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Souvenirs de Pierre Roy : l'histoire de l'hôtel Roy d'Aisey sur Seine
Par Christaldesaintmarc dans -LES SOUVENIRS DE PIERRE ROY d'Aisey sur Seine le 27 Janvier 2017 à 06:00Il y a quelque temps j'ai reçu un mail d'un lecteur du blog, Bernard Piétri, habitant le sud de la France.
Celui-ci me disait qu'il était le petit fils d'Armand Roy, et le neveu de Pierre Roy, deux personnes très connues dans le Châtillonnais puisque tous deux ont tenu avec le succès que l'on connait, le célèbre hôtel Roy à Aisey sur Seine.
Bernard Piétri me proposait, si cela m'intéressait, de m'envoyer un document de plusieurs centaines de pages, écrites par Pierre Roy: souvenirs familiaux, mais aussi anecdotes sur la vie à Aisey au début du XXème siècle.
J'ai été enthousiasmée par sa proposition que j'ai bien sûr acceptée, et encore plus intéressée lors de la réception de l'ouvrage... qui contient des centaines de réflexions, et d'anecdotes, souvent pleines d'humour, sur la vie d'un village autrefois.
J'ai donc décidé de publier sur ce blog les écrits de Pierre Roy, qui , je suis sûr, vont passionner les lecteurs !
Je commence aujourd'hui par l'histoire de l'hôtel Roy d'Aisey sur Seine (appelé maintenant hôtel du Roy)
Du temps de Pierre Roy :
Aujourd'hui :
Vers 1820, un certain Jacques Copin reprit la suite de son père à Aisey sur Seine.
Aubergiste, cabaretier, barbier à l’occasion, il tuait cochons et autres animaux, fabriquait sa charcuterie, ses salaisons et conserves de tous genres. Il avait un atelier de tonnellerie où, durant l’hiver il fendait des merrains, les rabotait pour faire les douves des feuillettes (110litres), des pièces qui pouvaient varier de 114 à 228litres, des quarteaux de 57litres 1/2, quartants 28 à 30 litres, quarté de 2 pintes ou 2 litres pour contenir du marc.On distillait aussi des prunelles. Au printemps Jacques Copin faisait un chargement d’une douzaine de fûts sur une voiture bréarde, attelée d’un cheval et partait la semaine dans la région de Chablis vendre une partie de sa futaille. Avec l’argent il achetait du bon vin qu’il ramenait dans ses propres tonneaux. Le travail se troquait contre la marchandise, on préférait cette façon de faire car le souvenir des assignats planait encore dans la mémoire des ruraux.
Jacques Copin eut plusieurs enfants : Ernestine , Clément, Adrienne et Adrien , militaire décédé de fièvre pernicieuse à Haïphong.
Ernestine, dite Tine, épousa Victor Roy qui était cuisinier au service de la famille Schneider du Creusot . Tous deux reprirent l’Hôtel de la Fontaine à Bar sur Seine, puis ensuite le café de l’Hôtel de Ville à Châtillon sur Seine . C’est là que naquit Armand Roy en 1881.
Après la mort de Jacques Copin, Ernestine et Victor reprirent la maison d’Aisey qu’ils transformèrent en Hôtel des Voyageurs-garage pour automobiles .
Les époux Roy avaient dès 1902 fait installer la lumière au gaz acétylène à l’aide d’un groupe (eau et carbure de calcium) qui produisait le gaz pour éclairer salles et cuisines. Pour les chambres c’étaient des lampes Pigeon ou à pétrole . C’était onéreux et d’un grand entretien .
Veuve jeune, Ernestine Roy, atteinte de surdité, séquelles des couches d’Armand, se faisait aider par une servante (Justine Duclut…Marguerite Boulier).
C’était une grande et belle femme, très affable, gentille, courageuse . Fine cuisinière elle faisait chaque semaine ses pâtés, terrines, confectionnait des biscuits à la cuiller renommés, des confitures :groseilles, épine vinette en saison.
Il fallait tenir les trois chambres retroussées pour les voyageurs, apporter l’eau dans les brocs qu’il fallait remplir à la source. Le client faisait sa toilette dans une cuvette, les WC c’était un seau que l’on vidait au cabinet sur la rivière…
Le travail était grand et les bénéfices tout petits. L’hiver, comme complément de rapport, une fois par semaine, elle allait une fois par semaine, dans une poussette, vendre du poisson de mer qui arrivait de Boulogne jusqu’à Châtillon et de Châtillon à Aisey par le « tacot » dans un délai de 16 heures. On n’a pas fait mieux 80 ans après.
Avec cette poussette en osier, à quatre roues en fer, Ernestine allait faire sa tournée à pied à Chemin d’Aisey, Villaines en Duesmois, Semond pour vendre son poisson frais avec glace, 15kms aller-retour pour quelques francs de bénéfice, aussi devait-elle être fatiguée sans rien dire, quel courage !
Tout était à l’économie, on taillait de petits morceaux de bois, trempés dans du soufre qui servaient d’allumettes, des morceaux de journaux coupés en bandes, roulés, genre aiguilles à tricoter, avaient le même usage pour allumer quelques lampes ou bougies.
Le fils d’Ernestine et Victor Roy, Armand Roy apprit le métier de cuisinier en débutant comme apprenti à l’Hôtel de Bourgogne à Dijon.
La suite prochainement, je pense faire deux parutions par semaine, tant les textes sont nombreux et passionnants !....
Bien sûr les commentaires seront les bienvenus, il feront sans aucun doute plaisir à Bernard Piétri que je remercie encore chaleureusement pour la transmission des écrits de son oncle .
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Commentaires
6dodocheVendredi 7 Avril 2017 à 11:44notre maison est situee a cote de l hotel du roi on la voit sur la photo ancienne beaucoup d emotion merciRépondre5josseSamedi 28 Janvier 2017 à 22:59Votre récit est passionnant, je vais le suivre avec intérêt. Connaître la vie de nos ancêtres au travers d'un récit d'époque, c'est fascinant.
Merci et à bientôt pour la suite.
4bridgetSamedi 28 Janvier 2017 à 15:243carnoVendredi 27 Janvier 2017 à 19:38Bonjour, quel plaisir de lire ce document. Peut-être que le couple Mr et Mme DAMOND auront l'occasion de voir l'histoire de l'hôtel dans lequel ils ont été les propriétaires.
Merci Madame.2martineVendredi 27 Janvier 2017 à 10:53passionnante histoire, mais je m'aperçois (quand même) que les gens étaient beaucoup plus courageux que maintenant !
1noel jean claudeVendredi 27 Janvier 2017 à 08:18En 1959 e première année de faculté,j'ai résidé chez Mr ROY avenue maréchal lyautey j'ai partagé leur vie pendant une année scolaire.
J'en garde un souvenir emprunt de beaucoup d"émotion!!
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