Lundi 9 octobre 2023 à 14h30

Salle de Conférences de la Mairie de Chatillon-sur-Seine

 L’histoire du franc

Deuxième Partie (1919-2001)

par Christian Descamps

 En dépit des nombreuses vicissitudes politiques et militaires qui ont affecté notre pays au XIXème siècle, le franc Germinal (créé en 1803) a tenu la dragée haute aux monnaies concurrentes – et notamment à la livre anglaise – au point, lors que la création de l’Union Monétaire Latineen 1865, de devenir un modèle pour plusieurs pays du continent.

Toutefois, le franc Germinal ne se remettra pas de la Grande Guerre.

Miné par les pertes humaines, les destructions, l’inflation, les emprunts de la France à l’étranger et sa dette de guerre aux États-Unis, le franc perd 80% de sa valeur entre 1918 et 1924.

En 1928, trois ans après l’Angleterre, Raymond Poincaré rétablit la parité-or de notre monnaie mais en la redéfinissant au cinquième de sa valeur de 1914.

Ces mesures – fortement discutées à l’époque - devaient permettre au franc de remonter sur le marché des changes.

Cette stabilité ne durera pas : la crise des années 1930 provoque de terribles secousses sur les marchés des changes, les pays cherchant à se protéger contre la poussée du chômage par des politiques de « chacun pour soi ».

La France résiste un peu mais, en septembre 1936, l’abandon de l’étalon-or marque le début d’une longue série de dévaluations de notre monnaie qui perd les deux-tiers de sa valeur en quelques mois : le franc de 1940 ne vaut plus que 7 centimes du franc Germinal.

Bien entendu, la Seconde guerre mondiale n’arrangera rien : au sortir de la guerre, en 1944, la dette publique représente 250 % du PIB, l’inflation est énorme et la IVème République connaîtra à son tour de multiples crises financières.

L’émergence du « franc lourd » en 1958 interrompra pour une dizaine d’années la dérive de notre monnaie.

Les épisodes plus récents nous sont davantage connus : « flottement » du franc en 1971, création du « Système monétaire européen », nouvelles dévaluations au début des années 1980 puis conversion progressive (et définitive ?) des esprits aux vertus de la stabilité : mais le franc n’est redevenu fort que pour mieux disparaître et se fondre en 2002 dans la monnaie unique.

 Christian Descamps est maître de conférences émérite à l’Université de Bourgogne.