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"L'oiseau sous terre", un superbe poème de Michel Lagrange
Par Christaldesaintmarc dans -Michel Lagrange, poète et écrivain Châtillonnais le 20 Juin 2017 à 05:55Lors du vernissage de l'exposition de "La cave aux oiseaux", en hommage aux découvertes de Jean-François Chéreau auteur de fouilles à Chamesson, Michel Lagrange a offert à Jean-François Chéreau, et au public, un superbe hymne à l'oiseau sous terre qui renaît à la vie lorsqu'il revoit la lumière...
L’OISEAU SOUS TERRE
Énigme à demi-effacée…
Avenir d’autrefois…
Rêve d’une ombre ensevelie…
La vie attend sous terre
Une exultation qui la justifie
Et la métamorphose.
Innocence et mystère…
Une espérance,
Un frémissement se souvient…
Le temps s’est arrêté,
Le temps qui vieillit dans nos caves
Et qu’on oublie,
Jusqu’à ce qu’il se fasse entendre…
Quelques pierres… un décor… des rinceaux de couleurs…
Un oiseau s’impatiente…
Hantée de souvenirs et de pressentiments,
Ma maison a connu, certains jours, des frissons
Que l’oiseau seul expliquera, plus tard…
Quel temps fait-il continûment sous terre ?
Une nuit d’exil écrasant,
Plus bas que ciel… plus haut que terre…
Enfin, la découverte au bout de mes tâtonnements…
Le tremblement du temps qui se délivre…
Le regard d’un oiseau rattrapé par la vie…
Entre chaos et sauvegarde,
Une œuvre d’art,
L’accord silencieux de la terre et de l’esprit.
Je suis l’acteur qui fait renaître
Un oiseau des siècles des siècles...
Espérant qu’il ne succombera pas
Aux éléments d’une terre étrangère
Et d’un ciel inhospitalier,
Je fais monter l’oiseau vers la lumière.
Dans le faux jour d’une fresque inventée
Par le besoin de vivre ailleurs,
Un oiseau apparaît,
Pour la première fois, perdu et retrouvé…
Cet oiseau… quelques autres…
Entre l’absolu de l’artiste
Et la cécité du sous-sol.
Illusion des temps confondus…
L’oiseau dont je ne savais rien
Se réalise et redonne à mes yeux
La naïveté de l’enfance.
Un oiseau, contemporain de mes jours
Autant que du peintre appliqué
Au panneau sans bruit de ses fresques.
À mes questions, l’oiseau répond
À hauteur d’homme.
Un souffle issu de mon passé
Devient mon avenir,
Comme si les événements de ce lieu de ma vie
Ne se succédaient pas,
Mais demeuraient contemporains,
Simultanés, heureux que nous nous retrouvions
Ici et maintenant.
Le paradis tient tout entier
Dans l’oiseau qui regarde un homme
En train de lui redonner vie.
Un homme, à revoir l’éclat d’une étoile éteinte,
Acquiert profondeur et vertige.
Il est réinventé.
A cappella, l’oiseau qui se met à chanter
Contient les chants de toutes les époques.
Il est mémoire… oubli… résurrection.
Un nouveau temps commence…
Un oiseau, les oiseaux sans nom
Qui font d’un arbre un pays de non-lieu,
Alors que se fait oublier
La nuit pesante et sans couture.
Oiseau que l’ankylose a failli pétrifier,
Mais qui reçoit de la curiosité solaire
Une envie d’envol à nouveau…
Ainsi pactise un soleil aujourd’hui
Avec l’Antiquité d’un village en Bourgogne…
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