailles n’avaient pas froid l’hiver, le poulailler était fermé la nuit pour ne pas tenter goupil et autres friands de cette espèce.
Derrière : granges, hangars pour les foins et moissons, une aire de battage à fléau
Ce battage fut remplacé par la batteuse mécanique, inventée en 1786, mais introduite dans nos campagnes cent ans après. Elle était actionnée par un cheval encadré par un tapis de bois incliné, obligeant l’animal à marcher sans arrêt. Un frein bloquait le mécanisme, le cheval s’arrêtait, fatigué, réintégrait l’écurie et était remplacé par un autre.
Le coupe-racines, entraîné par une roue à chiens éminçait les betteraves. On y ajoutait du son, de la bouffe, c’était la « pouture » pour nourrir les vaches.
Les moutons étaient servis dans des « charpeignes », plus foin et paille.
Les porcs avaient des pommes de terre cuites, écrasées avec du petit lait.
Une pâtée épaisse était destinée aux volailles, dindes, canards, parfois pintades assez sauvages. Le soir on leur donnait une poignée de petit blé en provenance du tarare manuel qui sélectionnait les meilleurs gains pour le meunier.
L’exploitation avait une superficie d’une cinquantaine d’hectares, ce qui permettait de faire vivre 8 à 10 personnes, plus 2 commis.
Les champs, bien travaillés ne donnaient qu’un rendement moyen de 15 à 16 quintaux de blé à l’hectare.
Maintenant , avec les labours profonds par les tracteurs, l’apport d’engrais chimiques, on tire plus de 45 à 55 quintaux en mêmes lieux et places.
Le bétail était composé de 10 à 12 vaches laitières, plus les taureaux et veaux, une cinquantaine de brebis et agneaux Mérinos du Châtillonnais, un bélier, 25 à 30 volailles.
Les couvées de printemps étaient les meilleures, les nids préparés avec 12 à 15 œufs sur lesquels, pendant trois semaines une poule couvait, alimentée, mais masquée des autres afin de ne pas être dérangée.
Une à deux couvées d’œufs de cane étaient confiés à une poule, plus attentive qu’une cane (disait-on)
Les cabanes à lapins abritaient 15 à 2O rongeurs, plus des nichées de 5 à 6.
Deux chiens à vaches, un chien de berger, un chien de chasse du nom de « Fanfare », deux ou trois chats faisaient partie de la famille.
Le lait était vendu aux habitants qui venaient chaque soir avec une timbale.
Une partie était mise dans des pots de grès, et écrémée à la louche après deux jours de repos. Lorsqu’il y avait 6 à 8 litres de crème, on faisait le beurre dans la baratte à manivelle, le petit lait était pour les cochons.. Une autre partie du lait, mélangée à de l’écrémé, était mise en présure (fermant lactique)
Le caillé était mis en « couloir », égoutté tel quel, d’autres passés et affinés, mis entre deux feuilles de platane, après avoir été légèrement effleurés avec un peu de marc.
Tous les produits de la ferme étaient vendus aux particuliers, épiciers ambulants, revendant à Châtillon (mère Saulgeot) sur les halles.
On ne faisait pas fortune, on vendait 13 œufs à la douzaine, mais on avait une vie paisible sans grande ambition, en somme une vie heureuse !
La cour, le tas de fumier avec sa fosse à purin (qui remplaçait l’engrais), de l’autre les abreuvoirs alimentés par une citerne.
Dans le verger, les ruches en paille, puis remplacées par le modèle Dadaut étaient d’entretien et de rendements intéressants.
Le potager fournissait les petits pois, mis en bouteilles et stérilisés, les haricots verts en pots de grès, salés, des haricots en grains séchés. Puis tous les fruits, lorsque le gel n’avait pas fait trop de ravages en avril ou mai.
Les prés du Brevon accueillaient les vaches du printemps à l’automne.
L’évolution agricole a bouleversé les coutumes et traditions, mais il ne faut pas oublier l’entraide de la population : on donnait un coup de main tout à fait à titre bénévole, en échange du travail d’un ouvrier, on lui rentrait son affouage gratuitement, l’égoïsme n’existait pas, on se serait fait remarquer.
Chez le grand-père Bornot, on ne travaillait pas le dimanche, mais le samedi les commis avaient mis de l’ordre, fait la propreté des abords, le fumier peigné, la cour balayée, machines et outils rangés à leurs places définies.
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Commentaires
1dodocheLundi 12 Juin 2017 à 16:33quel bon souvenir le gout du bon lait que j allais chercher chez les parents de gerard eme tous les soirs avec ma timbale .Tresor inestimable et rien a voir avec le lait en brique de nos jours!!!Répondre
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