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Le sanctuaire d'Apollon Moritasgus, visite du site avec la Société Archéologique et Historique du Pays Châtillonnais (SAHC)
Après la visite guidée du MuséoParc d'Alésia, les membres de la Société Archéologique et Historique du pays Châtillonnais se sont rendus sur le site du lieu-dit "La Croix-Saint-Charles", à la pointe de l'oppidum d'Alésia.
C'est là qu'ont lieu des fouilles très intéressantes sur le site d'un sanctuaire nommé Apollon Moritasgus.
Des membres de l'INRAP nous ont accueillis, nous avons ainsi pu retrouver Samantha Heitzmann que nous avons rencontrée plusieurs fois pour des conférences à Châtillon sur Seine.
Bruno Chaume, Président de la SAHC, archéologue, chercheur au CNRS, nous a présenté son ami Olivier de Cazanove , Directeur du programme "Sanctuaire d'Alésia", Professeur d'archéologie Romaine université Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Avec Olivier de Cazanove, nous partons visiter les fouilles du sanctuaire dédié à Apollon Moritasgus. Le premier élément de ce nom est gréco-romain, (Apollon) , le second gaulois (Moritasgus), ainsi que des thermes, divers bassins et bâtiments annexes.
Ce qui montre que ce temple a été utilisé à partir du 1er siècle avant JC, jusqu'au deuxième siècle de notre ère.
Dès l’année 1898, des archéologues de la Société des Sciences de Semur en Auxois mirent à jour un ensemble de canalisations antiques dans la zone de la Croix Saint-Charles, sur la pente est du Mont Auxois.
Emile Espérandieu, officier de carrière et archéologue reprit les fouilles de 1909 à 1911 qui lui ont permis de dégager un temple, des thermes, divers bassins et des bâtiments annexes.
La reprise des fouilles s'avérait souhaitable afin d'identifier les limites du sanctuaire, le fouiller extensivement et en restituer l'évolution. C'est pourquoi le programme "Sanctuaires d'Alésia" a été lancé en 2008 sous l'égide du ministère de la Culture-Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne en collaboration avec les universités de Paris 1,de Bourgogne et de Basilicate en Italie.
Olivier de Cazanove nous montre ici l'emplacement d'un "enclos à banquets gaulois". On y a trouvé des amphores vinaires, des céramiques, des potins et de très nombreux ossements d'animaux (porcs, boeufs, capriné, cheval).
Entre la fin de l'époque gauloise et les premières décennies de notre ère, une route à cailloutis montait doucement d'est en ouest. On en voit encore des traces le long de ce mur.
Le sanctuaire s'est doté d'édifices monumentaux à partir du 1er siècle après JC..
Le temple avait une forme octogonale, il était implanté au dessus d'une canalisation qui convoyait l'eau des sources par une série de drains jusqu'aux thermes situés en contrebas.
On voit ici la fondation de l'angle sud-ouest du temple avec l'entrée de la canalisation.
Plusieurs sources en effet existaient sur le site : l'eau suintait à la base du talus.
Ce qui incite à penser qu'Apollon Moritasgus était un "sanctuaire des eaux" c'est la présence omniprésente des canalisations, des vasques et des bassins : une mise en scène complexe de l'eau qui évoque de la part des concepteurs du sanctuaire une probable intention symbolique et cultuelle.
Malgré la sécheresse actuelle l'eau sourd toujours, les fouilleurs ont les pieds dans l'eau !
Une parenthèse : de cet endroit des fouilles on voit, au loin, la si jolie cité de Flavigny sur Ozerain. C'est à Flavigny qu'était basé le camp de César lors de la bataille d'Alésia.
Olivier de Cazanove nous dit que Vercingétorix est peut-être venu au sanctuaire, il pouvait donc, sans doute, voir les ennemis romains en face !
Nous voici près des thermes.
Olivier de Cazanove nous révèle que ces thermes ne constituent pas un ajout périphérique du sanctuaire, car ils sont reliés au temple par la même canalisation majeure.
Leur plan est un plan standard de thermes qui relève du type dit "axial semi-symétrique".
Les thermes étaient associés au lieu de culte.
A l'ouest se trouve la palestre, cour bordée de portiques d'où l'on peut descendre dans la piscine froide, puis au frigidarium par quelques marches Puis on accède au tepidarium (pièce tiède) puis au caldarium (pièce chaude) qui dispose d'un sol suspendu sous lequel l'air chaud circulait (hypocauste).
Le caldarium possédait trois baignoires
Le laconicum (étuve sèche), de forme arrondie devait être recouvert d'une coupole.
Les fouilles successives ont mis à jour de nombreux ex-votos, comme ce pied que montre Olivier de Cazanove, trouvé en 1909 devant le porche du temple. Il portait en abréviation "v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito) "il s'est acquité de son voeu de bon gré comme de juste"
D'autres ex-votos nous montrent des enfants emmaillotés, des seins, des yeux de bronze (plus de 300 !) qui devaient être fixés par des clous dans la galerie périphérique du fanum.
Ce qui n'implique pas, nous dit Olivier de Cazanove, que le sanctuaire d'Apollon Moritasgus avait une spécialisation thérapeutique, mais plutôt une demande de guérison, soit une demande, parmi d'autres, de ceux qui fréquentaient le sanctuaire.
Toutes les recherches effectuées sur le site :
L'article paru dans Academia :
Article sur la ville gallo-romaine d'Alésia, située sur l'oppidum :
http://www.christaldesaintmarc.com/la-cite-gallo-romaine-d-alesia-a43591070
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