-
Quelques histoires de champignons, racontées par Alain Krizanot...
Alain Krizanot, excellent mycologue, fut longtemps Président de la Société Mycologique Châtillonnaise.
Il m'envoie quelques histoires qui nous font considérer les champignons sous un autre jour...merci à lui !
Petites histoires de champignons.
bolets de bouviers et tricholome des chevaliers : (Suillus bovinus et Tricholoma equestre) ou juste retournement de l’Histoire.
Voici deux champignons bien connus dans le Sud-Ouest de la France. Le premier est présent de juillet à novembre dans les pinèdes au sol acides. Le second s’il n’apparaît qu’en automne aime également ces mêmes pinèdes. Mais d’où tirent-ils leur nom ?
Au moyen âge, dès la belle saison revenue, les manants s’en allaient faire paître leurs bêtes dans les vaines pâtures. Ils en profitaient pour rechercher un bolet de médiocre valeur gastronomique qui pouvait faire le complément d’une maigre pitance. À côté de ce bolet, poussait en automne, un superbe tricholome jaune très recherché à cause de sa comestibilité appréciée par les fins gourmets. Évidemment, noblesse oblige, ce champignon était réservé ‟aux becs des gens du châteauʺ. On donna au premier le nom de bouvier et au second le nom de chevalier. Aujourd’hui, retournement de l’histoire, le tricholome équestre est classé dans les champignons toxiques, suite à une série d’accidents mortels survenus après sa consommation.
Vous avez dit lactaire délicieux ? Il existe plusieurs champignons de la famille des lactaires dont le lait est coloré de l’orange à rouge, citons :
°Le lactaire de l’épicéa (Lactarius deterrimus)
°Le lactaire du sapin pectiné (Lactarius salmonicolor)
°Le lactaire des pins en sol sableux (Lactarius deliciosus)
°Le lactaire sanguin dans les pinèdes à sol calcaire surtout du sud de la France (Lactarius sanguifluus).
Le plus fréquent, chez nous, en Châtillonnais est le lactaire de l’épicéa. Souvent les cueilleurs l’appellent, à tort « délicieux ». Pourquoi cette confusion et la faute à qui ?
Il semblerait que cette erreur remonterait au XVIIIème siècle. M. Linné, (1707-1778), célèbre botaniste suédois, revenant d’un voyage dans le midi de la France où il avait cueilli et consommé des délicieux, cru reconnaître dans les lactaires des pessières ce champignon et y apposa ce nom. Depuis, la science ayant fait des progrès, les mycologues sont revenus sur cette nomenclature. Mais qui a eu l’occasion de consommer ces deux espèces, a pu aisément constater une grande différence de qualité gastronomique. D’ailleurs, on peut traduire le qualificatif déterrimus par détestable. C’est sans doute un peu exagéré, certains en sont friands et le cueillent en automne.
-
Commentaires
1Lulu21Mardi 10 Juillet 2018 à 20:51Le fervent mycologue à toujours la plume à portée de main. Bravo AlainRépondre
Ajouter un commentaire